mercredi 31 octobre 2012

Des fleurs (6): le chrysanthème

Je l'ai toujours aimé, celui-ci. D'abord pour l'hésitation de beaucoup sur son genre: est-ce un ou une chrysanthème? Ensuite pour son orthographe: deux H, un Y, ce n'est pas donné à tout le monde. Pour son étymologie (encore un mot problématique quant à la présence du H ou pas) aussi: " la fleur d'or", reine de l'automne, soleil des grises journées de novembre, parure des pierres tombales où, bien souvent, on la confine.

Mais surtout pour ses coloris infinis et changeants. Pour mes quarante ans, pour mes cinquante ans, Kicou en avait fait des bouquets, cueillis dans son jardin et disposés dans la cave voûtée où nous faisions la fête. De toutes les variétés, c'est celle à grosses fleurs que je préfère, la plus ancienne que je connaisse. Les mordorées surtout, que les multifleurs ont peu à peu chassées des étals des fleuristes avant qu'elles ne reviennent parfois ces dernières années.

C'est un de cette espèce que j'ai placé sur la tombe de Pierre cet après-midi, l'enterrant un peu pour que le vent ne le renverse pas. Celle de l'an dernier est sur mon balcon, en train de refleurir. Je regrette l'époque où la municipalité de Lyon, sans doute plus en fonds qu'aujourd'hui, en décorait ses carrefours, en fontaines luxuriantes, en harmonie avec l'or des arbres.

mardi 30 octobre 2012

Révélation

Comment dire tout ça ? Je ne sais pas par quel bout empoigner ce billet. Bon, faisons simple. L'autre soir, en regardant un documentaire sur Hopper, outre le plaisir de revoir ses tableaux qui me plaisent, je ressentais comme une connivence, une empathie profonde avec ce que lui-même disait ou avec les commentaires des auteurs du documentaire.

Une phrase m'est restée de cette soirée: "peindre les rayons du soleil découpant les formes d'une architecture". Et là, j'ai revu mentalement toutes les photos prises ces dernières années dans Lyon ou ailleurs (pas nécessairement celles que je montre ici, sur ce blog) et je me suis entièrement retrouvé dans cette volonté de Hopper. La ville me fascine, ou plus exactement les lignes de la ville, débarrassées de tout sens, de tout désir d'illustrer, d'en montrer les beautés. Des formes, de la géométrie, changeante avec la lumière, un réalisme qui, pris dans ses détails, en devient presque abstrait.

Même découverte avec d'autres photos, de gens dans la rue, cette fois-ci. La plupart, celles qui ne proviennent pas d'un instantané comique ou insolite, sont prises avec le personnage de dos et seul. Je croyais prendre ces personnes pour leur couleur de vêtements ou le fait qu'ils lisent. Le véritable sujet n'était, je m'en rends compte maintenant, ni la couleur ni la lecture, mais la solitude, une sorte de moment ultime avant que quelque chose n'arrive, d'irrémédiable, une répétition d'Annonciation avant que l'archange Gabriel ne prononce les paroles après lesquelles rie, ne pourra plus être comme avant. A la fois regret d'un passé et peur/désir d'un avenir. D'ailleurs, j'ai fait pendant des années une collection de reproductions d'Annonciations.

J'ai enfin compris pourquoi j'aimais tant Edward Hopper.

Un après-midi qui chante

La bonne nouvelle de l'après-midi, c'est qu'en me connectant sur un site de la sécurité sociale, j'ai eu confirmation de mes calculs! J'aurai tous mes trimestres pour prétendre à la retraite fin mars 2013. Vue mon année de naissance, je devrai attendre jusqu'à août pour avoir le droit de tirer mon chapeau. Mais c'est quasiment certain maintenant, je ne ferai pas une nouvelle rentrée des classes. Et ça, vous ne pouvez pas savoir.... J'en aurais embrasser mon ordinateur!

lundi 29 octobre 2012

Un autre samedi entre amis

Bien réel celui-ci à la fin de la semaine dernière, occupé à débuter la tournée des cimetières. Frédéric devait fleurir les tombes de sa famille en Isère et Jean-Claude dans l'Ain. Avec Lucienne et le "marquis", la voiture était pleine. Lever tôt, un temps de chien, une température quasi sibérienne et même quelques flocons de neige dans l'après-midi.

Saint-Chef, malgré sa belle (mais mal entretenue) abbatiale bénédictine, est un village triste par ce temps. Peut-être a-t-il plus d'attraits en été mais, ce jour-là, le seul que nous lui trouvâmes fut le petit bar du centre où nous entrâmes pour boire un bon café bien chaud. La patrie de Louis Seigner et de Frédéric Dard mérite sans doute un autre voyage.

Le temps empira dans l'Ain avec un vent glacial de plus en plus violent. Nous fîmes halte à midi dans le même restaurant que les années précédentes pour y déguster les traditionnelles grenouilles. Mais, à part ce plat que l'on nous sert de façon de plus en plus chichiteuse, le reste ne valait pas tripette et sentait son industriel à plein nez. Encore un qui se rendra compte trop tard que l'on ne vit pas indéfiniment sur une réputation. La neige commença à tomber chez le neveu de Jean-Claude qui nous avait invité à partager une coupe de champagne.

