lundi 25 mars 2019

Lyon inconnu

Avec les beaux jours, ma frénésie de balades m'a repris (si tant est qu'elle m'ait jamais quitté). Samedi, je décide d'aller fouiner du côté du quai Jean-Jacques Rousseau, entre Lyon et La Mulatière, sur l'autre rive de la Saône par rapport au nouveau quartier des Confluences.

Je n'y suis jamais arrivé, pour cause de manifestations et de rues bloquées. Alors, je suis resté côté Gerland, près de l'endroit où j'avais embarqué Cornus et Fromfrom dans mon carrosse un soir. Objectif : voir de plus près l'ENS (École Nomale Supérieure). Là non plus, je ne suis pas arrivé : rues désertes mais je me suis "perdu" dans ce quartier entièrement reconstruit après la fermeture des usines.

Soudain, une église inconnue : pas belle certes, fleurant bon son XIX° siècle, mais pourquoi pas. Elle est sous la protection de Nore-Dame-des-Anges et on comprend pourquoi en voyant toute la gente ailée qui ornent les vitraux.




A quelques mètres, une ancienne usine (je l'ai su après) reconvertie en boîte de nuit, et, en face de cette usine, un ensemble de vieux immeubles autour de ce que les parisiens nommeraient "villa". Surprenant de trouver ça au milieu de tout le reste flambant neuf. Alors que je m'y engage, on me parle : "Alors, on visite ?" Mais qui parle ? Et je vois sortir de son minuscule atelier un très vieux monsieur qui étaient en train de bricoler au milieu des chats abandonnés qu'il recueille et abrite.



Il était ravi de trouver à qui parler, lui qui, à 91 ans, n'était ni sourd, ni handicapé, ni gâteux. On va papoter pendant plus d'une heure, de la guerre de 14 (que son père avait faite et dont il était revenu infirme), de celle de 40, de ses chats, des meubles qu'il confectionnait autrefois (avec photos et outils méticuleusement rangés à l'appui), de son travail de contremaître, justement à l'usine d'en face, qui produisait des grues (nouvelles photos des chantiers navals de Saint-Nazaire où certaines furent envoyées), de la pauvreté, de De Gaulle... Tout cela sans rabâcher, sans se plaindre, sans être ennuyeux. Un homme heureux, en somme. J'aime ces hasards dans les rencontres. Quant au quai de Saône, ce serait pour le lendemain.

(Avec l'aimable autorisation du bricoleur)

7 commentaires:

vaileka a dit…

J'adore la cabane à outils de ce monsieur ! un petit refuge, sous les arbres, au milieu de la ville , les outils tous bien rangés, qu'est-ce qu'il doit être bien, là, à bricoler! Le contraste avec les précédentes photos, immeubles et ancienne usine est alors saisissant .

CHROUM-BADABAN a dit…

Rencontre d'un inconnu dans le Lyon inconnu ...

karagar a dit…

l'intérieur de l'église se défend finalement et j'adore la porte du vieux monsieur !

plumequivole a dit…

La porte oui, super ! Et le vieux monsieur a aussi belle allure que sa porte !

Calyste a dit…

Vaileka : il m'a beaucoup fait penser à mon père. Pas physiquement mais sa façon d'être, à la fois lucide et joyeux.

Chroum : L'inconnu du Lyon-express ?

Karagar : elle a à se défendre, parce que l'extérieur, lui....

Karagar et Plume : c'est ce que j'ai vu en premier en entendant parler : la porte et le trèfle à 4 feuilles en fers à cheval.

Cornus a dit…

L'intérieur de l'église n'est pas si moche que pour un édifice du XIX° s.

Calyste a dit…

Cornus : elle n'est au moins pas prétentieuse.