jeudi 30 octobre 2014

Etat des lieux

L'appartement est vide. Moi aussi.

dimanche 26 octobre 2014

Sortie

Vendredi, c'était champignons ! Une poignée ramassée après plusieurs heures de cueillette. Juste de quoi faire une omelette le soir. Pas grave : il faisait doux, le soleil était là et le repas de midi au restaurant simple mais bon. Et de la bonne humeur en plus. Tout cela réuni le même jour n'est pas si fréquent, après tout, en ce moment.
Peu de photos. En voici une, mais je doute que ces spécimens soient comestibles.

Fiction (20)



- Nous vécûmes séparés encore quelques mois mais les parents de Tom finirent par se rendre compte que nous nous aimions vraiment. Ce qui prévalait pour eux, c’était de rendre heureux leur fils et son bonheur passait par moi. Ils m’invitèrent un soir à partager leur repas. Dans la voiture, sur le chemin, j’appréhendais beaucoup la rencontre et à raison, car le début de la soirée fut plutôt tendu. La mère se cantonnait dans un silence glacial mais son père ne cessa de me poser des questions auxquelles je répondis le plus naturellement possible dans l’état où je me trouvais. J’avais les paumes des mains moites et ne cessais de les essuyer sur ma robe, dessous la table. Quant à Tom, il ne tenait pas en place sur sa chaise. 

Ma franchise et mon naturel extérieur durent faire leur effet car bientôt l’atmosphère se détendit. Nous en vînmes même à parler longuement de Maupassant, passion que nous avons en commun avec le père de Tom. Sa mère osa bientôt un sourire et fut ravie que je lui demande quelques conseils culinaires. Quand je les quittai, fort tard, j’avais gagné la partie. 

Nous nous mariâmes quelques mois plus tard. Nous n’étions que quatre à la cérémonie : Tom, ses parents et moi. Les miens sont morts dans un accident de la circulation il y a longtemps. Mais ce fut le plus beau jour de ma vie et de celle de Tom sans doute. Quand il me prit dans ses bras pour me faire franchir le seuil de notre nouvelle maison, je me sentis redevenir une vraie gamine. Nous n’étions pas très riches, puisque Tom continuait ses études mais cela ne nous gênait pas. Tom a beaucoup de sens pratique et avec des riens, il décora notre intérieur de façon merveilleuse. 

Elle avait les yeux qui brillaient à l’évocation de cette période heureuse. C’était un plaisir de la voir, rayonnante en prononçant ces paroles. Mais je pressentais qu’elle en arrivait peu à peu à des souvenirs plus pénibles. 

- Lorsque Tom, une fois ses études terminées, gagna enfin sa vie, nous nous aimions toujours autant. Bientôt, nous voulûmes avoir un enfant.  Nous avions tout prévu : la petite pièce qui me servait de bureau où corriger mes copies serait transformée en chambre de bébé ; après mon congé, nous avions les moyens d’embaucher une nourrice. Nous avons passé de longues soirées à choisir un prénom, ou plutôt deux, un de fille et un de garçon. Nous avons beaucoup ri en imaginant ce que donnerait l’association du nom de Tom avec les prénoms pressentis. Certaines fois, nous trouvions le résultat fade, d’autres fois dissonant, parfois drôle. L’un voulait ce prénom, l’autre préférait celui-là, mais nous finîmes par nous mettre d’accord. 

Hélas, toutes nos tentatives demeurèrent vaines. Nous consultâmes différents spécialistes, gynécologues, psychologues et même sexologues. On nous suggéra des régimes soi-disant appropriés, des positions pour faire l’amour plus susceptibles de porter leurs fruits. Rien n’y fit. Nous refusâmes une seule chose : les examens pour savoir lequel des deux était stérile. Nous redoutions que l’autre, même inconsciemment lui en veuille. C’est un peu lâche comme attitude, mais nous voulions tourner la page et continuer à nous aimer comme avant. Le temps que nous passions auparavant à tirer des plans sur la comète de notre futur bébé, nous le passâmes alors à nous persuader qu’il y avait dans la vie des problèmes plus importants et que notre couple était suffisamment fort pour surpasser cette épreuve.

