lundi 31 décembre 2012

Rendez-vous

A demain, dans un an, dans un jour. Et bonne soirée à tous.

dimanche 30 décembre 2012

Voir venir

Pas de bilan, cette année: trop de choses sont en devenir. Un bêtisier, je pourrais, et il serait fourni. Mais les bêtisiers ne m'ont jamais fait rire. Pas de vœux non plus que je me fasse à moi même. Que la vie aille comme elle le veut, elle l'a toujours fait. Il fait beau, en cette fin décembre. Que sera l'an prochain ? Ma mère ? Mon frère ? Ma cessation d'activité, comme l'on dit pudiquement pour éviter le mot retraite ? Il faudra suivre, comme un petit chien attaché à sa laisse, tentant de renifler un peu plus loin avant que la main qui dirige ne ramène dans le chemin imposé. Pas de tristesse, seulement une certaine curiosité. N'est-ce pas ça, le moteur de nos actes ?

samedi 29 décembre 2012

Générosité forcée

Je vais finir par changer de crémerie. Ce matin, au supermarché où je fais mes courses, il y avait, après la caisse, un jeune homme, son petit foulard de scout autour du cou, qui m'a proposé de m'aider à ranger mes achats dans mon sac. Rien là de très original, mais le vrai problème, c'est que, dans ce supermarché, cela se produit quasi journellement! Et ça commence à me les briser menu! Banque de ci, resto de ça, projet dans le Tiers-Monde (c'était le cas, ce matin, pour Haïti), aide à tous et à chacun.... Je n'aime pas que l'on m'impose mes "bonnes œuvres". Si je veux donner, je donne à qui et quand je veux! En plus, je suis assez grand pour remplir mon cabas moi-même!

Bien que j'aie refusé, il a tenu tout de même à m'exposer le pourquoi de sa "quête". Inutile de dire que je ne l'ai écouté que d'une oreille distraite. Pourtant, au-delà de l'agacement, qui devait être visible sur mon visage, me titillait la pensée que je l'enviais un peu d'être encore aussi dynamique, aussi entreprenant, et, au final, aussi crédule.

vendredi 28 décembre 2012

Dialogue de sourds

Federico Fellini, La Dolce Vita (scène finale)


Dolce Vita

Pour une fois, la quatrième de couverture ne ment pas quand on y lit: "Quel beau roman inattendu"!

Mais d'ailleurs est-ce un roman ? Certes, deux personnages fictifs y conversent longuement sur l'île d'Ischia, face à Capri: le prince Don Emanuele de Valfonda, conte de Palmieri, sorte de dernier "Guépard" moderne et son confesseur (mais bien plus que cela), le jésuite Saverio. Mais l'essentiel du récit concerne l'Italie des années 59 à 79, avec son cinéma, ses intrigues politiques, ses assassinats, ses attentats, la mafia, la loge P2, la Démocratie Chrétienne,  le Parti Communiste et le Vatican. Jusqu'à l’écœurement, lorsque tous ces événements, distillés au cour de ses vingt années dans les médias, sont ici réunis dans quelques pages imprimées. Ecoeurement  devant la pourriture latente de ce pays que j'aime plus que tout autre.

Sans doute le fait de connaître assez bien ces contrées a accru mon plaisir à lire cet ouvrage mais je pense que n'importe qui, curieux des dessous de la politique et des à-côtés du monde des arts et de la jet set italienne, y trouvera son compte.
(Simonetta Greggio, Dolce Vita 1959-1979. Ed. Stock)

jeudi 27 décembre 2012

Parcours du vieux combattant

Établir son dossier de retraite, ça relève vraiment du parcours du combattant, surtout si, comme moi, l'on a cotisé à plusieurs régimes différents.

Je ne suis pas surpris puisque j'avais déjà connu ça au moment de la mort de mon père, pour établir la réversion de sa pension au nom de ma mère (14 caisses différents à eux deux!). Ce qui, en revanche, me laisse un peu pantois, c'est qu'à l'ère du tout informatique, les choses restent encore si compliquées! Ils ne sont pas foutus de centraliser tout ça et surtout de donner les renseignements nécessaires pour faire les démarches individuelles.

Résultat: on téléphone à tel endroit qui vous donne un autre numéro qui vous envoie sur un autre qui parfois ne répond pas, ou qui n'est pas le bon ou qui est incapable de vous donner le renseignement demandé. On se ballade plusieurs après-midi entiers d'un bout à l'autre de la France et, au final, une bien maigre récolte la plupart du temps! Ça me gonfle!!!! Espérons que mon rendez-vous avec la Carsat en janvier éclairera davantage ma lanterne!

mercredi 26 décembre 2012

Je l'avais bien imaginé ainsi

J'étais arrivé un peu tôt à notre rendez-vous. Ils n'étaient pas encore là. Quelques pas dans les rues avoisinantes à la recherche d'éventuelles photos à faire et, au retour, je les ai aperçus, pile à l'heure. Tels qu'en eux-mêmes. Contact souriant et sympathique dès la première seconde. On se sent bien ou pas avec les gens. Avec eux, je me suis tout de suite trouvé à l'aise.

Après un détour par les quais du Rhône sous le grand soleil d'aujourd'hui, nous avons regagné la destination prévue: le Musée des Tissus et des Arts Décoratifs de la rue de la Charité où nous sommes restés deux heures, plus enthousiasmés par certains pièces d'étoffes anciennes que par les salles consacrées aux meubles ou à la vaisselle. Arrêt plus prolongé devant les panneaux décorés d'anciens dessicateurs lyonnais, instruments destinés à mesurer la quantité d'eau comprise dans un ballot de soie afin d'en établir le juste prix.

Après le musée, nous sommes allés nous remettre de nos émotions dans un petit bar voisin, à la terrasse en ce 26 décembre à la température particulièrement douce. Échange sur nos métiers, sur nos rendez-vous sur les blogs des uns et des autres. La première impression se confirmait: j'étais bien avec eux. J'ai même été embêté de devoir les quitter si tôt, mais il le fallait. Nous nous sommes promis de nous revoir en échangeant des bises sincères. Un bon après-midi!

Mais avec qui au fait ? Lui porte le nom d'un roi, elle celui d'une émotion. J'en connais qui vont trouver...

Réconciliation ?

Un Noël qui me réconcilierait presque avec cette fête.

Hier soir, repas chez Jean-Claude, comme prévu. Foie gras maison et ris de veau, entre autres. Ramené deux convives chez eux dans la nuit, en priant la providence de ne pas rencontrer de camion de police: depuis quelques jours, je n'ai plus qu'un phare qui fonctionne à ma voiture. La providence fut avec moi!

Ce matin, mauvaise nouvelle, que ma sœur, pour une fois, m'annonce calmement au téléphone et sans me dévorer: ma mère venait de refaire quelques malaises, comme de plus en plus fréquemment ces derniers temps. Le repas, prévu chez mon frère, devra donc être rapatrié chez elle, plus près de la clinique. Ce qui, vu l'état de mon frère, relève de l'exploit. Mais la journée se passera bien, calme et décontractée entre nous.  Pour une fois, je ne me suis pas trop senti étranger à tout ça.

Ce soir, huîtres chez Jean-Claude, avec sa famille, des amis et Frédéric. Je rentre à l'instant, content de n'avoir abusé ni de la nourriture, ni de la boisson. Et toujours pas de flics à l'horizon dans les rues (et même pas mal au dos!). C'est ça, le miracle de Noël ?

lundi 24 décembre 2012

Dernière minute

Les cadeaux de fin d'année, pour moi, c'est toujours à la dernière minute! J'ai beau dire: "L'an prochain, je m'y prendrai plus tôt", je me fais toujours avoir. Alors, cet après-midi, après visite chez le kiné qui m'a tant bien que mal remis en place (pour combien de temps ?), direction la Part-Dieu en me maudissant de mon manque de prévoyance. Et là, divine surprise: pas trop de monde. Enfin, on circule. Résultat: trois dans la hotte, alors que je n'avais guère d'idée en partant. Et personnalisés, en plus. Déplacement rentable donc. Mais dire que j'aime ça, c'est une autre histoire.

Allez, pas de mauvaise figure. Ce soir, je vais manger, je vais boire. Je ne vais tout de même pas me plaindre! Alors, bon Noël à tous.

dimanche 23 décembre 2012

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (122)

Avec un peu d'avance.
Bach, Oratorio de Noël (John Eliot Gardiner, le Monteverdi Choir and le English Baroque Soloists, Bernarda Fink): Schlafe, mein Liebster (Dors, mon chéri).

samedi 22 décembre 2012

Poète en herbe

Un petit costaud, du genre râblé, plutôt le style sportif qui n'a pas d'états d'âme, un autre de mes élèves de sixième. Cette semaine, après un cours, il vient me voir avec une feuille de classeur à la main. Ce n'est pas pour contester une note puisque le format du papier ne correspond pas à celui que je demande pour les devoirs. Mais que me veut-il ? Je suis d'autant plus intrigué qu'il attend patiemment que tous ses camarades soient sortis pour enfin me parler, lui qui, d'ordinaire, n'a pas la langue dans sa poche.

 "Monsieur, est-ce que vous pourriez lire ça et me dire ce que vous en pensez ?".
Pas besoin d'être un grand expert pour voir immédiatement qu'il s'agit de poèmes, cinq ou six, un long et les autres plus brefs. Comment j'ai une autre classe qui m'attend, je lui propose de reporter au lendemain notre entrevue et mes commentaires. Il accepte de me laisser partir avec son œuvre, qui lui tient probablement beaucoup à cœur.

Le soir, chez moi, je retrouve la feuille oubliée dans mon cartable et me mets à lire. Il s'agit de poèmes d'amour, ou plutôt de désamour, après rupture. Je n'en reviens pas: ainsi donc, ce garçon plein de vitalité aime, ou a aimé, ou aime encore! Il n'a pourtant rien du romantique pensif et souffreteux!

Poèmes maladroits et truffés de fautes d'orthographe mais poèmes originaux, pas mièvres pour deux sous. Certes la rime est hasardeuse et la versification approximative mais c'est plutôt bien pour un élève de son âge. Je le lui dis le lendemain et l'incite à poursuivre dans la voie de l'écriture.

De cette lecture, il me reste un seul ver qui m'a beaucoup fait rire:
"Et tes mains de serpent ont osé lui dire non."
Licence poétique, sans doute...

jeudi 20 décembre 2012

Perle

Entendu ces jours-ci dans ma classe de sixième: "Ulysse était le roi de l'attaque." Si ça continue, c'est moi qui vais en prendre une!

Des fleurs (8): la jacinthe

On en voit de plus en plus chez les fleuristes aux approches de l'hiver, de ces bulbes d'où émergent à peine de minuscules tiges vertes qui prendront leur temps avant qu'un jour elles ne grandissent tout à coup. J'en ai acheté trois cette année. La vendeuse m'a précisé que la couleur de la fleur serait celle du petit pot de plastique qui la contient. Je ne le savais pas.

Pas  de jacinthes dans mon enfance mais, très vite, cette touchante histoire d'amour de la mythologie grecque: Hyacinthe était un très beau jeune homme dont tomba éperdument amoureux le dieu Apollon, ce qui fut loin de plaire à Zéphyr, également épris, qui en conçut une jalousie profonde. Un jour que les deux amants jouaient au palet, le dieu du vent d'ouest dévia le projectile qui vint frapper le beau spartiate et le tua. Inconsolable d'avoir perdu son compagnon, Apollon fit naître de son sang une  magnifique fleur odorante qui portera à jamais son nom.

