vendredi 29 novembre 2013

Mais quoi ?

Le temps passe, l'hiver approche, déjà trois mois de retraite, et je n'ai rien fait de sérieux, comme si toutes mes envies s'étaient envolées, mes projets n'existaient plus. Il paraît que c'est normal, mais comment le saurais-je vraiment : c'est la première fois que je ne travaille plus ? Je n'aime guère mon côté amorphe actuel,  disons mon ataraxie pour être plus sympa avec moi-même. Une seule et unique passion me reste, heureusement : la lecture. Mais parfois, j'ai peur qu'elle ne me lâche, ça a déjà failli arriver. Est-on à ce point asservi à son activité sociale pour être tellement déstabilisé quand elle cesse ? Pourtant, jamais je ne regrette ma période d'activité. Alors ? C'est simple, je ne sais pas ce que je veux. Ce que je sais, c'est que je veux quelque chose. Mais quoi ?

jeudi 28 novembre 2013

Derrière la façade




On nous avait prévenu que l'émission sur Brigitte Bardot l'autre soir sur Arte était intéressante mais austère. Elle était passionnante et rien moins qu'austère à moins que l'on considère la voix de Bulle Ogier qui lisait certains textes de ses Mémoires comme austère.

Mêlant vidéos amateur inédites prises par son père dan son enfance, photos et nombreux extraits de films, elle m'a intéressé d'un bout à l'autre en m'apprenant beaucoup de choses que j'ignorais sur cette femme qui fut autant adorée qu'elle est honnie aujourd'hui par certains (j'évoque bien sûr son engagement politique mais ne veux ici parler que de l'artiste qu'elle fut).

Un montage intelligent, pas forcément toujours chronologique permettait de mieux connaître Bardot sans en dévoiler pourtant tous les aspects, une des grandes qualités de ce film étant le respect vis à vis d'elle.

Je ne savais rien de son enfance, où elle fut un peu délaissée par ses parents à la naissance de sa sœur cadette et qui explique beaucoup sur ce personnage à la fois provoquant et secret. Je connaissais un certain nombre de ses amants et maris mais pas tous. Quel palmarès, que de beaux hommes, de Vadim à Samy Frey, de Trintignant à Piccoli... !

Je ne suis pas un inconditionnel de tous ses films mais cette émission m'a furieusement donné envie de voir enfin Le Mépris de Godard que j'avoue ne pas connaître encore.

Meurtre aux poissons rouges

Camilleri, un autre de mes auteurs préférés, malgré certaines déceptions devant quelques romans policiers de cet écrivain trop prolixe. Cette fois-ci, il s'est, par jeu, associé avec un autre auteur italien de polars : Carlo Lucarelli.

Prenant comme protagonistes les héros de leurs livres respectifs, Salvo Montalbano pour Camilleri et Grazia Negro pour Lucarelli, ils se sont défiés dans un petit exercice proche des cadavres exquis, en écrivant chacun un "chapitre" de l'histoire. Et le résultat est assez jubilatoire ! Inutile de raconter l'intrigue qui a, finalement, peu d'importance par rapport au procédé narratif employé derrière lequel on devine le plaisir ressenti par les deux italiens.

Lu en deux soirs ! Qu'est-ce qu'il vous faut de plus pour que vous compreniez que j'ai aimé ?
( Andrea Camilleri et Carlo Lucarelli, Meurtre aux poissons rouges. Ed. Fleuve noir. Trad. de Serge Quadruppani.)

La Vénus à la fourrure

Aujourd'hui, il faisait beau mais froid sur Lyon. Pour me réchauffer, j'avais diverses possibilités. J'ai finalement choisi, après hésitation, le cinéma : le dernier film de Polanski, La Vénus à la fourrure, avec sa femme, Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric.

Un metteur en scène auditionne pour choisir l'actrice qui jouera le rôle de Vanda, l'héroïne du roman de même titre de Leopold Ritter von Sacher-Masoch qu'il vient d'adapter. (A noter que le film est lui même une adaptation d'une pièce de théâtre de David Ive). Alors qu'il désespère de la trouver apparaît une jeune femme vulgaire à qui il accorde finalement une audition. Et, surprise, cette femme se métamorphose, lorsqu'elle joue, en parfaite dame de l'aristocratie du XIX° siècle.

Mais bientôt, l'actrice prend l'ascendant sur le metteur en scène. On ne sait plus alors si l'on est encore dans le texte ou dans la réalité de ce petit théâtre où fulgurent les éclairs d'un orage extérieur. Et c'est bien là, cette ambiguïté, ce qui fait tout le plaisir du spectateur. Le film est un huis-clos implacable où se jouent les rapports homme/femme, bientôt renversés d'ailleurs puisque, peu à peu, c'est le metteur qui endosse le rôle de Vanda.