Ce fut le cas quelques temps. Je me sentais coupable mais j’arrivais tant bien que mal à cacher mon mal-être à Tom. Nous sortions souvent, au cinéma, au théâtre et nous nous mîmes avec plus d’intensité encore au sport. Nous faisions de longues balades à pied ou en courant, nous allions régulièrement à la piscine. En fait, nous cherchions à nous étourdir et nous n’y parvenions pas. Je voyais peu à peu Tom perdre son sourire. Il n’était plus le même et, quand il ne savait pas que je l'observais, il portait sur le visage un masque de profonde tristesse. Il y eut des disputes, de plus en plus violentes. Nous étions tous deux à fleur de peau. 

Un jour, un ami nous suggéra de faire une demande d’adoption. Cela ramena le sourire chez nous : nous avions un os à ronger. Mais une fois la démarche lancée, nous attendîmes plusieurs mois sans que la situation progresse. Malgré plusieurs relances, nous n’eûmes jamais la joie de recevoir une réponse positive. Il y a bien longtemps de cela maintenant et nous avons aujourd’hui perdu tout espoir de réussir. Alors, vous voyez, nous voyageons !

Et, à ma grande surprise, elle éclata de rire. Elle venait de mettre fin, de façon assez abrupte, à ses confidences et semblait vouloir les gommer par son ultime pirouette. 

Le retour au gîte se fit dans un silence total.

mardi 21 octobre 2014

Gamines

Après le portrait d'une femme du XIX° siècle, celui d'une gamine de la Croix-Rousse, de ses sœurs, de leur mère et de la famille italienne qui gravite autour.

Ici, plus de longues analyses psychologiques, plus de combats à fleuret moucheté. Nous sommes au XX° siècle, à Lyon, dans un quartier à cette époque populaire. Une mère, séparée de son mari, tente d'élever ses filles tout en travaillant. Trois filles, Corinne, Sybille et Georgette. La cadette, la narratrice, est la plus difficile, celle qui se rebelle et qui veut savoir. Elle raconte la vie de tous les jours dans un style oral souvent poignant, vie dont émerge des moments forts comme les vacances en Italie, l'arrivée de l'"ami" de la mère ou les retrouvailles avec le père dont elle ne connaît qu'une photo du temps du couple heureux.

Je connaissais Sylvie Testud comme comédienne. Je l'avais particulièrement appréciée dans Stupeur et tremblements, film tiré du roman éponyme d'Amélie Nothomb. Son roman est à son image, naturel, réservé et plein d'une sorte de tendresse sauvage.
( Sylvie Testud, Gamines. Ed. Fayard.)

lundi 20 octobre 2014

Feuille finissante

dimanche 19 octobre 2014

Fiction (19)



- Tom a quelques années de moins que moi. Lorsque je l’ai connu, il sortait à peine de l’adolescence alors que moi j’étais déjà une adulte. Je ne sai  si vous croyez aux coups de foudre, mais, entre nous, ça y ressembla fort. Il était entré à l’université où j’étais professeur de français. Quand je l’ai vu au fond de l’amphithéâtre, si beau, si sain, dépassant tous les autres étudiants d’une bonne tête, avec son grand sourire sincère, j’ai été troublée. Profondément troublée. 

J’ai essayé de lutter contre ce trouble, de toutes mes forces : je ne m'adressais jamais à lui, ne le regardais que lorsqu’il avait la tête baissée sur ses notes et que j’étais sûr qu’il n’intercepterait pas mon regard. Lorsqu’en fin de cours, il s’approchait parfois de mon bureau pour demander un éclaircissement, je prétextais toujours un rendez-vous ou une affaire urgente à régler. J’avais tellement honte de ce que je ressentais : il était si jeune et j’étais mariée depuis plus d’un an. 