Les désarrois de l'élève Törless

Encore un vieux bouquin qui traînait dans ma bibliothèque! Pourquoi ne pas lire ce vieux classique qui date de 1906 ? "Date" est bien le mot car je doute qu'aujourd'hui un élève,  même adolescent, s'encombre de pensées et de réticences telles que celles décrites dans ce roman!

Un jeune homme, Törless, pensionnaire d'une grande école au fin fond de l'Empire austro-hongrois, découvre la sensualité et les tourments d'un esprit trop sensible, et ce aux côtés de camarades, Beineberg et Reiting, qui ne s'embarrassent pas de tels détails et ont jeté leur dévolu sur un bouc émissaire, Basini,  à qui ils vont faire subir les pires sévices.

Robert Musil a écrit là un roman d'analyse où certains ont vu une description prémonitoire de l'idéologie fasciste. En 1966, Volker Schlöndorff l'adapta au cinéma. Ce fut même son premier film. Livre intéressant mais lourd pour moi, en cette fin de trimestre fatigante.

mercredi 19 décembre 2012

Vide

Rien à dire de bien intéressant ces jours-ci, si tant est que ce le soit les autres jours: réunions, copies, levers difficiles, maux de dos, téléphone à l'assurance, au garage (froissage de tôle), au kiné (voir avant), à la caisse de retraite, attention extrême à ne pas créer de situations conflictuelles (ça part vite au boulot, ces temps-ci), mise en place dans ma tête d'une longue liste de choses à faire pendant les vacances, et dont je n'aurai pas fait la moitié le jour de la rentrée. ras le bol de barrer des obligations dans ces listes et d'en voir apparaître d'autres, deux fois plus nombreuses. Et le soir, je suis vide.

( Bon, il y a aussi la lecture, quelques bons repas, de beaux visages entraperçus, des sourires d'enfants, la vie, quoi)

Une seule consolation: en général, comme les chats, je rebondis assez bien.

lundi 17 décembre 2012

Petit Traité de l'abandon

Je voulais parler du livre d'Alexandre Jollien, Petit Traité de l'abandon. Finalement, je ne le ferai pas: je ne sais comment aborder tous les sujets qu'ils évoquent.Je vais me contenter d'en extraire deux passages, que j'ai marqués et qui m'ont marqué:

" Lors de mes premiers cours (i.e: de judo), j'éclatais de rire chaque fois que je tombais. Je me relevais presque hilare en me rappelant ce qu'avait dit le médecin à mes parents: "Il ne marchera jamais." Dans mon cas, la gratitude, c'est peut-être de savoir d'où je viens et ce que j'ai reçu de la vie. Si je louche sur le beau judoka, il est clair qu'il me manque des ceintures et que je n'aurai jamais un physique de rêve. J'aurai beau faire tous les régimes du monde et autant d'heures de musculation que je veux, jamais je n'aurai ce corps. En revanche, si je me rappelle chacun des pas - et c'est au sens propre que j'emploie ce mot -, que j'ai faits pour arriver là et pour avoir la possibilité de me faire casser la figure sur un tatami, j'éprouve une joie insondable."

" Il y a au plus profond de mon cœur une loi quasi implacable qui veut que chaque instant soit empreint de manque. Tandis que je parle ou écris, je suis bien. Pourtant, je pense à mes enfants. Quand je suis avec mes enfants, il me manque un ami. Quand je suis avec un ami, il me manque ma femme. Toujours, le manque est présent. La plus grande sagesse qui me manque, c'est de savoir cohabiter avec ce manque."

(Alexandre Jollien, Petit Traité de l'abandon, pensées pour accueillir la vie telle qu'elle se propose. Ed. du Seuil.)

Fesses cachées

Où va se nicher la stupide pudeur! En ce moment passe sur les écrans un spot sur un parfum (ben oui, les fêtes approchent!) où l'on voit un beau mec sur un lit, en train de se réveiller et de découvrir que la femme qui était à ses côtés se dirige vers la porte. Galbe du fessier à troubler un mort (je parle de l'homme, bien sûr), attitude lascive mais, mais, mini slip blanc nous empêchant d'en savoir plus! Pourquoi?

Il y a quelques années, une autre publicité pour un autre parfum montrait le splendide petit cul du monsieur qui s'extrayait de son fauteuil pour faire quelques pas dans son appartement. Une autre aussi, pour une marque de slip, qu'ils avaient même affichée sur les bus: l'homme couché en faisait toute la longueur. Combien de passants (mâles ou femelles) ai-je vu se tordre la tête sur le côté pour l'apprécier  encore davantage!

Cette époque serait-elle révolue? Plus de fesses? Plus de rondeurs affriolantes? A moins que l'on ait découvert chez les publicitaires que la semi-nudité est encore plus suggestive...

dimanche 16 décembre 2012

Momentini

- Les Frères Jacques viennent de perdre l'avant-dernier membre de leur quatuor. Un seul survivant, donc, et pour combien de temps ? Mais alors, faut-il supprimer le "s" final de Jacques. Sans doute mon commentateur anonyme féru d'orthographe pourra-t-il répondre?

 - Appris récemment que le mot "silhouette" était en fait à l'origine un nom propre. Eh oui, comme poubelle. Étienne de Silhouette (1709-1767) fut, quelques mois, contrôleur général des finances de Louis XV en 1759.

- Du nouveau dans mon immeuble: deux nouveaux locataires (-trices?) viennent de s'installer dans des appartements vides. Ce qui me ramène à la dure réalité: mes vieux, ceux que je connais depuis plus de vingt ans, ne seront bientôt plus là. Même celle que j'appelle Mémé et qui aime ça. Il faudra faire avec mais je ne m'habitue pas à l'idée.

- J'ai terminé depuis plusieurs jours le livre d'Alexandre Jollien, Petit traité de l'abandon (Pensées pour accueillir la vie telle qu'elle se propose). Ne sais pas comment en parler. Pourtant ce serait une réponse approprié à un billet que je viens de lire chez Les errants et qui m'a profondément touché. Raison de plus pour ne pas écrire n'importe quoi. Je vais attendre de digérer.

Après coup

Je me suis toujours plus attaché à la représentation de la chose qu'à la chose elle-même, au souvenir de la chose plus qu'à sa réalité. J'aurais sans doute été heureux dans la caverne de Platon car, pour moi, l'ombre portée de la réalité vaut mieux que la réalité, aussi éblouissante soit-elle. Sans doute est-ce pour cela qu'il me faut sans cesse faire un effort pour vivre dans le présent.

Je pensais à cela en me remémorant hier la promenade faite avec Émile à l'abbaye de Hautecombe aux dernières vacances de la Toussaint. Que m'en reste-t-il aujourd'hui? Une image, celle qui, immanquablement, me revient quand j'évoque ce souvenir. Pas celle du bâtiment ni des tombeaux qu'il abrite, pas celle du couple discret qui fit la visite avec nous, encore moins les précisions historiques et artistiques distillées par l'audioguide. Non, c'est le lac lui-même que je revois d'abord.

Il avait plu ce jour-là, il pleuvait encore au moment de notre arrivée sur les lieux. En sortant, la masse de nuages sombres s'était déchirée et le soleil perçait timidement par cette faille unique. Le lac du Bourget, noir sur la quasi totalité de sa superficie, resplendissait au centre comme une lame effilée de poignard. Vision d'autant plus précieuse que je la savais fugace. J'avais alors pensé à Lamartine et à madame Charles qui ressurgissaient à ce moment précis de mes études littéraires. Est-ce pour cela que le spectacle de la nature m'a plus marqué que la construction des hommes, aussi précieuse soit-elle ?

vendredi 14 décembre 2012

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (121)

Boby Lapointe, Comprend qui peut.


jeudi 13 décembre 2012

Le vieux monsieur au gros derrière et à l'esprit fin

Rencontre inattendue cet après-midi. Après un tour chez l'opticien (nouvelles montures presque choisies, et qui vont me changer), un détour jusqu'au vieux magasin qui m'avait promis de voir ce qu'il pouvait faire pour me trouver du cuir afin que je change le dessus de mon bureau, bien fatigué après des années de correction de copies et de tapotage sur le clavier de mon ordinateur. Déception: il n'a rien fait du tout et semble visiblement s'en contrebalancer.

Après avoir quitté Jean-Claude, je désespère de jamais trouver sur Lyon puis prends l'idée de m'arrêter dans un magasin de tissu dans le quartier Moncey. Un vieux monsieur me reçoit, genre handicapé par un gros fessier lourd à transporter. Je lui expose ma requête sans trop y croire et, miracle, il me dit pouvoir m'être utile. Il sait où s'adresser, et à des prix tout à fait raisonnables. Réponse et devis demain par mail.

Et puis la conversation se poursuit. Visiblement, le vieux monsieur n'a pas l'intention de me laisser partir aussi vite. Et là, au fil des phrases, je découvre un homme cultivé et intelligent, originaire de Savoie, d'un coin que je connais particulièrement près d'Albertville. Et blablabli, et blablabla. Tout y est passé: les mégisseries d'autrefois, l'opéra de Lyon, la mafia corso-marseillaise, l'affaire de Chevaline...

Je suis ressorti au bout d'une heure, prétextant devoir rapidement acheter du pain, sinon j'y serais encore. Mais j'aime ces rencontres improbables. Jamais, en entrant, je n'aurais cru découvrir à cet endroit un homme aussi intéressant et, ce qui ne gâche rien, plein d'humour. Je crois bien qu'il a gagné le marché, le brave monsieur!

Intermittence

Ça se passe en Italie, ça patauge dans le milieu des affaires, des grandes sociétés, des requins donc, dans un pays en crise économique. Coups tordus, pour bouffer l'autre et s'en mettre plein les poches, on couche, on fait semblant de vouloir coucher pour mieux arnaquer l'adversaire. Juste cynique et hilarant. J'adore.
( Andrea Camilleri, Intermittence. Ed. Métailié. Trad. de Serge Quadruppani.)

mercredi 12 décembre 2012

12/12/12

Vivement demain!

mardi 11 décembre 2012

Et si, finalement...

Et si finalement, ça venait très vite à me manquer ? Je ne sais, bien, faire que ça: transmettre. J'ai passé ma vie à essayer de donner à d'autres ce que, moi, j'avais reçu à leur âge et qui m'avait enchanté au point de structurer toute ma vie. J'y ai réussi parfois. on me l'a dit, les intéressés, et, sans fausse pudeur, je le crois.

Je suis parfois allé au travail malade, plein de doutes (jamais d'appréhensions) et de lassitude. C'est mon orgueil, je le croyais, qui m'interdisait de prendre, comme certains de mes collègues, quelques jours de congé pour me reposer. Je ne l'ai fait que rarement et contraint et forcé par mon état. Aujourd'hui, je sais que l'orgueil n'avait pas grand rôle dans l'affaire. J'allais au travail parce que j'aimais, malgré tout, ce que je faisais. Il suffisait d'une heure, parfois d'une matinée, derrière le bureau, face à ces enfants assis qui me regardaient tantôt amusés, tantôt intéressés, tantôt inaccessibles, pour que je retrouve la flamme, la rogne, l'énergie qui me tenaient et faisaient qu'en quittant le collège, j'étais fatigué certes mais bien dans ma tête, soit avec de la joie, soit avec de la colère, mais bien et vivant.