Perversité donc, ambiguïté mais aussi beaucoup d'humour dans ce film dont les séquences s'enchaînent (c'est le moins qu'elle pouvaient faire, vu le thème !) admirablement. Une fois de plus, Polanski joue avec le spectateur, se joue de lui, avec un raffinement extrême. Pour moi, du grand cinéma.

mercredi 27 novembre 2013

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (9)

Encore un grand succès du début des années 70 (1971). Ce que j'ai pu aimer, bien davantage, évidemment, que la reprise qu'en a fait un chanteur canadien à la voix rauque qui n'a même pas été capable de reconnaître celle qu'il tentait d'imiter lors d'une émission à la télévision. N'est pas Esther Galil qui veut !

J'ai un beau château, ....

.

A Lyon aussi, mon cher Cornus, il y a des châteaux, dont celui-ci, tout près de chez moi : le château de La Mothe, dans le 7° arrondissement. Situé dans le quartier de la Guillotière, aux anciennes frontières du Dauphiné et du Lyonnais, il s'élève sur un petit tertre aujourd'hui totalement cerné par la ville.

Bien sûr, dans son état actuel, il a bien piètre mine mais la ville de Lyon, après le départ en 1999 de la caserne qui y était installée, a entrepris depuis 2007 de réhabiliter les lieux afin d'y installer un parc urbain. D'ici quelques années, les lieux auront sans doute retrouvé un peu de leur faste d'antan.

Car fastes il y eut dans ce modeste manoir, ne serait-ce que par les hôtes célèbres qu'il abrita au cours des siècles:
- en 1476, Jean de Villeneuve y accueille les assises du Parlement de Grenoble.
- en 1556, le roi Henri II y reçoit une épée bénie du pape Paul IV des mains du neveu de ce dernier, le cardinal Caraffa.
- en 1600, avant d'épouser Henri IV à Lyon, Marie de Médicis, y entend la messe et y dîne.
- en 1622, la même, accompagnée de Richelieu et d'Anne d'Autriche, y rencontre Louis XIII revenant d'écraser une révolte de protestants à Montpellier.
- en 1642, Gaston d'Orléans, frère du roi, y réside avant d'assister, sur obligation de Richelieu, à l'exécution de Thou et de Cinq-Mars.
(source:  Wikipédia.)

Aujourd'hui, après de longues années d'immobilisme, le chantier a enfin démarré. Les murs de fortifications (datant d'une époque ultérieure) ont été dégagés de la végétation qui les avait envahis et ont été consolidés. L'intérieur du domaine est en cours d'aménagement, sans doute encore pour de nombreux mois. Peu d'intérêt à le visiter en ce moment mais bientôt.... Je suis en tout cas très heureux de la tournure que prennent les choses, après la bataille qu'a dû livrer une association pour la sauvegarde des lieux.

Et il dit

Je n'hésite jamais lorsque paraît un nouveau De Luca en poche. Celui-ci appartient à la veine consacrée aux Écritures. Plus précisément au moment où Moïse, au pied du Mont Sinaï, reçoit de Dieu les Dix Commandements. De Luca en fait un moment de grande poésie mêlée, comme à son habitude, à la plus grande humanité.

Même si certains passages sont assez ardus à comprendre, puisque je ne suis pas un spécialiste de la Bible et encore moins de l'hébreu, ce livre est, à lire, un pur enchantement. Curieusement, tout au long des pages, j'avais en tête la silhouette d'Erri De Luca, ce physique si proche du cep de vigne, sec et noueux, un De Luca tel que je le découvris il y a quelques années à Lyon, aux Subsistances, lorsqu'après un entretien avec une journaliste, il me tendit la main dont je crus percevoir encore les callosités.
(Erri De Luca, Et il dit. Ed. Gallimard. Trad. de Danièle Valin.)

mardi 26 novembre 2013

Momentini

- Lucien Neuwirth est mort. Une grande figure de mon enfance, bien que je ne sois pas directement concerné.

- Vu le psychiatre de ma mère hier soir. Étonnant comme on peut vite parler de soi avec ces gens-là.

- Un bon moment passé avec Gilles tout à l'heure pour corriger un de ses textes. Toujours plein de projets : c'est bien.

- Mon kiné multiplie les techniques pour essayer d'améliorer l'état de ma jambe. Pour l'instant, aucun résultat palpable.

- Froid glacial sur Lyon depuis deux jours, mais plein soleil. Ça me va !

- Jean-Marc va probablement s'installer bientôt à Bruxelles et m'a invité à lui rendre visite. Il peut compter sur moi : c'est une ville que je rêve depuis longtemps de connaître.

- Les chrysanthèmes tiennent le coup cette année. J'ai pu le constater hier en allant au cimetière. En ai profité pour faire quelques photos d'inconnus sur plaques émaillées, morts depuis longtemps.

lundi 25 novembre 2013

Mes lubies photographiques (1)


 
J'ai comme ça des marottes, des thèmes récurrents dans les photographies que je prends. Un des tous premiers à me contaminer, ce furent les chaises. Si, pour certains autres sujets, je peux m'expliquer pourquoi ils m'attirent, pour celui-ci je ne sais pas vraiment. La variété de leurs formes, de leurs couleurs, de leur taille y est sans doute pour quelque chose mais je ne pense pas que ce soit là l'essentiel.