J’aimais mon mari mais pas de cette façon-là. Nous avions acheté une petite maison et nous apprêtions à vivre la vie de ceux de la classe moyenne hollandaise. Jusqu’à ce que je rencontre Tom, cela me paraissait douillet, confortable, rassurant.  Et puis tout fut bouleversé par ses yeux. La première fois que je m’enhardis à soutenir son regard, j’ai cru me noyer dans cette mer calme. J’étais à bout de force, je ne pouvais plus nier mon attirance. J’avais envie de me serrer contre lui, de sentir ses bras m’enfermer. Je voulais qu’il m‘enlève, qu’il m’emporte loin de l’université, loin de la petite maison, loin de ce triste confort. 

Elle s’arrêta pour boire une gorgée de sa boisson pétillante. 

- Tout cela doit vous paraître terriblement… comment dites-vus en français : « fleur bleue ? » pour une adulte de mon âge à cette époque. C’est pourtant ce que j’ai ressenti. Un soir, après le dernier cours, il s’est attardé à son bureau. Il feignait de rechercher des clés au fond de son sac. Moi, je tremblais de tous mes membres en rangeant les feuillets étalés sur ma table. Et puis il est descendu vers moi. Je me souviens que les escaliers de l’amphithéâtre grinçaient sous son poids. J’ai senti son parfum, frais, viril et j’ai rendu les armes. 

Quand nous nous sommes regardés, il n’y a pas eu besoin de mots. Il était timide, je l’impressionnais. C’est moi qui l’ai embrassé la première. Il avait les lèvres fraîches et puissantes quand il les a écrasées contre les miennes. Un homme enfant, brusque et maladroit dans son étreinte. Mais jamais je n’avais été aussi heureuse. Nous avons fait l’amour dans la salle, sans même trembler à l'idée que quelqu’un nous surprenne. Nous étions devenus fous, fous de nous-mêmes, de nos baisers, de nos caresses, de nos audaces. Et quand nous avons réajusté nos vêtements froissés, il m’a souri. J’aurais voulu mourir ce jour-là.

Pendant qu’elle parlait, elle revivait sa passion et ses pommettes s’étaient teintées de rose, sous l’effet de l’excitation ou des révélations intimes qu’elle était en train de me faire. 

- Bien vite, des professeurs et même d’autres étudiants s’aperçurent de notre amour. Nous faisions tout pour le cacher. Nous n’avons jamais renouvelé nos étreintes dans la salle de l’université. Nous nous retrouvions dans une autre ville, dans un hôtel où personne ne nous connaissait. Moi, je prétextais des réunions avec de collègues. Lui faisait croire à ses parents qu’il partait en randonnée à bicyclette. Malgré nos précautions, le bruit se mit à courir que nous étions amants. Un jour, mon mari l’apprit. Je ne lui ai pas menti. C’était bien le moins que je lui devais. Il crut d’abord à une passade sans lendemain, qu’il aurait pu me pardonner. Mais il comprit vite qu’il ne s’agissait pas de cela. 

Un jour, dans la ville où nous nous réfugions, Tom croisa un ami de son père. Le lendemain, ses parents étaient au courant et notre liaison éclata au grand jour. On lui interdit de me voir, il passa outre. On l’envoya étudier ailleurs, je le rejoignais dès que mes cours me le permettaient. Comment vous le dire : les difficultés avaient décuplé notre envie d’être ensemble. Nous étions malheureux l’un sans l’autre, si heureux allongés dans les draps froissés à regarder les rais de lumière lentement progresser sur le parquet alors que peu à peu nous sombrions dans un sommeil rassasié. 

Mais cela ne pouvait pas durer. Mon mari demanda le divorce et l’obtint facilement. Nous revendîmes la maison et je louai un studio minuscule aux abords de l’université où je continuais à donner mes cours. Mais, dans mon travail aussi, la situation se dégrada. Pendant que j’expliquais un texte classique de votre littérature à mes étudiants, je sentais confusément une ambiance plus lourde que quelques mois plus tôt. S’il s’agissait d’un poème d’amour, il arrivait que des rires sarcastiques fusent dans la salle. 

