jeudi 31 mars 2016

Pour l'Allemagne, les rois de France et parce que j'en ai envie


Momentini

- La fièvre lessivaire ne m'a pas quitté : finies cuisine et salle de bain. J'attaque le reste avec quelque chose que je déteste : les vitres !

- Regardé hier soir, avec Frédéric, les deux derniers épisodes des Rois Maudits (version 1972). Passionnant d'un bout à l'autre, comme dans mon souvenir. Décors et situations intelligemment stylisés, acteurs habités (dont Hélène Duc en Mahaut d'Artois et Louis Seigner dans le rôle du banquier Spinello Tolomei).  Les causes du déclenchement de la Guerre de cent ans n'ont plus de secrets pour moi. 

- Jim Harrison, l'auteur américain, est mort. Je suis sûr d'avoir lu un de ses romans, mais lequel ? Aucun souvenir. 

- Peut-être vais-je reprendre l'allemand. La cousine de Frédéric vit avec un agrégé bientôt à la retraite qui a déjà un élève : un octogénaire passionné de grammaire. Ça me conviendrait bien, s'il ne prend pas trop cher.

- L'un de mes lecteurs spécialistes des plantes pourrait-il me dire le nom de celle-ci, achetée en grande surface sans indication aucune pour m'éclairer ? S'agit-il d'un Calathéa, comme je le pense ? Les feuilles ne sont pas de la même couleur d'un côté et de l'autre : vertes dessus, violettes dessous. 



Transistor

Plume, en évoquant des souvenirs radiophoniques, m'en a remémoré un datant de la dernière année passée en famille avant que je ne débarque à Lyon, au début des années soixante-dix donc.

Mes parents, je ne sais pas à quelle occasion (mais il en fallait une, c'est sûr) m'avaient offert une petite radio, un transistor comme on disait à l'époque, tout mignon, tout beau, très design et que j'adorais. La veille de notre dernier départ en vacances, ma petite sœur, sans le faire exprès, l'avait fait tomber et j'avais pris contre elle une énorme colère.

Le premier jour des vacances, ma petite sœur est morte, hydrocutée. Pendant très longtemps, je n'ai pu supporter l'idée de l'avoir agressée alors qu'il ne lui restait que si peu à vivre. J'ai mis très longtemps à ne plus m'en sentir coupable, même si personne, jamais, ne m'a reproché ma colère.

Après les vacances, je suis entré en fac à Lyon. Je quittais ma famille dans un moment difficile. L'arrivée à Lyon le fut aussi pour moi : une ville que je connaissais à peine, où ceux qui m'entouraient à Saint-Étienne me voyaient m'installer avec réticence, la solitude, l'étroitesse d'un chambre en cité universitaire (moi qui n'avais connu que de grands espaces, même si peu confortables).

J'avais emporté avec moi mon petit poste qui consentait parfois à fonctionner si on le secouait de la bonne manière. C'était ma seule véritable compagnie avec les portraits de famille (ancêtres jamais connus compris) que j'avais punaisés aux murs nus et qui furent décollés par la femme de ménage parce qu'il était interdit d'afficher quoi que ce soit en dehors d'un petit panneau de liège ridicule). Seul lien donc avec ma vie antérieure que je fuyais en même temps que je ne voulais la laisser disparaître.

Un jour, par hasard, je parlai de ce poste à une étudiante qui suivait les mêmes cours que moi. Son père était dans l'électricité et savait bricoler. Elle me proposa de le lui confier pour voir ce qu'il pouvait faire. J'hésitai car je la connaissais à peine puis finis par me laisser convaincre. Quelques jours plus tard, elle me le rapportait, réparé.

Je l'ai gardé encore longtemps. Je ne sais plus ce qu'il est devenu. Comment ai-je pu oublier ? Sic transit....

mercredi 30 mars 2016

Petits cailloux sur le chemin

Aujourd'hui aurait été l'anniversaire de ma mère et la fête d'un de mes plus vieux amis, mort lui aussi. Pourtant, pas de tristesse, ni de nostalgie. Le soleil est revenu, le vent souffle, mais on peut aimer le vent. J'attends que mes plantes fleurissent. Les photos de ceux qui m'ont été chers sont rangées. Je n'en expose jamais. Eux aussi, bien au chaud et sans chagrin. Juste une immense tendresse.

mardi 29 mars 2016

La joie

Depuis quelque temps, j'ai l'impression que ce mot disparaît du vocabulaire courant. Peut-être en est-il de même du sentiment qu'il exprime.