Peut-être davantage les lignes que, seules ou empilées, elles dessinent, géométrie variable à l'infini et différente selon l'angle de prise de vue. Je suis très sensible à la géométrie dans l'art : avant de voir ce qu'un tableau représente, j'en perçois les lignes de force. Ce qui est représenté ne m'intéresse pas au premier abord. Comme pour une chanson : j'entends d'abord la musique avant d'écouter les paroles, et, dans la musique, la phrase mélodique, le rythme.

Peut-être aussi le symbole d'une chaise vide (je ne les photographie jamais occupées) ou de chaises empilées : la fin de quelque chose, de plaisirs partagés, de plaisanteries et de rires échangés, de rencontres agréables, de vin goûté et apprécié. Une sorte de rideau qui tombe sur une pièce qui ne sera plus jamais jouée à l'identique.

dimanche 24 novembre 2013

L'Amour d'Erika Ewald

Quelques nouvelles de Stefan Sweig, encore, dans un recueil intitulé L'Amour d'Erika Ewald, du titre de l'une d'entre elles, particulièrement noire. La deuxième, L'Etoile au-dessus de la forêt, n'a rien d'ailleurs à lui envier. Je finis par comprendre que le monsieur se soit suicidé !

Mais celle que j'ai préféré est la troisième : La Marche. Un pauvre homme se met en marche car il a entendu parler du Christ et tient à le rencontrer. Retenu en chemin par une femme seule et lascive, il arrive à Jérusalem le jour de la crucifixion et aperçoit les trois crucifiés. La chute est d'une ironie absolue : il ne reconnaît pas Jésus.

Le seul inconvénient de ces recueils recomposés est qu'ils reprennent régulièrement d'autres nouvelles déjà lu ailleurs, ici l'excellente Les Prodiges de la vie.
(Stefan Zweig, L'Amour d'Erika Ewald. Ed. Belfond LDP. Trad. de Hélène Jeanroy-Denis.)

samedi 23 novembre 2013

Du pain sur la planche !

Mon premier cours particulier hier. Un élève de quatrième, pas plus grand qu'un gamin de sixième, sage comme une image et très réservé. Une heure d'orthographe et de conjugaison. Heureusement, en prévision, j'avais gardé tout ce que j'avais fait au collège dans ces matières-là. 23 fautes sur cinquante mots dictés et je ne vous parle pas des temps composés ! Va y avoir du boulot !

Folie furieuse

La folie de Noël a déjà commencé ! Papillotes depuis plus de quinze jours dans les commerces, champagnes, etc, etc. Pauvre inconscient que je suis, je suis allé à la Part-Dieu cet après-midi pour acheter quelques livres de poche. La foule des grands jours qui fait douter que la ligne droite soit le plus court chemin d'un point à un autre ! Heureusement, la récolte fut bonne : une nouveau De Luca, un nouveau Camilleri et un nouvel Ogawa. De belles heures en perspective...

vendredi 22 novembre 2013

Les terreurs de mon enfance.

Les adultes, lorsque j'étais enfant, ne s'embarrassaient pas trop de gants pour nous faire tenir tranquilles. Et tant pis si l'on en ressortait légèrement traumatisé. Pourtant, je ne pense pas l'avoir été beaucoup sur le long terme. A l'époque, bien sûr, c'était un peu différent et je me souviens encore de tous ces personnages malfaisants censés nous apprendre à vivre.

D'abord ceux rencontrés dans les livres et dont on n'avait besoin de personne pour avoir peur : ainsi, la fée Carabosse, celle qui condamna la Belle à dormir cent ans dans son bois. Je l'imaginais bien, sèche, maigre, avec une voix de crapaud et des doigts longs et effilés dont j'avais peur qu'elle me les enfonce dans le dos pendant que je dormais.

Et puis ceux, mythiques, dont on nous parlait volontiers afin de nous effrayer. En tête, le Père Fouettard, l'équivalent négatif du Père Noël. Celui-ci, apparemment, se contentait de donner des fessées. Il ne m'impressionna pas longtemps, pas plus que ne me charma son compère porteur de hotte et tiré par des rennes.

Mais les pires, étaient les vrais, ceux que l'on n'imaginait pas à travers les dessins qui les représentaient mais qui déambulaient dans les rues, faits de chair et d'os, ceux dont on ne pouvait même pas refuser l'existence.

Trois, particulièrement, m'ont fait faire de mauvais rêves :
- une vieille dame qui ne s'est sans doute jamais doutée de l'effet qu'elle faisait aux gamins qui n'osaient pas s'en approcher lorsqu'elle s'asseyait un moment sur le pas de sa porte pour prendre un peu l'air. Toute de noir vêtue, de la tête aux pieds, avec un grand chapeau de paille sur la tête qui nous empêchait d'apercevoir ses yeux que l'on imaginait mauvais. Elle s'appelait Marie R. Je ne lui ai jamais adressé un seul mot, pas plus que mes frère et sœur qui partageaient la même terreur.