Notre société est tolérante mais elle a encore quelques tabous. On me jugeait : j’avais détourné un élève que l’on m'avait confié pour faire son éducation. Un jour, l’administration me convoqua et, sans aborder de front le fond du problème, on me fit comprendre qu’il serait bon que je postule pour un autre poste ailleurs. On avait justement entendu parler d’une chaire susceptible d’être vacante à Arnheim à la rentrée suivante.

Nous commandâmes un autre verre car je pressentais qu’elle avait encore bien des choses à me confier : elle ne m’avait pas encore parlé des enfants qu’elle aurait voulu et qu’elle n’avait pas pu avoir.

vendredi 17 octobre 2014

Encore

Dans quinze jours, c'est la Toussaint. Je viens seulement de m'en rendre compte. Il fait ici un temps de printemps. A table, à midi, avec Frédéric, sur la terrasse de Patrick, nous avions trop chaud. Et dans quinze jours, il faut remettre ça : les fleurs, les cimetières, les morts. J'en ai une indigestion.

mardi 14 octobre 2014

Par le vide

L'appartement se vide, peu à peu, avec l'aide de quelques amis dont Frédéric et Jean-Claude. Nous avons beaucoup donné, à Maria, à ses enfants, à droite, à gauche. Les Sans-Abri viendront bientôt prendre les derniers meubles qui les intéressent. Ma sœur et moi avons récupéré deux ou trois choses dont nous ne voulions pas nous séparer, objets essentiellement liés à notre enfance, où dont nous pouvions avoir l'utilité.

Pour ma part, j'ai pris de la vaisselle, des livres bien sûr, le réfrigérateur qui remplacera le mien déjà vieillot et les éléments de bibliothèque, plus jolis que mes étagères blanches.

Résultats : trois appartements transformés en bazars, l'un qu'il faudra rendre à la fin du mois, les deux autres attendant que l'on ait le temps de ranger les nouveautés. Autre résultat : une fatigue physique certaine, plus due au mental qu'aux efforts que nous avons fournis. Peu à peu, l'univers de ma mère se désagrège et il me tarde que ce soit fini !

Portrait de femme

Un pavé, une somme, peut-être bien un chef-d’œuvre ! Après avoir vu, un soir à la télévision, le film de Jane Campion avec Nicole Kidman et John Malkovich, film qui m'avait emballé, j'ai eu envie de lire le roman d'Henry James dont il est tiré : Portrait de femme.

Et je n'ai pas boudé mon plaisir. D'abord parce que j'y retrouvais de nombreuses scènes marquantes du film qui est incroyablement fidèle au roman bien que ce dernier soit, évidemment, plus touffu. Ensuite parce que j'ai réappris à lire lentement, en savourant le style et l'analyse psychologique. Je connaissais déjà Le Tour d'écrou, du même auteur, une nouvelle beaucoup plus courte mais captivante dont Benjamin Britten a fait un opéra. Ici, nous voyageons d'Angleterre en Italie, de Florence à Rome sur les pas d'Isabel Archer dont la récente fortune associée à un certain idéalisme fera son malheur.

Henry James, par certains côtés écrit comme l'on écrivait au XIX° siècle, en prenant son temps, en analysant, en décrivant. J'avais aimé ça chez Balzac ou Zola, j'ai aimé ça chez James même si je n'en avais plus l'habitude. Mais par d'autres côtés, il est incroyablement moderne par certaines notations et le caractères de ses personnages. Un vrai délice, quoi !
(Henry James, Portrait de femme. Ed. 10/18. Trad. de Claude Bonnafont.)

dimanche 12 octobre 2014

Fiction (18)



Je sentis qu’elle était prête à m’en dire davantage. Son visage exprimait une grande douleur qui le vieillissait de plusieurs années tant ses traits s’étaient soudain durcis. Une seule fois en trois jours, j’avais vu ce masque sur elle, mais aujourd’hui, elle ne faisait rien pour me le cacher. Malheureusement, la serveuse qui avait vu que nous avions fini nos lasagnes s’avança pour nous proposer un dessert ou un café. Lorsque nous eûmes commandé deux expresso, le moment était passé. 