J'ai gardé chez moi, dans une pochette, des dessins, des mots écrits à l'orthographe quelquefois hasardeuse, des cartes postales, sur mon bureau ou sur mes étagères des cadeaux. Aujourd'hui, les mails les ont remplacés. J'en éprouve toujours le même plaisir parce que ça a toujours été des cadeaux gratuits, de ceux qui n'attendent rien en retour mais remercient. J'ai failli, l'autre jour, en publier quelques-uns, et puis je me suis dit que cela passerait pour bien vaniteux.

Tout cela va cesser, à la fin de l'année. mais je ne crois pas que c'est ce qui va le plus me manquer.  Bien plutôt transmettre une culture, un savoir que j'aime par dessus tout, et voir, peu à peu, le contact s'établir, le visage se détendre, le sourire apparaître et s'épanouir, le rire aussi quand je fais le clown, la petite étincelle imperceptible qui illumine un regard quand l'enfant qui était perdu dans le brouillard a compris ce qu'on voulait lui faire acquérir.

Voilà ce qui m'est passé par la tête aujourd'hui, en rentrant d'un conseil de classe après une longue journée de travail. Allons, il faut que j'y pense. Le choc risque d'être un peu dur.

lundi 10 décembre 2012

Requête

Je suis le troisième "p", celui dont personne n'a besoin. Parfois un dysorthographique m'emploie, par erreur, mais il se fait vite remettre sur le droit chemin, le vilain petit crétin, et je disparais sous un trait rouge et rageur. Encore content si la maîtresse, exaspérée, n'en perfore pas la copie. Et les pleurs du gamin n'y changent rien: on ne veut pas de moi et lui, pour faire plaisir, ne se tournera plus vers moi.

Je hais par dessus tout ces égoïstes qui, croyant se distinguer et faire plus chic, vont jusqu'à n'en employer qu'un: apercevoir, par exemple. ce qu'il m'exaspère, celui-là, et son copain qui se la pète, entr'apercevoir! Qu'est-ce qu'il croient, ces deux-là, et leur petite bande de copains? Les autres, la masse, en emploient deux, comme s'ils avaient peur de perdre l'équilibre en en rajoutant! Il y a bien des guéridons à trois pieds. Ce sont ceux qui tournent le plus facilement. Pourquoi pas des verbes à trois "p"? Ça les rendrait joyeux, un troisième "p". Sûr qu'ils auraient envie de danser.

J'avais fondé de gros espoirs sur apéritif. C'est gai, un apéritif, et puis, son nom l'indique, c'est fait pour donner envie de manger, de se goinfrer ou de savourer, selon les palais. Alors, pourquoi être aussi chiche avec moi? Je leur ressemble, après tout, à ces bons mangeurs, avec mon gros ventre et ma jambe fine!

J'ai cherché dans tous les dictionnaires, de toutes les époques: jamais, au grand jamais on n'a voulu de moi. D'ailleurs je ne suis pas le seul dans mon cas. A part le "e" qui, lui, s'étale en trois exemplaires dans le mot "créée", je ne trouve aucun autre exemple. Le "e", on en a marre, nous, les consonnes. Un homme, un seul, nous a vengées en le faisant disparaître de tous les mots de son roman. Et on comprend très bien sans lui! Alors!

J'ai essayé de me mettre à l'envers. On m'a appelé "b". deux copains à moi, qui avaient eu la même idée, se sont tranquillement installés dans l'abbaye mais moi, j'ai encore trouvé porte close. La tête en arrière, je suis devenu "d" mais je n'ai même pas essayé de m'imposer. Et puis, je ne supporte plus que l'on change mon nom quand je fais de la gymnastique.

En lot de consolation, on m'emploie dans des sigles, mais j'en ai honte. Je veux être dans un vrai mot,  moi, pas dans un truc que personne ne comprend. On pourrait faire un effort. Qu'est-ce que ça changerait, hein, d'écrire apppéritif, apppercevoir, pppipppi? C'est aussi clair, non, et, au moins, j'aurais droit au chapitre. Pensez-y! A ppplus....

dimanche 9 décembre 2012

Fête des Lumières (samedi)

Hier, c'était le vrai jour, celui des origines de ce qui était auparavant une fête chrétienne et est devenu le grand cirque qui voit défiler quatre millions de spectateurs déambulant, quand ils le peuvent, dans les rues.



Un petit tour place de l'Hôtel de Ville d'abord où la foule est monstrueusement compacte et nous fait renoncer à accéder à la place des Terreaux. Cette déambulation doit rester un plaisir.

 
Saint-Nizier ensuite avec sa décoration bien pauvre cette année puis les quais de Saône encore, et Saint-Georges encore, et Saint-François de Sales avant de rejoindre le restaurant.





La tassée est tenue par d'anciens 
parents d'élèves. J'y avais mangé avec Marie-Claire un soir et avais été séduit par la délicatesse des mets servis. Ce fut le cas encore hier après une attente un peu longue cependant. Dans nos assiettes, terrine de pot-au-feu au foie gras et rognon entier sauce au vin. Un délice.

Ensuite, un petit tour du côté de Confluence où, dans la darse, par la magie de l'informatique s'ébrouait un orque bleu. Le nouveau Conseil Régional, lui, ne s'était pas beaucoup mis en frais pour participer à la fête!



Ensuite,.... ensuite,.... retour et les lumières s'éteignirent. Mes lumignons, eux, n'avaient pas tenu la soirée.

samedi 8 décembre 2012

Fête des Lumières 2012 (vendredi)

En sortant de chez l'ophtalmo (oui, grand besoin de changer de lunettes), téléphone à Jean-Claude. Il est au Marché de Noël, place Carnot. Nous nous retrouvons place Ampère pour un bout de chemin ensemble. Direction les quais de Saône, courte visite de l'église Saint-Georges puis retour, pour moi, à Saint-Jean pour assister une deuxième fois à l'embrasement de la façade de la Cathédrale. J'entends certains devant moi dire que le spectacle, cette année, est bien meilleur que l'an dernier. Avis que je partage entièrement. Arrêt ensuite devant l'ancien palais de justice. J'aurais voulu le prendre depuis la passerelle mais elle est fermée au public (à cause des travaux environnants?). Il faudra se contenter de le photographier de près.

 Découverte également d'autres motifs lumineux sur le quai de l'Archevêché.


Passage par les Célestins: mieux qu'hier où je ne m'étais guère attardé. La foule y est également plus compacte, malgré l'heure relativement peu avancée.



Arrivé à Bellecour, Jean-Claude ne semble pas bien: un mal de dents qui le fait souffrir depuis quelques jours. Retour chez moi à pied pour récupérer ma voiture et aller dîner chez lui avec Frédéric. Nous partons tôt pour laisser se reposer le malade. Il faut qu'il soit en forme pour le samedi: nous avons réservé une table à La Tassée, restaurant préféré de Françoise Sagan lorsqu'elle séjournait à Lyon.

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme

Qu'est-ce qui me fait tant aimer Stefan Zweig? Je crois que c'est la précision et la délicatesse de son style, parfaitement classique même lorsqu'il évoque des situations ou des sentiments qui le sont moins.
J'ai retrouvé le même plaisir en lisant Vingt-quatre heures de la vie d'une femme. Publié pour la première fois en 1927, ce court roman, comme souvent chez cet auteur autrichien, n'a pas pris une ride et la description qu'il fait des affres de la passion du jeu chez un jeune homme est d'un méticulosité quasi médicale. Je suis heureux que l'on semble redécouvrir aujourd'hui celui que je considère comme un des grands écrivains du XX° siècle.
(Stefan Zweig, Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme. Ed LDP. Trad. de Olivier Bournac et Alzir Hella.)

vendredi 7 décembre 2012

Fête des Lumières 2012 (jeudi)

Hier, après le Musée des Moulages, je me suis senti plein d'ardeur, pas fatigué pour un sou (sauf un mal récurant à la hanche, mais un peu plus, un  peu moins...). Allez! direction les quais du Rhône. Comment allaient-ils décorer ce seul endroit de la rive gauche dont la municipalité daigne se souvenir pour la Fête des lumières. Poissons chats volants, flottant au vent (et donc difficiles à photographier) et fleurs de nénuphars habitées par de drôle de silhouettes diaphanes. Un peu perdus dans le vide environnant.

L'Hôtel-Dieu juste en face. Trop tentant! Dans la cour, encore exempte de travaux, des correspondances accrochées dans les airs, irisées de couleurs changeantes. Le cadre est pour beaucoup dans la beauté de la chose. Pour sortir, j'ai pris la file à contresens et n'ai eu que faire des injonctions d'une fille laide et péremptoire qui voulait me remettre dans le droit chemin, beaucoup plus long.

La place de la République n'est qu'à deux pas, vite franchis. Sur le programme, il est question de dragons. Mais où sont-ils, ces dragons annoncés. Quoiqu'il en soit, une assez belle réussite statique. Tout près encore, la place des Jacobins, bien pauvrette pour cause de travaux puis la place des Célestins. Je n'y ai encore jamais quelque chose qui m'ait emballé. Cette année ne faillera pas à la règle.

Les quais de Saône sont au bout de la rue. En ce jeudi soir, il n'y a pas encore beaucoup de monde. Il n'est pas tard, j'y vais. La Cathédrale Saint-Jean et les immeubles avoisinants présentent une très belle animation, sans doute ce que j'ai vu de mieux pour l'instant. L'ensemble de la mise en lumières me semble d'ailleurs, sur toute la presqu'île et le Vieux Lyon, beaucoup mieux que l'an dernier où j'étais resté un peu sur ma faim.

Quand on n'a que la rivière à traverser pour se retrouver devant la façade de la Cathédrale, il faudrait être fou pour y renoncer. Et je ne suis pas fou. En avant! Splendide mise en lumière du porche et de la manécanterie voisine avec, ce qui ne gâte rien, un spectacle moins figé et plus long que les années précédentes. Même si je commence à être un peu blasé de toute cette débauche de lumière, je ne peux que m'extasier devant le génie des concepteurs et le travail des techniciens.

Bellecour. Seule la statue de Louis XIV met un peu de vie dans cette place immense et vide. Le socle est éclairé grâce aux efforts de pédaleurs volontaires, sur leur vélov. Mais que le reste semble sinistre, malgré la grande roue qui sera là bien longtemps encore.






Retraverser le Rhône, rentrer chez moi, voir la foule se désintégrer et, à la fin, marcher seul sur un trottoir désert du cours Gambetta. Un petit bonheur. Et ce matin, même pas éreinté! D'ailleurs, j'ai remis ça aujourd'hui, en fin d'après-midi. Mais c'est une autre histoire...




jeudi 6 décembre 2012

Ampoule ou pas ?

Bonne entrée en matière pour la fête des lumières qui commence ce soir à Lyon et se poursuivra jusqu'à dimanche soir. Le Musée des moulages, mon voisin, s'est associé aux festivités avec cette initiative de l'ouvrir une partie de la nuit sous un éclairage tout particulier. Ça s'appelle: Ceci n'est pas une ampoule et c'est tous les soirs de 18 à 23 heures.
Étrange comme, avec rien, on peut transformer l'ambiance d'un lieu. J'aime cet endroit qui était autrefois une petite usine de quartier et où les bâtiments, bruts, abritent des copies de la statuaire antique ou moyen-âgeuse. Le mélange des genres me ravit.

Mais, ce soir, c'était encore autre chose: le lieu est sombre et, de la pénombre, émergent les statues que je connais bien et que je ne reconnais pas. Quelques ampoules suffisent à cette métamorphose, accentuant les détails, révélant des aspects inconnus d'un torse, d'une tête, d'un genou. On est tout à coup pris d'une sorte de respect quasi religieux devant ces chefs-d’œuvre qui semble revivre.