De retour à Lyon, soirée passée chez Jean-Claude à grignoter tout en conversant longuement sur le mystère de la foi et les origines des symboles chrétiens. Il parait que j'ai épaté la galerie par mes connaissances sur le sujet. Ce qui nous épata, Frédéric et moi, à un autre moment de la soirée où les sujets de conversation étaient plus profanes, c'est de découvrir que pas plus Lucienne que Pierre ne connaissaient Louis Ferdinand Céline. Jamais entendu parler! Autant je peux le pardonner à Lucienne qui avoue son ignorance sans honte, autant j'ai du mal à le faire avec Pierre que son origine "aristocratique" conduit parfois à beaucoup de prétention, voire de suffisance.

Un Samedi entre amis

Andrea Camilleri écrirait-il trop? Tout le monde sait , depuis le temps que j'en parle, que j'aime beaucoup cet auteur sicilien, créateur, entre autres, du personnage attachant du commissaire Montalbano. Pourtant, le déclic n'a pas eu lieu cette fois-ci et j'ai traversé ce Samedi entre amis sans sourire et surtout avec une sorte d'indifférence qui ne m'est pas coutumière. Peut-être trop de personnages cités par leur prénom seulement et que je confondais hardiment d'un soir sur l'autre. Ou alors la fatigue d'une dernière semaine de travail. Qu'importe, je réessayerai avec le prochain.
(Andra Camilleri, Un Samedi entre amis. Ed. Fayard. Trad. de Dominique Vittoz.)

Des fleurs (5): le tournesol

Celle-ci n'est jamais apparue dans le jardin de ma mère, pas plus que dans  la campagne environnante. Il m'a fallu attendre des années pour la découvrir, peut-être au cours d'un voyage en Italie. C'est d'ailleurs de ce pays qu'il m'en reste un souvenir précis.

Une amie et moi, nous avions pris la route qui mène d'Assise à Gubbio, en Ombrie, avec l'intention de visiter la petite ville où se déroule chaque année la Corsa dei Ceri. Au détour de la route, un grand champ de "girasole", de tournesols resplendissant sous le soleil. Arrêt de la voiture dans un petit chemin de labour. Vite, une photo. Il a fallu attendre le retour à Lyon pour voir, le numérique n'existant pas encore à l'époque. Rien: du plat, de terne, de l'inconsistant. Encore aujourd'hui, je ne comprends pas pourquoi. J'éprouvais presque un semblant de crainte superstitieuse en prenant celle-ci, dans ma cuisine.

dimanche 28 octobre 2012

Le flipper

Pierre avait acheté un flipper. Je ne me souviens pas où il avait été dégoté mais, un jour, elle était là, cette grande caisse vitrée et colorée, perchée sur ses hauts pieds de métal. Ça ne nous empêchait pas, à midi, d'aller jouer, après le plat du jour, à celui du bar-tabac du coin, avec des employés de la préfecture ou des réfugiés iraniens. Nous l'avions installés dans la grande cuisine, dans la partie parquetée qui devait être autrefois la chambre de la bonne avant que les bonnes ne disparaissent et que la cuisine ne s'agrandisse.

Combien de temps avons-nous passé devant la machine qu'il ne fallait pas trop brusquer pour ne pas la faire tilter? Des heures, parfois, moi surtout qui n'étais encore qu'étudiant à l'époque, ou tout jeune enseignant. Les amis qui venaient s'étonnaient de voir ce flipper dans la cuisine. On aurait tout aussi bien pu adopter des patins à roulettes pour rejoindre l'évier, à l'autre bout de la pièce.

Et puis, un jour, quand je suis rentré, il n'était plus là. De jour en jour, nous l'avions un peu délaissé et Pierre l'avait donné à un des ses collègues qui avait des enfants. Noël était fini. J'ai mis du temps à ne plus remarquer le vide.

Silencieux

Jeudi, je n'ai pas écrit. Au moment de le faire, j'ai suivi la recherche d'un qui était passé sur mon site. Je suis remonté jusqu'à cette fin de janvier 2009 et j'ai lu: la mort d'Amédé, la maladie de Kicou, notre dernière sortie aux Célestins, le petit bar après, dont j'ai écrit qu'il nous fit retrouver un instant nos années d'étudiants, mon retour en vélo dans la nuit. Je me sentais si libre avec la brise à travers les cheveux. Et puis, en arrivant, la nouvelle: je n'aurais pas le temps,  une dernière fois, de revoir Amédé .
Alors, j'ai éteint mon ordinateur et je suis allé me coucher. J'avais l'impression qu'ils étaient là tous les deux, mes parents, mes piliers, Kicou et Amédé.

vendredi 26 octobre 2012

C'est à vous (5)

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus).

Agnès et Edward

Avant-hier soir, j'avais invité pour la soirée Agnès et Edward, deux êtres que j'apprécie particulièrement. Et ce fut un régal!

Agnès a parlé de ces films, d'elle-même, de son enfance, de ses années avec Jacques avant que la mort ne les sépare. Elle a évoqué ses vacances, au bord de la mer du nord, en Belgique, son séjour aux États-Unis, sa petite maison sur cour, coincée entre deux vieilles boutiques, à Paris. Et puis ses cabanes. Ah! ses cabanes! J'en avais visité une, il y a quelques années, à la Sucrière, à Lyon, avec des murs de pellicules, un film qui a avorté, reproduisant à l'infini le visage de Piccoli, des murs qui laissaient passer la lumière...

Avec Edward, ce fut plus sérieux. Il me parla de ses débuts dans l'illustration, un travail qu'il n'aimait guère, de ses difficultés avant de vendre ses premiers tableaux, trop figuratifs pour une époque fanatique de l'art abstrait, de ses trois séjours à Paris, lui l'anglo-saxon qui aurait rêvé d'être latin. De sa femme aussi, peintre comme lui,  une sorte de mégère qui n'arrêtait pas de le houspiller mais ne supportait pas que d'autres le critiquent. Ils m'a montré ses peintures, que je connaissais presque toutes, éclaboussant mon salon de lumière.