- le deuxième n'apparaissait qu'à certains moments de l'année : il achetait les peaux de lapins que mon père, après les avoir retournées, faisait pendre à un clou pour qu'elle sèchent. Il avait une sorte de guimbarde dans laquelle s'entassaient ses acquisitions et poussait en arrivant une sorte de cri difficilement compréhensible que je finis par décrypter : pater (prononcer patère) peaux de lapins. PP a parlé de ce même type de personnage dans son blog mais lui ne semble pas en avoir eu peur.

- les pires, mais je les ai déjà évoqués, c'étaient les Frères bleus, une congrégation éducative qui nous fichait une peur de la même couleur, bien que nous n'en ayons jamais vu un seul. Ils tenaient un internat avec des méthodes particulièrement rigoureuses où l'on nous menaçait de nous conduire à la moindre incartade.

Et puis, il y avait ceux dont on faisait semblant d'avoir peur, juste pour leur faire plaisir, pour entrer dans ce qui n'était finalement qu'un jeu. On les reconnaissait facilement, ceux-là, parce qu'un soupçon de sourire ne parvenait pas à se dissimuler dans leurs yeux. Ainsi celui qui, si nous n'étions pas sages, nous menaçait de nous "coudre la jambe à la cuisse". Un brave homme qui, jamais, ne nous aurait fait aucun mal et que je soupçonne même d'avoir pris un malin plaisir à nos sorties de route.

Plus rien aujourd'hui de tous ceux dont je viens de parler : le charme maléfique est rompu depuis longtemps. Remplacés avantageusement par des peurs d'adulte ? Allons bon ! Qui en connaît ? Mais ceci est une autre histoire.

jeudi 21 novembre 2013

Des papiers, des papiers, toujours des papiers...

Depuis des mois, une de mes caisses de retraite complémentaire me tanne pour savoir ce que j'ai fait en 1972, à quoi correspondent les deux trimestres attribués cette année-là pour le décompte de mon temps de travail. J'ai consciencieusement conservé tous les papiers nécessaires à l'établissement de mon dossier mais, pour 1972, rien.

Après une ultime relance de leur part aujourd'hui, je me résigne à téléphoner à la Carsat pour leur demander des éclaircissements. Impossible de les obtenir par téléphone : il faut consulter par internet, ce que je fais illico presto. Mais l'écran ne me dit que ce que je sais déjà : deux trimestres, sans aucune mention de mon employeur. On m'a dit aussi que c'était à la complémentaire de demander le renseignement au régime général

J'obtiens, après longue attente, la personne de la complémentaire qui s'occupe de mon dossier, une dame charmante qui me surprend en m'annonçant son nom : Virna Lisi. Mais non, je commence simplement à devenir sourd. En revanche, son prénom lui a bien été donné en hommage à l'actrice italienne.

Elle me dit ne pas avoir le droit de contacter elle-même le régime général. Toujours la même histoire: des informations contradictoires entre les différents intéressés. Je lui parle alors d'un travail de vacances effectué aux alentours de ces années-là à l'EDF en tant que travailleur saisonnier : releveur de compteurs électriques. Elle me promet de faire des recherches.

A peine le coup de fil terminé, je range mes paperasses et aperçois une pochette cartonnée que je croyais vide. Et, à l'intérieur, miracle : un certificat de travail d'EDF pour juillet/Août 1972. Un papier que je cherchais depuis des mois. Restera plus qu'à rappeler demain matin. Mais ras le bol : voilà bientôt neuf mois que je me prends la tête avec tous ces dossiers.

Le Dessin au sable

Tout le monde connaît ma passion pour la littérature japonaise contemporaine. Presque tous les auteurs que j'ai découverts ces dernières années m'ont passionné, enthousiasmé, au moins intéressé. Deux exceptions de taille : Mishima et Haruki Murakami, dans l'univers desquels je ne parviens pas à entrer. Mes préférés sont Kawabata, le premier que j'ai connu, et Ogawa.

Avec Akiyuki Nosaka, je reste toujours perplexe. Autant les deux premiers  que j'ai lus de cet auteur, La Tombe des lucioles et Le Vigne des morts sur le col des dieux décharnés, m'ont laissé de bons souvenirs de lecture, autant Les Pornographes m'avait mis mal à l'aise.

Il en est de même avec celui-ci, Le Dessin au sable, que je viens de terminer. Histoire d'une terrible vengeance "sexuelle" à l'encontre d'hommes qui, dans leur vie, profitèrent les uns de la mère, les autres de la fille. C'est un très bon roman, aux allures de fantastique parfois, mais toujours ancré dans la vie quotidienne. La poésie n'en est pas absente mais quelque chose  me gêne chez cet auteur. J'aime beaucoup le substrat toujours présent d’ambiguïté assumée, le côté "malsain" contrôlé de cette littérature asiatique, mais chez Nosaka, la soupe est sans doute, pour moi, trop poivrée.
( Akiyuki Nosaka, Le Dessin au sable. Ed. Picquier. Trad. de Jacques Lalloz.)

mercredi 20 novembre 2013

Sport cérébral (2) : solutions.