Peu de monde, ce qui m'a permis de prendre mes photos tout à loisir, de passer, de revenir, de saisir un autre détail. J'ai un moment pensé à ce fantôme du Louvre qui m'avait tant marqué dans mon enfance. Lorsque je suis ressorti, j'ai été tout surpris de me retrouver dans la rue, à quelques centaines de mètres de chez moi.

mercredi 5 décembre 2012

Le Cheminot

Un petit bijou que ce recueil de deux récits de Asada Jirô: Le Cheminot et La lettre d'amour. Deux contes modernes dans le Japon d'aujourd'hui (ou d'à peine hier).

Le premier, surtout, est fascinant: un vieux chef de gare va prendre sa retraite. Derniers jours sur une ligne elle aussi condamnée. Le soir du Nouvel An, une jeune fille apparaît dans la tempête de neige: c'est le fantôme de sa petite fille morte des années plus tôt. Le lendemain, Otomatsu, le chef de gare, est retrouvé gelé sur le quai désert.

Dans le second, un voyou de seconde zone a été marié par la pègre à une prostituée chinoise qu'il ne connaît pas. Mariage factice mais, lorsqu'il apprend le décès de cette épouse qu'il n'a jamais vue, il fera le voyage pour récupérer les cendres de l'inconnue.

Il faut les lire. C'est simple et émouvant, jamais mièvre, à la fois réaliste et plein d'espérance. Je crois que je viens de découvrir un grand monsieur des lettres japonaises.
(Asada Jirô, Le Cheminot, La Lettre d'amour. Ed. Picquier. Trad. de Yukiko et Didier Chiche-Triller.)

Ce n'est donc que ça ?

Une amie de ma sœur est morte, il y a quelques mois. Dans la cinquantaine. La fille qui partageait sa vie, deux appartements sur le même palier, lui a proposé, avant de se débarrasser de tout,  de récupérer deux fauteuils de salon pour ma mère, un peu plus confortables, moins avachis que les siens. Jean-Claude m'accompagnait cet après-midi pour le déménagement. L'immeuble est tout près de mon lieu de travail. Je suis passé un nombre incalculable de fois sous leurs fenêtres, sans le savoir.

Quand nous arrivons, la porte est ouverte. Les voix de trois femmes à l'intérieur. Il fait froid, le chauffage a été coupé. Quelques cartons sur le sol. Le reste de meubles qui partiront la semaine prochaine chez Emmaüs, dont une très grande bibliothèque, vide. Incongru, sur une table, un énorme bouquet de fleurs de soie, aux couleurs voyantes. Dehors, il pleut et la lumière est grise dans la pièce. Une tristesse infinie, malgré l'entrain des trois femmes qui finissaient les rangements. Parce que c'est un univers qu'on défait, que je me sentais violer en y pénétrant. Un univers dont quelques vestiges, vivants encore, témoignent de ce qu'il fut mais qui déjà n'est plus rien que des objets offerts à des mains inconnus. Dans mes narines, l'odeur rance de la vie qui se désagrège.

mardi 4 décembre 2012

Momentini

- Arrêté de lire le Goncourt de l'an dernier. Je regrette presque mes 4 Euros chez Emmaüs. Chiant! Typique de quelqu'un qui s'écoute écrire.

- Appris aujourd'hui par une collègue que l'un de mes élèves de cinquième ne veut faire du latin qu'avec moi et qu'il s'arrêtera l'an prochain si je ne suis pas là. Profondément touché. Mais je ne serai pas là.

- Aujourd'hui, Sainte Barbara, à l'origine Barbe, patronne, entre autres, des mineurs. Je pense toujours aux hommes de ma famille, ce jour-là.

- Splendide lumière sur Lyon ce soir, au coucher du soleil. Une lumière en noir et blanc. Plus beau que tout ce qui va se montrer dans deux jours à des millions de gens.

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (120)

Georges Milton, Totor, t'as tort.

lundi 3 décembre 2012

Publicité

C'est une publicité pour une nourriture (de luxe) destinée à nos amis les chats. Un monsieur mince, la quarantaine envoûtante, les tempes grises, le sourire charmeur, une barbe de quelques jours, en tenue décontractée d'intérieur, regarde à la télévision un match de football. Son chat qui a faim se met devant l'écran jusqu'à ce qu'il obtienne ce qu'il veut.

Au début, la publicité s'arrêtait là. On rêvait (malgré le match de foot) de passer la soirée dans ce salon, sur le canapé, en compagnie du charmant quadragénaire, une fois le matou enfermé dans une autre pièce. On pouvait même s'imaginer la suite, sous la couette, à caresser ce menton, à frôler cette bouche, à.....

Mais voilà, on a rajouté deux secondes supplémentaires, pour un autre produit de la gamme. Et cette fois-ci, c'est madame qui nourrit l'animal. Et ça, oui, ça tue le rêve!

dimanche 2 décembre 2012

Merci, Georges et Michel et les autres.

Combien de fois l'ai-je vu? Dix, au bas mot, sans doute plus. Et je ne m'en lasse pas. De quoi parle-t-il? Devinez avec les quelques indices qui suivent, extraits des dialogues truculents.

- Juste au moment où la petite flûte allait répondre au cor. (Antoine, à propos d'une sonate de Corelli)

- L'homme de la pampa, rude, reste toujours courtois. (Fernand)

- Récession et manque de main-d’œuvre. Le furtif, l'affectueux du dimanche. (Madame Mado)

- Les génies ne se baladent pas les pieds nus. - Et Sagan(Fernand et Patricia)

- C'est marrant que t'aies gardé ce côté maquisard.(Pascal)

Et ma préférée:
- C'est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases. (Maître Folace)

Bien sûr, je n'ai pas donné les répliques les plus célèbres. Mais je suis sûr que certains ont déjà trouvé!

Encore deux indices: un Gloria abominablement chanté et, vers la fin, l'apparition d'un Monocle!

Mais, Bon Dieu, mais c'est bien sûr!

samedi 1 décembre 2012

Au loup

Ma grand-mère m'avait raconté cette histoire du jeune berger qui, par plaisanterie, criait toujours au loup pour faire accourir les gens du village et qui, le jour où ce fut vrai, se fit manger parce que personne ne s'était déplacé. Sa mésaventure m'avait terrorisé à l'époque mais c'est bien la seule fois de ma vie où j'ai eu peur de cet animal.

Pourquoi l'imaginaire populaire s'acharne-t-il contre cette bête intelligente et la plupart du temps inoffensive pour les humains? Certes, la toute première version connue du Petit Chaperon Rouge daterait, selon France Inter que j'écoutais tout à l'heure, du début du XI° siècle et, en ce temps-là, les loups étaient monnaie courante auprès des villages. Mais depuis, qui, en dehors des zoos, en a réellement vu? Il y en a bien quelques-uns, paraît-il, dans le massif du Mercantour mais les bergers y semblent suffisamment armés pour se défendre et peu enclin à partager leurs pâturages.

Alors pourquoi s'acharner, raconter toujours les mêmes histoires, celle où une jeune fille (désobéissante) le rencontre tout près de chez sa grand-mère, celle où trois petits cochons, deux en particulier, ont affaire à lui? Il paraît que quelques auteurs tentent aujourd'hui de renverser la situation et d'en faire un personnage plutôt sympathique, mais combien de temps faudra-t-il encore pour qu'on change de bouc émissaire? Situation d'autant plus surprenante que le loup est l'ancêtre sauvage du chien, que de nombreux foyers français adoptent comme animal de compagnie!

Allez, Sire Loup, moi je vous aime.

jeudi 29 novembre 2012

C'est à vous (6)

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus).

Des femmes et des rêves.

Les femmes ne sortent plus. Déjà quand il fait beau, alors maintenant! Il faudrait remonter dans la chambre et enfiler un manteau ou une veste. Celles qui fument le font à la sauvette, sous une véranda, en regardant la pluie tomber dans le caniveau où les gouttes laissent une trace de calcaire plus claire. Peut-être, en tirant sur leur mégot cherchent-elles à deviner où tombera la prochaine.

Elles restent dans les vieux canapés de cuir vert du salon ou dans d'antiques fauteuils en rotin qui n'ont jamais connu d'Emmanuelle. La télévision est muette. Qu'importe? Elles se parlent à elles-mêmes, rêvant de leur vie antérieure, de leur vie, parce qu'en est-ce une maintenant? Elles dorment aussi, le menton sur leur vieille poitrine, abruties de médicaments. Parfois, au fond du couloir, la sonnerie du téléphone retentit. C'est toujours la même qui se lève. Le temps qu'elle arrive à la cabine, la sonnerie a cessé. Alors, du même pas hésitant, elle revient parmi les autres et poursuit son rêve, jusqu'au dîner.

Lorsque je m'en vais, c'est toujours le même rituel: "Bonsoir, Mesdames." "Bonsoir, Monsieur", plus rarement "Bonsoir, Calyste". Dans quelques secondes, je serai dehors, à remonter mon col, à regagner ma voiture. Elles seront toujours là. Elles m'auront déjà oublié.

mercredi 28 novembre 2012

Délire mais pédagogique (enfin, j'espère...)

Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire, quelquefois! Tenez, par exemple, ce matin, pour faire passer la conjugaison du passé simple (qui, d'ailleurs, n'a de simple que le nom) dans une séquence sur le conte traditionnel en sixième, j'ai dû me transformer tour à tour en ogre sanguinaire, en vampire assoiffé, en princesse languissante, tordre la bouche, me lécher les babines, jeter des regards assassins, que sais-je encore.

Succès garanti: toute la classe se tordait de rire, même celui qui jacule déjà! Ah! là, ils étaient réveillés, les bambins. Je me demande ce que le prof de la classe d'à côté a pensé de ce qu'il entendait à travers la porte. N'empêche qu'à l'exercice suivant, quelques fautes seulement! Sauf celui qui jacule déjà, parce que, lui, il ne l'avait même pas commencé, l'exercice...

Un ver pour la nuit

Un rêve abominable il y a de cela deux ou trois nuits.

Je rêvais que je me grattais et, en me déshabillant, je découvrais que j'étais couvert de gros boutons, tous déjà secs sauf un qui me démangeait plus que les autres. Celui-ci, me dis-je, il n'aura pas le temps de sécher en laissant une de ces croûtes disgracieuses! Et j'entrepris vaillamment de le percer pour en extirper l'humeur fétide. Je le pressai vigoureusement entre mes deux pouces mais ce n'est pas du pus qui en sortit: une sorte de ver dodu,  jaunâtre, long comme un ténia, qui s'enroulait sous la peau sans que j'en voie le bout. Étrangement, je ne me suis pas réveillé à ce moment-là mais je ne garde aucun souvenir de la suite.

Le lendemain matin, je me suis levé très fatigué.

mardi 27 novembre 2012

Révélation

Imaginez-le: grand, niais, pas du tout scolaire et pas grand chose d'autre non plus, toujours à bouger, à titiller ses camarades de sixième, dans son monde à lui qui n'est pas celui des autres, refusant les conseils de quiconque (deux aides extérieures ont déjà jeté l'éponge), ne comprenant que la menace et encore. Pas vraiment bête, non, mais hermétique à la scolarisation.

Ce matin, il était dans le couloir, à tenir l'espace réduit de nos déambulatoires, et par le corps et par la voix.  J'allais passer mon chemin puisque, déjà, un adulte s'occupait de son cas lorsque j'ai saisi ce qu'il était en train de dire, de répéter à tue-tête, de hurler à qui voulait bien l'entendre, fier comme personne avant lui. Sur le moment, j'ai cru avoir mal compris. Mais non, c'était bien ça! Notre révolté avait découvert quelque chose qui, visiblement, l'enchantait: "Maintenant, moi, je jacule, je jacule!". Fort en gueule mais pas fort en conjugaison ni en vocabulaire!