Lumière!

Leurs noms? Varda et Hopper. Vous connaissez ? Sinon, demandez à Arte de vous les présenter.

mercredi 24 octobre 2012

Les écrits s'envolent aussi

PP faisait remarquer l'autre jour que "j'ingurgitais" beaucoup en matière de lecture. Il n'a pas tout à fait tort: je suis effectivement un lecteur assidu, et, bien sûr, j'aime ça.

Pourtant je me demandais ces jours-ci quel livre, quel roman m'avait particulièrement marqué, duquel je me souvenais le mieux. Résultat: rien. Des moments, des impressions, des sensations mais je suis la plupart du temps incapable, en reprenant un bouquin récemment lu dans ma bibliothèque, de savoir avec exactitude de quoi il parle.

Beaucoup m'ont plu au moment où je les ai lus mais aucun ne m'a marqué suffisamment pour imprimer en moi une trace durable. La faute aux livres? Preuve d'un vieillissement certain? Je n'en sais rien et regrette un peu le temps où, des mois après, je pouvais encore vibrer pour quelques pages que j'avais dévorées. Il en était ainsi par exemple, pour Cent Ans de solitude, pour Le Mur invisible, pour quelques autres encore. Fini tout ça ou alors je ne lis plus ce qu'il faudrait lire.

mardi 23 octobre 2012

Re-pouah

Des conseils de classe qui ressemblent de plus en plus à des tribunaux, où l'on émet déjà un jugement négatif au vu de quelques notes de début d'année, où l'on parle d'orientation au bout d'un mois de cinquième, où l'autorité supérieure n'entend pas ou ne veut pas attendre les avis contraires au sien, où toute idée de progrès possibles est exclue! Beurk! J'ai décidément l'estomac fragile en ce moment.

Pouah

Entendu tout à l'heure, en rentrant de conseil de classe, cette phrase à la radio, prononcée par un militant de l'association  Provie Alliance Vita,  lors de leur rassemblement à Lille: "Un enfant, ça MÉRITE un papa et une maman"! 

Ou bien je vous en fais trois pages, de rage, de honte, d’écœurement, ou bien je ferme ma gueule avant de vomir en imaginant tous les sous-entendus de cette déclaration! Allez, je la ferme! Pas envie de me salir.

lundi 22 octobre 2012

Des mots démodés (7)

Il y a des mots qui provoquent chez moi, chaque fois que je les entends ou que je les lis, un petit plaisir intime, une sorte d'embryon d'orgasme intellectuel. A tel point que, même s'ils désignent une réalité menaçante ou malsaine, je ne peux m'empêcher de sourire tant je les aime. Des mots qui, à force d'être oubliés, ont, quand ils apparaissent, la douceur d'un vieux velours usé, la connivence d'un ami retrouvé sur le tard.

Un exemple? Prenons la phrase suivante: "Il avait le regard torve et la bouche veule!". Là, je décolle! Du français, du vrai, qui sent le camembert et la baguette cuite à point, de l'adjectif qu'on mangerait tant il est encore imprégné de son terroir. Pas besoin de dessin: un personnage ainsi décrit, on voit tout de suite à quoi il ressemble. On pourrait lui inventer une histoire, une famille, de vilaines habitudes, des pensées tortueuses, on devine son habit, on connaît son intérieur, on pense à Balzac ou à Eugène Sue. Et vous, vous en avez aussi des mots comme ça, qui vous titillent?

dimanche 21 octobre 2012

Omission

Encore une fois j'ai oublié l'anniversaire de ce blog: il a eu cinq ans le 4 octobre. Même titre, même photo, même présentation. C'est pas de la fidélité, ça?! Allez, promis: demain, je bois un coup à sa santé.... et à la vôtre!

Momentini

- Y a-t-il, chez les humains, plus de cons que de connes? Sans doute, mais certains jours, on a vraiment envie de compter!

- Un homme qui se ronge les ongles alors qu'il ne sait pas qu'on le regarde, c'est très laid. Vu du balcon de ma mère, cet après-midi, dans le jardin d'en face. Je dis ça sans mépris: j'ai rongé les miens jusqu'à la puberté.

- Mon avis est, cette fois-ci, définitif: ma nouvelle collègue d'Histoire-géo est folle ou, pire, foncièrement méchante. Je m'en suis rendu compte au conseil de classe. C'est une chose que j'ai découverte sur le tard, que des gens pouvaient être méchants naturellement.

- Vu les premiers épisodes de la nouvelle série d'Arte (le jeudi): Ainsi soient-ils. Se regarde sans déplaisir bien que parfois un peu caricaturale. Mais pour une fois, sur ce sujet, on ne tombe pas dans l'a priori et le prêt à penser laïcard.

