mardi 31 décembre 2013

Le der des der.

2013 s'achève avec le soleil. Je voulais en faire un petit bilan mais à quoi bon ? Je crois que, globalement, c'est une année que je préfère voir se terminer. De bons moments sans doute, comme les vacances d'été en Touraine, mais aussi trop de deuils dans ma famille, et des gens à qui je tenais. Des projets également qui ne se sont pas réalisés. Alors, passons. Et attendons demain pour s'en souhaiter une meilleure. Bonne soirée à tous.

lundi 30 décembre 2013

Mes places

La langue française a parfois quelques ambiguïtés. Ainsi le mot "place" désigne-t-il tout à la fois l'endroit que l'on attribue à chaque objet et l'espace découvert cerné d'immeubles en ville. En Italie, dans le premier cas, on dit "posto" et dans le second "piazza".

Je ne peux penser à l'Italie sans penser d'abord à ses places. L'Italie est un pays urbain et ses places en sont l'ornement majeur.  A chacune de celles de Rome, que je revois les yeux fermés, est attaché un souvenir précis !
- San Pietro et les milliers de Petits Chanteurs réunis pour la messe du Pape au Nouvel An.
- Navona et son marché de Noël où je fis l'acquisition de ma crèche.
- di Venezia et sa circulation infernale quand il s'agissait de faire traverser les élèves.
- del Popolo où j'ai commencé à aimer Caravage en découvrant sa Conversion de Saint Paul sur le chemin de Damas.
- della Trinita dei Monti où s'installait autrefois (aujourd'hui encore ?) la crèche des bergers des Abruzzes.
- delle  Tartarughe, au centre de l'ancien ghetto juif, avec la fontaine  décorée de tortues qui lui vaut son nom.
- Argentina où les chats abondent dans les ruines des temples républicains.
- Sant'Ignazio, petit bijou de palais baroques qui lui donnent un air de décor de théâtre.
- Farnese, où le palais qui abrite l'Ambassade de France montre, après restauration, les motifs dont l'avait orné Michel-Ange.
- Campo dei Fiori, tout à côté et plus populaire, où je pris en photo un violoncelle rouge momentanément posé au sol.
-del Campidoglio, conçue elle aussi par Michel-Ange avec, en son centre, la célèbre statue équestre de Marc-Aurèle que les chrétiens prirent longtemps pour celle de Constantin, erreur qui lui valut d'être sauvée de la destruction.
- Della Bocca della Verita, où les touristes affluent pour introduire leur main dans l'ancienne bouche d'égout décorée d'un masque et que William Wyler prit comme décor en 1953 pour l'une des scènes de Vacances romaines (avec Audrey Hepburn et Gregory Peck). En face ou presque, le Forum Boarium, un de mes endroits préférés de Rome.
-del Quirinale où se fait la relève de la garde, avec beaucoup de décorum, à l'italienne donc.
- della Minerva où une statue d'éléphant soutient un petit obélisque.
- della Rotonda, qui abrite le Panthéon et où l'on boit un des meilleurs espresso de Rome.
- enfin, celle qui me tient sûrement le plus à cœur :  Santa Maria in Trastevere, dans le vieux quartier le long du Tibre, parce que c'est là, à chacun de mes voyages à Rome, que je bois à l'apéritif, un verre de bon vin blanc frais des Abruzzes, Trebbiano ou Pecorino.
Tiens, en ce moment, j'y suis...

dimanche 29 décembre 2013

T'en as, de drôles d'idées...

Fellini s'est-il inspiré des Temps Modernes de Chaplin pour La Strada ? Dix-huit ans seulement séparent ces deux titres. Cette idée ne m'était, jusqu'à ce soir où j'ai revu le premier, jamais passée par l'esprit tant les deux films sont différents. Et pourtant...

Deux vagabonds dans l'un et l'autre cas, l'adulte et la jeune fille. Une scène surtout : lorsque, dans les Temps Modernes, le "couple" trouve une bicoque qui leur servira quelque temps de foyer. Bien que situé dans deux pays éloignés, le paysage est sensiblement le même que cette sorte de plaine ingrate proche sans doute de la ville, où Gelsomina plantera ses tomates.

Et puis le titre du film de Fellini ne fait-il pas immédiatement penser à la scène "culte" finale  des Temps Modernes où Chaplin et Paulette Goddard s'en vont, de dos, au milieu d'une longue route droite ?

A noter aussi, même si cela n'a pas de rapport, que, dans les deux cas, la musique est célébrissime.




samedi 28 décembre 2013

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (132)

Celui-là, c'est toujours un plaisir de l'entendre !

Deux menus plaisirs

Depuis que je suis à la retraite, forcément je me couche beaucoup plus tard que lorsque je travaillais : entre une et deux heures du matin. Il est vrai que je me lève aussi beaucoup plus tard (pas d'indication horaire : j'ai honte). Alors, à ces heures-là, le repas du soir est loin, très loin, et, dès que je suis au lit, il me vient comme une petite faim. J'essaie bien de me concentrer sur ce que je lis, mais j'ai l'impression que l'estomac est beaucoup plus fort que le cerveau.

Direction cuisine : qu'est-ce que j'ai dans les placards ? En général, un bout de cake et un morceau de chocolat noir font l'affaire. Une fois, ce fut carrément quelques tranches de saucisson : je n'avais pas envie de sucré. Un peu d'eau pour faire glisser le tout et le tour est joué.

Premier plaisir donc de pouvoir reprendre le fil du roman en cours sans que quoi que ce soit ne m'en détourne. Mais je connais alors un deuxième plaisir, plus subtile, plus jouissif : retrouver sous les couvertures, entre les draps, un peu de la chaleur animal que j'y ai laissée en me relevant. Elle m'a sagement attendu, le temps de mes "agapes", et je reprends alors la position du corps que j'avais auparavant. Je connais peu de choses aussi agréables ! Sensuel, moi ? Non....

vendredi 27 décembre 2013

Sans Abri

Un petit tour au nouveau cimetière de la Guillotière l'autre jour (nouveau par rapport à l'ancien, mais il ne date pas d'aujourd'hui, lui non plus). Quelques tombes de gens connus (les Frères Lumière, par exemple) et puis ceci qui m'a beaucoup touché : aux moins quatre tombes érigées par le Foyer Notre Dame des Sans Abri, créé par le Père Chevrier, un équivalent lyonnais de l'Abbé Pierre mais beaucoup moins connu, toutes fleuries (là, en désordre, suite au grand vent de ces jours derniers), portant les noms variés de ceux qui y sont enterrés et à qui ainsi on a évité la fosse commune. La plupart sont morts entre quarante et soixante ans.

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (12)

J'avais une dizaine d'années. J'étais déjà amoureux, d'une fille que j'avais connue au primaire. Elle s'appelait Béatrice et portait un nom italien. Sur le chemin de l'école, je fredonnais sans cesse cette chanson en pensant à elle, à qui je n'ai jamais rien dit. Parce que j'étais aussi déjà timide et qu'elle a déménagé en cours d'année. Je ne l'ai jamais revue.

Trop court mais tellement bon.

Ils sont arrivés se tenant par la main. Non, ça, c'est la chanson de Piaf. Il sont arrivés ponctuellement à midi car ils sont ponctuels, je le savais déjà, les bras chargés du dessert (c'était prévu) et du vin (j'avais pourtant dit non !).

Petite visite de l'appartement. Ils en connaissaient déjà de tout petits bouts, par photos interposées. Apéritif puis repas préparé par mes soins. Je croyais avoir raté le gratin de courge mais non, m'ont-ils dit car ils sont très gentils. Et bonnes discussions tous azimuts comme si nous nous étions quittés de la veille.

Je devais aller visiter le musée des Beaux-Arts avec eux mais Monsieur Citroën en avait décidé autrement. Je les ai laissés devant le métro, désolé que ç’ait été aussi court. On ne s'ennuie pas quand on est ensemble, en tout cas pas moi. Au revoir, les amis, et merci de votre visite. Promis : dès que je peux, je viens vous voir aussi.

Mais de qui parle-t-il ? Vous le saurez sans doute bientôt.

jeudi 26 décembre 2013

Momentini

- Dîner, dîner et dîner ! Ça  s'enchaîne, ça se suit, ça s'accumule, ça se mélange. Et ce n'est pas fini ! J'ai déjà pris un kilo, en fumant comme un pompier pourtant.

- Un commercial de Citroën prend Platon pour un des grands dieux grecs de l'Olympe. Je n'étais pas là, heureusement !

- Demain, une visite qui me fait bien plaisir. Je les aime, ces deux là !

- Ma mère très fatiguée aujourd'hui donc calme. Je me demande si je ne préfère pas la voir un peu plus excitée. Lorsqu'elle est fatiguée, elle penche d'un côté sur son fauteuil. Facile pour la faire manger...

- Suite des demandes de rendez-vous, cette fois-ci chez un chirurgien orthopédiste. Ras le bol des cabinets médicaux ! Tout ça pour une guibolle qui a décidé de ne plus marcher droit. Dans mon malheur, pas de douleurs, c'est toujours ça de pris ! Mais ça finit par taper sur les nerfs. Moi qui voulais me remettre à courir ! Pas question pour l'instant.

- Me suis lancé dans la lecture d'un gros pavé. Pas de comptes rendus littéraires pour quelque temps. Profitez-en !

mercredi 25 décembre 2013

Trouvailles (de Noël)

Notre ami le marquis nous a gâté pour Noël : deux en peu de temps !

Comme je m'étonnais que les grilles magnifiques de l'entrée principale du parc de la Tête d'or soient toujours, après plusieurs mois, recouvertes de filets, il m'a expliqué que ce n'était pas à cause de travaux quelconques mais pour les protéger de la "chiante" (chiente ?) de pigeon qui est très corrosive. Ne serait-ce pas plutôt son cerveau qui a été attaqué ?

- "Mais oui, tu sais bien, la femme d'Henri VIII, celle qui a été décapitée. Comment s'appelle-t-elle déjà ? Ah oui ! Catherine Hepburn !" On ne va pas s'en faire tout un film pour une femme qui perd la tête !

Les prochaines sans doute pour le nouvel an !

mardi 24 décembre 2013

Noël venteux annonce des jours heureux.

Il fait ici un vent à décorner les bœufs. Toute la nuit, tintamarre  dans ma cour, comme si une armée de Pères Noël s'y étaient écrasés, chariots et rennes compris. Moi, j'aime bien quand les éléments se déchaînent, surtout quand je suis à l'abri !