On parle beaucoup de bonheur, de plaisir, de bien-être, de joie très peu. On dit : "je suis content". Celui qui dirait : "je suis joyeux" passerait immédiatement soit pour un naïf irrécupérable, soit pour un léger déficient mental. Chez les sept nains, Joyeux se confondrait aujourd'hui avec Simplet !

Déjà, dans l'Antiquité, les philosophes  s'en méfiaient comme inquiétante, trop paroxystique, symptôme, pour Platon par exemple, de perte de contrôle de soi.  Le stoïciens la jugeaient trop bruyante, trop liée au physique. Les épicuriens lui préféraient la recherche du bonheur, c'est à dire l'absence de souffrance. Seul Leucippe en parle positivement en tant que jubilation esthétisante face aux spectacles des belles choses.

Certains philosophes modernes la jugent essentielle, en particulier Spinoza, Nietzsche et Bergson qui y situait l'élan créateur. Pour Alexandre Jollien, pourtant atteint d'une maladie grave, l'homme ne peut
pleinement se réaliser que dans la joie.

Aujourd'hui, il me semble que ce terme est surtout liée, dans l'esprit des gens à des émotions spirituelles. Peut-être à cause de Bernanos, écrivain catholique, qui, dans son roman La Joie, développe son univers de chute et de rédemption.

Pour moi, le bonheur évoque un état plus permanent, plus durable en tout cas. La joie est fulgurance, aussi bien païenne que spirituelle, moment fugace de plénitude provoquée par la lecture, la musique, la nature, ..., ou, parfois, le plaisir charnel.

lundi 28 mars 2016

Il ne racontera plus

La Caméra explore le temps, Alain Decaux raconte, voilà bien deux émissions qui ont enchanté mon enfance. J'aimais l'Histoire et j'aimais la façon simple, une vulgarisation intelligente, avec laquelle il la racontait.

Et surtout, je lui dois une fière chandelle. Lorsque j'ai commencé à étudier le latin, au collège, j'étais passionné par cette langue mais d'une façon purement intellectuelle, un peu comme j'abordais aussi les maths : en pure abstraction. Pour moi, les Romains n'avaient pas de réalité tangible : une version latine, c'était comme une équation à résoudre. Ces gens-là n'avaient pas existé.

Un jour, Decaux raconte Pompéi, où, bien sûr, je n'étais encore jamais allé. L'éruption, la panique, la ville ensevelie des siècles durant. Et un pain, en forme de marguerite, qui venait de sortir du four et qui se retrouva fossilisé à jamais. C'est ce pain qui m'a ouvert les yeux : les Romains avaient vécu, vraiment. Ils naissaient, ils aimaient, ils mangeaient, ils riaient, ils mouraient. Comme nous. Et, en plus, il n'y avait pas si longtemps que ça.

Pendant des années, j'ai raconté ça à mes élèves. Ils devaient me prendre pour un fou (mais ce ne fut pas la seule fois). Et, devant mes yeux, je le revois encore ce pain, cet aliment tout simple qui m'a ouvert la voie de l'Antiquité. Merci, Monsieur Decaux.

dimanche 27 mars 2016

J'ai compris !

Très bon dimanche chez Jean-Claude. En fin de journée, nous voulons savoir où en est le monde. Par hasard branchés sur I.Télé. Ces gens-là ont tellement peur de ne pas en dire assez que, pendant que le "journaliste" parle d'un événement, un bandeau passe au bas de l'écran faisant état d'un autre événement.

Et ce soir, le pompon lorsque s'inscrit sur l'écran l'annonce de la messe célébrée par le pape au Vatican en ce jour de Pâques (je cite de mémoire) : "Le pape a célébré sa messe pascale URBI ET TORBI.

TORBI ! Bien sûr. Il y a quelques années, un élève de sixième m'avait fait la même erreur (à l'oral), mais ce qui est acceptable de la part d'un gamin de onze ans ne l'est pas de la part d'un journaliste !

Je devrais pourtant l'en remercier puisque, grâce à lui, je sais maintenant ce que veut dire le I. du nom de cette chaîne : I. comme idiot, imbécile, illettré, inculte, ignare, j'en passe et des meilleurs !

samedi 26 mars 2016

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

vendredi 25 mars 2016

jeudi 24 mars 2016

Le Balcon de Spetsaï

J'ai terminé ce livre de Michel Déon profondément ému. Je ne peux plus rien lire sur la Grèce sans penser à cette Mare Nostrum , berceau de nos civilisations, où flottent journellement des cadavres d'enfants, d'hommes et de femmes fuyant l'atrocité et abandonnés à leur sort. Les requins se porteront bien cette année encore.

