dimanche 23 décembre 2007
Sarkozy au Latran
Grâce au blog de J., j'ai pu aujourd'hui lire l'article du journal La Croix sur la visite de Sarkozy à Rome le 20/12 et son discours de l'après-midi au Latran après son intronisation comme chanoine honoraire de cette basilique majeure romaine en tant que Président de la République Française. Depuis Henri IV, en effet, chaque chef de l'état de notre pays est détenteur de ce titre dans la "Cathédrale du Pape".
Et ce discours me met dans l'embarras( moi qui n'ai pas voté Sarkozy), car pour l'essentiel, je suis d'accord avec ce qui y est énoncé. D'autant que c'est la première fois qu'un Président français se positionne aussi nettement, en particulier sur la laïcité et la place du spirituel dans l'Etat.
J'apprécie beaucoup (et Pierre aurait été ravi) son paragraphe sur la loi de 1905 (Séparation des Eglises et de l'Etat). Je cite: " Je sais les souffrances que sa mise en oeuvre a provoquées en France chez les catholiques, chez les prêtres, dans les congrégations, avant comme après 1905. Je sais que l'interprétation de la loi de 1905 comme un texte de liberté, de tolérance, de neutralité est en partie une reconstruction rétrospective du passé."
Je cite un peu plus loin: " la laïcité s'affirme comme une nécessité et une chance. Elle est devenue une condition de la paix civile. (...) C'est pourquoi nous devons tenir ensemble les deux bouts de la chaîne: assumer les racines chrétiennes de la France, et même les valoriser, tout en défendant la laïcité parvenue à maturité."
(Espérons simplement qu'elle y soit parvenue, ce qui ne saute pas toujours aux yeux, tant elle se confond parfois avec le plus intransigeant des positionnements fanatiques.)
Les derniers paragraphes consacrés à la morale laïque et à la morale religieuse (et pas seulement chrétienne) sont également très intéressants, en ce sens qu'ils réintroduisent dans la res publica (la chose publique, l'état) la dimension spirituelle, l'une ne pouvant sans danger se passer de l'autre. Je cite une dernière fois: "Une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité."
Une telle honnêteté de la part d'un politique est à saluer bien bas, d'autant qu'il ne s'est pas, lui, exposé à la facilité. Restera à vérifier si ces mots ne sont pas que des paroles de circonstance.
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