Et cet après-midi, pas grand monde dans les rues. Mon caddy, vide à l'allée, s'envolait tout seul ! Personne aux terrasses des cafés, des branches cassées partout et le contenu de poubelles emportées. Ma vieille voisine a tout de même fait ses courses, avec deux cannes "par prudence", m'a-t-elle confié. Décidément, elle n'a peur de rien !

Dans une paire d'heures, ce sera le début des réjouissances. Cette année, ça se passe chez Frédéric et sa mère. Rien à préparer pour moi donc, si ce n'est un complément aux repas achetés tout prêts à Casino que j'emporterai demain chez ma mère.

Alors, j'avais encore un peu de temps pour faire un tour ici et vous souhaiter à nouveau un bon Noël, plein de rires pour ceux qui seront entre amis, avec toute ma tendresse à ceux qui resteront seuls.

(Ne cherchez pas à trouver d'où sort le proverbe : juste de ma petite tête.)

lundi 23 décembre 2013

Par avance

N'étant pas très sûr d'avoir le temps demain d'alimenter ce blog, je vous souhaite à tous un joyeux Noël. En bonne compagnie, la preuve !

dimanche 22 décembre 2013

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (11)

En plein période yé-yé (1966), il fallait oser ! Stella avait même réussi, avec cette chansonnette un peu niaise, à se mettre à dos les Auvergnats qui en avait obtenu l'interdiction de diffusion à la radio !

Celle qui n'était plus.

Parmi les vieux poches achetés l'autre jour, Celle qui n'était plus, de Boileau-Narcejac, le roman qui inspira le film Les Diaboliques, de Clouzot, avec Simone Signoret, Véra Clouzot et Paul Meurisse.

Le livre, que je ne raconterai pas car ce serait en ôter tout le suspense, est assez différent du film : les personnages sont les mêmes, le mari, la femme et la maîtresse, mais le cadre de l'action différent et le traitement psychologique plus concentré sur le mari. C'est d'ailleurs cet aspect du roman qui m'a un peu gêné à la lecture car passablement vieilli aujourd'hui (la publication date de 1952, et le film, plus contemporain à mon goût, de1955).

Ainsi, après Diamants sur canapé, de Truman Capote, voici un deuxième roman porté à l'écran dont je préfère la version cinématographique.
(Boileau-Narcejac, Celle qui n'était plus. Ed. Denoël.)

samedi 21 décembre 2013

Oui mais.

J'ai prêté à ma vieille voisine le Journal de Pascal Sevran. Elle s'en délecte, sauf sur un point cependant : ce qu'elle considère comme son addiction au sexe. On ne peut, bien sûr, pas tout demander à une dame de 85 ans !

Lumière

En ce jour où elle commence à revenir peu à peu, il était bien temps de leur rendre visite !




Mes moments de bonheur : explication

Ce sont ceux, rares, où je me sens pleinement dans le présent, et uniquement dans le présent.

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (132)

La voici, celle qui me plaît tant en ce moment : la Deutsche Trauermesse de Schubert. 41 minutes de bonheur !


Rite


vendredi 20 décembre 2013

Mes moments de malheur

J'essaie de les oublier.

Mes moments de bonheur

- un vol d’étourneaux sur la coupole de Saint-Pierre à Rome, aperçu depuis le Pincio.

- les applaudissements de mes collègues à mon arrivée après ma réussite au Capes.

- une ancienne élève de seconde, devenue depuis ma collègue, qui m'a dit que, grâce à moi, elle avait découvert la littérature.

- une auberge en Sicile, sa fraîcheur en venant de l'extérieur torride et son perroquet dans une cage suspendue à une poutre.

- une baignade en Sicile (ou en Sardaigne ?) dans un site de ruines romaines qui plongeaient dans la mer.

- un Requiem de Mozart à Saint-Pothin, où l'on a commencé à ne pas vouloir nous laisser entrer.

- la visite de l'abbaye de Fontevraud cet été.

jeudi 19 décembre 2013

Un anar

Je l'ai rencontré à Saint-Jean. Il m'a souri de loin et m'a interpellé. J'ai cru qu'il voulait une cigarette, mais non. Rien à me demander. Juste l'envie de parler. Et d'écouter.

Et il m'a parlé, de la politique municipale, des transports, de l'écologie. Au début, je ne prêtais guère attention à ce qu'il me disait, persuadé que j'avais affaire à un doux dingue. Pourtant, son regard malicieux pétillait d'intelligence et les critiques qu'il émettait n'étaient pas dépourvues d'intérêt. Un véritable anar, un vrai de l'ancien temps.

Et je me suis senti doublement bête, d'abord en lui disant que je devais le quitter pour aller à mon rendez-vous et ensuite en le prenant en photo sans qu'il le sache. Alors il a repris sa route. Où allait-il ?


Pour une messe

J'écoute, en tapotant, la Messe n°6 de Schubert. J'avais oublié combien c'est beau une messe, combien c'est beau le latin, combien c'est beau la musique !
Addendum (après avoir écouté La Deutsche Trauermesse) : Dieu que c'est beau, l'allemand !

mercredi 18 décembre 2013

The end

Après Peter O'Toole, Joan Fontaine. Les étoiles s'éteignent !


Pour rire un peu

Parce ce qu'il le faut !


De la décrépitude

Toutes les célébrations funéraires se ressemblent : la bougie que l'on allume, les textes dits par la famille et les amis, quelques chants et l'absence sidérale de prêtre.

Il y avait beaucoup de monde cet après-midi pour celle de Catherine, beaucoup de visages connus de moi et que je n'ai guère perdus de vue depuis mes débuts dans l'enseignement. Mais que c'est dur d'en revoir certains vieillis, affaiblis, aux portes de l'extrême vieillesse, comme mon ancienne directrice du LEP avec sa canne et ses appareils auditifs. Pourquoi faut-il vieillir, pourquoi faut-il souffrir avant de mourir ?

Je ne supporte plus les enterrements.

Magellan

Un autre versant du talent de Stefan Sweig : la biographie. C'est d'ailleurs par ce genre littéraire que j'avais commencé avec lui en lisant la vie de Marie Stuart il y a quelques années.

Sa biographie de Magellan est superbe. Il se départit ici de son style parfois "romantique", voire précieux, pour raconter la vie de ce portugais qui découvrit la route de l'Orient par l'ouest après trois années d'une navigation périlleuse et rocambolesque.

Tout ce que je connaissais de Magellan, c'était le nom qu'il donna au célèbre détroit au fin fond de la Patagonie. Ce livre a cela de passionnant, qu'il décrit, au-delà des péripéties du voyage, la situation historique d'un certain nombre de pays européens de l'époque, leurs rapports souvent tendus avec les musulmans et surtout la personnalité attachante du navigateur, froid et autoritaire mais profondément humain, loin des Cortez et des Pizarro qui, eux, se livrèrent aux massacres sans vergogne.

En plus, une des petites librairies où je m'approvisionne parfois possède de cet auteur un rayon plus que conséquent. Je crois qu'ils vont me voir encore pus souvent maintenant.
(Stefan Sweig, Magellan. Ed. Grasset. Trad. de Alzir Hella.)

mardi 17 décembre 2013

Glaçant

J'ai reçu hier un mail :" Je reçois ça, je ne sais pas si elle était malade ou si c'est un accident ou autre.
Bonsoir à tout le monde"
Ce mail m'était envoyé par une ancienne collègue qui avait reçu l'information de la direction générale : la documentaliste du lycée professionnel est décédée samedi. Une manière aussi abrupte d'annoncer les choses m'a glacé. 

En effet, j'avais travaillé pendant plusieurs années avec cette fille un peu plus jeune que moi. Elle m'avait dit, il y a un certain temps, souffrir d'un cancer qu'elle "soignait" par des méthodes douces. Visiblement, ça n'a pas marché. C'était une fille ni très belle ni très intelligente mais drôle, même si souvent malgré elle. Elle était devenue la petite amie d'un de mes amis installé depuis au Canada. Nous avons passé de longues soirées ensemble, à servir de goûteurs aux innovations gastronomiques d'André. J'aimais beaucoup son caractère entier et sa philosophie de la vie et l'annonce de son décès m'a touché plus que je ne l'aurais cru. 

Mais c'est surtout le moyen utilisé pour me l'annoncer qui m'a choqué. Je n'aime pas les mails et les sms en général, encore moins ceux de ce type. Pour moi, il déshumanise les relations. Or cela tend à devenir le moyen habituel de communiquer. Ma sœur n'utilise pratiquement que cela alors que moi, je l'appelle lorsque j'ai quelque chose à lui dire. 

Je ne peux pas me passer de la voix humaine. C'est si beau, une voix. Elle en dit tant sur celui qui parle, sur son humeur du moment, sur sa sincérité. La mélodie en est si intéressante à suivre, à tel point que souvent je n'écoute qu'elle, au détriment du message. Et puis, un mail, ça ne rit pas !

Par hasard, j'ai dernièrement suivi deux émissions sur ce sujet, l'une sur Arte, l'autre sur France-Inter. On y comparaît l'homme avec les animaux, les grands primates, et, dans nos sociétés contemporaines, avec les androïdes à qui l'on essaie d'insuffler le parler humain. A frémir !

Enfin , pour tout dire, je trouve que la camarde a un peu trop tendance en ce moment à venir faucher dans mon coin.

lundi 16 décembre 2013

C'est à vous.

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

Sauver Mozart

Il y a longtemps que je tournais autour de ce roman. Voilà, c'est fait : je l'ai lu. Dans un sanatorium de Salzbourg, un malade mélomane prend peu à peu conscience de la violence nazie et va faire en sorte de venger sa patrie dans la mesure de ses piètres moyens. Tout cela raconté sous forme de journal.

Encore un livre lu très vite, trop vite peut-être, mais le style de beaucoup d'auteurs modernes est à ce point fluide  qu'il coule sans accrocher durablement. Je commence à me lasser d'une certaine légèreté même si, sur le moment, elle est agréable. Sans attendre, j'ai attaqué un autre Sweig : là, stylistiquement parlant, il y a de la matière. Je sais : je m'en plaignais il y a quelque temps. Alors, je vais continuer à me balancer d'un bord à l'autre.
( Raphaël Jerusalmy, Sauver Mozart. Ed. Actes sud.)

dimanche 15 décembre 2013

Déménagement

Il y avait du mode aujourd'hui, au déménagement de ma belle-sœur : une bonne partie de sa famille, sœur, frère, nièces, petits amis des nièces, copine d'enfance, cousin... Et moi seul du côté de mon frère.

