dimanche 31 mars 2019

MuMo

C'est ainsi que s'appelle désormais le Musée des Moulages de Lyon, rouvert après travaux début mars mais, pour les particuliers, uniquement les mercredis et samedis après-midi. J'y suis allé hier, d'autant que l'on y annonçait une expo temporaire : Hipsters in stone, de l'artiste Léo Caillard.

J'espérais que la mise en espace aurait changé depuis ma dernière visite au moment des Journées du Patrimoine. Si les statues et bas-reliefs ont bien été regroupés par thème (divinités, portraits, monstres et mythologie, ....), si de nouvelles pièces sont apparues, sans doute autrefois entreposées dans les réserves, l'alignement monotone est toujours de mise. Je regrette vraiment le côté grenier de l'ancienne usine.

Deuxième déception : l'expo annoncée semble plutôt se trouver à l'ENS. Ici, cours Gambetta, peu de choses : une ou deux œuvres "habillées" et surtout des photos. La semaine prochaine, je reprendrai le chemin de Gerland pour voir le reste. Il sera toujours temps de vous en dire et montrer plus.

Expo temporaire :








Expo permanente :











samedi 30 mars 2019

Et un dernier, mais pas des moindres

Ce week-end, à Lyon, a lieu le festival annuel Quais du polar, dont la première édition a vu le jour en 2005 et qui a déjà invité Harlan Coben, Donald Westlake, Tonino Benacquista, Maxime Chattam, Arnaldur Indridason ou encore Patricia MacDonald et James Ellroy. Il propose, outre les rencontres avec les auteurs et les dédicaces, des conférences, des projections de films et l'amusante enquête urbaine, sorte d'énigme à résoudre après un jeu de pistes à travers la ville, enquête que j'avais effectuée il y a bien longtemps avec Jacques.

Cette année, entre Rhône et Saône, on pourra rencontrer Brian de Palma, Elizabeth George, Roberto Saviano ou Arturo Pérez-Reverte, par exemple. Et hier, au cinéma Pathé Bellecour, j'ai pu voir en avant-première le documentaire qui passera sur la 5 en avril , documentaire réalisé par Paolo Bevilacqua, Marc Fernandez et Mathieu Jaubert : Planète polar : Los Angeles - Le Dossier Connelly.
Où l'on voit Olivier Marchal, l'ex-flic devenu comédien et réalisateur, déambuler dans les rues de Los Angeles à la découverte des lieux des polars de Connelly qui lui sert de guide. Beau documentaire qui fait aussi intervenir Robert Pépin, son traducteur français, des flics ou journalistes amis et même la femme qui lui a inspiré sa nouvelle série dont l'héroïne est Renée Ballard.

Mais tout cela n'était qu'un apéritif puisque qu'après le film, le public a pu applaudir Connelly lui-même, présent dans la salle, et qui a répondu à quelques questions. Et, comme ce qui n'est pas interdit est permis, j'ai pu prendre quelques photos. Puisque vous êtes sages quoique jaloux, j'en suis sûr,  je veux bien en partager une avec vous !

Autre rendez-vous littéraire

Mais cette fois-ci moins impressionnant puisqu'il s'agissait, jeudi soir, de la séance de signature du deuxième roman écrit par un de mes vieux amis, Nicolas Cano : La Séquestration, publiée chez Grasset.

Plaisir de le retrouver puisque je ne l'avais pas vu depuis longtemps : il s'enferme pour écrire, ce que je ne serais pas capable de faire. Plaisir aussi de retrouver mon ancien quartier, celui de la communauté où j'ai vécu pendant ma vie d'étudiant avant de prendre un appartement avec Pierre.

La Librairie Le Rameau d'or est, paraît-il, la plus ancienne librairie indépendante de Lyon. Peut-être son nom vient-il du livre d'études mythologiques de l'écossais James George Frazer, inspiré par un épisode de l'Enéide où Énée et la Sybille, pour pouvoir entrer aux Enfers, en tendent un au gardien Cerbère. Avant d'arriver, j'avais fait une erreur en confondant ce titre avec Les Lunettes d'or, de Giorgio Bassani, auteur également du Jardin des Finzi-Contini.