Pas de nouvelles propositions à mon petit jeu. Alors voici les solutions:

1. INRI.
2. Uranie.
3. Plus.
4. Patrick Sébastien (mais là, il faut avoir la télé pour comprendre).

Fermer les volets.

Cette fois, c'est volets fermés dans l'appartement. Six fenêtres et portes-fenêtres qu'il faut clore chaque soir et rouvrir chaque matin. Parce que, bien sûr, mon appartement est trop ancien pour être équipé de volets roulants ! Chaque année, j'attends le plus tard possible pour en arriver là. Mais depuis deux jours, on ne plaisante plus. Ce matin, il neigeotait sur Lyon. Rien à côté de Saint-Étienne. De la neige mouillée, comme on dit par ici, qui ne tient pas au sol. Mais le froid est bien là.

J'éprouve deux sensations radicalement opposées face à cette clôture de l'appartement. La première, désagréable : je me sens un peu enfermé, comme en cellule derrière les persiennes qui me masquent le spectacle de la rue. J'aime observer les passants attardés, seuls ou en groupes, qui regagnent leurs pénates. J'aime par dessus tout la vue des fenêtres éclairées, de l'autre côté de la rue, où parfois passent des silhouettes d'inconnus à qui j'invente volontiers des histoires ou qui me les joue en direct. Je suis un peu voyeur.

L'autre agréable : impression de calme, de sérénité dans mon cocon douillet où rien ne peut plus me troubler.

Mais c'est malgré tout la première qui l'emporte souvent. Fermer les volets signifie pour moi la fin de la journée, le plus rien à faire ou le tout à faire seul. Comme une sorte de petite mort comparable à celle que je ressens lorsqu'il faut regagner son lit pour la nuit.

mardi 19 novembre 2013

Momentini

- Pluie et grand froid aujourd'hui. Alerte orange à la neige dans la Loire. C'est fou ce qu'en retraite, on peut oublier que l'hiver existe.

- Rentré toute mes plantes de balcon. Le bougainvillée est encore en fleurs : une première en cette période de l'année. La semaine dernière, encore une fleur d’hibiscus.

- Vu plusieurs médecins pour ma jambe. Ras le bol de fréquenter les cabinets médicaux en ce moment. Rien d'apparent. Pourtant, j'ai bien le pied gauche quasiment insensibilisé. Il faudra peut-être prévoir une opération. Joie !

- Une autre malade est morte dans la clinique de ma mère. Chaque fois, le départ de l'une d'elles est durement ressenti par les autres. Celle-ci était là depuis plus de trente ans.

- Une mère d'élève me demande de donner de cours d'orthographe à son fils. Je crois que je vais dire oui. Je suis en train de me renseigner sur les prix.

- Réécouté de la musique cette semaine : Bach, Barbara et Amalia Rodiguez. Mon lecteur est un peu empoussiéré , depuis le temps.

lundi 18 novembre 2013

Omnia vulnerant

Quelques photos retrouvées en vrac. L'une d'elle : 1982. En noir et blanc. Nous les développions nous-mêmes avec une collègue dans le labo du collège. J'allais avoir 30 ans. L'année précédente, j'avais fait un long séjour en Italie, à Perugia, au cœur de l'Ombrie. Deux mois merveilleux.

Sur la photo, le jardin devant la villa d'une amie. Nous préparons des brochettes. C'est l'été. Je porte une ample chemise blanche fermée par des boutons de manchettes et un jean étroit avec ceinture blanche. J'ai les cheveux noirs et je semble hâlé. Je suis penché sur la table, comme le collègue qui m'aide dans la préparation. Lui est bien enveloppé. Moi, je suis mince, comme je l'ai presque toujours été.

Pas de nostalgie en regardant cette photo. Simplement me souvenir que j'ai aussi été ce jeune homme. Il y a trente ans.

Sport cérébral (2)

Puisque vous aviez aimé la première tournée...
Il m'arrive assez souvent de m'adonner à une occupation saine et émoustillante : les mots croisés. Voici donc quelques définitions trouvées ça et là et que j'ai appréciées. Saurez-vous trouver les mots qu'elles suggèrent ? J'indique pour chacune le nombre de lettres du mot à découvrir.

1. Légende de Pilate (4)
2. Muse à lunette (6)
3. Signe de croix (4)
4. Grand patron de grand cabaret (16 : deux mots)

dimanche 17 novembre 2013

Des mots de chez moi : solution.

La corbicine est un jeu auquel s'adonnent les enfants. Pour "faire la corbicine", il faut s'accroupir (en stéphanois, se mettre "à cacasson"), se pencher en avant en plaçant sa tête entre ses deux genoux et en faisant le dos rond, et rouler cul par dessus tête. J'ai souvent pratiqué dans ma prime jeunesse.