En arrivant ce matin, gros coup au cœur en voyant l'appartement dévasté, cartons empilés avec, marquée au feutre, leur future destination, meubles démontés... Des souvenirs de ma grand-mère, comme la belle statue de forgeron que j'ai vite repérée malgré son emballage de bulles. Tous ces objets familiers manipulés par des gens qui me le sont moins.

Elle a trouvé un coquet petit appartement, pas très loin de l'actuel où elle serait bien restée si le loyer avait été abordable pour un salaire unique. Le surplus qui n'a plus sa place a rejoint le garage de ma mère ou la villa de ses parents.

Elle commence une autre vie, sans lui, sans mon frère, sans son mari chéri avec qui elle formait un des pus beaux couples amoureux que j'aie connus. Elle s'appuie sur sa force de caractère à lui pour résister au chagrin qui la submerge pourtant. Il faudra l'épauler, tout en restant en retrait. J'espère que je saurai faire.

samedi 14 décembre 2013

Ce qui fut à quelqu'un d'autre

Trois boutiques Emmaüs ont ouvert près de chez moi : une consacrée aux vêtements, une autre à l'informatique et la troisième, la plus ancienne, à la vaisselle et aux livres. J'y suis allé faire un petit tour aujourd'hui. Beaucoup de monde dans les rayons : des pauvres, des étudiants et quelques bourgeois du quartier.

J'ai longuement scruté les étalages de livres et me suis fait plaisir à petit prix : 5 livres de poche, en excellent état, pour 2 euros. Dans les nouveaux venus chez moi : Dominique Fernandez (Mère Méditerranée), Christiane Rochefort (La Porte du fond), Boileau-Narcejac (Celle qui n'était plus), Amélie Nothomb (Le Sabotage amoureux) et Pierre-Jean Rémy (Comédies italiennes).

Toujours émouvant de ramener chez soi quelque chose qui a appartenu à quelqu'un d'autre. Qui était l'ancien propriétaire ? Où était-il quand il a lu ce roman ? Quel plaisir y a-t-il éprouvé ? C'est un peu comme lorsque l'on aperçoit des inconnus dans l'autre rame de métro : on leur invente un visage, une histoire, des habitudes... Et le plaisir de lire est ainsi doublé.

vendredi 13 décembre 2013

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (10)

1975. Celui-là, je regrette que l'on n'en entende pratiquement plus parler. Des chansons que je trouvais assez novatrices à l'époque et de la musique de bon compositeur. Ça n'était pas si courant. Et puis l'ensemble en jean du "journaliste" ......


Et elle, alors !

Certains, à leur mort, ont les honneurs de la presse et de tous les médias. Je parle bien sûr de Mandela mais aussi de Foulquier, de Molinaro ou de Kate Barry. Normal, mais ce qui l'est moins, c'est le silence absolu sur la mort de Mado Maurin, actrice de théâtre, mère de Patrick Dewaere et "grand-mère fétiche" de Laurent Baffie. Ce petit mot juste pour corriger l'oubli.

jeudi 12 décembre 2013

Projet d'écriture

J'avais parlé, il y a quelque temps déjà, de la mère d'une de mes élèves qui me proposait un travail intermittent de correction de manuscrits dans la branche édition de son entreprise qu'elle voulait développer.

Beaucoup de temps a passé depuis sa proposition au point que j'avais fini par mettre ce projet au rayon pertes et profits. Et puis, tout dernièrement, elle m'a recontacté pour me fixer rendez-vous aujourd'hui sur son lieu de travail.

Ce qu'elle me propose maintenant est un peu différent mais plus intéressant, à mon avis, même si l'idée de me lancer dans ce projet me fait un peu peur. Il s'agirait, en vue d'une publication, de rédiger un petit ouvrage d'une centaine de pages sur ma vie d'enseignant : pourquoi avoir choisi ce métier ? Quels plaisirs et quelles désillusions y rencontre-t-on ? Comment ai-je vécu ma carrière ? Quels souvenirs m'en restent : visages, anecdotes, rencontres ? etc.

Je ne crois pas que ce soit si facile que ça : il faudra sans doute naviguer, selon les jours, entre stérilité absolue de la pensée et trop-plein d'évocations qui se bousculent au portillon. Pourtant, j'ai accepté, d'abord parce que j'aime écrire et ensuite, et surtout, parce que je pense que mettre tout cela sur papier me permettra de le formaliser et, à terme, de vraiment tourner la page.

La Mer

Yôko Ogawa, dont j'ai lu bien des livres, arrive encore à me surprendre : elle a l'immense talent de passer de la situation la plus perverse, toujours décrite avec beaucoup de nuances, à la douceur la plus absolue. On ne sait jamais en commençant l'un de ses ouvrages dans quel registre on va se retrouver, voire même si les deux ne s'entrecroiseront pas dans la narration.

Dans ce recueil de nouvelles, intitulé La Mer, il s'agit plutôt de tendresse. A part l'une d'entre elle où l'on retrouve une de ses angoisses aperçue ailleurs, toutes racontent des petits faits insignifiants qui arrivent à des gens banals. Pas très enthousiasmant, me direz-vous ! Eh bien si, parce qu'il y a toujours, pour supporter ces histoires, la subtile musique des mots (bravo pour la traduction !) et le style qui paraît si lisse qu'on pourrait ne pas prendre garde à sa beauté.
( Yôko Ogawa, La Mer. Ed. Actes sud. Trad. de Rose-Marie Makino.)

mercredi 11 décembre 2013

Tout sur l'ampoule et le filament.

Lundi soir, je me suis rendu au Musée des Moulages, tout près de chez moi, pour voir leur "manifestation électrique et culturelle" intitulée "Ceci n'est pas une ampoule #2". L'artiste Nicolas Villenave avait installé son "Chant du filament". Assez intéressant : 81 filaments s'éclairent momentanément à tour de rôle et de façon aléatoire, produisant un univers sonore assez particulier qui amène peu à peu (en tout cas, ce fut mon cas) à la relaxation.


Au sous-sol du Musée, Claude Couffin avait, lui, eu l'idée d'une rencontre avec la vie des ampoules : "L'Ampoule qui pleure". C'est essentiellement là que j'ai pris mes photos, car la rapidité de changement d'éclairage du rez-de-chaussée rendait la chose quasiment impossible.

Le seau qui recueille les larmes de l'ampoule




Allez savoir pourquoi.

Gros moment de solitude hier avec la panne de mon ordinateur : impossible d'accéder à Internet. Long téléphone avec Stéphane pour essayer de trouver la solution : rien ! Ce matin, téléphone à l'opérateur qui a fini par régler le problème. A ma question : "Qu'est-ce qui s'est passé ? ", réponse sibylline : "Ça arrive quelquefois !" Mais qu'est-ce qui arrive quelquefois, ça, je ne le saurai jamais. L'essentiel, c'est que tout fonctionne normalement maintenant. Croisons les doigts (même si je sais que ce n'est pas très performant en informatique).

lundi 9 décembre 2013

Le lieu d'une agape

J'ai pu prendre une ou deux photos de la Brasserie des Brotteaux où nous avons dîné hier soir. Juste pour vous donner une idée. Et le tartare de Toscane était si bon !




Un Acte d'amour

Certains vont penser que je m'emballe un peu facilement quand il s'agit de romans, mais là, je crois vraiment que je suis tombé sur une perle : Un Acte d'amour, de James Meek, auteur écossais totalement inconnu de moi jusque là. J'ai choisi ce livre non pas certes à cause de son titre, que je trouve bien niais (mais il est la traduction presque parfaite du titre d'origine) mais après avoir lu la quatrième de couverture, totalement déjantée.

Ça se passe au fin fond de la Sibérie, au moment de la révolution russe. Il y a là un village où "cohabitent" une secte religieuse dont les membres se disent des anges (et l'on comprend assez vite pourquoi. D'ailleurs, je n'aurais pas dû écrire "membres" !), un régiment tchèque qui ne demande qu'à rejoindre sa nouvelle patrie, une jeune femme et son fils qui n'ont rien à faire là, un capitaine fou qui rêve de devenir roi d'un immense territoire, un shaman Toungouze (ancien nom des Evenks, peuplades indigènes de Sibérie). Et les rouges vont bientôt attaquer.

Surprenant, non ? Mais le plus surprenant, c'est que cette histoire est basée en partie sur des faits historiques réels. Je n'ai pas lu ce livre, je l'ai dévoré. 450 pages de pur bonheur !
(Un Acte d'amour, James Meek. Ed. Métaillé. Trad. de David Fauquemberg.)

dimanche 8 décembre 2013

Agapes

Le 8 décembre lance traditionnellement à Lyon la période des excès gastronomiques : des fêtes avant les fêtes, en quelque sorte. C'est ainsi que Joëlle et Philippe nous ont invités hier soir chez eux à Ecully pour un cari de bœuf. Il y avait là, outre nos hôtes, Céline, Nicolas et leurs enfants, et Isabelle. Soirée bien arrosée, bien sûr, et pleine de joie et de rires. On ne s'ennuie jamais chez la Jojo ! Et, comble du bonheur, nous avons réussi, pour une fois, à éviter tout sujet touchant à la pédagogie et au monde scolaire.

Le cari était très réussi mais ce dont je me souviendrai longtemps, c'est du plateau de fromages de Philippe ! Comment fait-il pour en obtenir d'aussi goûteux, et toujours affinés juste à point ?

Ce soir, on remet ça, avec un dîner à la Brasserie des Brotteaux, en compagnie de la mère de Frédéric, un lieu splendide en face de l'ancienne gare, qui fête cette année 2013 ses cent ans : bar en bois sculpté, banquettes capitonnées et céramiques anciennes sont typiques du décor Art Nouveau. C'est Marie-Claire qui, la première, me le fit découvrir.

Fête des Lumières 2013

Il y avait déjà foule vendredi soir, premier jour des illuminations de la ville, au point de nous dissuader de visiter les sites les plus fréquentés, comme la place des Terreaux par exemple. Il faut que la déambulation reste un plaisir et la situation de sardine en boîte n'est pas ma tasse de thé.

Aussi, après un tour rapide dans les rues du centre ville, nous sommes-nous réfugiés dans un petit restaurant au pied de la Croix-Rousse où nous avions déjà dîné avec Frédéric en été. Toujours aussi bon foie gras maison, suivi d'un magret cuit à la perfection accompagné d'un gratin dauphinois à se damner.