Je suis reparti avec mon exemplaire dédicacé. Je ne tarderai pas à le lire car le précédent opus de Nicolas, Bacalao, m'avait beaucoup intéressé. Et je n'oublie l'époque de notre jeunesse où nous déambulions dans les allées bourgeoises du parc de la Tête d'or en nous disant que, lorsque nous serions célèbres grâce à nos écrits, nous vivrions dans un de ses beaux immeubles.

vendredi 29 mars 2019

Rendez-vous littéraire

Pipo m'a demandé de lui parler de Julien Green, que j'avais rencontré à Paris, en 1976, je pense.

A la fin de mes études universitaires, j'avais choisi son œuvre comme sujet de Maîtrise, son Journal en particulier. D'après le peu que j'en avais lu, je comptais être très négatif envers cet auteur que j'accusais de ne pas assumer son homosexualité. Pour rédiger mon mémoire, je me suis plongé plus avant dans ses écrits au point de lire tout ce qui était publié à cette époque et cette lecture m'a totalement fait changer d'avis. J'aimais la délicatesse de cet américain qui maniait si bien la langue française.

Un ami prêtre connaissait son adresse parisienne et ses coordonnées téléphoniques. Rendez-vous fut donc pris un soir dans son appartement de la rue de Varenne, ou peut-être rue Vaneau, je ne me souviens pas. Pierre m'accompagnait. A l'heure dite, nous avons sonné à sa porte. Bruit de pas feutré à l'intérieur. je pensais qu'une domestique allait nous ouvrir. Ce fut lui.

Il avait choisi la fin d'après-midi parce que c'était son moment préféré, celui où les choses s'estompent, où l'obscurité s'installe (jamais il n'alluma) et où la douceur de la vie est la plus palpable.
Ce fut ma première impression : la douceur de son visage, puis celle de sa voix. Il nous conduisit à travers cet appartement bourgeois jusqu'à son salon empli de meubles rassurants et nous fit asseoir dans deux fauteuils pendant qu'il s'installait dans un troisième, face à nous.

Je n'avais qu'à peine plus de vingt ans et n'avait jamais rencontré d'écrivain, surtout pas de cette stature. J'étais très impressionné et eut du mal à m'exprimer. Pierre prit le relais et ensemble, il parlèrent de religion, plus que moi de littérature. Lorsque l'obscurité se fit plus grande, nous prîmes congé. J'étais à la fois fasciné par l'homme et déçu par l'attitude de retrait que je n'avais pas quittée.

Lorsque mon mémoire fut écrit, je comptais remonter à Paris pour le lui remettre. Au téléphone, j'eus son ami Robert de Saint-Jean qui m'apprit que Julien Green n'était pas à Paris pour quelque temps. Ce fut la seule fois que je le vis. Quant à mon directeur de mémoire, il me fit plus de remarques sur des erreurs de mise en page que sur le fond de mon étude.

J'avais gardé un exemplaire de ce Mémoire chez moi. Je le prêtai un jour à un ami qui prétendit me l'avoir rendu. Je ne le retrouvai jamais. Alors, quelques années plus tard, j'empruntai à la bibliothèque universitaire celui qui était déposé. Ils ne l'ont jamais revu. Il se trouve quelque part dans mes bibliothèques. Il y a très longtemps que je ne l'ai pas rouvert.

Une phrase de Julien Green qui confirme ce que j'avais découvert :

- Je trompe la violence qui forme le fond de ma vie en écrivant des livres(....)  Tous mes romans contiennent sous-entendue une histoire secrète qui transparaît aux yeux de qui sait voir.

Merde, merde, et re-merde

J'ai appris ce matin la mort d'Agnès Varda, dont je parlais il y a peu. J'ai toujours admiré cette femme, que ce soit dans ses films, ses documentaires ou ses créations artistiques. Une féministe sans gros sabots, fine et subtile, qui n'a jamais voulu faire de films-thèses sur les sujets qui lui tenaient à cœur, qui aimait les gens et communiquait facilement avec eux.

Il y a des morts qui touchent, dont on peut dire : "C'est dommage". Il y en a d'autres (comme aussi celles de Barbara ou de Truffaut) qui me mettent en tristesse profonde . Je suis triste ce soir.

Son premier film : La Pointe courte (1955) avec Philippe Noiret et Silvia Monfort.

jeudi 28 mars 2019

Au tour des hommes....