Inigo

Lecture dans un tout autre registre, cette fois-ci. Inigo veut dire Ignace en basque et le roman raconte une partie de la vie d'Ignace de Loyola, le fondateur des Jésuites. Plus exactement le moment où, abandonnant une carrière militaire, il se tourne peu à peu, et dans la souffrance, vers son destin spirituel. Pour être franc, je n'ai pas encore lu la postface de François Sureau, pour ne pas en être influencé.

Sureau nous présente le saint dans ce qu'il a de plus humain. Je ne dis pas "mièvre", tant s'en faut. Loyola pressent sa vocation en lisant la Légende dorée, de Voragine, en particulier la vie de saint François d'Assise. Il nous décrit admirablement ses tourments, ses volte-face, ses doutes et ses joies. Une seule déception : je pensais que le livre couvrait la vie entière de Loyola, mais telle n'était pas l'intention de l'auteur.
(François Sureau, Inigo. Ed. Gallimard.)

samedi 16 novembre 2013

Des mots de chez moi

La "corbicine" ! Qui peut me dire ce que c'est en langage stéphanois (en gaga donc) ? Interdiction de tricher en allant sur WP !

Le monde évolue

En rangeant (oui, encore) mon bureau, je suis retombé sur un calendrier romain antique que m'avait offert une élève. Et je me rends compte que le 3 novembre était alors consacré aux Hilaria, c'est à dire aux fêtes en l'honneur de Cybèle, qui eut droit  jusqu'à une époque tardive de l'empire romain à un culte orgiastique. D'ailleurs, hilaria en latin veut aussi dire gaieté. Nous, le 2, c'est la fête des Morts ! On entrevoit toute l'étendue du changement.
Enfin, heureusement, nous avons hérité de la journée de la gentillesse ...

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (8)

Encore un slow ! Il n'y avait que ça à l'époque en boîte et dans les soirées entre amis. Ça simplifiait l'approche !

Le Chant des sirènes

Un des épisodes les plus connus de l'Odyssée, c'est évidemment celui des Sirènes, ces monstres mi-femmes mi-oiseaux (et non pas poissons comme le Moyen-Age ou un des contes de notre enfance les représentent) qui, par leur musique et leur chant mélodieux, attiraient les matelots sur leurs rochers pour les dévorer ensuite. Ulysse, curieux de les entendre, ordonna à ses marins de se boucher les oreilles avec de la cire et de l'attacher solidement au mât de son bateau avec interdiction de le délier quoi qu'il dise ou fasse.

Mais que chantaient donc les sirènes pour posséder un tel pouvoir sur les humains ? Homère ne le dit pas. Que voulait savoir Ulysse que les autres ne pouvaient entendre qu'au risque de leur vie ? Pour ma part, je ne crois guère à la beauté extrême de leur chant comme explication de cette attirance irrépressible.

D'ailleurs, avant Ulysse, comme le raconte Apollonios de Rhodes dans les Argonautiques, Jason, parti en Colchide pour conquérir la fameuse Toison d'Or, avait demandé à Orphée, le poète mythique, de chanter accompagné de sa lyre afin de détourner ses marins du pouvoir des Sirènes, ce qu'il parvint à faire sauf pour l'un d'entre eux, Boutès, qui se jeta à l'eau pour les rejoindre. Ainsi, ces femmes-oiseaux n'en étaient pas, avec Ulysse, à leur premier échec.

Il fallait plutôt que ce qu'elles psalmodiaient touche l'homme au plus profond de lui-même, non pas à son cœur mais à son âme, ou plutôt à son inconscient, à ce qui, chez chacun, est enfoui et bridé. Ulysse, que, malgré son attachement à Pénélope, l'on peut qualifier d' "homme à femmes" (combien sont-elles dans l'Odyssée : Circé, Calypso, qui le garda sept ans, Nausicaa,... ? ), n'était sans doute pas homme à s'émouvoir aussi facilement devant tant de grâce, même si Homère le dépeint souvent gémissant et pleurant. Mais sur le rivage près de la grotte de Calypso, pourquoi pleure-t-il ? Est-ce de ne pouvoir quitter ces lieux pour rejoindre Ithaque ou de l'absence de désir qu'il éprouve maintenant face à la nymphe ?

Alors quoi ? La part inavouable de chacun d'entre nous, ce qui expliquerait qu'Ulysse, lorsqu'il accepte de l'entendre, prend bien garde à ce que ses compagnons n'en aient pas connaissance en les forçant à se boucher les oreilles. Ce qui expliquerait qu'Homère, pourtant ailleurs si prolixe n'en dise pas un mot pour garder intacte l'image de son héros. Je ne sais pas, mais je crois qu'il y a à fouiller de ce côté-là.