Et puis innovation cette année: le nouveau tunnel de la Croix-Rousse, inauguré depuis peu et réservé aux bus, vélos et piétons. Partis pour n'en parcourir qu'un petit tronçon, nous avons fini par le traverser de part en part, soit 1km900. Très belles projections sous les voûtes qui, paraît-il resteront après la fête, sans doute pour éviter à ceux qui l'emprunteront de souffrir de claustrophobie, mal dont je n'ai pas souffert du tout pendant la traversée.

Mon appareil s'étant montré très obéissant pour une fois, j'ai pu prendre quelques photos. En voici un aperçu.

Place de la République
Rue de la République
Nouveau tunnel de la Croix-Rousse
Nouveau tunnel de la Croix-Rousse
Nouveau tunnel de la Croix-Rousse
Nouveau tunnel de la Croix-Rousse
Mur des Lyonnais
Opéra de Lyon
Palais du Commerce
Même les arbres sont lumineux
Cour de l'Hôtel-Dieu
Amphithéâtre des berges du Rhône

vendredi 6 décembre 2013

C'est reparti

Ce soir commence la grande fiesta lyonnaise, nommée depuis qu'elle est devenue commerciale "Fête des Lumières". Quatre jours où plusieurs millions de visiteurs vont encombrer les rues du centre ville pour admirer les façades illuminées.

Même en critiquant ce que cette fête à l'origine religieuse est devenue, il est difficile de ne pas succomber à la tentation car certaines mises en lumières sont vraiment splendides, en particulier sur les quais de Saône et la colline de Fourvière. Avec la meilleure volonté du monde, il est impossible de tout voir. Alors, au programme pour ma part : un petit tour ce soir en évitant soigneusement les sites trop fréquentés et un bon restaurant dimanche soir.

J'espère seulement que mon appareil photos qui commence à donner des signes de fatigue acceptera de fonctionner sans trop se faire prier.

Mes lubies photographiques (2)

Un autre de mes points d'intérêt en photographie, ce sont les escaliers.


Tout enfant, j'avais celui qui montait au grenier. Rien d'angoissant dans ce souvenir puisque les combles de la ferme servaient à faire sécher les saucissons que mon père fabriquait chaque hiver après avoir tué le cochon. Mais, à part dans ces moments-là, nous y avions rarement accès, ce qui lui donnait un caractère quasi sacré à nos yeux de gamins.


Plus tard, je tombai un jour sur les dessins de Piranèse et de Escher, ces serpents de marches qui s'entrecroisent sans cesse et reviennent sur eux mêmes pour former d'inquiétants nœuds gordiens.
Plus tard encore, je vis le film Le Nom de la Rose et il me reste en tête ce mystérieux escalier de la bibliothèque où les deux protagonistes se voient mais ne parviennent que difficilement à se rejoindre.


Dans mes rêves aussi, les escaliers apparaissaient souvent, et toujours de façon angoissante : escaliers qui ne menaient nulle part, escaliers qui, lorsque je les gravissais, rétrécissaient les lieux pour m'enfermer dans un espace très étroit au risque de m'écraser, escaliers pour atteindre quelque chose (quoi ?) qui reculait à chaque pas en avant....


Comme pour les chaises, il en est de toutes formes, de toutes tailles, de toutes matières : des modestes comme des monumentaux, des étroits et des larges, des riches et des pauvres, des encaustiqués et des puent-la-pisse, ceux dont le garde-fou s'orne d’entrelacs de fer forgé, ceux qui dont la rampe se termine par une boule de cuivre, orgueil des concierges qui les faisaient reluire, quand il y avait des concierges, ceux qui se laissent voir depuis la rue, ceux qu'il faut surprendre en poussant  une porte cochère mal fermée...

Ce qui m'attire surtout en eux, ce sont leurs lignes, perspective de vertige à l'envers ou summum de la géométrie mais, presque toujours beauté froide et ascétique.

mercredi 4 décembre 2013

Le Tigre

Le centenaire de la guerre de 14/18 approchant, les émissions se succèdent (et ce n'est pas fini) à la télévision pour commémorer l'événement. Hier, c'était Clémenceau. J'avoue avoir, au début, regardé ça faute de mieux et puis, peu à peu, je me suis laissé séduire. Je ne sais pas si le panégyrique était un peu forcé ou si ce qui était relaté correspondait à la réalité, mais quel bonhomme ! Un homme politique hors du commun, certes, mais aussi un brillant orateur, un faiseur de bons mots  et un grand amateur d'art, comme en témoigne son amitié indéfectible avec Claude Monet.

Avant de voir cette émission, je ne connaissais de lui que ce qui traîne un peu partout dans notre mémoire collective de gaulois un peu chauvins. J'en suis sorti séduit et prêt à lire une biographie le concernant. Mais il me semble qu'il en existe des dizaines. Quelqu'un parmi vous peut-il me conseiller ?

Un coeur simple

Ce matin, Maria est venue. Je la connais depuis presque quarante ans. Nos rapports, au début, ont été un peu tendus : trop d'orgueil de part et d'autre. Peu à peu, nous avons appris à nous connaître et elle est aujourd'hui une des rares personnes auxquelles je tiens beaucoup.

Née en Espagne, elle est l'aînée d'une nombreuse famille pauvre, très pauvre, et a passé sa vie à travailler. Elle ne sait ni lire ni écrire. Je lui ai proposé plusieurs fois de lui apprendre mais elle a toujours refusé obstinément, prétextant qu'elle était trop bête pour y parvenir. Alors que pour moi, c'est un des êtres les plus intelligents que je connaisse. D'abord parce qu'elle a développé, pour s'en sortir, toute une panoplie de stratégies qui me laissent toujours émerveillé par leur créativité. Ensuite parce qu'elle est d'une humanité touchante, à s'oublier elle-même au profit des autres, de sa famille en particulier.

J'aime travailler avec elle dans la maison. Ce matin, nous avons nettoyé la cuisine de fond en comble, heureux comme deux gamins toujours prêts à rire. Elle me confie sur elle des choses qu'elle ne dévoile à personne d'autre, me demande parfois des conseils sur une attitude à avoir vis à vis de tel ou tel problème (comme je le fais aussi de mon côté), me fait part de ses angoisses et de ses joies, de ses fiertés.

Quand je me suis retrouvé seul, elle a montré à mon égard une tendresse que je n'ai perçue chez personne de mon entourage. J'avais l'impression d'avoir une seconde mère, avec une forme de respect différente. Je sais qu'encore aujourd'hui je peux compter sur elle à tout moment et ça, c'est une relation irremplaçable. En plus, tout sent bon chez moi quand elle est passée. Merci, Maria, pour ce que vous êtes.

mardi 3 décembre 2013

Sport cérébral (3): solutions

Ceux qui lisent les commentaires ont vu que toutes les réponses avaient été trouvées. Les voici donc en clair:
1. Renommée (voir la chanson de Brassens)
2. Ratier (jeu de mots par rapport aux petits rats de l'Opéra)
3. Tavernier (Bertrand)
4. Ni ( A la bastille, on l'aime bien, Nini peau d'chien...)

Sport cérébral (3) : indices

- Pour le 1., il faut penser à une chanson déjà un peu ancienne interprétée par un célèbre moustachu.
- Pour le 2., ceux qu'il pourrait chasser ne deviennent pas tous étoiles, tant s'en faut !

lundi 2 décembre 2013

Disparus

Ce soir, j'ai vu un film très émouvant d'André Téchiné, Les Témoins, portant sur le début des années quatre-vingts, époque où l'on découvrit les ravages du sida en Europe en particulier. J'avais une trentaine d'années et je suis passé à travers les gouttes. Des milliers d'autres n'ont pas eu cette chance. Alors, j'ai repensé à tous mes morts depuis ces années-là, du virus ou d'autre chose.Dans la tête, j'avais la chanson de Gainsbourg, avec d'autres paroles : disparu Paul, disparu André, disparus François, Pierre, Kicou, Amédé, René, Jean-Pierre, Reine, Janine, Jean-Marie, Joseph, Jean, Emmanuelle, Jean-Marc, Rosette, Jean-Luc,  Gaby, Fabrice, Bernadette, Jean-Paul, Danielle, Janette, Odilia, ....
Pardonnez-moi de plomber un peu l'ambiance, je voulais leur rendre hommage : ils ont fait partie de ma vie.

Sport cérébral (3)

Il m'arrive assez souvent de m'adonner à une occupation saine et émoustillante : les mots croisés. Voici donc quelques définitions trouvées ça et là et que j'ai appréciées. Saurez-vous trouver les mots qu'elles suggèrent ? J'indique pour chacune le nombre de lettres du mot à découvrir.
Encore quelques-unes ?

1. Fameuse trompettiste (8)
2. Cabot indésirable à l'Opéra (6)
3. Restaurateur ou cinéaste (9)
4. Doublé en peau de chien (2)

dimanche 1 décembre 2013

Trouvaille

Une seule, ce dimanche, et elle n'est pas du marquis mais de son collatéral, le spécialiste absolu !
 - "Il est allé voir un hématologue et..."
- "Mais pas du tout. Qu'est-ce que tu racontes ? C'était un spécialiste des maladies sanguines !"

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

Recette

Comment réussir un dimanche de décembre ?

- Vous prenez le temps pour vous seul, une bonne grosse quantité. Enfin, toute la boîte, pour une fois.
- Vous vous levez sur le tard et ne prenez même pas la peine de faire votre lit. Le temps est à vous, uniquement, vous l'avez décidé.
- Vous arrivez vers 12h30 chez une amie qui vous a invité, une amie que vous aimez bien . Vous y retrouvez d'autres amis que vous appréciez aussi.
- Vous faites la connaissance d'une nonagénaire descendue de Paris tout exprès pour un enterrement. Mais la circonstance ne l'a pas attristée : plutôt bout-en-train, vive d'esprit et drôle. L'ambiance est lancée à l'apéritif.
- Vous dégustez un excellent cabri en sauce venu des montagnes du Jura, spécialité de la maîtresse de maison.
- Vous passez l'après-midi, enfin ce qu'il en reste, à jouer à la belote, décidément un jeu que vous appréciez de plus en plus, même si vous y commettez encore quelques bourdes qui vous valent parfois la grogne des autres joueurs.
- Un second petit tour à table en début de soirée. Vous mangez moins, vous fumez moins. Forcément : il y a longtemps que vous êtes plein.
- Et quand vous rentrez dans votre petit nid douillet, l'appartement est chaud, juste ce qu'il faut, et l'ordinateur vous attend. Le silence après l'effervescence. Que demande le peuple ?
Et le tour est joué !

Je ne suis pas aveugle !