Ce charmant bambin a pour prénom Archange! Et moi qui croyais que ces êtres éthérés n'avaient pas de sexe!...


lundi 26 novembre 2012

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (119)

Barbara, En relisant ta lettre.
Quinze ans déjà, et toujours là, sur des paroles d'un autre grand.

dimanche 25 novembre 2012

Trous

Certains prétendent, selon eux, être naturels en toutes circonstances. J'aimerais les surprendre une fois pendant leur sommeil, avec la bouche grande ouverte et les muscles du visage complètement relâchés. C'est ça, le vrai naturel, pas le visage que l'on se compose face aux autres en état de veille sans même que l'on s'en aperçoive. Moi, voir un tel visage abandonné, ça m'a toujours ému, même si la beauté en prend un coup. Ça a quelque chose de fragile et de vrai, une part de végétatif que l'on oublie trop dans son personnage social et qui rappelle que l'homme, finalement, n'est que trous, d'où sortent des sons plus ou moins gracieux, d'où naissent le plaisir ou la douleur, d'où sort la vie et où elle se finit.

Gratte-cul

Mon frère est plus grand que moi de quelques centimètres mais sa maladie l'a fait terriblement maigrir et il paraît maintenant beaucoup plus élancé. Ma sœur a toujours été un peu plus petite. Ce soir, ma mère en a sorti une bien bonne. Avant de repartir pour sa clinique, elle nous a regardés longuement et a fini par me lancer: "Ton frère et ta sœur sont grands, et toi, tu es le gratte-cul!".

Chez nous, un gratte-cul est cette sorte de bourre que l'on trouve dans la graine d'une plante buissonneuse, l'aubépine je crois, ou l'églantine, et que l'on glissait, quand on était enfant, dans le cou des copains pour les faire se gratter. C'est aussi une autre façon de dire à quelqu'un qu'il est petit.

Sur la taille, elle se trompe. Sur le reste, elle n'a pas tout à fait tort...

samedi 24 novembre 2012

Entre la poire et le fromage

Hier soir, invitation chez une ex-collègue à la retraite depuis cette année. Petit comité (nous étions sept en comptant nos hôtes). Excellent repas et conversation ininterrompue. Bonne soirée donc. Pourtant, entre la poire et le fromage, je n'ai pu  m'empêcher, comme à mon habitude, de m'extraire un instant de ce qui se disait parce qu'une pensée m'occupait alors fortement l'esprit: je regardais tous ces amis et me disais que décidément, nous avions tous bien vieillis! "Bien" dans le sens où aucun d'entre nous n'est encore trop physiquement atteint extérieurement, mais aussi au sens que nous avions effectivement pris chacun quelques années. Le déclic de cet "aparté" fut une conversation que nous n'aurions pas eue il y a une dizaine d'années: cancer pour les uns, gros problèmes de dos pour d'autres, calcul de la retrait pour d'autres encore.
Chaque âge a ses plaisirs...
Rassurez-vous: nous avons aussi parlé de tas d'autres choses, et bien évidemment de pédagogie! Irrécupérables, ces profs ou ex-profs!

En attendant

Dans la série, on prend de vieux livres qui traînent depuis des années dans la bibliothèque, je viens de lire La Lune et le miroir, de Jean-François Deniau, homme politique disparu depuis et aussi membre de l'Académie française. Je ne me souviens pas d'avoir acheté ce roman. Sans doute Pierre.

Pas mal du tout, dans le genre que l'on oublie vite (mais j'en suis là pour presque tous aujourd'hui!). Ca rappelle beaucoup l'univers de Laurent Gaudé ou certains romans de Maxence Fermine: une sorte de conte africain ancré dans la réalité, raconté à la fois par le conteur d'une tribu inconnue et par le jeune européen qui devint roi de cette tribu avant de subir de leur part ce qu'ils appellent la "mort blanche".

De quoi occuper l'intervalle entre des œuvres qui me tiennent plus à cœur.
(Jean-François Deniau, La Lune et le miroir. Ed. Gallimard)

vendredi 23 novembre 2012

Vraiment ?

En quelle saison était-ce ? J'en garde un souvenir d'automne, un automne ensoleillé où déjà les appartements fraîchissent, mais je n'en suis pas sûr. Ce pourrait tout aussi bien être en été. Pas l'hiver. Enfin, je ne crois pas. Faisait-il nuit? Était-ce le matin? L'après-midi? Je suis presque sûr que, dehors, il faisait soleil. Pourtant, je jurerais qu'il faisait un peu frais et que nous nous étions glissés sous une couverture, dans le vieux lit de la grand-mère, aux bois lisses et cirés. L'impression d'obscurité vient peut-être de ce que nous n'avions pas ouvert les volets, de peur d'être découverts là où nous n'avions rien à faire, surtout pas ce que nous fîmes.

Il avait découvert le Concerto n°1 pour piano de Tchaïkovski et voulait me le faire entendre. Ce fut un saisissement, la première fois. Les notes martelées du début me figèrent dans une sorte de crainte quasi mystique. Le romantisme échevelé du russe fit le reste. Quoi au juste? Je ne m'en souviens guère. Sans doute, comme toujours à cet âge-là (mais quel âge avions-nous exactement?), un bref moment de plaisir survolté suivi, après l'orgasme, d'une gêne indicible, de cette culpabilité sournoise qui nous faisait, chaque fois, nous rhabiller rapidement sans se jeter un regard, prononçant, parce qu'il faut bien meubler le vide, des paroles anodines qui accéléraient la séparation.

Pourtant, dans mon esprit aujourd'hui, tout est clair, je revois la scène, je ressens l'émotion, musicale et physique. J'ai tout réinventé, à ma convenance ? Seule le fin fond de ma mémoire le sait, dans le meilleur des cas. Et même si tout n'est pas vrai, n'a pas été exactement comme je me l'imagine, ça ne fait rien. C'est cette image-là que j'ai accrochée dans la tête.

jeudi 22 novembre 2012

Le der des der

Combien en ai-je vu depuis ma première année d'enseignement? Ce soir, c'était mon dernier défilé de parents. 27 rendez-vous, 25 honorés. L'un des absents s'était excusé de ne pouvoir venir, l'autre pense sans doute que, puisqu'il paie, nous sommes à son service...

Des parents charmants, tous, parce que charmés. Je dis cela sans prétention aucune, mais je suis toujours surpris de mes capacités de séduction dans ces cas-là. Dès que je les vois entrer, je sais comment je vais me les mettre dans la poche, les femmes surtout! Mon sourire le plus enjôleur pendant que je leur tends la main, une question sur le devenir de leur aîné, un regard franc et direct dans lequel transparaît tout l'intérêt que je leur accorde, et je peux ensuite dire ce que je veux, même si ce n'est pas forcément positif.

Les papas ? Je suis plus attentif à leurs temps grisonnantes, à la couleur de leurs yeux ou à quelque chose dans leur timbre de voix qui, tout à coup, m'ouvre des horizons inespérés...  Il m'est souvent arrivé de ne pas écouter ce qu'ils disaient et de devoir les faire répéter.

Et ce soir, même pas particulièrement fatigué! Vous allez voir que je vais bientôt regretter ça!

Perplexité

Ce matin, cours commun français/anglais avec les sixièmes. Un cours que ma collègue (et ex-élève) faisons ensemble depuis le début de l'expérimentation pédagogique que notre nouvelle directrice, encouragée fortement par le directeur général qui, comme il le dit lui-même, n'aime pas ces "intellos" de "pédagos", est en train de démolir consciencieusement. Nous avons même eu, la première année, les honneurs d'une photo dans un magazine national.

Le thème: les contes en tant que textes fondateurs. Ma collègue essaie de les amener peu à peu à la modernité des contes. Un enfant prononce le nom de Disney. Et, à la question de savoir quel était le prénom de Disney, un autre lance, tout fier: "Land!". "Mais non, le reprend son voisin, c'est Channel!"
Ils sont mignons, à cet âge-là! Il est grand temps que je me retire....

mercredi 21 novembre 2012

Bonsoir, au revoir.

Demain, en fin d'après-midi, 27 rendez-vous avec 27 familles venant parler et entendre parler de leur progéniture que je suis cessé éduquer (oui, car parfois, il ne s'agit plus d'enseignement). Autrement dit un rendez-vous toutes les cinq minutes de 17h15 à 19h25. Le temps de se présenter, de les faire asseoir, de les laisser un peu s'exprimer, de dire quelques mots de mon fait et de prendre congé, on a bien conscience du sérieux de l'affaire. Je me console en pensant que ce sera sans doute la dernière soirée de ce type. Et puis, on achève bien les chevaux...

Tellement amoureuse

Sur le trottoir, hier soir. Je rencontre ma voisine italienne, celle avec qui j'ai trop peu l'occasion de parler cette langue que j'aime. Un homme s'approche. Que veut-il ? Un peu d'argent ? Une cigarette ? Mais non, il tend vers moi un index que je crois accusateur, puis montre mon interlocutrice et me dit tout à fait sérieusement: "Je vous félicite, Monsieur."

Elle et moi nous regardons, un peu interloqués et, voyant ma surprise, il précise sa pensée: "Je vois bien qu'elle est follement amoureuse de vous." Puis il se détourne et reprend sa route sana attendre de réponse.

J'aime ces petits moments de folie.

mardi 20 novembre 2012

Des fleurs (7): l'iris

Je les préfère sauvages, vaguement fragiles au bord de l'eau, comme ceux que j'avais découverts un après-midi en promenant mon chien sur les berges du Rhône du côté de Gerland. Aujourd'hui, le chemin encombré de tanières de clochards que l'on n'appelait pas encore SDF a disparu, mangé par l'aménagement d'un parc municipal, et les iris sont morts.

Je les préfère blancs, couleur de la monarchie française dont ils sont l’emblème, bien que beaucoup les confondent avec la fleur de lys. Je n'en trouve que rarement chez les fleuristes.

Je les aime pour leur fragilité, ils ne durent que quelques jours, et leur grâce un peu désuète.

Je les aime pour leur nom, celui de la messagère des dieux, toujours porteuse de bonne nouvelles chez les Grecs de l'Antiquité, celle dont le pied, en laissant sa trace dans l'azur, fait naître l'arc-en-ciel

Wasurenagusa et Hotaru

Les deux derniers tomes de la pentalogie de Aki Shimazaki, Le Poids des secrets. Là où le poids tombe, où les secrets sont dévoilés par la grand-mère à sa petite-fille. Wasurenagusa, ça veut dire myosotis, et Hotaru luciole. J'ai tout autant aimé ces deux derniers opus que les précédents et ne sais pourtant pas en parler (mon résumé ressemble à un sous-article de pigiste de journal gratuit), évoquer le plaisir simple pris à les lire. Peut-être les choses simples ne se racontent-elles pas. (Aji Shimazaki, Wasurenagusa et Hotaru. Ed. Actes sud)

dimanche 18 novembre 2012

Amour

Ma première  réduction senior! Ça fait un drôle d'effet, d'autant plus que le caissier du cinéma ne m'a même pas demandé ma carte d'identité! Presque vexé, il était, le Calystee! Il s'est consolé en voyant comme un présage dans le titre du film!