Je n’eus pas l’audace de la relancer sur le sujet. D’ailleurs elle-même détourna la conversation sur tout autre chose, en me montrant une passante dont l’accoutrement avait de quoi surprendre. Malgré un âge avancé, elle portait une jupe très courte, faite de voilages de longueur différente et une sorte de veste à brandebourgs tout droit sortie  d’un magasin d’accessoires de théâtre. Elle ne semblait pas jouir de toute sa raison, impression confirmée par le petit chapeau ridicule qu’elle avait épinglé sur sa chevelure grisonnante et qui se terminait par une sorte de queue en point d’interrogation, un peu comme autrefois en arborait une le professeur Nimbus.

J’eus à peine le temps d’immortaliser la scène en prenant cet énergumène en photo, de dos comme j’ai déjà expliqué que j’ai l’habitude de le faire. Le sourire était revenu sur le visage de Dorée et, lorsqu’elle me regarda à nouveau, il exprimait même une sorte de tendresse à mon égard. Cette femme me surprenait de plus en plus par la faculté qu’elle avait de changer aussi vite d’expression.

- Vous savez, me dit-elle, j’ai senti dès que je vous ai vu, il y a quelques jours, que je pouvais vous faire confiance. Vous méritez sans doute quelques explications sur mon attitude qui doit vous paraître un peu bizarre. Mais je ne veux pas vous gâcher davantage votre journée. Je vais régler l’addition et puis nous rentrerons. A moins que vous n’ayez l’intention de voir autre chose ?

Visiblement, elle attendait que je lui propose une autre visite. Il n’était pas tard et nous avions grandement le temps. Je comprenais qu’elle n’avait pas envie de retrouver Tom trop tôt et, de mon côté, je ne me voyais pas passer le reste de l’après-midi au gîte. Que pouvions-nous visiter près de Pise ? En regardant la carte le matin même, j’avais noté que Livourne n’était pas très loin. Je ne connaissais pas ce port et le guide que je consultai en buvant mon café n’en faisait pas un site à ne manquer sous aucun prétexte. C’est pourtant là que je lui proposai d’aller.

Elle accepta immédiatement, ravie de mon idée, comme elle aurait été ravie de n’importe quelle autre. J’étais moi-même assez content que ce moment de relative intimité se poursuive un peu plus longtemps.  J’apprenais peu à peu à la connaître et je bouillais d’en savoir davantage car je sentais que cette femme cachait sous son sourire un secret qu’elle avait envie de partager.

Effectivement, la ville de Livourne n’a rien de bien exceptionnel. Nous faillîmes même rebrousser chemin devant la difficulté de se garer. Finalement, dans une des ruelles près du vieux port, je parvins tant bien que mal à me stationner et nous enfilâmes la rue principale, une rue aux arcades commerçantes comme à Turin mais que des travaux importants défiguraient cet été-là. Nous avions eu sur la route une menace d’orage mais maintenant le soleil était réapparu et il faisait une chaleur accablante. 

Nous ne restâmes pas longtemps devant le monument des Quatre Maures car le bord de mer n’offrait aucune fraîcheur supplémentaire et nous préférâmes regagner les arcades où nous nous installâmes à une terrasse de café à l’ombre pour nous désaltérer. Nous aurions pu reprendre notre inspection des passants mais le cœur n’y était plus et, visiblement, les piétons de Livourne n’offraient rien d’affriolant. Nous gardâmes un long moment le silence en sirotant notre boisson gazeuse. Ce mutisme aurait pu devenir gênant. Pourtant, je me sentais bien et Dorée paraissait également apprécier notre état léthargique. 

Et puis, sans que rien ne l’annonce, elle se mit à parler.