Voilà que, depuis tout à l'heure, mon ordinateur m'affiche ce que j'écris, ou les commentaires des uns et des autres, en lettres énormes, comme si j'étais devenu malvoyant. J'ai dû effleurer par mégarde une touche quelconque du clavier, mais laquelle ? Et, avec ce nouvel ordinateur, je ne sais pas comment y remédier. Quelqu'un a-t-il une idée, parce là, j'ai l'impression d'être retourné au CP, devant le tableau noir, pour les premiers balbutiements de l'écriture ?

Comment tu dis ?

Tout à l'heure, chez ma mère, j'ai vu la fin de l'émission de Julie Andrieu Les Carnets de Julie, consacrée aux régions et à leur gastronomie. Émission fort sympathique et qui donne souvent l'eau à la bouche. Aujourd'hui, la belle était dans ma région d'origine, La Loire, et particulièrement dans le Forez. Fort bien !

Mais quand les gens de la télévision et de la radio apprendront-ils à prononcer correctement les noms propres de villages ou de provinces, sans les déformer ? Entendre pendant toute l'émission parler du Forez en faisant résonner le Z a fini par m'exaspérer. Madame Andrieu, on ne dit pas le Z. Nous faisons comme les Hauts-Savoyards, nous ne rendons muet. Ainsi prononce-t-on le nom de ce pays comme une forêt, et rien de plus.

Qu'ils continuent tous ainsi et moi, lorsque je "monterai" à la capitale, je dirai que je vais à Parisse !

vendredi 29 novembre 2013

Mais quoi ?

Le temps passe, l'hiver approche, déjà trois mois de retraite, et je n'ai rien fait de sérieux, comme si toutes mes envies s'étaient envolées, mes projets n'existaient plus. Il paraît que c'est normal, mais comment le saurais-je vraiment : c'est la première fois que je ne travaille plus ? Je n'aime guère mon côté amorphe actuel,  disons mon ataraxie pour être plus sympa avec moi-même. Une seule et unique passion me reste, heureusement : la lecture. Mais parfois, j'ai peur qu'elle ne me lâche, ça a déjà failli arriver. Est-on à ce point asservi à son activité sociale pour être tellement déstabilisé quand elle cesse ? Pourtant, jamais je ne regrette ma période d'activité. Alors ? C'est simple, je ne sais pas ce que je veux. Ce que je sais, c'est que je veux quelque chose. Mais quoi ?

jeudi 28 novembre 2013

Derrière la façade




On nous avait prévenu que l'émission sur Brigitte Bardot l'autre soir sur Arte était intéressante mais austère. Elle était passionnante et rien moins qu'austère à moins que l'on considère la voix de Bulle Ogier qui lisait certains textes de ses Mémoires comme austère.

Mêlant vidéos amateur inédites prises par son père dan son enfance, photos et nombreux extraits de films, elle m'a intéressé d'un bout à l'autre en m'apprenant beaucoup de choses que j'ignorais sur cette femme qui fut autant adorée qu'elle est honnie aujourd'hui par certains (j'évoque bien sûr son engagement politique mais ne veux ici parler que de l'artiste qu'elle fut).

Un montage intelligent, pas forcément toujours chronologique permettait de mieux connaître Bardot sans en dévoiler pourtant tous les aspects, une des grandes qualités de ce film étant le respect vis à vis d'elle.

Je ne savais rien de son enfance, où elle fut un peu délaissée par ses parents à la naissance de sa sœur cadette et qui explique beaucoup sur ce personnage à la fois provoquant et secret. Je connaissais un certain nombre de ses amants et maris mais pas tous. Quel palmarès, que de beaux hommes, de Vadim à Samy Frey, de Trintignant à Piccoli... !

Je ne suis pas un inconditionnel de tous ses films mais cette émission m'a furieusement donné envie de voir enfin Le Mépris de Godard que j'avoue ne pas connaître encore.

Meurtre aux poissons rouges

Camilleri, un autre de mes auteurs préférés, malgré certaines déceptions devant quelques romans policiers de cet écrivain trop prolixe. Cette fois-ci, il s'est, par jeu, associé avec un autre auteur italien de polars : Carlo Lucarelli.

Prenant comme protagonistes les héros de leurs livres respectifs, Salvo Montalbano pour Camilleri et Grazia Negro pour Lucarelli, ils se sont défiés dans un petit exercice proche des cadavres exquis, en écrivant chacun un "chapitre" de l'histoire. Et le résultat est assez jubilatoire ! Inutile de raconter l'intrigue qui a, finalement, peu d'importance par rapport au procédé narratif employé derrière lequel on devine le plaisir ressenti par les deux italiens.

Lu en deux soirs ! Qu'est-ce qu'il vous faut de plus pour que vous compreniez que j'ai aimé ?
( Andrea Camilleri et Carlo Lucarelli, Meurtre aux poissons rouges. Ed. Fleuve noir. Trad. de Serge Quadruppani.)

La Vénus à la fourrure

Aujourd'hui, il faisait beau mais froid sur Lyon. Pour me réchauffer, j'avais diverses possibilités. J'ai finalement choisi, après hésitation, le cinéma : le dernier film de Polanski, La Vénus à la fourrure, avec sa femme, Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric.

Un metteur en scène auditionne pour choisir l'actrice qui jouera le rôle de Vanda, l'héroïne du roman de même titre de Leopold Ritter von Sacher-Masoch qu'il vient d'adapter. (A noter que le film est lui même une adaptation d'une pièce de théâtre de David Ive). Alors qu'il désespère de la trouver apparaît une jeune femme vulgaire à qui il accorde finalement une audition. Et, surprise, cette femme se métamorphose, lorsqu'elle joue, en parfaite dame de l'aristocratie du XIX° siècle.

Mais bientôt, l'actrice prend l'ascendant sur le metteur en scène. On ne sait plus alors si l'on est encore dans le texte ou dans la réalité de ce petit théâtre où fulgurent les éclairs d'un orage extérieur. Et c'est bien là, cette ambiguïté, ce qui fait tout le plaisir du spectateur. Le film est un huis-clos implacable où se jouent les rapports homme/femme, bientôt renversés d'ailleurs puisque, peu à peu, c'est le metteur qui endosse le rôle de Vanda.

Perversité donc, ambiguïté mais aussi beaucoup d'humour dans ce film dont les séquences s'enchaînent (c'est le moins qu'elle pouvaient faire, vu le thème !) admirablement. Une fois de plus, Polanski joue avec le spectateur, se joue de lui, avec un raffinement extrême. Pour moi, du grand cinéma.

mercredi 27 novembre 2013

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (9)

Encore un grand succès du début des années 70 (1971). Ce que j'ai pu aimer, bien davantage, évidemment, que la reprise qu'en a fait un chanteur canadien à la voix rauque qui n'a même pas été capable de reconnaître celle qu'il tentait d'imiter lors d'une émission à la télévision. N'est pas Esther Galil qui veut !

J'ai un beau château, ....

.

A Lyon aussi, mon cher Cornus, il y a des châteaux, dont celui-ci, tout près de chez moi : le château de La Mothe, dans le 7° arrondissement. Situé dans le quartier de la Guillotière, aux anciennes frontières du Dauphiné et du Lyonnais, il s'élève sur un petit tertre aujourd'hui totalement cerné par la ville.

Bien sûr, dans son état actuel, il a bien piètre mine mais la ville de Lyon, après le départ en 1999 de la caserne qui y était installée, a entrepris depuis 2007 de réhabiliter les lieux afin d'y installer un parc urbain. D'ici quelques années, les lieux auront sans doute retrouvé un peu de leur faste d'antan.

Car fastes il y eut dans ce modeste manoir, ne serait-ce que par les hôtes célèbres qu'il abrita au cours des siècles:
- en 1476, Jean de Villeneuve y accueille les assises du Parlement de Grenoble.
- en 1556, le roi Henri II y reçoit une épée bénie du pape Paul IV des mains du neveu de ce dernier, le cardinal Caraffa.
- en 1600, avant d'épouser Henri IV à Lyon, Marie de Médicis, y entend la messe et y dîne.
- en 1622, la même, accompagnée de Richelieu et d'Anne d'Autriche, y rencontre Louis XIII revenant d'écraser une révolte de protestants à Montpellier.
- en 1642, Gaston d'Orléans, frère du roi, y réside avant d'assister, sur obligation de Richelieu, à l'exécution de Thou et de Cinq-Mars.
(source:  Wikipédia.)

Aujourd'hui, après de longues années d'immobilisme, le chantier a enfin démarré. Les murs de fortifications (datant d'une époque ultérieure) ont été dégagés de la végétation qui les avait envahis et ont été consolidés. L'intérieur du domaine est en cours d'aménagement, sans doute encore pour de nombreux mois. Peu d'intérêt à le visiter en ce moment mais bientôt.... Je suis en tout cas très heureux de la tournure que prennent les choses, après la bataille qu'a dû livrer une association pour la sauvegarde des lieux.

Et il dit

Je n'hésite jamais lorsque paraît un nouveau De Luca en poche. Celui-ci appartient à la veine consacrée aux Écritures. Plus précisément au moment où Moïse, au pied du Mont Sinaï, reçoit de Dieu les Dix Commandements. De Luca en fait un moment de grande poésie mêlée, comme à son habitude, à la plus grande humanité.

Même si certains passages sont assez ardus à comprendre, puisque je ne suis pas un spécialiste de la Bible et encore moins de l'hébreu, ce livre est, à lire, un pur enchantement. Curieusement, tout au long des pages, j'avais en tête la silhouette d'Erri De Luca, ce physique si proche du cep de vigne, sec et noueux, un De Luca tel que je le découvris il y a quelques années à Lyon, aux Subsistances, lorsqu'après un entretien avec une journaliste, il me tendit la main dont je crus percevoir encore les callosités.
(Erri De Luca, Et il dit. Ed. Gallimard. Trad. de Danièle Valin.)

mardi 26 novembre 2013

Momentini

- Lucien Neuwirth est mort. Une grande figure de mon enfance, bien que je ne sois pas directement concerné.

- Vu le psychiatre de ma mère hier soir. Étonnant comme on peut vite parler de soi avec ces gens-là.

- Un bon moment passé avec Gilles tout à l'heure pour corriger un de ses textes. Toujours plein de projets : c'est bien.

- Mon kiné multiplie les techniques pour essayer d'améliorer l'état de ma jambe. Pour l'instant, aucun résultat palpable.

- Froid glacial sur Lyon depuis deux jours, mais plein soleil. Ça me va !