C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

mercredi 27 mars 2019

Lyon et Rousseau

Suite à ma promenade de dimanche, j'ai eu envie de relire les passages des Confessions de Rousseau sur la bonne ville de Lyon. En voici deux extraits dont l'un (le second) m'a particulièrement fait rire.

- Je me promenais dans une sorte d’extase livrant mes sens et mon cœur à la jouissance de tout cela, et soupirant seulement un peu du regret d’en jouir seul. Absorbé dans ma douce rêverie je prolongeai fort avant dans la nuit ma promenade sans m’apercevoir que j’étais las. Je m’en aperçus enfin. Je me couchai voluptueusement sur la tablette d’une espèce de niche ou de fausse porte enfoncée dans un mur de terrasse : le ciel de mon lit était formé par les têtes des arbres, un rossignol était précisément au dessus de moi ; je m’endormis à son chant ; mon sommeil fut doux, mon réveil le fut davantage. Il était grand jour : mes yeux en s’ouvrant virent l’eau,la verdure, un paysage admirable.

Lyon, septembre 1731

Cependant je crois me rappeler, dans le même intervalle, un autre voyage de Lyon, dont je ne puis marquer la place, et où je me trouvai déjà fort à l'étroit. Une petite anecdote assez difficile à dire ne me permettra jamais de l'oublier. J'étais un soir assis en Bellecour, après un très mince souper, rêvant aux moyens de me tirer d'affaire, quand un homme en bonnet vint s'asseoir à côté de moi ; cet homme avait l'air d'un de ces ouvriers en soie qu'on appelle à Lyon des taffetatiers. Il m'adresse la parole ; je lui réponds : voilà la conversation liée. A peine avions-nous causé un quart d'heure, que, toujours avec le même sang-froid et sans changer de ton, il me propose de nous amuser de compagnie. J'attendais qu'il m'expliquât quel était cet amusement ; mais, sans rien ajouter, il se mit en devoir de m'en donner l'exemple. Nous nous touchions presque, et la nuit n'était pas assez obscure pour m'empêcher de voir à quel exercice il se préparait. Il n'en voulait point à ma personne ; du moins rien n'annonçait cette intention, et le lieu ne l'eût pas favorisée. Il ne voulait exactement, comme il me l'avait dit, que s'amuser et que je m'amusasse, chacun pour son compte ; et cela lui paraissait si simple, qu'il n'avait même pas supposé qu'il ne me le parût pas comme à lui. Je fus si effrayé de cette impudence que, sans lui répondre, je me levai précipitamment et me mis à fuir à toutes jambes, croyant avoir ce misérable à mes trousses. J'étais si troublé, qu'au lieu de gagner mon logis par la rue Saint-Dominique, je courus du côté du quai, et ne m'arrêtai qu'au-delà du pont de bois, aussi tremblant que si je venais de commettre un crime. J'étais sujet au même vice ; ce souvenir m'en guérit pour longtemps.

Pauvre Rousseau ! Seul ou mal accompagné ! 

Musique et cinéma



Enfant, j'aimais les westerns, je les aime toujours. Enfant, j'aimais les dessins animés (oui, je sais, on dit aujourd'hui films d'animation, mais c'est nettement moins évocateur pour moi). La grande récompense, c'était d'avoir le droit de regarder à la télé l'émission de la période de Noël "SVP Disney", présentée par Pierre Tchernia. Les spectateurs devaient téléphoner à SVP pour choisir dans la liste proposée les extraits qu'ils voulaient revoir. Pas question de téléphoner pour nous (nous n'avions pas le téléphone et ce n'était pas le genre de la maison) mais tout ce qui était choisi me convenait. Et aujourd'hui, Tex Avery m'enchante toujours.

mardi 26 mars 2019

Lyon inconnu (2)

Pourquoi ne pas réaliser le lendemain ce que l'on avait prévu de faire la veille ? Pas possible de rejoindre la Saône le samedi : qu'à cela ne tienne, j'y suis allé dimanche. Pas de circulation, et si j'ai croisé dix personnes à pied, c'est bien le diable.

