samedi 30 septembre 2017

La ville, en bas

Un soir, en regardant je ne sais quel film à la télévision, un souvenir poignant m'a assailli, souvenir sans rapport avec le film mais qui, à ce moment-là, avait dû trouver l'issue des méandres de ma mémoire.

C'était peu de temps avant la mort de Pierre. J'allais le voir chaque jour, constatant, impuissant, les progrès de la maladie. Ce jour-là, je ne pus plus supporter cette chambre, blanche et froide, où rien ne se passerait plus que l'inéluctable. Il me fallait sortir, m'échapper, en emmenant Pierre avec moi. A une infirmière qui passait, je demandais l'autorisation de l'emmener dans le parc une fois qu'elle m'aurait aidé à l'installer sur son fauteuil roulant. C'était un tout petit parc, mais qui domine la ville.

A ma grande surprise, l'autorisation me fut accordée. Sans doute, pour elle et les médecins, les jeux étaient-ils faits : pourquoi refuser cette sortie qui ne risquait pas de lui faire plus de mal que la saloperie qui le rongeait ? Avec d'infinies précautions, je l'emmenai jusqu'au petit banc et installai son fauteuil à côté de moi.

C'est alors qu'il sourit, un petit sourire à peine esquissé qui pouvait passer pour une grimace mais où je vis son contentement : cela faisait des mois qu'il n'était pas sorti de sa chambre. Nous étions au printemps, il faisait doux, extraordinairement doux. Malgré la clémence de la température, je l'avais emmitouflé dans sa vieille polaire grise que j'ai encore aujourd'hui dans mon placard. Du vêtement, sa tête émergeait, pâle, émaciée, mais calme, comme rassérénée.

Je ne pus le regarder plus longtemps, je  ne voulais pas qu'il voie mes yeux emplis de larmes. Alors, comme lui, je regardai la ville, en bas, qui sortait de l'hiver, bruissante de l'activité des bien-portants, inconsciente, insensible à ce qui se jouait dans ce parc. Dernier instant de communion, la main dans la main, dernier sourire avant la nuit.

vendredi 29 septembre 2017

Pour en finir avec la Catalogne

Afin d'être tout à fait complet et parce que certains ne manqueront pas de me le réclamer, je dois aussi parler des restaurants ! Peu, à vrai dire, mais deux m'ont particulièrement marqué.

Le premier près de Poblet, dans une auberge de campagne que nous avons été très contents de trouver, tant la petite ville voisine en manque. Une auberge comme je les aime, sans prétention, sans menus affichés et aux tout petits prix. Tout y était excellent et abondant, de la paëlla (en entrée !) aux calamars qui ont suivi, accompagnés d'un bon petit rouge bien frais.

Le second, comme un rite, la veille de mon départ, à Palamos, pas sur le port mais dans une rue parallèle. J'avais déjà apprécié sa cuisine il y a deux ans (l'an dernier, il était fermé) et n'ai pas été déçu cette fois encore : morue gratinée à l'ail, arroz negro, autrement dit riz à l'encre de seiche et, en désert (moi qui en voulais un léger, tant j'avais le ventre plein), un pyjama : énorme assiette de sorbets de différents parfums avec ananas en tranches et crème chantilly !

Enfin, après notre visite de Poblet, nous nous sommes rendus dans cet endroit où je n'avais jamais mis les pieds et où je ne les remettrai sans doute jamais, tant la faune concentrée m'y a fait penser à une sorte de Gay Pride qui aurait envahi toute une ville. Je n'ai jamais aimé les régiments ni les uniformes, aussi "légers" soient-ils parfois. Mais où était-ce ? Pour vous aider, la seule photo que j'y ai prise :

Trouvaille (littéraire)

Un des deux Dupond(t), me voyant un roman à la main, s'est mis en tête de vouloir me donner des conseils de lecture. J'étais très curieux de savoir où cela nous emmènerait et je n'ai pas été déçu ! Il m'a parlé d'une trilogie qu'il venait de lire et dont j'ai aujourd'hui oublié et le titre et l'auteur. Mais il m'a surtout donné un conseil fort judicieux :
- C'est passionnant mais, pour bien savourer, je te conseille de commencer par le premier tome.
(C'est vrai, je n'y aurais pas pensé tout seul!)

jeudi 28 septembre 2017

Abbaye de Poblet (3)

L'église :
Construite en 1166 sur une architecture romane où les techniques gothiques, comme la croisée d'ogives, commencent à apparaître, elle est très vaste et ne respecte pas la forme cistercienne traditionnelle, avec un chevet plat remplacé par une abside autour de laquelle court un déambulatoire.