Lorsque j'avais appris qu'Emmanuelle Riva avait tourné en 2012 aux côtés de Jean-Louis Trintignant, je m'étais bien juré d'aller revoir cette actrice que j'aime énormément. C'est chose faite cet après-midi en compagnie de Frédéric et de J-C.

Qui ne se souvient pas d'Hiroshima mon amour, de Resnais, en 59, de Léon Morin prêtre, de Melville, en 61, de Thérèse Desqueyroux, de Franju, en 62, des Risques du métier, de Cayatte, en 67, et de  La Modification, de Worms, en 70 ? Aujourd'hui, c'est Michael Haneke qui la met en scène dans ce film sur la maladie, la vieillesse et la mort qui a obtenu la Palme d'or du festival de Cannes cette année.

Amour est un film intimiste magnifique. Certes peu désorientant pour moi qui, pour une fois que je ne passe pas le dimanche avec ma mère, retrouve à peu près le même univers sur le grand écran, mais profondément émouvant grâce en particulier à la performance d'actrice d'Emmanuelle Riva. On en oublie presque Trintignant tant est fort le personnage jouée par cette femme désormais âgée. Mais si le physique a vieilli (quel courage de se montrer nue dans la scène de la salle de bain, là où de nombreuses autres auraient refusé sans doute de montrer leur déchéance!), la voix est toujours la même, reconnaissable entre mille.

A la fin de la projection, le public est sorti de la salle en silence, respectueux sans doute tout autant des acteurs que du thème du film. Cette Emmanuelle-là n'a pas besoin d'un fauteuil exotique pour qu'on l'aime!

Jonquilles

Aujourd'hui, repos après avoir travaillé une partie de la journée d'hier pour la porte ouverte du collège. Ce matin, visite  au château de Montchat qui organise deux fois par an une exposition de peintures. Une nature morte m'a tapé dans l’œil dès l'entrée. Il s'agit d'un bouquet de jonquilles de l'artiste hongroise Pehartz. Je suis finalement reparti avec la toile sous le bras, Frédéric et Jean-Claude ayant eu la bonne idée de largement participé à l'achat en guise de cadeau de Noël. Je l'ai positionnée ce soir dans mon bureau où elle sera du meilleur effet. La photo n'est pas extraordinaire et ne rend pas les couleurs d'origine mais j'essayerai de la remplacer par mieux quand je la verrai à la lumière naturelle (c'est-à-dire pas avant mercredi).

samedi 17 novembre 2012

Le Poids du papillon

Si vous voulez vraiment vous faire plaisir, lisez Le Poids du papillon de Erri de Luca. Ce court roman s'inscrit dans la série de ceux inspirés à cet auteur par la montagne. Un vieux braconnier part pour sa dernière expédition au-delà d'où les hommes vont habituellement avec l'intention d'abattre un très vieux chamois, le seul animal qui lui ait toujours échappé. Rien d'autre ? Non, rien d'autre. Mais de Luca n'a pas besoin de beaucoup pour fasciner, tant la poésie la plus pure est présente à toutes ses pages, derrière chacun de ses mots.

J'étais là

Un vrai temps de novembre hier pour la fin des festivités du soixantenaire! Mais j'aime assez cette brume et ce froid particulier des journées d'automne. Je crois que pour tous mes anniversaires, ça a été le cas.

Nous étions 23 chez Patrick et Francine le soir. Émile avait fait spécialement le voyage depuis la Savoie et Marie-Claire depuis l'Isère. Des amis dont les âges s'échelonnaient de la trentaine à plus de quatre-vingt. Je crois que tout le monde a bien apprécié la soirée: boisson (ah! le punch de Patrick et le champagne de Francine!) et nourriture abondante, rires et bonne humeur. Discours demandé et non préparé, donc un peu "embarrassé" après l'apéritif. Ni Kicou ni Amédé, mes vieux amis décédés, n'étaient là pour faire la fête mais j'ai respecté les règles des dizaines instaurées par Kicou pour l'apéritif et pour le dessert: une pièce montée!

Et puis des fleurs, beaucoup de fleurs, et puis des cadeaux, dont Le Petit Traité de l'abandon, d'Alexandre Jollien, que j'avais bien l'intention de lire. Et puis plein de sous qui me permettront dans un avenir proche de changer mon ordinateur. Une dernière chose: hier, j'étais vraiment là, avec les autres.

vendredi 16 novembre 2012

Voyages d'enfance

Vous êtes-vous jamais promenés dans une forêt d'eucalyptus géants? Moi oui. C'était il y a bien longtemps, je devais approcher une dizaine d'années. Je n'étais pas seul bien sûr, j'avais pour compagnons d'expédition deux autres enfants: Mary, qui était belle de ses seize ans, et Robert, du même âge que moi.

 Je m'en souviens comme si c'était hier. D'abord de ces troncs immenses qui dressaient au-dessus de nos têtes comme les voûtes d'une cathédrale résonnant de mille bruits inconnus à nos oreilles, possibles dangers qui nous auraient fait frémir si deux ou trois adultes ne nous avaient accompagnés. De cette lumière aussi, particulière, qui renforçait l'atmosphère sacrée du lieu, comme si le soleil s'amusait à éclabousser un encensoir pour se cacher l'instant d'après, plongeant le déambulatoire qui s'ouvrait devant nous dans une profonde ténèbre. Et puis l'odeur, un parfum particulier, jamais senti dans les bois de mon enfance, un mystère de plus qui nous chatouillait les narines.

C'est étrange, ce souvenir si ancien qui, dès le moment où je l'évoque, me fait ressurgir les mêmes sensations, les mêmes émois et, pour tout dire, les mêmes joies, faites d'angoisse et de curiosité mêlées. Je me souviens: j'étais tout près de chez mes parents, je gardais quelques chèvres en liberté, et moi, je l'étais encore plus qu'elles. Je dévorais Les Enfants du capitaine Grant de Jules Verne. Magie de la lecture. Je plains ceux qui ne la connaissent pas.

A peu près

Il paraît qu'en 14, des poilus se sont "butinés" dans les "tronchés" !

jeudi 15 novembre 2012

Quand la caméra était intelligente



La Caméra explore le temps (1960).
Et que du beau monde au générique: André Castelot et Stellio Lorenzi aux manettes; Georges Descrières, François Maistre, Maria Mériko, Eléonore Hirt, Jacques Castelot dans les bas de soie!
J'avais huit ans et j'adorais ça.

Des nouvelles de ma coiffeuse

Elle va bien, merci. J'y vais maintenant chaque fois que la tignasse qui me tient lieu de chevelure n'est plus domesticable et elle tient toujours à ce que ce soit elle qui me coiffe. Et ça papote, et ça papote! Elle m'a demandé conseil aujourd'hui pour l'inscription, l'an prochain, de ses jumeaux dans un collège privé. Même chose auparavant avec la laborantine du laboratoire d'analyses médicales. Si je ne sais pas quoi faire de mon temps à l'avenir, je pourrais toujours monter un cabinet de conseils! Ça rapporte, au moins, ça ?

Un signe ?

Tiens, pour la première fois de ma vie, je vais me faire vacciner contre la grippe. Oh la la! Je ne serais pas en train de prendre des habitudes de vieux, moi ?

Autre signe inquiétant: tout à l'heure, à la devanture d'une échoppe de presse, je vois un hors-série de Télérama consacré à Barbara. J'allais me précipiter à l'intérieur pour l'acheter quand quelque chose, à la dernière minute, m'arrêta: n'avais-je pas déjà vu cette couverture quelque part ? En regardant mieux, j'ai fini par découvrir qu'il s'agissait d'une réédition à l'occasion du quinzième anniversaire de sa mort...

mercredi 14 novembre 2012

Une histoire de fous

Sous la verrière de la clinique de ma mère, il y a un distributeur de boissons à côté duquel je passe chaque fois que je lui rends visite. Par hasard, l'autre jour, j'ai eu la curiosité d'en lire la marque du fabriquant. Après m'être éloigné, je suis même revenu en arrière pour vérifier que j'avais bien lu. En grosses lettres un peu tarabiscotées apparaît la marque: Jending!  Pour une clinique psychiatrique, j'ai trouvé ça désopilant.

Renseignement pris,  il fallait lire Vending. Tant pis, ils n'ont qu'à adopter une autre police de caractères. Moi, je préfère me marrer chaque fois que je passe!

Pléonasmes

Voilà bien quelque chose qui m'énerve quand ils sont le fait de personnes censées connaître la langue française et l'utiliser correctement.

Deux exemples parmi les tout récemment entendus ou vus:

- sur un abribus, une publicité pour une chaîne de télévision ou peut-être un magazine: "créateur innovant"! Ah bon, parce qu'il peut en être autrement ?

- un journaliste à la radio: " Le taux de ...(je ne sais plus quoi) a augmenté de 10% de plus. S'il avait augmenté de 10% de moins, ce serait sans doute ce qu'on appelle la croissance négative ?

Bon, en même temps, il faut moi-même que je batte ma coulpe: je dis souvent "faire de la marche à pied."

(Dans un autre ordre d'idées, m'agacent également les tics pleins de niaiserie des présentateurs de télévision:
"Après une page de publicité, la météo DE Catherine Machin"
" Et maintenant, il est l'heure de VOTRE grand film..."
et tutti quanti....)

mardi 13 novembre 2012

En haut à gauche

Ce recueil de nouvelles de Erri de Luca, sorti en Italie en 1994, n'a été traduit en français que cette année 2012. J'ai beaucoup apprécié de quitter cette fois-ci les livres qu'il consacre ces derniers temps à des interprétations de textes bibliques pour me retrouver dans ce que je préfère chez cet auteur: l'évocation de son enfance, de sa vie d'ouvrier, de son amour de la femme, de sa tendresse pour un père disparu.

 La dernière nouvelle, qui donne son titre au recueil, est une pure merveille de sensibilité: elle raconte les derniers jours de ce père tant aimé et sa passion pour la lecture.

 "Je les ai lus en entier, je n'en ai laissé aucun à moitié, même décevants ou présomptueux je les ai suivis jusqu'à la dernière ligne. Parce que c'était beau pour moi de tourner la page lue et de porter mon regard en haut à gauche, là où l'histoire continuait. J'ai toujours tourné très vite la feuille pour reprendre à cette première ligne, en haut à gauche."
( Erri de Luca, En haut à gauche. Ed. Gallimard. Trad de Danièle Valin.)

C'est à vous (5)

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus).

Et une question, cette fois-ci: de qui s'agit-il?

lundi 12 novembre 2012

Momentini

- Le parc du collège, retrouvé aujourd'hui, a enfin pris ses couleurs d'automne. Je suis toujours époustouflé par cette beauté saisonnière. Ce matin, il faisait soleil, je n'avais pas mon appareil sur moi. Dans l'après-midi, j'aurais pu prendre des photos, mais il n'y avait plus de soleil. Dernier automne à contempler ce spectacle là haut.

- Notre nouvelle directrice a-t-elle eu vent qu'elle ne se faisait pas que des amis dans les enseignants? Je l'ignore mais le subodore fortement. Un mail (elle ne sait communiquer que par ce moyen) pendant les vacances pour nous remercier du travail accompli. Surprenant! Et encore plus soufflant, ce matin, alors que je faisais une bise à ma vieille amie Isabelle, elle m'en a réclamé une pour elle aussi. On ne va tout de même pas se lécher la trogne tous les jours!

- Ma mère est parfois sidérante: elle peut passer de la pire des vacheries à la plus câline des attitudes. Dimanche soir, elle m'a assis: "Ta grand-mère t'aimait bien. Approche-toi, je vais la remplacer."