Le quai des Étroits (nommé Jean-Jacques Rousseau sur Lyon), qui longe le pied chancelant de la colline de Fourvière, constitue la rive droite de la Saône lorsque l'on quitte Lyon en direction de la Mulatière. De l'autre côté, rive gauche, s'étend le quartier désormais hyper-branché des Confluences. Seul et au calme sur ma rive, j'apercevais la frénésie et l'agitation des terrasses de bar en face. Heureux !



En 1564, on y enterrait les morts de la peste, le long d'un étroit chemin bordant la rivière. En élargissant la voie, au XIX°, on y a aussi trouvé des pierres tombales romaines. Le quai doit son nom au philosophe français des Lumières qui, lors d'un passage à Lyon en 1732 (voir Les Confessions), passa une nuit à la belle étoile dans une grotte (aujourd'hui privée) qui devint, au XIX° un lieu de pélerinage pour écrivains, poètes et artistes.

Au début, d'anciens immeubles populaires sans grand style qui ont l'air d'avoir été investis par des bobos ou artistes et où j'ai eu la surprise (c'était décidément le week-end à ça !) de voir sur une boîte à lettres le nom du cousin d'un ami depuis perdu de vue, cousin chez qui je logeais lors de mes séjours à Paris, près de Saint-Augustin. En temps qu'architecte, il bénéficie toutefois d'une belle véranda et d'une grande terrasse donnant sur la Saône où il ne doit pas être désagréable de prendre l'apéritif.




Plus loin, je redécouvre  par hasard encore un lieu connu : le site de l'UNS, Unité Nationale Séricicole, visitée il y a fort longtemps avec mes élèves, sous la houlette de leur prof de SVT (anciennement sciences naturelles)

Puis quelques immeubles récents et de standing, mais c'est après que le quai me séduit le plus. Il est alors bordé des murs de vastes propriétés dont les maisons de maître, un peu plus haut sur la colline, ont été construites au XVII° siècle. Mais la colline est fragile et peu stable et s'effondre parfois, la dernière fois en 2006. Alors, le bas des propriétés n'est plus qu'éboulis que retiennent étais et anciens murs.






La plus belles de ces propriétés est le domaine Bellerive, dont l'existence est attestée dès 1363, achetée au XVII° par une riche famille bourgeoise qui transforma une résidence modeste en imposante maison des champs, propriétés qu'affectionnaient les fortunes lyonnaises lorsqu'elles voulaient se mettre au vert. Au XX°, la congrégation des Maristes qui occupe alors les lieux ne les entretient guère, se contentant de transformer le nymphée en .... grotte de Lourdes ! Aujourd'hui, le domaine est en restauration.





J'arrête mon périple à la hauteur de l'établissement d'enseignement privé de l'Assomption-Bellevue pour photographier, tout au bout du quai, le beau pont métallique de chemin de fer qui jouxte presque le nouveau musée des Confluences.




La nostalgie avait fini par m'envahir : solitude et vieilles demeures en péril du côté de l'ombre, immeubles à l'architecture futuriste et jeunesse bruyante du côté du soleil. Comme une métaphore de l'existence....

 



Et un peu de musique, ça vous dirait ? (237)



Dranem, c'est à dire Charles Armand Ménard (Dranem à l'envers) (1869-1935), chanteur et fantaisiste français à l'humour scabreux. Il fit aussi beaucoup de radio et, dans une émission culinaire, il eut pour partenaires deux célèbres marmitons : Charles et Johnny (Charles Trenet et Johnny Hess, un "zazou").
Grivoiseries, sous-entendus scabreux ! Ah ! Monsieur ! On savait rire en France dans les année 30 !

Un Appartement à New-York

Edition Payot et Rivages : pour moi très souvent synonyme de qualité des romans. Pas tout à fait, cette fois-ci. Cette histoire d'un groupe de copains du Middle West venus s'installer à New-York pour y faire de la musique et dont l'un est assassiné se lit certes sans déplaisir mais ne m'a pas enthousiasmé.  Le suspense se traîne en longueur, embarrassé qu'il est de longues analyses psychologiques que vantent pourtant la quatrième de couverture. Je ne suis pas contre, mais on est loin de celles de Connelly ou d'Indridason ! J'ai cru même parfois me retrouver dans une série américaine....
( Jane Smiley, Un Appartement à New-York. Ed. Rivages poche. Trad. de Anne Damour.)

lundi 25 mars 2019

Lyon inconnu

Avec les beaux jours, ma frénésie de balades m'a repris (si tant est qu'elle m'ait jamais quitté). Samedi, je décide d'aller fouiner du côté du quai Jean-Jacques Rousseau, entre Lyon et La Mulatière, sur l'autre rive de la Saône par rapport au nouveau quartier des Confluences.