Hamaguri et Tsubame

Autrement dit palourde et hirondelle. C'est à dire les tomes 2 et 3 de la pentalogie de Aki Shimazaki: le Poids des secrets. Quoi dire? Rien, il faut lire cette histoire envoûtante qui tourne en rond et s'éclaircit à chaque nouvel ouvrage, où l'on apprécie l'art de la brièveté et les précisions historiques (en particulier ici sur le tremblement de terre de 1923) distillées, mine de rien, au fil des pages de cette courte saga familiale ( le terme "familiale" n'est vraiment pas approprié ici. Ceux qui liront s'en apercevront rapidement.)
( Aki Shimazaki, Hamaguri. Tsuname. Ed. Actes sud.)

samedi 20 octobre 2012

Temps d'été, lumière d'automne

Il faisait doux ce matin, au réveil. Mais pour partir dans les bois; j'avais enfilé la veste de velours sur une grosse chemise et chaussé les bottes avec d'épaisses chaussettes. Il fait toujours plus frais là-haut. Or, là-haut, ce fut comme ici bas: une touffeur incroyable à cette époque de l'année, une atmosphère d'après-midi de juin avant l'arrivée d'un orage. Ne restait plus qu'à suer comme un bœuf en tentant de trouver quelques champignons. mais eux aussi avaient souffert: trop chaud, trop sec.

Alors, question chanterelles ou violets, rien ou presque. Seuls les cèpes avaient résisté. Frédéric en a trouvé de très beaux. Moi, il m'a fallu attendre le dernier quart d'heure avant le départ pour le restaurant pour en dégoter quatre qui vaillent vraiment la peine. Et dans le même coin que la dernière fois, tout près de la route. Nous les avons mangés ce soir.

 Au retour, visite rapide de la petite ville de Beaujeu qui ne présente pas un intérêt particulier, même son église dont l'extérieur seul a gardé quelque beauté. C'est dans cette bourgade que se termine la voie verte que nous avions emprunté, Gilles et moi, au pied des vignes, lorsque nous nous entraînions pour le semi marathon, il y a pour moi une éternité.

Arrêt aussi au cimetière de Quincié en Beaujolais, à la recherche de la tombe d'une amie de lycée de Frédéric, morte en 80, à 17 ans, dans un accident de la route. Nous avons fini par la trouver, le cimetière, face, là aussi, à une colline plantée de vignes rougissantes, n'étant pas très étendu. Sur la pierre tombale apparaissaient près du sien les noms de sa grand-mère et de son père, morts également en 80. C'est d'ailleurs en revenant de l'enterrement de sa grand-mère que l'adolescente avait trouvé la mort.

Malgré quelques gouttes de pluie, nous prenons la route de Villefranche-sur-Saône. Je veux faire découvrir à Frédéric la collégiale Notre-Dame-des-Marais que je trouve si belle. Mais, en ce samedi après-midi, les embouteillages de la rue principale réduite à une voie nous dissuadent vite d'insister. A Anse, coup d'oeil en passant au restaurant Chez Ginette, où j'ai déjeuné il y a quelques années. Retour par les rives de la Saône, avec une chaleur d'été et une lumière d'automne, cette luminosité qui rend si belle le petit joyau de l'Ile Barbe.

vendredi 19 octobre 2012

Des fleurs (4): le glaïeul.

Fleur prétentieuse, oui. Mais la seule grande fleur que j'aime. Toujours en pensant au jardin de ma mère, dans mon enfance. Il y en avait chaque année, de différents coloris, pour faire des bouquets. Ceux que je préfère, ce sont les blancs, ou alors les rouge soutenu, couleur sang. Mais, lorsque j'en trouve des blancs, plus rares, je les achète.

 Du latin gladius, gladii, masculin: l'épée, le glaive. Étymologie sans doute due à sa forme élancée, que d'aucuns disent phallique. Moi, je ne le trouve pas agressif, le glaïeul. N'en sectionne-t-on pas l’extrémité pour lui permettre de s'épanouir pleinement? Comme une arme qui ne pourrait plus faire de mal à personne, comme une non-arme. Il est généreux, malgré son absence d'odeur. Une fleur un peu méprisée aujourd'hui et inconnue de mes élèves de latin lorsque je leur en parle. Une sorte de gros muguet, le symbole en moins.

jeudi 18 octobre 2012

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (118)

Gluck, Alceste: Divinités du Styx (Maria Callas)

mercredi 17 octobre 2012

Accabadora

Parfois, on lit un livre quasiment en état d'hypnose. Les yeux suivent les lignes, le cerveau pas. Brumes d'un rhum persistant, pensées galopantes et ailleurs que dans l'histoire. La pire des façons de tourner les pages. C'est dans cet état que j'ai lu Accabadora de Michela Murgia, une quadragénaire sarde que je viens de découvrir.

Et pourtant, j'ai aimé ce livre sombre et sobre, nous replongeant dans une île rude et par ses paysages et par le caractère de ses habitants. Cette femme qui donne la mort à ceux qui la lui demandent parce qu'ils souffrent trop est fascinante, comme est fascinant le regard d'enfant de celle qu'elle a "adoptée" et qui devine peu à peu les secrets qu'elle lui cache au point, finalement, de les faire siens. Rien de trop dans tout cela, et c'est tellement rare.
(Michela Murgia, Accabadora. Ed. du Seuil. Trad de Nathalie Bauer.)

mardi 16 octobre 2012

Nourritures terrestres et autres

Ça y est: les champignons sont mangés! Chez Jean-Claude, bien sûr! Hier les cèpes en lamelles et persillade accompagnés de crêtes de coq. Aujourd'hui les chanterelles avec un lapin fourni par Frédéric et mijoté à la provençale par Jean-Claude. Un régal! Moi, j'avais apporté le dessert: une mousse au chocolat. Soirées gastronomiques qui m'ont fait reprendre un kilo. Mais il n'est pas de trop en ce moment.

 Côté culture, une intervention hier matin au collège. Pour les cinquièmes, un petit spectacle pédagogique destiné à leur faire connaître la musique et les instruments du Moyen-Age. Début un peu hésitant mais ensuite passionnant. L'après-midi, musique encore mais avec les sixièmes: une adaptation d'un roman de Jules Verne par la chorale du collège qui a rattrapé largement le raté du concert de cet été.