Kafka, en 1917, écrivit un texte revisitant ce mythe des sirènes : Le Silence des sirènes. Chez lui, les femmes-oiseaux décident de se taire à l'arrivée d'Ulysse, mettant tout leur pouvoir dans leur mutisme. Et c'est ce silence que le héros affrontera et vaincra. Il faudra que je me procure, si c'est encore possible, ce texte de Kafka. Il est censé préfigurer les thèses de Lacan sur la voix. Ce qui ne peut que m'intéresser.

vendredi 15 novembre 2013

Il fut un blanc Navire

Un enfant rêve, dans un village du kirghizstan de quelques âmes. Il rêve d'un grand bateau blanc qu'il croit voir apparaître parfois sur le lac et où travaillerait son père, parti depuis longtemps. Il rêve qu'il se transformera un jour en homme-poisson pour rejoindre celui qu'il ne connaît pas. Abandonné par ses deux parents, il est élevé par son grand-père, un brave homme simple et craintif sous le joug de son gendre qui frappe sa femme quand il a bu, et il boit souvent.

Mais les rêves de l'enfant vont tourner aux cauchemars face au monde des adultes et à leur brutalité. Seule le console l'apparition de la Mère à la Belle Ramure, un mâral (sorte de cerf) réincarnation d'un animal mythique d'une histoire que lui raconte souvent son grand-père. Lorsque son oncle tue l'animal, la vie de l'enfant bascule.

Ce livre est un livre merveilleux, écrit dans une langue limpide par Tchinguiz Aïtmatov, fils d'un haut fonctionnaire disparu en 1938 lors des purges staliniennes, conseiller de Mikhaïl Gorbatchev et décédé en 2008. Une découverte pour moi.
(Tchinguiz Aïtmatov, Il fut un blanc Navire. Ed. Phébus. Trad. de Lily Denis.)

jeudi 14 novembre 2013

Pas besoin de lire

Stephen King, lui-même en personne, ce soir à la télévision. Pas besoin de lire : juste à le voir, ça fait peur!

Les pianos Pleyel samson allés



Samson François joue la Polonaise Op.26  de Chopin.

mardi 12 novembre 2013

Qu'est-ce que c'est ?


De quoi s'agit-il ? A vous de le trouver.

dimanche 10 novembre 2013

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (7)




Pierre Groscolas, Fille du vent (1971).

Que de frotti-frotta sur cet air là ! Je n'avais pas 20 ans, et je rêvais... Bon, pour la déco, c'est peut-être un peu trop !

Du poids des jugements

Je suis né le même jour que Camus, trente-neuf ans plus tard. La première fois que je l'ai rencontré, c'était en terminale où j'avais tenu à conserver les cours de français, bien qu'ayant déjà passé mon bac.

Et la rencontre fut désastreuse. J'avais toujours eu des professeurs de lettres hommes, des vieillards semblables au David de Michel-Ange, impressionnants et graves, des puits de science qui me firent aimer la littérature. Pour la dernière année de lycée, je tombai sur une femme, femme et jeune ! Sa façon de s'asseoir sur les bureaux me déplaisait profondément, et il me sembla vite que l'essentiel de sa pédagogie consistait à charmer les adolescents boutonneux que nous étions tous en montrant plus que de raison une bonne partie de ses jambes. Pas un instant, je ne crus en son savoir.

Je ne me souviens d'ailleurs pas du tout de ce que nous étudiâmes cette année-là, à l'exception de L'Etranger que je rejetai immédiatement puisque c'était elle qui nous l'avait proposé. Je n'y vis que modernisme de bonne compagnie et me réfugiai immédiatement derrière mes souvenirs illuminés de Racine, de Maupassant ou de mes auteurs antiques.

Lorsque, au début des mes années d'enseignement, je fus contraint à mon tour de le proposer à mes élèves, je fis bien sûr suivre son étude de celle de Phèdre. Une de mes élèves, intelligente et à la langue bien pendue, me fit remarquer qu'à son avis, j'adorais racine et n'aimais pas Camus. Ce en quoi elle ne se trompait nullement. C'est elle qui, alors, me prêta Les Justes, ce afin que je révise mon jugement qu'elle trouvait trop injuste. Je fus enthousiasmé par cette pièce.

Depuis, je me suis juré de lire d'autres œuvres de Camus, et je n'ai jamais tenu ma promesse. Par peur, sans doute, de retomber dans ma détestation ou parce que, comme pour certaines œuvres musicales, je considérais qu'il fallait que je mûrisse avant d'entrer dans cet univers. Il serait peut-être temps que je m'y mette.

samedi 9 novembre 2013

Ce et ceux que j'aime

Jeudi soir, j'ai été invité à dîner par Frédéric et sa mère à l'occasion de mon anniversaire. Délicate attention que j'ai appréciée à sa juste valeur, d'autant que le repas était excellent et fait "sur mesure" avec des mets que je goûte  particulièrement : gratin de macaroni et côtes d'agneau, suivis d'un excellent gâteau d'un des très bons pâtissiers de Lyon. Et bien sûr champagne. Aujourd'hui trône également sur ma table de salon une très esthétique composition florale offerte par Frédéric.
Grand merci à tous les deux.

vendredi 8 novembre 2013

Avant

Joie, l'autre jour, de trouver enfin un nouveau J-B Pontalis en poche, joie d'autant plus grande que cela risque bien d'être l'un parmi les derniers, l'auteur étant décédé cette année. J'ai déjà dit mon engouement, ma passion pour ce qu'écrit cet homme, dans lequel je me retrouve entièrement. Je voudrais d'ailleurs, si cela est possible, essayer de me procurer les enregistrements des entretiens que France Inter lui a consacrés il y a quelques mois et que je n'ai pu suivre intégralement.