Je n'y suis jamais arrivé, pour cause de manifestations et de rues bloquées. Alors, je suis resté côté Gerland, près de l'endroit où j'avais embarqué Cornus et Fromfrom dans mon carrosse un soir. Objectif : voir de plus près l'ENS (École Nomale Supérieure). Là non plus, je ne suis pas arrivé : rues désertes mais je me suis "perdu" dans ce quartier entièrement reconstruit après la fermeture des usines.

Soudain, une église inconnue : pas belle certes, fleurant bon son XIX° siècle, mais pourquoi pas. Elle est sous la protection de Nore-Dame-des-Anges et on comprend pourquoi en voyant toute la gente ailée qui ornent les vitraux.




A quelques mètres, une ancienne usine (je l'ai su après) reconvertie en boîte de nuit, et, en face de cette usine, un ensemble de vieux immeubles autour de ce que les parisiens nommeraient "villa". Surprenant de trouver ça au milieu de tout le reste flambant neuf. Alors que je m'y engage, on me parle : "Alors, on visite ?" Mais qui parle ? Et je vois sortir de son minuscule atelier un très vieux monsieur qui étaient en train de bricoler au milieu des chats abandonnés qu'il recueille et abrite.



Il était ravi de trouver à qui parler, lui qui, à 91 ans, n'était ni sourd, ni handicapé, ni gâteux. On va papoter pendant plus d'une heure, de la guerre de 14 (que son père avait faite et dont il était revenu infirme), de celle de 40, de ses chats, des meubles qu'il confectionnait autrefois (avec photos et outils méticuleusement rangés à l'appui), de son travail de contremaître, justement à l'usine d'en face, qui produisait des grues (nouvelles photos des chantiers navals de Saint-Nazaire où certaines furent envoyées), de la pauvreté, de De Gaulle... Tout cela sans rabâcher, sans se plaindre, sans être ennuyeux. Un homme heureux, en somme. J'aime ces hasards dans les rencontres. Quant au quai de Saône, ce serait pour le lendemain.

(Avec l'aimable autorisation du bricoleur)

Momentini

- Une journée comme je ne les aime pas : d'abord, être réveillé par ma radio pour aller au labo faire une prise de sang (PSA) que je remettais depuis plus de 15 jours. Résultats : demain.

- Ensuite, courses (il faut bien manger) et, en revenant, bavardages interminables avec ma vieille dame du dessous, avec l'envoyé de la régie pour régler à nouveau la fermeture de la porte du sas, avec les voisins qui retapent l'appartement sous mon côté cuisine. Arrivée chez moi : 12h30.

- Enfin, petite balade à Vaulx-en-Velin (qui n'a de beau que le nom), à la concession Citroën pour cause de pare-brise fissuré. Section carrosserie en vacances, prise de rendez-vous mais aléatoire selon les disponibilités de cette même section carrosserie. Auparavant, téléphone à mon assurance.

- Alors que j'aurais pu dormir, lire, me promener, prendre des photos..... La vraie vie, quoi !

dimanche 24 mars 2019

Entre les deux, mon coeur balance



Dix ans de moins, au moins

Pipo me fait l'honneur, et la joie, de remonter dans mon blog, découvert il y a peu, pour en relire de vieux articles. Qu'il en soit remercié. Aussi, cette semaine, poussé par je ne sais quel diablotin, me suis-je mis à aller moi aussi voir à quoi je ressemblais il y a plus de dix ans. J'ai ainsi relu d'anciennes publications, une puis deux, puis pendant plus d'une heure.

Je ne sais pas si j'ai bien fait. Qu'est-ce qui l'emporte, après coup ? Est-ce la surprise (ce n'est pourtant pas le mot, je m'y attendais un peu) de voir combien j'étais triste mais volontaire. Volonté de m'en sortir après la mort de Pierre, ce en quoi ce blog m'a immensément aidé. Est-ce la profonde vérité dans ce que je confiais, parfois de très intime, toujours sincèrement ? Saurais-je le faire encore aujourd'hui ? Je crois avoir plus de pudeur, une pudeur due au fait que maintenant je sais que je suis lu et qui me lit, mais pas seulement : le temps n'a pas effacé le deuil, il l'a calmé, adouci, et je n'ai plus le besoin vital de le crier.