- Jean-Marc va probablement s'installer bientôt à Bruxelles et m'a invité à lui rendre visite. Il peut compter sur moi : c'est une ville que je rêve depuis longtemps de connaître.

- Les chrysanthèmes tiennent le coup cette année. J'ai pu le constater hier en allant au cimetière. En ai profité pour faire quelques photos d'inconnus sur plaques émaillées, morts depuis longtemps.

lundi 25 novembre 2013

Mes lubies photographiques (1)


 
J'ai comme ça des marottes, des thèmes récurrents dans les photographies que je prends. Un des tous premiers à me contaminer, ce furent les chaises. Si, pour certains autres sujets, je peux m'expliquer pourquoi ils m'attirent, pour celui-ci je ne sais pas vraiment. La variété de leurs formes, de leurs couleurs, de leur taille y est sans doute pour quelque chose mais je ne pense pas que ce soit là l'essentiel.

Peut-être davantage les lignes que, seules ou empilées, elles dessinent, géométrie variable à l'infini et différente selon l'angle de prise de vue. Je suis très sensible à la géométrie dans l'art : avant de voir ce qu'un tableau représente, j'en perçois les lignes de force. Ce qui est représenté ne m'intéresse pas au premier abord. Comme pour une chanson : j'entends d'abord la musique avant d'écouter les paroles, et, dans la musique, la phrase mélodique, le rythme.

Peut-être aussi le symbole d'une chaise vide (je ne les photographie jamais occupées) ou de chaises empilées : la fin de quelque chose, de plaisirs partagés, de plaisanteries et de rires échangés, de rencontres agréables, de vin goûté et apprécié. Une sorte de rideau qui tombe sur une pièce qui ne sera plus jamais jouée à l'identique.

dimanche 24 novembre 2013

L'Amour d'Erika Ewald

Quelques nouvelles de Stefan Sweig, encore, dans un recueil intitulé L'Amour d'Erika Ewald, du titre de l'une d'entre elles, particulièrement noire. La deuxième, L'Etoile au-dessus de la forêt, n'a rien d'ailleurs à lui envier. Je finis par comprendre que le monsieur se soit suicidé !

Mais celle que j'ai préféré est la troisième : La Marche. Un pauvre homme se met en marche car il a entendu parler du Christ et tient à le rencontrer. Retenu en chemin par une femme seule et lascive, il arrive à Jérusalem le jour de la crucifixion et aperçoit les trois crucifiés. La chute est d'une ironie absolue : il ne reconnaît pas Jésus.

Le seul inconvénient de ces recueils recomposés est qu'ils reprennent régulièrement d'autres nouvelles déjà lu ailleurs, ici l'excellente Les Prodiges de la vie.
(Stefan Zweig, L'Amour d'Erika Ewald. Ed. Belfond LDP. Trad. de Hélène Jeanroy-Denis.)

samedi 23 novembre 2013

Du pain sur la planche !

Mon premier cours particulier hier. Un élève de quatrième, pas plus grand qu'un gamin de sixième, sage comme une image et très réservé. Une heure d'orthographe et de conjugaison. Heureusement, en prévision, j'avais gardé tout ce que j'avais fait au collège dans ces matières-là. 23 fautes sur cinquante mots dictés et je ne vous parle pas des temps composés ! Va y avoir du boulot !

Folie furieuse

La folie de Noël a déjà commencé ! Papillotes depuis plus de quinze jours dans les commerces, champagnes, etc, etc. Pauvre inconscient que je suis, je suis allé à la Part-Dieu cet après-midi pour acheter quelques livres de poche. La foule des grands jours qui fait douter que la ligne droite soit le plus court chemin d'un point à un autre ! Heureusement, la récolte fut bonne : une nouveau De Luca, un nouveau Camilleri et un nouvel Ogawa. De belles heures en perspective...

vendredi 22 novembre 2013

Les terreurs de mon enfance.

Les adultes, lorsque j'étais enfant, ne s'embarrassaient pas trop de gants pour nous faire tenir tranquilles. Et tant pis si l'on en ressortait légèrement traumatisé. Pourtant, je ne pense pas l'avoir été beaucoup sur le long terme. A l'époque, bien sûr, c'était un peu différent et je me souviens encore de tous ces personnages malfaisants censés nous apprendre à vivre.

D'abord ceux rencontrés dans les livres et dont on n'avait besoin de personne pour avoir peur : ainsi, la fée Carabosse, celle qui condamna la Belle à dormir cent ans dans son bois. Je l'imaginais bien, sèche, maigre, avec une voix de crapaud et des doigts longs et effilés dont j'avais peur qu'elle me les enfonce dans le dos pendant que je dormais.

Et puis ceux, mythiques, dont on nous parlait volontiers afin de nous effrayer. En tête, le Père Fouettard, l'équivalent négatif du Père Noël. Celui-ci, apparemment, se contentait de donner des fessées. Il ne m'impressionna pas longtemps, pas plus que ne me charma son compère porteur de hotte et tiré par des rennes.

Mais les pires, étaient les vrais, ceux que l'on n'imaginait pas à travers les dessins qui les représentaient mais qui déambulaient dans les rues, faits de chair et d'os, ceux dont on ne pouvait même pas refuser l'existence.

Trois, particulièrement, m'ont fait faire de mauvais rêves :
- une vieille dame qui ne s'est sans doute jamais doutée de l'effet qu'elle faisait aux gamins qui n'osaient pas s'en approcher lorsqu'elle s'asseyait un moment sur le pas de sa porte pour prendre un peu l'air. Toute de noir vêtue, de la tête aux pieds, avec un grand chapeau de paille sur la tête qui nous empêchait d'apercevoir ses yeux que l'on imaginait mauvais. Elle s'appelait Marie R. Je ne lui ai jamais adressé un seul mot, pas plus que mes frère et sœur qui partageaient la même terreur.

- le deuxième n'apparaissait qu'à certains moments de l'année : il achetait les peaux de lapins que mon père, après les avoir retournées, faisait pendre à un clou pour qu'elle sèchent. Il avait une sorte de guimbarde dans laquelle s'entassaient ses acquisitions et poussait en arrivant une sorte de cri difficilement compréhensible que je finis par décrypter : pater (prononcer patère) peaux de lapins. PP a parlé de ce même type de personnage dans son blog mais lui ne semble pas en avoir eu peur.

- les pires, mais je les ai déjà évoqués, c'étaient les Frères bleus, une congrégation éducative qui nous fichait une peur de la même couleur, bien que nous n'en ayons jamais vu un seul. Ils tenaient un internat avec des méthodes particulièrement rigoureuses où l'on nous menaçait de nous conduire à la moindre incartade.

Et puis, il y avait ceux dont on faisait semblant d'avoir peur, juste pour leur faire plaisir, pour entrer dans ce qui n'était finalement qu'un jeu. On les reconnaissait facilement, ceux-là, parce qu'un soupçon de sourire ne parvenait pas à se dissimuler dans leurs yeux. Ainsi celui qui, si nous n'étions pas sages, nous menaçait de nous "coudre la jambe à la cuisse". Un brave homme qui, jamais, ne nous aurait fait aucun mal et que je soupçonne même d'avoir pris un malin plaisir à nos sorties de route.

Plus rien aujourd'hui de tous ceux dont je viens de parler : le charme maléfique est rompu depuis longtemps. Remplacés avantageusement par des peurs d'adulte ? Allons bon ! Qui en connaît ? Mais ceci est une autre histoire.

jeudi 21 novembre 2013

Des papiers, des papiers, toujours des papiers...

Depuis des mois, une de mes caisses de retraite complémentaire me tanne pour savoir ce que j'ai fait en 1972, à quoi correspondent les deux trimestres attribués cette année-là pour le décompte de mon temps de travail. J'ai consciencieusement conservé tous les papiers nécessaires à l'établissement de mon dossier mais, pour 1972, rien.

Après une ultime relance de leur part aujourd'hui, je me résigne à téléphoner à la Carsat pour leur demander des éclaircissements. Impossible de les obtenir par téléphone : il faut consulter par internet, ce que je fais illico presto. Mais l'écran ne me dit que ce que je sais déjà : deux trimestres, sans aucune mention de mon employeur. On m'a dit aussi que c'était à la complémentaire de demander le renseignement au régime général

J'obtiens, après longue attente, la personne de la complémentaire qui s'occupe de mon dossier, une dame charmante qui me surprend en m'annonçant son nom : Virna Lisi. Mais non, je commence simplement à devenir sourd. En revanche, son prénom lui a bien été donné en hommage à l'actrice italienne.

Elle me dit ne pas avoir le droit de contacter elle-même le régime général. Toujours la même histoire: des informations contradictoires entre les différents intéressés. Je lui parle alors d'un travail de vacances effectué aux alentours de ces années-là à l'EDF en tant que travailleur saisonnier : releveur de compteurs électriques. Elle me promet de faire des recherches.

A peine le coup de fil terminé, je range mes paperasses et aperçois une pochette cartonnée que je croyais vide. Et, à l'intérieur, miracle : un certificat de travail d'EDF pour juillet/Août 1972. Un papier que je cherchais depuis des mois. Restera plus qu'à rappeler demain matin. Mais ras le bol : voilà bientôt neuf mois que je me prends la tête avec tous ces dossiers.

Le Dessin au sable

Tout le monde connaît ma passion pour la littérature japonaise contemporaine. Presque tous les auteurs que j'ai découverts ces dernières années m'ont passionné, enthousiasmé, au moins intéressé. Deux exceptions de taille : Mishima et Haruki Murakami, dans l'univers desquels je ne parviens pas à entrer. Mes préférés sont Kawabata, le premier que j'ai connu, et Ogawa.

Avec Akiyuki Nosaka, je reste toujours perplexe. Autant les deux premiers  que j'ai lus de cet auteur, La Tombe des lucioles et Le Vigne des morts sur le col des dieux décharnés, m'ont laissé de bons souvenirs de lecture, autant Les Pornographes m'avait mis mal à l'aise.

Il en est de même avec celui-ci, Le Dessin au sable, que je viens de terminer. Histoire d'une terrible vengeance "sexuelle" à l'encontre d'hommes qui, dans leur vie, profitèrent les uns de la mère, les autres de la fille. C'est un très bon roman, aux allures de fantastique parfois, mais toujours ancré dans la vie quotidienne. La poésie n'en est pas absente mais quelque chose  me gêne chez cet auteur. J'aime beaucoup le substrat toujours présent d’ambiguïté assumée, le côté "malsain" contrôlé de cette littérature asiatique, mais chez Nosaka, la soupe est sans doute, pour moi, trop poivrée.
( Akiyuki Nosaka, Le Dessin au sable. Ed. Picquier. Trad. de Jacques Lalloz.)

mercredi 20 novembre 2013

Sport cérébral (2) : solutions.