Sinon, mon rhum se porte toujours bien, merci. Et la lassante litanie des conseils de classe a recommencé!

lundi 15 octobre 2012

ZEP

Comme Caly, moi ça me fait rire...


dimanche 14 octobre 2012

Un dimanche à la maison

Le fait d'être chez moi alors que je ne devrais pas me procure chaque fois une curieuse sensation: celle que doit ressentir un intrus pénétrant chez un inconnu, un voyeur apercevant ce qu'il n'est pas censé voir derrière le rideau mal tiré d'une chambre à coucher.

Lorsque je ne suis pas chez ma mère le dimanche, je suis ailleurs, le plus souvent hors de Lyon. Aujourd'hui, je ne suis pas chez ma mère et je suis chez moi. Il y a sans doute des lustres que cela ne s'était pas produit. La cause en est un bon virus, transmis par ces charmants bambins du collège, qui a commencé par me brûler la gorge, me faire tousser, puis, peu à peu, transformer l'intérieur de mon crâne en fontaine nasale et brouillard cérébral.

Alors, je suis là. Juste un aller-retour ce matin jusqu'au proche marché pour acheter des fleurs à ma voisine dont c'est l'anniversaire aujourd'hui. Je n'ai même pas pu  faire la bise à cette octogénaire, craignant de la contaminer. Je pensais ne rien faire, me reposer, mais ça, je ne sais pas. Alors, j'ai fait, à un rythme de croisière, en essayant de ne pas emballer la machine qui, si l'on n'y prend garde, passe les vitesses sans qu'il soit nécessaire de le lui demander. Un rapide nettoyage des balcons pour enlever les feuilles mortes et les fleurs fanées, deux lessives, de la paperasse, de la lecture entrecoupée de sommes réparateurs, quelques photos su Flick'r, en m'arrêtant quand j'en avais assez.

C'est fou comme les journées de repos passent vite. Mais le plus dur pour moi, c'est de ne pas sortir, de rester confiné entre les murs de mon appartement. Je tiens ça de mon père qui n'a jamais pu supporter de rester enfermé un jour entier. La rue, les gens me manquent vite. Je suis un homme d'extérieur.
Tiens, je m'aperçois maintenant que je n'ai même pas mis de musique.

samedi 13 octobre 2012

C'est à vous (4)

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus).

Mycologie, gastronomie, Pierres Dorées et carte postale

Aujourd'hui, c'était champignons, sur les hauteurs de l'Azergues comme d'habitude. Bonne cueillette de chanterelles (un peu petites cependant), de violets et surtout, pour ma part, de bolets! J'ai dû en trouver une bonne quinzaine, dont quatre dans les premières minutes, quasiment au bord du chemin. Frédéric n'en revenait pas.

J'aime ces moments seul dans la nature, loin de Lyon, à humer l'automne, à observer, à écouter. Mais, comme l'an dernier, les couleurs que j'aime tardent à se mettre en place: tout est encore plus vert que rouge et jaune. Dommage car cette région resplendit dans les ors de l'arrière-saison.

A midi, repas offert par Jean-Claude dans notre auberge préférée, Les Tilleuls, aux Echarmeaux. Et l'après-midi, en profitant du soleil revenu, un petit tour dans le pays des pierres dorées, à Saint-Jean des vignes et Charnay, petit bourg médiéval à l'imposant château. Le Brionnais et ses églises romanes étaient tout près: ce sera pour une autre fois.

En rentrant, trouvé dans ma boîte la carte postale de Frédéric, envoyée d'Espagne il y a ....un mois.

Ce soir, il faudra trier, laver avant de déguster un prochain jour de la semaine. De quoi faire passer le goût des conseils de classe!

PS: pas de photos, j'avais oublié l'appareil!

vendredi 12 octobre 2012

Deux ou trois frères

Deux frères vivaient dans la même maison. L'un s'appelait "Je serai" et l'autre "J'étais". Ils s'aimaient bien tous les deux et ne pouvaient se séparer l'un de l'autre, malgré la différence d'âge: Je serai était tout jeune, tout fou. On disait de lui qu'il était beau, qu'il était promis à un bel avenir, que le monde allait bientôt lui appartenir. J'étais, son aîné de beaucoup, n'avait plus grand chose qui étonne les autres. On le regardait à peine tant son petit frère était plus souriant et fougueux que lui. Certains évoquaient en catimini le nombre croissant de rides sur son visage, les plus pervers lui reprochaient même de ne pas essayer de les cacher.

Je serai était bavard et l'on écoutait lorsqu'il parlait, ses parents surtout, et ses professeurs. Il avait des tas d'amis tout aussi ambitieux que lui et tout aussi bavards. Quand ils bavardaient tous à la fois, c'était une vraie volière, où plus personne n'entendait la voix de l'autre. Moi qui est une bonne oreille, je peux vous confier un secret: ils disaient tous la même chose.

J'étais préférait être seul ou alors en petit comité. Quelques vieux copains de son âge, parfois, pour passer une soirée à se rappeler des souvenirs. Là aussi, souvent, chacun parlait dans son coin, dans sa barbe pour ceux qui en avaient une, grisonnante et mitée.Mais ça n'avait pas d'importance: tous savaient depuis longtemps ce que l'autre disait. Quand l'un d'entre eux venait à disparaître, n'importe lequel pouvait reprendre la même histoire, à sa façon, mais c'était bien la même histoire.