Surprise aussi de ma prolixité : en 2008, j'ai écrit 795 billets, beaucoup plus qu'aujourd'hui, même si je suis encore "bavard". Sourire en retrouvant les moments où j'ai découvert comment intégrer à l'écrit des photos et des vidéos. Au début, je ne savais pas faire.

Et puis, pourquoi ne pas le dire, contentement, la plupart du temps, devant ce que j'ai écrit. Pas d'orgueil outrancier dans cela, juste que je me retrouve dans ce que j'ai relu. Finalement, en dix ans, je n'ai pas tellement changé, profondément.

Et puis, au 30 mars, j'ai retrouvé ça :

Si près, si loin.

En relisant rapidement ce que j'ai écrit hier, je me suis arrêté plus longuement sur la dernière photo, que je repropose aujourd'hui. Cette photo me trouble. Je l'ai prise en rentrant avec J. par les quais de Saône, côté Presqu'île. Les bas-ports étaient saturés de jeunes en groupes assis en rond ou alignés le long de l'eau. On mangeait, on buvait, on fumait, on bronzait, on riait, on parlait haut et fort. Tout ce que je préfère contempler de loin plutôt que de me joindre à l'effervescence parfois hystérique de ces regroupements.

Eux étaient un peu à l'écart, quelques mètres seulement, mais qui les isolaient du monde. Volontairement ? A eux deux, ils semblaient être le monde, avoir gommé tout ce qui les entourait, n'exister que par le regard, les paroles, les gestes peut-être de l'autre. Je n'ai pas vu leur visage, à aucun moment. J'étais au-dessus d'eux sur la partie du quai bordant la chaussée.

Ils ont tout de suite attiré mon attention. Le blanc et le noir. Le blanc, dos lacéré par la bandoulière et le Y de ses bretelles, le sac reposant à terre, une casquette à visière enfoncée sur la tête, jambes repliées dans un début de lotus. Le noir, chevelure au soleil, coudes appuyés aux genoux, polo noir accentuant la blancheur des avant-bras, le profil dévoilé un peu, fixant l'eau devant lui alors que l'autre le regarde.

Ils ne se touchent pas, leurs ombres non plus, mais elles esquissant déjà des ponts, des mailles par où le lien pourrait se tisser. Ils ont peu à peu franchi la ligne blanche, ils sont tout près du trouble de l'eau, du gris des profondeurs qu'ils ne connaissent pas. Se parlent-ils ? Je ne sais. Je crois qu'ils se taisent. Comme l'Annonciation, dernier instant avant que l'indicible ne soit prononcé.

C'est ce qui me fascine : la dernière vision d'un univers qui disparaîtra avec la confidence, qui éclatera ou qui fondra les deux silhouettes en un seul corps d'amour et de désir. L'alliance est déjà là, entre les deux, scellée à la pierre, dans le solide. Elle les repêchera s'ils se perdent dans les eaux troubles. Moment d'attente du plus grand bonheur ou de la terrible peine pour eux. Moment de nostalgie pour moi.

Comme le soleil était doux, hier après-midi. 


Avec ce merveilleux commentaire d'Anna :

Pour vous, Calyste : "Et voici que le soir se referme une fois de plus, replie son aile rose et dorée pour le sommeil.Je me sens le devoir de le noter. Comme le scribe faisait les comptes de la journée du commerçant : soir inscrit au livre des soirs, mais qui n'est rien pourtant que l'on puisse amasser ou négocier. On ne consigne pas un poids, un métrage, un prix : rien qui se chiffre. Plutôt quelque chose comme le croisement de deux clairs regards, d'où s'élève ce qui semble échapper à leur caducité". "Ce peu de bruits" Philippe Jaccottet - Ed. Gallimard.

Devinez-vous quelle était la photo qui accompagnait ce texte ? Vous la connaissez ! 

samedi 23 mars 2019

Parce que j'en avais envie



Une des plus belles chansons d'amour, selon moi.

Un petit essai en noir et blanc