Retable renaissance de Damian Forment
 

Les tombes royales :
Une dizaine de rois d'Aragon sont enterrés à Poblet, de Alphonse II le Chaste (1196) à Jean II d'Aragon (1479), ainsi que quelques-unes de leurs épouses, dont Yolande de bar (1431) et Eléonore d'Albuquerque (1435). Désinstallées en 1835, lors du désamortissement, elles réintégreront l'église en 1952.




Abbaye de Poblet (2)

Le cloître : 
Il est particulièrement vaste (42 mètres de long et 35 de large) et mêle, comme l'abbatiale, styles roman et gothique.













Les parties les plus anciennes sont la galerie sud et le lavabo autour duquel se trouvent les bâtiments les plus anciens (XII° et XIII°) : salle capitulaire, réfectoire, cuisine, bibliothèque, ancien scriptorium et, à l'étage, le dortoir.


Cuisine

Salle capitulaire

Dortoir


Abbaye de Poblet

Relative déception dans la découverte de Poblet, qui était pourtant le but principal de notre virée ce jour-là. Après Santas Creus, peut-être était-ce l'abbaye de trop. Pourtant, question abbaye, j'ai toujours une bonne résistance. En fait, autant l'atmosphère de Santas Creus prête au recueillement et à la méditation pour ceux qui le désirent, autant Poblet m'est apparu comme plus commercial et plus touristique : boutique à l'entrée, cars sur le parking, hôtel intégré et surtout cet affreux bonhomme au sourire constamment figé sur le lèvres et qui vous presse de quitter les différentes salles pour fermer derrière vous (l'abbaye est toujours occupée). Donc visite relativement au pas de course, ce qui n'est guère de mon goût.



Poblet est aussi une abbaye cistercienne (et le panthéon des rois d'Aragon depuis Alphonse Ier -vers 1073-1134). Ce sont des moines de Fontfroide qui la bâtiront sur des terres tout juste reconquises sur l'occupant arabe (1151). Après avoir connu son apogée au XIV°, elle sera occupée jusqu'en 1835, date du désamortissement de Mendizabal qui consista à mettre aux enchères des terres et des biens jugés improductifs. Mais une nouvelle communauté cistercienne s'y réinstallera en 1940.

Le monastère compte trois enceintes. Celle de l'extérieure abrite des bâtiments du XVI° (réserves, ateliers, logements pour les travailleurs laïcs) et la chapelle gothique Sant Jordi (1452). Elle communique avec la seconde par la Porte Dorée, fortifiée, qui donne accès, entre autres,  à la Plaça Major et aux vestiges de l'hôpital des pauvres. Quant à la troisième, elle comprend l'église, le cloître et les salles réservées à la vie monastique. La muraille défensive, elle, est renforcée par un ensemble de tours polygonales, dont les deux imposantes qui flanquent la Porte Royale.

 




mercredi 27 septembre 2017

Santas Creus (3)

Le dos de l'église :



Le cloître gothique :







Les tombes de quelques abbés, dans la salle capitulaire :


Le dortoir :




L'église :
Sa construction a débuté en 1174 et s'est terminée en 1225.  Sa structure correspond à une croix latine avec trois nefs constituées de six travées de l'entrée au transept. Ce transept est aussi large que la nef centrale et abrite les tombes royales de Jacques II d'Aragon et de son épouse Blanche d'Anjou. Le tombeau de Jacques est le seul des tombeaux royaux d'Aragon à ne jamais avoir été profané.












Annonciation. attribuée à Ferrer Bassa (XIV°)



Tombeau de Blanche d'Anjou

 
Tombeau de Jacques II d'Aragon, dans une cuve antique de porphyre