On disait qu'ils avaient un troisième frère, mais on ne le voyait jamais: il était toujours ailleurs et, quand on croyait le trouver quelque part, il n'était déjà plus là. Insaisissable, celui-là. Il s'appelait Je suis et aucun de ceux qui fréquentaient leur maison ne pouvait prétendre le connaître parfaitement. Un jour comme ci, un jour comme ça, comme le ciel et les nuages.

Pourtant, parfois, Je suis observait ses deux frères et tirait de son observation des connaissances qui, curieusement, l'aidaient à vivre, lui. Ainsi avait-il découvert que Je serai croyait dur comme fer à tout ce qu'il disait mais qu'au fil des années, sa faconde se tarissait peu à peu. Oh! rien de bien visible à un œil insuffisamment exercé, à une oreille pas assez attentive. Mais le fait était là: Je serai apprenait de jour en jour, d'année en année, à se taire. Ses certitudes fondaient comme neige au soleil.

Au contraire, J'étais, bien que souffrant en secret de son pronom érodé qui lui rappelait trop le temps qui passe et le corps qui s'affaisse, semblait, à Je suis qui prenait la peine de porter son attention sur lui, de plus en plus heureux, de plus en plus serein. Bien sûr, lorsque, pour la première fois, il évoquait un vieux souvenir, une histoire ancienne, il hésitait parfois, non que sa mémoire défaille mais parce qu'il se demandait s'il ne la créait pas, cette mémoire, en parlant. D'ailleurs, Je suis soupçonnait J'étais d'écrire aussi, quand il était seul. Pourtant, lorsque Je suis assistait, rarement, aux soirées de son frère, il se rendait compte qu'une fois le premier doute passé, le souvenir évoqué, l'histoire racontée prenaient une sorte de rondeur comme seuls en ont les faits réels. Il n'aurait pas accuser J'étais de mensonge! Non, simplement, il aurait pu dire de lui que c'était un créateur de vérité. Et cette vérité-là était belle.

Alors, au fond de son cœur, un beau jour, Je suis se mit à préférer J'étais à Je serai. L'histoire ne dit pas s'il eut raison.


jeudi 11 octobre 2012

On peut vous le commander

Petit tour chez le libraire Decitre pour acheter le roman que m'a conseillé de lire Jérôme: La Ligue des dames pour le transfert de la papauté aux Amériques, titre que j'avais pris soin de noter puisqu'il m'échappait régulièrement lors de mes précédentes visites. Cette fois, c'est le nom de l'auteur qui ne me revenait pas. Renseignement pris auprès d'un vendeur qui ne connaissait pas et dut consulter son ordinateur, il s'agit de Aldo Alberti.
- "Le livre n'est pas en rayons. Il n'y a pas assez de demandes. Nous pouvons vous le commander."
Je déteste commander un livre: lorsque je veux un titre, il me le faut, et tout de suite, pour toucher le papier, lire quelques phrases au hasard, m'imprégner, dans une sorte d'approche amoureuse.
Mais surtout, c'est le "pas assez de demandes" qui m'a fait réagir.
- "Vous êtes tout de même un des plus grands libraires de Lyon."
- "Oui, mais les rayons ne sont pas extensibles à l'infini!"
Bien sûr, mais ils feraient bien de virer les kilomètres occupés par les "chefs-d’œuvre" de Lévy, Musso et autres scribouillards de la même compagnie! Ça ferait de la place et inciterait sans doute les gens à lire autre chose.
J'avais juste oublié qu'aujourd'hui beaucoup de libraires sont devenus des vendeurs de livres.
Quitte à commander le bouquin de Alberti, j'irai chez mon petit libraire pas très loin du collège.

mercredi 10 octobre 2012

Tsubaki

Tsubaki, en japonais, ça veut dire camélias. C'est aussi le titre du premier roman d'une pentalogie de Aki Shimazako, Le Poids des secrets. Et des secrets, il n'en manque pas dans ce roman pourtant très court, histoire d'une famille (?) de Nagasaki au moment de l'explosion de la bombe, roman d'un auteur que je découvre et qui partage avec la plupart de ses concitoyens l'art de la brièveté et d'une atmosphère légèrement malsaine. Je pense que je vais me laisser tenter par les autres volumes de cette petite somme dont je n'ai pas compris s'ils devaient se lire dans l'ordre ou pas.
( Aki Shimazaki, Tsubaki.  Ed. Actes sud.)

mardi 9 octobre 2012

Où il est question, ou presque, de l'archevêque de Canterbury

La maman de Yannick Noah, Marie-Claire, est décédée il y a quelques jours. J'ai eu l'occasion de la rencontrer voilà bien longtemps au collège où elle était venue présenter son association, Les Enfants de la terre, pour un projet avec nous qui, finalement, ne s'est pas réalisé.  Une soirée que je ne suis pas prêt d'oublier et pas pour les raisons que l'on peut penser.

A l'époque, j'ignorais totalement que Marie-Claire Noah était blanche: le monde du tennis, tout autant que ce sport, ne m'intéresse guère. Je suis arrivé en retard ce soir-là dans la grande salle où avait lieu la réception. Je ne savais pas de quoi il s'agissait mais, en tant que membre du Conseil d'Administration, je me devais d'être présent. A mon arrivée, une mère d'élève très dynamique m'attrape par le bras et me susurre, gourmande:
- Si je vous dis Noah, ça vous évoque quelque chose?
- Moi, vous savez, à part le tennisman...
- Eh bien, justement, cette dame blonde, là-bas, c'est sa maman! Venez, je vais vous présenter."