- La nouvelle prof d'histoire, la folle, s'est fait teindre en blond. Elle était déjà blonde, mais là, c'est champ de blé! Avec des frisettes par dessus le marché. En fait, ça ne frise qu'une chose: le ridicule.

- Reçu aujourd'hui (ils ne perdent pas de temps à l'assurance retraite quand ils veulent) une lettre avec estimation du montant de ma retraite. Pas de quoi sauter en l'air de joie. Mais il y a plus malheureux.

- Dernier passage en librairie: deux Shimazaki et deux De Luca. Il y a des jours, comme ça!

- A Chambéry, appris sur une enseigne de commerce un mot que j'ignorais: une "talémèlerie". Étymologie: de taler (pétrir) et mesler (mélanger), donc en vieux français: une boulangerie.

- Sur la voûte du sanctuaire de la Vierge Noire à Myans, cette inscription censée reprendre les paroles des démons arrêtant le glissement de la montagne devant l'ancien petit oratoire de la Vierge: "Passons outre. Nous ne pouvons: la Noire nous en empêche." Ils n'ont pas pensé à lui demander ses papiers?

dimanche 11 novembre 2012

Agapes

Décidément, la soixantaine doit être un événement marquant puisque je ne cesse, depuis quelques jours, de la fêter. Ce fut d'abord un excellent repas chez Jean-Claude le jour même, c'est-à-dire mercredi (eh oui, Cornus, ce n'était pas le 5 mais le 7!), en compagnie de Frédéric et de Pierre. Champagne et fleurs ont aussi été au programme.

Aujourd'hui, au restaurant, avec ma mère, ma sœur et une amie, où j'ai eu la joie de voir le bonheur de ma mère mangeant des huîtres et recevant, comme à chaque visite dans cet établissement, des baisers du restaurateur (baisers que je lui envie...).

Vendredi prochain, c'est moi qui invite, chez Patrick et Francine. Nous serons une petite trentaine, tant amis que collègues (et néanmoins amis). Comme le feu d’artifice clôturant les festivités.

Et hier, grande première! J'ai reçu  la Duchesse de Kent chez moi! Non, celle-ci n'a rien à voir avec les Winsor! C'est ainsi que j'ai surnommé affectueusement (et sans qu'elle le sache) la maman de Frédéric, qui était là aussi, ainsi que Jean-Claude. Bonne soirée autour de la table, dans mon appartement qu'elle a beaucoup apprécié. J'avais mis, comme l'on dit chez nous, les petits plats dans les grands car je tenais à lui faire plaisir. Ne m'avait-elle pas invité à ses soixante-dix ans chez Bocuse alors qu'elle ne m'avait jamais rencontré?

Demain, petit entracte dans les agapes avec la reprise du travail. Mais, pour ce soir, tout près de mon lit, j'aurai la joie de la compagnie de Pontalis et de De Luca. Heu-reux, vous dis-je!

Deux jours en Savoie

Lundi et mardi, je suis allé chez mon vieil ami Émile, prêtre à la retraite tout près d'Aix-les-Bains. Je le connais depuis longtemps et nous avons fait de nombreux voyages ensemble (Allemagne, Égypte...). Il a aujourd'hui soixante-dix ans et souffre de diabète. Mes derniers séjours chez lui avaient été un peu tristes, parce que je le voyais souffrir sans rien dire, diminuer physiquement et abandonner des activités qu'il avait aimées depuis toujours, comme la lecture par exemple. Il ne sortait plus guère et se contentait de faire son jardin et ses conserves.

Cette fois-ci, il s'était comme réveillé et nous avons passé les deux jours pratiquement toujours dehors. J'avais émis l'idée de revoir l'abbaye de Hautecombe, sur les bords du lac du Bourget, où j'avais pour la première fois mis les pieds aux alentours de mes sept ans, si j'en crois une vieille photo qui nous montre, ma grand-mère, ma tante, ma cousine et moi devant le bateau, à l’embarcadère. Nous y sommes allés, sous un ciel où se mêlaient soleil et pluie. Je n'en avais gardé aucun souvenir. La visite m'a intéressé, même si la beauté du bâtiment où sont enterrés de nombreux ducs et comtes de Savoie, maints rois et reines d'Italie, n'égale pas pour moi celle du monastère royal de Brou. Émile, fatigué, m'a ensuite attendu pendant que je descendais par la grange batelière jusqu'au bord de l'eau pour profiter du paysage évoqué par Lamartine.

Le lendemain, pendant sa visite à l'hôpital, j'ai visité le vieux centre de Chambéry, ville bourgeoise mais qui comporte encore d'anciens quartiers intéressants autour du château. Émile m'a ensuite emmené à Myans, à quelques kilomètres, où se trouve un sanctuaire de la Vierge Noire. Il fut construit par quatre moines franciscains à partir de 1452 après un éboulement du Mont Granier qui fit plusieurs milliers de morts (1248), en remerciement à la Vierge puisque le glissement des roches s'était arrêté au pied d'un oratoire consacré à Marie. D'abord la crypte puis, quarante ans plus tard, une chapelle au-dessus. Les voûtes sont recouvertes de fresques peu esthétiques mais intéressantes réalisées en 1936 par Léon Raffin et représentant tous les saints et les saintes de Savoie. Plus attachants sont la statue de la Vierge Noire, le chemin de croix en bois d'olivier et le tabernacle de facture moderne. Le sanctuaire est aujourd'hui dominé par une imposante Vierge à l'enfant, proche dans sa facture de celle qui domine la Basilique de Fourvière à Lyon. La montée à la statue par un escalier étroit en colimaçon coupe les mollets mais est récompensée, au sommet, par une vue étendue sur les montagnes et collines voisines où pousse de la vigne qui donne un excellent vin blanc.

L'après-midi, balade dans Rumilly où Émile et Pierre se sont connus dans un collège privé avant d'entrer au séminaire.

Et puis, je ne peux pas évoquer une visite chez mon vieil ami sans parler de sa cuisine, rustique mais délicieuse: langue de bœuf, magret de canard et velouté de potiron, entre autres. Deux bons jours, quoi. Heureux surtout d'avoir vu Emile reprendre goût à la vie.


samedi 10 novembre 2012

Merci posthume

Tout en songeant à ma retraite, j'ai repensé à ce vieil ecclésiastique qui nous avait trouvé du travail, à une amie et à moi. Cette amie a pris un congé anticipé pour cause de maladie, l'ecclésiastique est mort, depuis bien longtemps maintenant. Moi, je termine ma "carrière".

Dans les faits, cet homme ne m'aimait pas et je n'ai jamais, moi non plus,  accroché vraiment avec lui. Il affectionnait davantage mon frère, à qui il prodigua de nombreux conseils pour l'éducation de ses enfants et au moment de ses déboires conjugaux. Notre relation à nous deux passait uniquement par l'intellect,  jamais par l'affection. Nous avons eu parfois des discussions intéressantes, même si nous n'étions pas forcément du même avis. Mais je ne supportais pas le manque de délicatesse qu'il affichait souvent avec la ferme intention de choquer, ni sa curiosité directe ou insidieuse, selon les circonstances.

Pourtant, c'est à lui que je dois mon poste dans l'enseignement, dans un collège qui, s'il est en train de prendre un virage qui ne me convient pas, m'a procuré des années de bonheur et de plaisirs. Alors voilà: je tenais, avant de le renvoyer au fond de ma mémoire, à lui témoigner ma gratitude et à lui dire une nouvelle fois merci.

jeudi 8 novembre 2012

22h22

A ma montre, il est 22h22. Un petit clin d’œil à qui le reconnaîtra! Tu me manques, Mademoiselle.

La dernière plume

On ne connaît de la seconde partie de la vie de Rimbaud que ce qu'en disent les lettres qu'il envoya à sa mère à Charleville ou à sa sœur en Suisse. Sans ces lettres, ce serait le trou noir et je subodore que le mythe du poète maudit n'aurait jamais pris forme s'il ne les avait pas écrites.

Aujourd'hui, qui écrit encore des lettres? De quand date la dernière reçue dans ma boîte? De quand la dernière timbrée et envoyée par mes soins? Paul, mon ami parisien écrivain et traducteur, s'en plaignait au téléphone: il regrettait le temps où il recevait de ma part de longues pages recouvertes de mon écriture de chat.

Ainsi donc, notre ère qui s'autoproclame celle de la communication risque-t-elle, en d'autres temps, d'apparaître exclusivement comme celle du silence. Les Rimbaud sont fatigués ou ont disparu, comme les dernières plumes du dodo.

Le Signal

Enfin! Après une période un peu maussade question lectures, je viens de terminer un livre qui m'a emballé: il s'agit de Le Signal, de Ron Carlson. Bien sûr, encore une fois, les grands espaces américains (ici, le Wyoming)  comme je les aime depuis l'enfance. Une histoire à la fois simple et complexe, mêlant un amour finissant et un suspense "scientifique" au cœur des montagnes. Beauté de la nature et noirceur de l'espèce humaine. C''est un peu con, ce que je dis là, et, tant qu'à être con, je ne vais pas reculer devant le cliché si souvent employé quand il s'agit de romans: c'en est un qu'on n'a pas envie de fermer le soir pour dormir tant on est pressé de savoir. Mais, cette fois-ci, c'est vrai.
( Ron Carlson, Le Signal. Ed. Gallmeister. Trad. de Sophie Aslanides.)

mercredi 7 novembre 2012

Le Temps qui reste


Tout rond

Et voilà! On s'absente pendant deux jours et la soixantaine en profite pour vous tomber dessus. Oh! pas sans prévenir, certes! Je la voyais venir, la sournoise, l'inéluctable, la toute ronde. Je l'attendais même, pour voir ce que ça faisait et, cette nuit, alors que je lisais, j'ai, à un moment, regardé l'heure: minuit  deux. J'avais soixante ans et deux minutes.

J'ai regardé autour de moi: rien n'avait changé, le livre dans mes mains, le marque-pages tout près de la montre, le dessus de lit rejeté car il fait chaud chez l'ami Émile, au plafond l'arrondi de la lumière de la lampe. J'ai regardé en moi: rien n'avait changé, ni plus ni moins de douleurs diffuses, ni plus ni moins de pensées folles. Curieusement, je n'ai pas pensé au passé, pas plus qu'à l'avenir. Je n'ai pensé qu'à moi, lu encore quelques pages (combien depuis que je sais lire?) et éteint avant de prendre la position du fœtus, sur le flanc droit, celle qui m'est le plus propice à l'endormissement.

Aujourd'hui, retour à Lyon dans les brumes et les couleurs de l'automne, des sms, des coups de téléphone, une soirée prévue en petit comité. J'apporte une bouteille de champagne: ça s'arrose! Il faut bien fêter ça!

dimanche 4 novembre 2012

Et les yeux dans les yeux...

J'étais étudiant à l'époque. Je n'avais pas de voiture, ce qui affine la datation: j'avais probablement entre dix-huit et dix-neuf ans. Je prenais le bus, matin et soir, pour rejoindre la fac ou ma chambre en cité universitaire. Étrangement, je me souviens encore parfaitement du lieu: avenue Berthelot, dans le 7°, entre Jean Macé et les quais du Rhône.

J'étais à l'avant du bus, debout juste derrière le chauffeur. Il y avait pas mal de monde. Près de la porte centrale, une femme d'un certain âge, visiblement aisée, tout près du troisième âge. Derrière elle, un jeune homme, à peine plus âgé que moi et que j'avais remarqué pour la beauté de son visage. Bientôt, ce fut davantage sa façon de se comporter  qui m'intrigua. Il semblait nerveux, ne cessant de regarder autour de lui. Je le vis plus tard plonger délicatement la main dans le sac de la bourgeoise et commencer à en extirper quelque chose. Mais à ce moment-là, ses yeux croisèrent les miens et son geste s'arrêta net.