Pas de nouvelles propositions à mon petit jeu. Alors voici les solutions:

1. INRI.
2. Uranie.
3. Plus.
4. Patrick Sébastien (mais là, il faut avoir la télé pour comprendre).

Fermer les volets.

Cette fois, c'est volets fermés dans l'appartement. Six fenêtres et portes-fenêtres qu'il faut clore chaque soir et rouvrir chaque matin. Parce que, bien sûr, mon appartement est trop ancien pour être équipé de volets roulants ! Chaque année, j'attends le plus tard possible pour en arriver là. Mais depuis deux jours, on ne plaisante plus. Ce matin, il neigeotait sur Lyon. Rien à côté de Saint-Étienne. De la neige mouillée, comme on dit par ici, qui ne tient pas au sol. Mais le froid est bien là.

J'éprouve deux sensations radicalement opposées face à cette clôture de l'appartement. La première, désagréable : je me sens un peu enfermé, comme en cellule derrière les persiennes qui me masquent le spectacle de la rue. J'aime observer les passants attardés, seuls ou en groupes, qui regagnent leurs pénates. J'aime par dessus tout la vue des fenêtres éclairées, de l'autre côté de la rue, où parfois passent des silhouettes d'inconnus à qui j'invente volontiers des histoires ou qui me les joue en direct. Je suis un peu voyeur.

L'autre agréable : impression de calme, de sérénité dans mon cocon douillet où rien ne peut plus me troubler.

Mais c'est malgré tout la première qui l'emporte souvent. Fermer les volets signifie pour moi la fin de la journée, le plus rien à faire ou le tout à faire seul. Comme une sorte de petite mort comparable à celle que je ressens lorsqu'il faut regagner son lit pour la nuit.

mardi 19 novembre 2013

Momentini

- Pluie et grand froid aujourd'hui. Alerte orange à la neige dans la Loire. C'est fou ce qu'en retraite, on peut oublier que l'hiver existe.

- Rentré toute mes plantes de balcon. Le bougainvillée est encore en fleurs : une première en cette période de l'année. La semaine dernière, encore une fleur d’hibiscus.

- Vu plusieurs médecins pour ma jambe. Ras le bol de fréquenter les cabinets médicaux en ce moment. Rien d'apparent. Pourtant, j'ai bien le pied gauche quasiment insensibilisé. Il faudra peut-être prévoir une opération. Joie !

- Une autre malade est morte dans la clinique de ma mère. Chaque fois, le départ de l'une d'elles est durement ressenti par les autres. Celle-ci était là depuis plus de trente ans.

- Une mère d'élève me demande de donner de cours d'orthographe à son fils. Je crois que je vais dire oui. Je suis en train de me renseigner sur les prix.

- Réécouté de la musique cette semaine : Bach, Barbara et Amalia Rodiguez. Mon lecteur est un peu empoussiéré , depuis le temps.

lundi 18 novembre 2013

Omnia vulnerant

Quelques photos retrouvées en vrac. L'une d'elle : 1982. En noir et blanc. Nous les développions nous-mêmes avec une collègue dans le labo du collège. J'allais avoir 30 ans. L'année précédente, j'avais fait un long séjour en Italie, à Perugia, au cœur de l'Ombrie. Deux mois merveilleux.

Sur la photo, le jardin devant la villa d'une amie. Nous préparons des brochettes. C'est l'été. Je porte une ample chemise blanche fermée par des boutons de manchettes et un jean étroit avec ceinture blanche. J'ai les cheveux noirs et je semble hâlé. Je suis penché sur la table, comme le collègue qui m'aide dans la préparation. Lui est bien enveloppé. Moi, je suis mince, comme je l'ai presque toujours été.

Pas de nostalgie en regardant cette photo. Simplement me souvenir que j'ai aussi été ce jeune homme. Il y a trente ans.

Sport cérébral (2)

Puisque vous aviez aimé la première tournée...
Il m'arrive assez souvent de m'adonner à une occupation saine et émoustillante : les mots croisés. Voici donc quelques définitions trouvées ça et là et que j'ai appréciées. Saurez-vous trouver les mots qu'elles suggèrent ? J'indique pour chacune le nombre de lettres du mot à découvrir.

1. Légende de Pilate (4)
2. Muse à lunette (6)
3. Signe de croix (4)
4. Grand patron de grand cabaret (16 : deux mots)

dimanche 17 novembre 2013

Des mots de chez moi : solution.

La corbicine est un jeu auquel s'adonnent les enfants. Pour "faire la corbicine", il faut s'accroupir (en stéphanois, se mettre "à cacasson"), se pencher en avant en plaçant sa tête entre ses deux genoux et en faisant le dos rond, et rouler cul par dessus tête. J'ai souvent pratiqué dans ma prime jeunesse.

Inigo

Lecture dans un tout autre registre, cette fois-ci. Inigo veut dire Ignace en basque et le roman raconte une partie de la vie d'Ignace de Loyola, le fondateur des Jésuites. Plus exactement le moment où, abandonnant une carrière militaire, il se tourne peu à peu, et dans la souffrance, vers son destin spirituel. Pour être franc, je n'ai pas encore lu la postface de François Sureau, pour ne pas en être influencé.

Sureau nous présente le saint dans ce qu'il a de plus humain. Je ne dis pas "mièvre", tant s'en faut. Loyola pressent sa vocation en lisant la Légende dorée, de Voragine, en particulier la vie de saint François d'Assise. Il nous décrit admirablement ses tourments, ses volte-face, ses doutes et ses joies. Une seule déception : je pensais que le livre couvrait la vie entière de Loyola, mais telle n'était pas l'intention de l'auteur.
(François Sureau, Inigo. Ed. Gallimard.)

samedi 16 novembre 2013

Des mots de chez moi

La "corbicine" ! Qui peut me dire ce que c'est en langage stéphanois (en gaga donc) ? Interdiction de tricher en allant sur WP !

Le monde évolue

En rangeant (oui, encore) mon bureau, je suis retombé sur un calendrier romain antique que m'avait offert une élève. Et je me rends compte que le 3 novembre était alors consacré aux Hilaria, c'est à dire aux fêtes en l'honneur de Cybèle, qui eut droit  jusqu'à une époque tardive de l'empire romain à un culte orgiastique. D'ailleurs, hilaria en latin veut aussi dire gaieté. Nous, le 2, c'est la fête des Morts ! On entrevoit toute l'étendue du changement.
Enfin, heureusement, nous avons hérité de la journée de la gentillesse ...

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (8)

Encore un slow ! Il n'y avait que ça à l'époque en boîte et dans les soirées entre amis. Ça simplifiait l'approche !

Le Chant des sirènes

Un des épisodes les plus connus de l'Odyssée, c'est évidemment celui des Sirènes, ces monstres mi-femmes mi-oiseaux (et non pas poissons comme le Moyen-Age ou un des contes de notre enfance les représentent) qui, par leur musique et leur chant mélodieux, attiraient les matelots sur leurs rochers pour les dévorer ensuite. Ulysse, curieux de les entendre, ordonna à ses marins de se boucher les oreilles avec de la cire et de l'attacher solidement au mât de son bateau avec interdiction de le délier quoi qu'il dise ou fasse.

Mais que chantaient donc les sirènes pour posséder un tel pouvoir sur les humains ? Homère ne le dit pas. Que voulait savoir Ulysse que les autres ne pouvaient entendre qu'au risque de leur vie ? Pour ma part, je ne crois guère à la beauté extrême de leur chant comme explication de cette attirance irrépressible.

D'ailleurs, avant Ulysse, comme le raconte Apollonios de Rhodes dans les Argonautiques, Jason, parti en Colchide pour conquérir la fameuse Toison d'Or, avait demandé à Orphée, le poète mythique, de chanter accompagné de sa lyre afin de détourner ses marins du pouvoir des Sirènes, ce qu'il parvint à faire sauf pour l'un d'entre eux, Boutès, qui se jeta à l'eau pour les rejoindre. Ainsi, ces femmes-oiseaux n'en étaient pas, avec Ulysse, à leur premier échec.

Il fallait plutôt que ce qu'elles psalmodiaient touche l'homme au plus profond de lui-même, non pas à son cœur mais à son âme, ou plutôt à son inconscient, à ce qui, chez chacun, est enfoui et bridé. Ulysse, que, malgré son attachement à Pénélope, l'on peut qualifier d' "homme à femmes" (combien sont-elles dans l'Odyssée : Circé, Calypso, qui le garda sept ans, Nausicaa,... ? ), n'était sans doute pas homme à s'émouvoir aussi facilement devant tant de grâce, même si Homère le dépeint souvent gémissant et pleurant. Mais sur le rivage près de la grotte de Calypso, pourquoi pleure-t-il ? Est-ce de ne pouvoir quitter ces lieux pour rejoindre Ithaque ou de l'absence de désir qu'il éprouve maintenant face à la nymphe ?

Alors quoi ? La part inavouable de chacun d'entre nous, ce qui expliquerait qu'Ulysse, lorsqu'il accepte de l'entendre, prend bien garde à ce que ses compagnons n'en aient pas connaissance en les forçant à se boucher les oreilles. Ce qui expliquerait qu'Homère, pourtant ailleurs si prolixe n'en dise pas un mot pour garder intacte l'image de son héros. Je ne sais pas, mais je crois qu'il y a à fouiller de ce côté-là.

Kafka, en 1917, écrivit un texte revisitant ce mythe des sirènes : Le Silence des sirènes. Chez lui, les femmes-oiseaux décident de se taire à l'arrivée d'Ulysse, mettant tout leur pouvoir dans leur mutisme. Et c'est ce silence que le héros affrontera et vaincra. Il faudra que je me procure, si c'est encore possible, ce texte de Kafka. Il est censé préfigurer les thèses de Lacan sur la voix. Ce qui ne peut que m'intéresser.

vendredi 15 novembre 2013

Il fut un blanc Navire

Un enfant rêve, dans un village du kirghizstan de quelques âmes. Il rêve d'un grand bateau blanc qu'il croit voir apparaître parfois sur le lac et où travaillerait son père, parti depuis longtemps. Il rêve qu'il se transformera un jour en homme-poisson pour rejoindre celui qu'il ne connaît pas. Abandonné par ses deux parents, il est élevé par son grand-père, un brave homme simple et craintif sous le joug de son gendre qui frappe sa femme quand il a bu, et il boit souvent.