Croyant à une blague, j'avais la bouche ouverte pour répondre: "Et moi je suis l'archevêque de Canterbury!" mais j'eus la bonne idée de me taire, in extremis. On m'a donc présenté  et le courant a circulé immédiatement entre nous deux, à tel point que nous avons passé ensemble une bonne partie de la soirée, à plaisanter, et, je m'en souviens, à disserter longuement sur les avantages de congeler son vieux pain...

Lorsqu'elle eut sacrifié à ses devoirs d'invitée, en fin de soirée, elle me chercha dans la foule, et, de loin, m'adressa un grand geste d'au revoir et d'amitié. Sans doute cette femme simple s'était-elle moins ennuyée avec moi qu'avec les autres participants un peu trop obséquieux.Pour être complet, je dois dire que je lui avais avoué la remarque que j'avais failli faire et qu'elle en avait bien ri.

lundi 8 octobre 2012

Des mots démodés (6)

Mes parents recevaient parfois lorsque j'étais enfant, le dimanche en général, et alors, il fallait se tenir à carreau, ne pas s'amuser à l'extérieur, ne pas salir les habits sortis pour la circonstance, "prendre ses précautions" avant le repas, c'est à dire ne pas demander d'aller aux toilettes alors que nous étions à table, faire attention à son langage, réduit, d'ailleurs au minimum puisque, en principe, seuls les adultes avaient le droit de participer à la conversation. Un jour donc que nous, les gamins, nous n'aimions guère, plus pourtant que celui de la lessive où ma mère n'était pas à prendre avec des pincettes, parce que certains des invités étaient finalement assez drôles.

Ces jours-là, mon père sortait une bouteille de "vin vieux". J'ai toujours vu du vin à la table de mes parents, même en semaine, mais celui-ci devait être exceptionnel puisque c'était du "vin vieux". Comme nous n'y avions pas droit, je n'ai jamais su exactement de quoi il s'agissait: un vin sirupeux? un vin vieilli en cave avant d'être consommé? un vin qui se démarquait du vin nouveau (mais je n'ai aucun souvenir d'avoir vu de ce dernier à l'époque)? Un vin, quoi qu'il en soit, qui devait mériter la table de fêtes puisque, même en prononçant ce nom, mon père donnait déjà l'impression d'y goûter en gourmet.

Aujourd'hui, je n'ai pas l'impression que cette expression s'emploie encore. Je resterai donc sur mes doutes, un peu comme pour un mythe que l'on a du mal à comprendre.

dimanche 7 octobre 2012

Un jour, le crime

Le problème avec les livres de Jean-Bertrand Pontalis, c'est qu'ils sont trop vite lus et qu'il faut attendre longtemps ensuite qu'il en paraisse un autre. J'ai déjà dit ma proximité de pensée avec cet homme, proximité qui fait que je ne me trouve que très rarement en désaccord avec lui. Et même si, de tempérament, je suis loin de partager son calme, j'admire ce "philosophe" serein mais pas tranquille.

Livre cette fois-ci sur la violence, irracontable, irrésumable, comme chaque fois, tant son esprit est libre et vagabonde loin des sentiers d'un plan pré-établi d'écriture. Je "corne" de nombreuses pages et, à la fin, le livre a doublé de volume. C'est lui qui a fait naître en moi l'idée des faits divers fictifs, en citant un auteur que je ne connais pas, Félix Fénéon, et son ouvrage: Nouvelles en trois lignes.

Une page aussi qui m'a arrêté, dans le chapitre Ce que nous cherchons à conjurer, et que je cite en partie:
Je pense à Raymond Queneau, je pense à Pierre Bergounioux qui, à peine sorti du sommeil - il note l'heure exacte de son réveil - et avant de rejoindre le collège où il enseigne, relate en détail ce qu'il a vécu la veille. Pourquoi? afin que le jour à venir n'efface pas le précédent, pour que lui, Pierre Bergounioux, ne s'efface pas lui-même, ne soit pas l'auteur de son propre effacement.. Dans ses carnets, il ne parle pas de ses livres en cours, rarement des événements collectifs. Non, il y est question de l'achat d'un nouveau réfrigérateur, de la visite d'un maçon, de rangements, d'un encombrement sur l'autoroute ou, sur le même ton, d'un drame bouleversant.
Au cours d'un entretien récent, l'auteur dit vouloir retenir la grâce éphémère et fragile d'instants de vie.
Nous somme là à l'opposé d'un journal intime et de sa complaisance à soi. Il s'agit d'un travail de greffier, d'une tâche minutieuse de scribe dont l'écriture se doit d'être précise, sans effet de style, modeste. Ainsi confère-t-elle aux jours une netteté et un sens qui lui font défaut.
A quoi sert ce travail? A peu de chose. Peut-être à rien. Et c'est ce qui lui donne à mes yeux un pris inestimable.
( J-B Pontalis, Un jour, le crime. Ed. Gallimard.)