Le Balcon de Spetsaï, ce sont les chroniques d'un séjour de Déon et sa femme, six mois sur cette île face au Péloponèse et proche d'Hydra. Une île encore sauvage dans ces années 59/60 et peu fréquentée par les hordes de touristes. Chroniques du petit peuple du port, du plaisir d'un vin résiné et de poissons frits au citron. Histoire de tous les jours, loin de l'Hellade mythique où l'on tente encore d'enfermer ce pays.

L'Italie et la Grèce sont mes deux berceaux naturels, mes deux nécessités, que j'aborde cependant d'une tout autre façon l'un de l'autre. L'Italie est mienne, je l'ai conquise autant qu'elle m'a conquise, en douceur, comme une mère retrouvée, un port que j'aurais quitté depuis longtemps et où, de retour, je me sens chez moi, à l'abri des vents et des tempêtes.

La Grèce, elle, a souvent résisté : je me souviens des premières tentatives avortées pour la connaître, de la joie enfantine de fouler son sol la première fois. Enfantin aussi mon enthousiasme en voyant apparaître, au fond de la rue que suivait le bus, la colline de l'Acropole.

Mais la Grèce était ailleurs, dans les montagnes d’Épire de Metsovo, dans une gare routière où je découvris pour la première fois les airs orientaux de sa musique, dans le Magne où une femme nous offrit un panier de figues fraîches ou à Trézène où l'on nous fit don d'une petite branche de fleurs odorantes, dans cet âne assoiffé au bord de la route à qui nous offrîmes ce qu'il restait d'une pastèque.

L'Italie est une maîtresse qui se donne, la Grèce une sauvageonne qui résiste.

Ému aussi par dessus tout, dans ces chroniques, par les quelques pages consacrées à Olympie au printemps, à la saison où je l'ai connue, ruines envahies par les fleurs sauvages auprès desquelles, depuis toujours, coulait paresseusement l'Alphée. Comment peut-on être à la fois dans son lit et à l'ombre d'éboulis de colonnes de temples ? Ces quelques pages sont sans doute ce que j'ai lu de plus beau dans ma vie.
(Michel Déon, Le Balcon de Spetsaï, in Pages grecques. Ed. Gallimard.)

Il y a un an

Aujourd'hui, jour pour jour, je prenais l'avion pour Rome avec une ribambelle de collégiens à mes trousses. Au même moment, le pilote dépressif de l'avion allemand précipitait son appareil sur les Alpes. Ma directrice, au courant de la catastrophe, s'est abstenue de nous en informer. C'est la seule chose intelligente qu'elle ait faite de tout le temps que je l'ai côtoyée.

Et Rome me manque déjà....

mercredi 23 mars 2016

Ou alors chanter avec lui !


Momentini

- D'accord avec les commentaires sur les églises baroques. Pour moi, ce qui est intéressant, c'est le contraste entre l'intérieur luxuriant et doré et l'extérieur simple et s'intégrant parfaitement bien dans le paysage.

- Sorti mes géraniums. Ils ont bien résisté, même si l'un d'eux a encore quelques feuilles grignotées par une bestiole. Je finirai bien par la trouver et lui régler  son sort : en général jetée dans la cour où les oiseaux ne lui laissent que peu de chance de s'en sortir.

- Lessivé les murs de ma cuisine (du coup, je le suis aussi !). Au moins trois ans de graisse de cuisson et de fumée de cigarettes. Je me suis promis, comme chaque fois, de le faire un peu plus souvent. Bientôt, ce sera le tour des vitres ! Vues sous le soleil, elles en ont bien besoin, même si je les nettoie deux fois par an.

- Ma vieille voisine devient insupportable ces derniers temps. Elle n'a jamais été très patiente mais là, elle bat des records. Et puis sa façon de toujours vouloir avoir raison commence singulièrement à m'agacer.

- Cette année (l'ai-je déjà dit ?), ce ne sera pas la Touraine mais la Dordogne. Je connais déjà un peu mais pas tout et y retournerai avec plaisir. J'espère bien que, cette fois-ci, nous aurons l'occasion de visiter une de ses grottes célèbres.