Mais les rêves de l'enfant vont tourner aux cauchemars face au monde des adultes et à leur brutalité. Seule le console l'apparition de la Mère à la Belle Ramure, un mâral (sorte de cerf) réincarnation d'un animal mythique d'une histoire que lui raconte souvent son grand-père. Lorsque son oncle tue l'animal, la vie de l'enfant bascule.

Ce livre est un livre merveilleux, écrit dans une langue limpide par Tchinguiz Aïtmatov, fils d'un haut fonctionnaire disparu en 1938 lors des purges staliniennes, conseiller de Mikhaïl Gorbatchev et décédé en 2008. Une découverte pour moi.
(Tchinguiz Aïtmatov, Il fut un blanc Navire. Ed. Phébus. Trad. de Lily Denis.)

jeudi 14 novembre 2013

Pas besoin de lire

Stephen King, lui-même en personne, ce soir à la télévision. Pas besoin de lire : juste à le voir, ça fait peur!

Les pianos Pleyel samson allés



Samson François joue la Polonaise Op.26  de Chopin.

mardi 12 novembre 2013

Qu'est-ce que c'est ?


De quoi s'agit-il ? A vous de le trouver.

dimanche 10 novembre 2013

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (7)




Pierre Groscolas, Fille du vent (1971).

Que de frotti-frotta sur cet air là ! Je n'avais pas 20 ans, et je rêvais... Bon, pour la déco, c'est peut-être un peu trop !

Du poids des jugements

Je suis né le même jour que Camus, trente-neuf ans plus tard. La première fois que je l'ai rencontré, c'était en terminale où j'avais tenu à conserver les cours de français, bien qu'ayant déjà passé mon bac.

Et la rencontre fut désastreuse. J'avais toujours eu des professeurs de lettres hommes, des vieillards semblables au David de Michel-Ange, impressionnants et graves, des puits de science qui me firent aimer la littérature. Pour la dernière année de lycée, je tombai sur une femme, femme et jeune ! Sa façon de s'asseoir sur les bureaux me déplaisait profondément, et il me sembla vite que l'essentiel de sa pédagogie consistait à charmer les adolescents boutonneux que nous étions tous en montrant plus que de raison une bonne partie de ses jambes. Pas un instant, je ne crus en son savoir.

Je ne me souviens d'ailleurs pas du tout de ce que nous étudiâmes cette année-là, à l'exception de L'Etranger que je rejetai immédiatement puisque c'était elle qui nous l'avait proposé. Je n'y vis que modernisme de bonne compagnie et me réfugiai immédiatement derrière mes souvenirs illuminés de Racine, de Maupassant ou de mes auteurs antiques.

Lorsque, au début des mes années d'enseignement, je fus contraint à mon tour de le proposer à mes élèves, je fis bien sûr suivre son étude de celle de Phèdre. Une de mes élèves, intelligente et à la langue bien pendue, me fit remarquer qu'à son avis, j'adorais racine et n'aimais pas Camus. Ce en quoi elle ne se trompait nullement. C'est elle qui, alors, me prêta Les Justes, ce afin que je révise mon jugement qu'elle trouvait trop injuste. Je fus enthousiasmé par cette pièce.

Depuis, je me suis juré de lire d'autres œuvres de Camus, et je n'ai jamais tenu ma promesse. Par peur, sans doute, de retomber dans ma détestation ou parce que, comme pour certaines œuvres musicales, je considérais qu'il fallait que je mûrisse avant d'entrer dans cet univers. Il serait peut-être temps que je m'y mette.

samedi 9 novembre 2013

Ce et ceux que j'aime

Jeudi soir, j'ai été invité à dîner par Frédéric et sa mère à l'occasion de mon anniversaire. Délicate attention que j'ai appréciée à sa juste valeur, d'autant que le repas était excellent et fait "sur mesure" avec des mets que je goûte  particulièrement : gratin de macaroni et côtes d'agneau, suivis d'un excellent gâteau d'un des très bons pâtissiers de Lyon. Et bien sûr champagne. Aujourd'hui trône également sur ma table de salon une très esthétique composition florale offerte par Frédéric.
Grand merci à tous les deux.

vendredi 8 novembre 2013

Avant

Joie, l'autre jour, de trouver enfin un nouveau J-B Pontalis en poche, joie d'autant plus grande que cela risque bien d'être l'un parmi les derniers, l'auteur étant décédé cette année. J'ai déjà dit mon engouement, ma passion pour ce qu'écrit cet homme, dans lequel je me retrouve entièrement. Je voudrais d'ailleurs, si cela est possible, essayer de me procurer les enregistrements des entretiens que France Inter lui a consacrés il y a quelques mois et que je n'ai pu suivre intégralement.

"Avant" est un peu d'une autre veine que d'autres "essais" que j'avais appréciés, plus difficile à pénétrer à cause de ma quasi totale ignorance de la psychanalyse et des mots qui lui sont propres. Pourtant, on retrouve, au détour des pages, son amour de la littérature, son sens du rien, du quotidien, du banal qu'il sublime. Mais c'est un livre assurément à lire, ne serait-ce que pour la définition et l'analyse de "l'infans",  mot romain qui désignait le tout petit enfant, celui qui, mot à mot, si je puis dire, "ne parle pas".
(Jean-Bertrand Pontalis, Avant. Ed. Gallimard.)

jeudi 7 novembre 2013

Maudite soit la guerre

Image illustrative de l'article Monument aux morts de Gentioux
Il m'a fallu tout ce temps, jusqu'à hier, pour comprendre ce que voulait dire le nom d'une petite rue de Saint-Étienne que j'empruntais régulièrement autrefois pour aller au lycée : la rue des Martyrs de Vingré.

Vingré était un nom que je trouvais beau et qui, comme souvent dans ces cas-là, m'emmenait ailleurs, dans mes rêveries. Martyrs m'inquiétait davantage mais jamais je ne fis la relation avec la première guerre mondiale. Pour moi, à l'époque, les martyrs étaient forcément à compter parmi les premiers chrétiens.

Ce quartier autour de la Grand Poste et de l'ancien marché couvert de la place Chavanelle me plaisait bien car très populaire et animé. Près de la place Neuve, il y avait le bar où nous allions parfois avec Yvon et que me rappelle chaque fois la chanson de Michel Delpech "Chez Laurette", le magasin où ma grand-mère m'acheta mes premiers livres en relief et quelques prostituées hautes en couleur qui s'invectivaient d'un trottoir à l'autre, enrichissant ainsi considérablement mon vocabulaire crapuleux.

Dans ma famille, on ne me parla jamais, à mon souvenir, de cette première guerre. Mes parents qui avaient connu la suivante en avaient fait un sujet récurant de conversations, mais sur 14-18, rien (pas plus d'ailleurs que sur la guerre d'Algérie ou sur l'Indochine).

C'est seulement hier, en regardant les informations, que je sus qui étaient ces martyrs qui intriguèrent mon enfance : des soldats français qui, le 27 novembre 1914, quittèrent leur tranchée investie par les allemands avant de la leur reprendre. Comme l'ennemi avait fait des prisonniers, ceux qui s'étaient repliés furent accusés, bien qu'ayant obéi sur ordre, d'abandon de poste. Un conseil de guerre spécial désigna par tirage au sort six boucs émissaires et les fit fusiller le 4 décembre, sur ordre du général Étienne de Villaret, ceci afin que les combattants retrouvent "le goût de l'obéissance". Parmi eux un poilu qui, fait prisonnier par les allemands, avait réussi à leur échapper. Parmi eux, deux natifs de la Loire du nord (Ambierle) : Jean Blanchard et Francisque Durantet. Le procès fut révisé en 1920 et, en 1921, le jugement en fut cassé.

A ma connaissance, aucune autre ville ne peut s'enorgueillir d'avoir ainsi rendu hommage à ces hommes en leur attribuant le nom d'une rue. Il y a dans la Creuse, sur la commune de Gentioux, un monument aux morts qui représente un enfant tendant le poing vers l'inscription : "Maudite soit la guerre." Encore une exception...

mercredi 6 novembre 2013

Passions

Ah ! quelle bonne soirée. Il y a des jours où l'on ne regrette pas d'avoir la télévision. Ce soir, Des Racines et des ailes était consacré au pays d'Arles.

Alors, voir tous ces gens passionnés par ce qu'ils font, du confiseur de fruit au presseur d'olives noires, de l'archéologue amateur capable, en regardant les cailloux d'un champ de retrouver un puits donnant dans la partie souterraine de l'aqueduc aux scientifiques du nucléaire œuvrant à la sauvegarde de la barge gallo-romaine de trente mètres de long récemment découverte dans le Rhône, moi, ça me touche profondément.

Des techniques modernes au service de l'antique et pourtant, et heureusement, toujours le même regard plein d'étoiles de cette femme, de cet homme, devant le bateau remonté, devant le vase à libation à magnifique tête de chien que personne n'avait vu ni touché depuis deux mille ans.

Archéologue, c'est ce que je voulais faire, ce que j'ai étudié et pratiqué un peu au temps de l'université. Et puis Arles, c'est aussi le dernier voyage avec Amédé et le premier rêve où il y avait Pierre. Mais j'ai déjà dit tout cela, je ne suis qu'un vieux radoteur. D'ailleurs, demain, je prends un an de plus.

Home

Toni Morrison est un écrivain aux qualités unanimement reconnues. C'était le premier roman que je lisais d'elle. Je m'en augurai beaucoup de plaisir. Pourtant, jamais je ne suis rentré dans le livre. Lorsque je le reprenais chaque soir, je ne savais plus ce que j'avais lu la veille, je mélangeais les personnages, je pensais à autre chose en le lisant. Résultant : il ne m'en reste rien, pas même une impression, une image. Sans doute à cause de ce fichu rhume qui m'embête depuis quelque temps.
( Toni Morrison, Home. Ed. Ch. Bourgois. Trad. de Christine Laferrière.)

mardi 5 novembre 2013

Restriction

Il y a au moins un inconvénient à tenir un blog tendance journal : ceux qui vous lisent savent tout (ou presque) de vous. Je ne parle pas de la vie intime, que j'aborde de plus en plus rarement ici, mais de la vie de tous les jours. Les autres ont des nouvelles de vous. Très bien, mais l'inverse n'est pas vrai. Nous ne savons pas ce que eux, qui n'écrivent pas, deviennent. Et c'est parfois bien frustrant. Alors faut-il se faire plus rare pour que, parfois, le téléphone sonne ?