Faits divers antiques et en toc (1)

Grèce: Un jeune garçon a été  enlevé hier en début de journée par un aigle alors qu'il faisait son jogging quotidien le long des remparts de sa ville de Troie.
Le jeune Ganymède venait à peine de commencer son tour des remparts de Troie lorsqu'un aigle d'une envergure exceptionnelle a foncé sur lui du haut du ciel et, l'attrapant par les épaules avec ses serres puissantes, l'a bientôt caché à la vue des passants médusés. Certains témoins ont affirmé avoir vu le rapace effectuer depuis plusieurs jours des cercles rapprochés au-dessus des remparts de l'illustre cité. Les parents de l'adolescent sont très inquiets. Une alerte enlèvement a été déclenchée.

jeudi 4 octobre 2012

Gaspillage

Hier, je suis allé à la banque récupérer ma nouvelle carte bleue puisque la précédente avait expiré dimanche sans que j'y aie pris garde (j'ai eu l'air malin en voulant payer mes courses mardi avec!). En me la donnant, l'employée me tend également une liasse de papiers de cinq feuilles dont certaines recto/verso, à lire normalement avant de signer. A ma question: "Il y a quelque chose de changer en ce qui me concerne?", elle me répond avec un grand sourire "Non!'. Alors pourquoi ce gaspillage inutile de papier? Un simple feuillet avec pour mention "c'est comme avant" ne suffirait-il pas? Je sais, je suis parfois un rustre...

Voyage en France (re)

En terminant le récit d'Henry James, j'ai noté deux choses bien intéressantes:

- d'une part, l'auteur avoue lui-même le défaut que je lui reprochais de souffler toujours le chaud après le froid (ou l'inverse selon les pages, et plus fréquemment): "Je m'empresse d'ajouter, fidèle à ma coutume (que certains de mes amis ne supportent pas) de toujours redresser la balance après l'avoir bien fait pencher, que....". Au moins en a-t-il conscience, mais je comprends ses amis!

- d'autre part, au chapitre intitulé Vaucluse, j'ai eu la surprise de lire que l'américain avait séjourné dans cette ville à l'Hôtel de l'Europe ("situé dans un petit creux juste derrière la porte de la ville qui ouvre sur le Rhône"). Il se trouve que je connaissais bien cet hôtel dans mes premières années d'adulte puisqu'un de mes meilleurs amis en était à cette époque le propriétaire et que je m'y suis enivré pour la première fois de ma vie, aidé en cela par son portier de nuit (le patron n'étant pas là ce soir-là) qui, ce faisant, avait des intentions très précises à mon endroit et j'emploie là le terme exact). Mais çà, Henry James ne le dit pas, évidemment!

mercredi 3 octobre 2012

Edward Hopper

J'avais fait, il y a quelque temps, toute une série de billets de fiction en prenant pour appui des tableaux d'Edward Hopper, peintre américain que j'apprécie particulièrement. A l'occasion de l'exposition consacrée à cet artiste, d'Octobre 2012 à janvier 2013 au Grand Palais à Paris, Télérama vient de sortir un Hors-série qui lui est consacré. Pour ceux que cela intéresse...

Voyage en France

Il est rare que je parle ici d'un livre avant de l'avoir terminé. Pourtant, avec Henry James et son Voyage en France, je crois avoir compris l'idée générale et sa façon de concevoir les choses. Lors de ce séjour chez nous, Henry James voyage en Touraine (Tours, Blois, Chambord, Amboise, Chaumont, Chenonceaux, Azay, Langeais, Loches...) puis dans le sud-ouest (Toulouse, Carcassonne...), en Provence (Nîmes, les Baux, Avignon...) et enfin en Bourgogne (Macon, Beaune...).

A chaque étape, il prend des notes aussi bien sur les monuments les plus significatifs que sur les moyens de transport ou les lieux d'hébergement. Si certaines remarques sont assez pointues et même parfois drôles, l'ensemble laisse pourtant un goût amer qui finit par lasser. Est-ce par ce qu'il a entrepris ce périple juste après la mort de sa mère que ce monsieur se montre aussi souvent négatif? Rien, ou bien peu, ne trouve grâce à ses yeux, ou plutôt chaque moment de plaisir décrit est immédiatement suivi (parfois précédé) d'une critique comparative acerbe. Je ne sais pas en quel état étaient ces villes en 1892, année de son voyage, mais ce qu'il en dit n'incite guère à les visiter, et je ne retrouve pas, dans ce qu'il dit, les impressions que j'ai ressenties sur place dans les sites que j'ai connus moi même.

Il résulte de cette façon de présenter les choses un arrière-goût désagréable de parti pris systématique et de snobisme anglo-saxon qui m'agace profondément.
(Henry James, Voyage en France, Ed. Robert Laffont. Trad. de Philippe Blanchard)

lundi 1 octobre 2012

C'est à vous (3)

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus).

Du rêve comme un plaisir, uniquement

J'entendais l'autre jour une émission de France Inter, Sur les Épaules de Darwin, émission consacrée ce jour-là aux rêves. Lorsque j'étais adolescent, j'avais été enthousiasmé par la lecture du livre de Freud sur le sujet, L’interprétation des rêves, et par tout ce que je lisais de Freud d'ailleurs à cette époque.

Aujourd'hui, je m'en fous, et de Freud et des rêves en général. Je ne cherche plus depuis longtemps à interpréter les miens (si tant est que cela soit possible). Je les oublie la plupart du temps, et ceux dont je garde la trace ne m'apportent tout au plus qu'un divertissement agréable comme la lecture d'un bon roman.

Pourtant, il y en a que j'aime bien. Ce sont ceux du petit matin, ceux qui précèdent à peine le réveil. Parce qu'il en sont déjà imprégnés, que la conscience est déjà là, tapie derrière les pensées oniriques. Parce que je sais que je rêve et que le rêve va finir, mais pas tout de suite, que je n'ouvrirai les yeux que quelques instants plus tard. Le même phénomène se produit lorsque je m'endors un instant devant la télévision et que la musique ou les dialogues du film font une sorte de contre-chant aux images qui défilent dans mon cerveau. Une vraie gourmandise!