Je l'avais vu et il avait vu que je l'avais vu.  Nous ne nous quittâmes plus du regard pendant de longues secondes. Pendant ce temps, mon  cerveau  fonctionnait en mode turbo. Que devais-je faire si, malgré moi, il s'emparait de quelque chose appartenant à cette femme? Prévenir le chauffeur, la victime? Dénoncer le pickpocket? Il pouvait devenir violent. Je ne sais pas ce qu'il lut dans mes yeux qui ne le lâchaient pas, un profond mépris, une menace, de la pitié, de l'empathie...

A l'arrêt suivant, il descendit sans avoir rien subtilisé et, du trottoir, m'adressa de la main un baiser. Je n'ai jamais regretté ma façon d'agir ce jour-là. Peut-être est-ce, même, de ma vie, le baiser dont je me souviens le mieux.

Voilà le souvenir qui m'est revenu tout à l'heure, sans raison. Pourquoi? Mais je me pose aussi une autre question: l'aurais-je dénoncé s'il n'avait pas été beau?

samedi 3 novembre 2012

Obsessions

- Guillotière: le regard affamé des jeunes beurs sur les minettes du samedi, robe haute sur cuisses obèses. Elles passent, ignorant. Ou faisant semblant. Elles ont pourtant l'air ravi.

- Gambetta: deux résistants fusillés sur ce trottoir. Des noms de l'est, polonais, mineurs peut-être, ou ouvriers. La plaque, sale, est maculée d'un tag. Personne ne la lit. Tout près, on débloque les téléphones portables.

- Bellecour: plongé dans le choix d'un livre. Derrière moi, dans la librairie, quelqu'un appelle: "Pierre!". Instinctivement, je me retourne et cherche. Un jeune garçon de quinze ans, sa mère sans doute. Qui d'autre? Il ne peut en être autrement.

- Rhône: passage obligé des ponts, fixant l'itinéraire. Pas de liberté avec le fleuve. Dernière lumière, là-bas, à l'ouest. Gifles du vent du sud qui secoue les écharpes. Demain, il pleuvra.

vendredi 2 novembre 2012

Oreiller d'herbes

Il est toujours plus facile de dire du bien d'un livre que de le critiquer négativement. Mais comment faire autrement quand, comme moi, on s'est ennuyé en le lisant? J'ai acheté Oreiller d'herbes de Natsumé Sôseki parce que ce titre me plaisait, parce que la quatrième de couverture parlait d'un peintre qui se retire du monde, dans une auberge de montagne, pour réfléchir à son art, peindre et atteindre un état contemplatif.

Oui, c'est bien de cela dont il s'agit mais bien lourdement exprimé, à mon avis: l'histoire est à peine entamée que l'auteur se livre à des digressions sur son art, sur les arts en général, longues,  un tantinet absconse et, en fin de compte,  lassantes par leur volonté fréquente de dénigrer l'art occidental.

Voilà: je n'ai pas aimé. Passons à autre chose.
( Natsumé Sôseki, Oreiller d'herbes. Ed. Rivages. Trad. de René de Ceccatty et Ryôji Nakamura.)

Téléphones matinaux et odeurs d'automne

Ce matin, tôt (pour moi!). Qu'est-ce que c'est encore? Hier, c'était pour une urgence médicale avec ma mère. De l'angoisse mais, apparemment, rien de grave. Peut-être est-ce cette fois ma vieille voisine qui pense que je dois bien être levé à cette heure-là? Non, c'est Frédéric: contre toute attente, il fait beau sur Lyon. Alors, aux champignons. Belle cueillette de chanterelles grises, mais plus un cèpe: il a gelé ces dernières nuits là-haut. Le ciel ne s'est assombri qu'en début d'après-midi et un vent assez fort s'est levé.

 Ce soir, c'était donc tri avec, sur la table du salon, l'odeur des bois du matin, ce parfum d'humus que je reconnaîtrais les yeux fermés, quelques mousses arrachées lors de la cueillette, des aiguilles de pins, des petites feuilles jaunies, deux ou trois insectes minuscules qui devaient bien se demander ce qu'ils faisaient là et même une limace dont le destin aura été de finir son existence en ville.

Demain, ce sera dégustation avec un bon rôti de veau choisi dans un morceau qui n'est pas sec et dont j'oublie toujours le nom. Tiens, il me revient: de la noix. Lucienne et le "marquis" seront aussi de la soirée. Nous éviterons sans doute de parler de Céline.

jeudi 1 novembre 2012

Génie précoce

C'est écrit dessus!

Alléger, approfondir

Gilles est venu chercher tout à l'heure les livres qui l'intéressaient parmi ceux mis depuis longtemps dans un sac sous le bureau de la chambre d'amis, des livres concernant les sciences de l'éducation principalement et que j'avais gardés pensant les lire un jour. Petit pincement au cœur de les voir partir alors que Pierre y tenait tant et aussi joie de les donner à quelqu'un que j'aime et qui s'en servira pour rédiger la thèse qu'il a entreprise.
De tous, je n'en gardera qu'un seul, retrouvé par hasard au milieu de ce fatras: Le Pèlerin et le converti, de Danièle Hervieu-Léger, une des ses anciennes amies. Si j'ai renoncé, pour ma retraite, à lire sur mon ancien travail, je ne renonce pas à me pencher plus avant sur les questions traitant de la religion et de la place de l’Église dans nos sociétés actuelles. Et puis, mon vieux rêve: apprendre l'allemand.

mercredi 31 octobre 2012

Des fleurs (6): le chrysanthème

Je l'ai toujours aimé, celui-ci. D'abord pour l'hésitation de beaucoup sur son genre: est-ce un ou une chrysanthème? Ensuite pour son orthographe: deux H, un Y, ce n'est pas donné à tout le monde. Pour son étymologie (encore un mot problématique quant à la présence du H ou pas) aussi: " la fleur d'or", reine de l'automne, soleil des grises journées de novembre, parure des pierres tombales où, bien souvent, on la confine.

Mais surtout pour ses coloris infinis et changeants. Pour mes quarante ans, pour mes cinquante ans, Kicou en avait fait des bouquets, cueillis dans son jardin et disposés dans la cave voûtée où nous faisions la fête. De toutes les variétés, c'est celle à grosses fleurs que je préfère, la plus ancienne que je connaisse. Les mordorées surtout, que les multifleurs ont peu à peu chassées des étals des fleuristes avant qu'elles ne reviennent parfois ces dernières années.

C'est un de cette espèce que j'ai placé sur la tombe de Pierre cet après-midi, l'enterrant un peu pour que le vent ne le renverse pas. Celle de l'an dernier est sur mon balcon, en train de refleurir. Je regrette l'époque où la municipalité de Lyon, sans doute plus en fonds qu'aujourd'hui, en décorait ses carrefours, en fontaines luxuriantes, en harmonie avec l'or des arbres.

mardi 30 octobre 2012

Révélation

Comment dire tout ça ? Je ne sais pas par quel bout empoigner ce billet. Bon, faisons simple. L'autre soir, en regardant un documentaire sur Hopper, outre le plaisir de revoir ses tableaux qui me plaisent, je ressentais comme une connivence, une empathie profonde avec ce que lui-même disait ou avec les commentaires des auteurs du documentaire.

Une phrase m'est restée de cette soirée: "peindre les rayons du soleil découpant les formes d'une architecture". Et là, j'ai revu mentalement toutes les photos prises ces dernières années dans Lyon ou ailleurs (pas nécessairement celles que je montre ici, sur ce blog) et je me suis entièrement retrouvé dans cette volonté de Hopper. La ville me fascine, ou plus exactement les lignes de la ville, débarrassées de tout sens, de tout désir d'illustrer, d'en montrer les beautés. Des formes, de la géométrie, changeante avec la lumière, un réalisme qui, pris dans ses détails, en devient presque abstrait.

Même découverte avec d'autres photos, de gens dans la rue, cette fois-ci. La plupart, celles qui ne proviennent pas d'un instantané comique ou insolite, sont prises avec le personnage de dos et seul. Je croyais prendre ces personnes pour leur couleur de vêtements ou le fait qu'ils lisent. Le véritable sujet n'était, je m'en rends compte maintenant, ni la couleur ni la lecture, mais la solitude, une sorte de moment ultime avant que quelque chose n'arrive, d'irrémédiable, une répétition d'Annonciation avant que l'archange Gabriel ne prononce les paroles après lesquelles rie, ne pourra plus être comme avant. A la fois regret d'un passé et peur/désir d'un avenir. D'ailleurs, j'ai fait pendant des années une collection de reproductions d'Annonciations.

J'ai enfin compris pourquoi j'aimais tant Edward Hopper.

Un après-midi qui chante

La bonne nouvelle de l'après-midi, c'est qu'en me connectant sur un site de la sécurité sociale, j'ai eu confirmation de mes calculs! J'aurai tous mes trimestres pour prétendre à la retraite fin mars 2013. Vue mon année de naissance, je devrai attendre jusqu'à août pour avoir le droit de tirer mon chapeau. Mais c'est quasiment certain maintenant, je ne ferai pas une nouvelle rentrée des classes. Et ça, vous ne pouvez pas savoir.... J'en aurais embrasser mon ordinateur!

lundi 29 octobre 2012

Un autre samedi entre amis

Bien réel celui-ci à la fin de la semaine dernière, occupé à débuter la tournée des cimetières. Frédéric devait fleurir les tombes de sa famille en Isère et Jean-Claude dans l'Ain. Avec Lucienne et le "marquis", la voiture était pleine. Lever tôt, un temps de chien, une température quasi sibérienne et même quelques flocons de neige dans l'après-midi.

Saint-Chef, malgré sa belle (mais mal entretenue) abbatiale bénédictine, est un village triste par ce temps. Peut-être a-t-il plus d'attraits en été mais, ce jour-là, le seul que nous lui trouvâmes fut le petit bar du centre où nous entrâmes pour boire un bon café bien chaud. La patrie de Louis Seigner et de Frédéric Dard mérite sans doute un autre voyage.

Le temps empira dans l'Ain avec un vent glacial de plus en plus violent. Nous fîmes halte à midi dans le même restaurant que les années précédentes pour y déguster les traditionnelles grenouilles. Mais, à part ce plat que l'on nous sert de façon de plus en plus chichiteuse, le reste ne valait pas tripette et sentait son industriel à plein nez. Encore un qui se rendra compte trop tard que l'on ne vit pas indéfiniment sur une réputation. La neige commença à tomber chez le neveu de Jean-Claude qui nous avait invité à partager une coupe de champagne.

De retour à Lyon, soirée passée chez Jean-Claude à grignoter tout en conversant longuement sur le mystère de la foi et les origines des symboles chrétiens. Il parait que j'ai épaté la galerie par mes connaissances sur le sujet. Ce qui nous épata, Frédéric et moi, à un autre moment de la soirée où les sujets de conversation étaient plus profanes, c'est de découvrir que pas plus Lucienne que Pierre ne connaissaient Louis Ferdinand Céline. Jamais entendu parler! Autant je peux le pardonner à Lucienne qui avoue son ignorance sans honte, autant j'ai du mal à le faire avec Pierre que son origine "aristocratique" conduit parfois à beaucoup de prétention, voire de suffisance.