- Bien que touché profondément par les attentats de Bruxelles, je suis exaspéré par cette manie maintenant de dire : "Je suis ....". C'est "nous" qu'il faudrait dire, ou se taire et faire en sorte que nous, L'Europe, soit une réalité.

mardi 22 mars 2016

Megève (11)

Samedi.
Dernier jour à la neige : nous repartons demain matin.
Le matin, raquettes sur les crêtes, comme mercredi, mais en un peu plus court et en sens inverse. Il fait bien plus chaud que les premiers jours, et la neige font au bas des pentes. En haut, c'est toujours aussi beau mais la vallée de Chamonix est ensevelie dans un nuage de pollution impressionnant à voir depuis nos champs immaculés.


 L'après-midi, dernier tour dans le village. C'est samedi, les rues sont encombrées de nombreux touristes et skieurs : mélange hétéroclite de de jeunes sportifs, de babas égarés et de couples apparemment richissimes. Et, comme ici, on essaie toujours d'être au dernier cri, certains appliquent déjà leur réforme orthographique.


Megève (10)

Vendredi (2).
L'après-midi, visite d'une expo photos au musée du vieux Megève, installé dans une ancienne institution de charité : un hospice tenu autrefois par de bonne sœurs. Intitulée "Tops Socquet, un itinéraire photographique sur Megève 1915-2015", elle présente les clichés d'une dynastie de photographes mégevans ayant traversé ce siècle : les Socquet et les Tops.

Beaucoup de photos montrant la transformation du village montagnard en station huppée ainsi que des moments familiaux plus intimes (mariages, communions, fête des conscrits) et des vitrines où sont rassemblés d'anciens ou de plus récents appareils photographiques. Le musée abrite également l'ancienne chapelle de la maison de charité. Mais rassurez-vous, je ne vous la montrerai pas : elle aussi, est.... baroque.








Des célébrités aussi, dont, dans l'ordre, Audrey Hepburn, Sacha Distel et Françoise Sagan. La plus "mignonne", je n'ai pu la prendre, hélas, à cause des reflets : elle montrait Charles Aznavour en veste panthère (qui ne le grandissait pas) au bras d'une grande (deux fois plus haute que lui) blonde également en manteau panthère ! Comble du ridicule !



lundi 21 mars 2016

Megève (9)

Vendredi (1).
Courte virée à raquettes le matin jusqu'à la petite ravine et notre second vin chaud (j'ai bien dit second, pas deuxième !). Puis, au lieu de poursuivre, je propose à Gérard d'aller visiter les deux dernières églises à mon programme : Combloux et Cordon.

Bien déçu par celle de Combloux que je ne connaissais que de l'extérieur. Elle ne tient pas la comparaison avec les précédentes, avec sa nef principale couleur béton sans aucune décoration, ses deux nefs latérales dont une sans retable. Celui du chœur est sans doute très beau mais ne rachète pas l'ensemble.




En revanche, j'ai gardé, sans le savoir, la plus belle à mon goût pour la fin : Cordon. Afin de ne pas vous lasser, parmi les innombrables photos prises, je ne poste ici que celles de ces visages paysans qui me touchent tant, et aussi la belle statue de Saint-Pierre, si rare avec son coq.



 

 


 









Et puis un dernier cadran solaire, pour Jean-Pierre.



dimanche 20 mars 2016

Le Livre du roi

Une découverte pour moi que cet auteur islandais, Arnaldur Indridason, que ma sœur connaissait déjà, elle ! Et même une découverte très agréable.

Son roman, Le Livre du roi, est à la croisée des chemins entre roman d'aventures, polar et suspens littéraire. On y suit un vieux professeur spécialiste des sagas islandaises primitives et son jeune élève qu'il entraîne à travers l'Europe du nord à la recherche d'un texte dérobé concernant les origines du mythe wagnérien des Nibelungen. Un côté Indiana Jones, un côté Nom de la rose. De quoi passer un excellent moment de lecture sans trop se creuser la tête mais, surtout, sans tomber dans le n'importe quoi.
(Arnaldur Indridason, Le Livre du roi. Ed. Métailié. Trad. de Patrick Guelpa.)

Megève (8)

Jeudi (4).
Dernière étape de la journée : Notre-Dame-de-la gorge, tout au fond de la vallée déjà envahie par l'ombre et le froid. Cette chapelle, aujourd'hui presque totalement isolée, était à l'origine, pendant le haut Moyen-Age,  un ermitage. Reconstruite entre 1699 et 1707 suite à un incendie, la nouvelle chapelle sera de style baroque. La découvrir au soir tombant dans sa solitude ajoute au caractère un peu sauvage des lieux. Elle m'a également beaucoup plu par la naïveté de certaines de ses sculptures.















 
 







Plu aussi l'ancienne cure qui la jouxte :