"Avant" est un peu d'une autre veine que d'autres "essais" que j'avais appréciés, plus difficile à pénétrer à cause de ma quasi totale ignorance de la psychanalyse et des mots qui lui sont propres. Pourtant, on retrouve, au détour des pages, son amour de la littérature, son sens du rien, du quotidien, du banal qu'il sublime. Mais c'est un livre assurément à lire, ne serait-ce que pour la définition et l'analyse de "l'infans",  mot romain qui désignait le tout petit enfant, celui qui, mot à mot, si je puis dire, "ne parle pas".
(Jean-Bertrand Pontalis, Avant. Ed. Gallimard.)

jeudi 7 novembre 2013

Maudite soit la guerre

Image illustrative de l'article Monument aux morts de Gentioux
Il m'a fallu tout ce temps, jusqu'à hier, pour comprendre ce que voulait dire le nom d'une petite rue de Saint-Étienne que j'empruntais régulièrement autrefois pour aller au lycée : la rue des Martyrs de Vingré.

Vingré était un nom que je trouvais beau et qui, comme souvent dans ces cas-là, m'emmenait ailleurs, dans mes rêveries. Martyrs m'inquiétait davantage mais jamais je ne fis la relation avec la première guerre mondiale. Pour moi, à l'époque, les martyrs étaient forcément à compter parmi les premiers chrétiens.

Ce quartier autour de la Grand Poste et de l'ancien marché couvert de la place Chavanelle me plaisait bien car très populaire et animé. Près de la place Neuve, il y avait le bar où nous allions parfois avec Yvon et que me rappelle chaque fois la chanson de Michel Delpech "Chez Laurette", le magasin où ma grand-mère m'acheta mes premiers livres en relief et quelques prostituées hautes en couleur qui s'invectivaient d'un trottoir à l'autre, enrichissant ainsi considérablement mon vocabulaire crapuleux.

Dans ma famille, on ne me parla jamais, à mon souvenir, de cette première guerre. Mes parents qui avaient connu la suivante en avaient fait un sujet récurant de conversations, mais sur 14-18, rien (pas plus d'ailleurs que sur la guerre d'Algérie ou sur l'Indochine).

C'est seulement hier, en regardant les informations, que je sus qui étaient ces martyrs qui intriguèrent mon enfance : des soldats français qui, le 27 novembre 1914, quittèrent leur tranchée investie par les allemands avant de la leur reprendre. Comme l'ennemi avait fait des prisonniers, ceux qui s'étaient repliés furent accusés, bien qu'ayant obéi sur ordre, d'abandon de poste. Un conseil de guerre spécial désigna par tirage au sort six boucs émissaires et les fit fusiller le 4 décembre, sur ordre du général Étienne de Villaret, ceci afin que les combattants retrouvent "le goût de l'obéissance". Parmi eux un poilu qui, fait prisonnier par les allemands, avait réussi à leur échapper. Parmi eux, deux natifs de la Loire du nord (Ambierle) : Jean Blanchard et Francisque Durantet. Le procès fut révisé en 1920 et, en 1921, le jugement en fut cassé.

A ma connaissance, aucune autre ville ne peut s'enorgueillir d'avoir ainsi rendu hommage à ces hommes en leur attribuant le nom d'une rue. Il y a dans la Creuse, sur la commune de Gentioux, un monument aux morts qui représente un enfant tendant le poing vers l'inscription : "Maudite soit la guerre." Encore une exception...

mercredi 6 novembre 2013

Passions

Ah ! quelle bonne soirée. Il y a des jours où l'on ne regrette pas d'avoir la télévision. Ce soir, Des Racines et des ailes était consacré au pays d'Arles.

Alors, voir tous ces gens passionnés par ce qu'ils font, du confiseur de fruit au presseur d'olives noires, de l'archéologue amateur capable, en regardant les cailloux d'un champ de retrouver un puits donnant dans la partie souterraine de l'aqueduc aux scientifiques du nucléaire œuvrant à la sauvegarde de la barge gallo-romaine de trente mètres de long récemment découverte dans le Rhône, moi, ça me touche profondément.

Des techniques modernes au service de l'antique et pourtant, et heureusement, toujours le même regard plein d'étoiles de cette femme, de cet homme, devant le bateau remonté, devant le vase à libation à magnifique tête de chien que personne n'avait vu ni touché depuis deux mille ans.

Archéologue, c'est ce que je voulais faire, ce que j'ai étudié et pratiqué un peu au temps de l'université. Et puis Arles, c'est aussi le dernier voyage avec Amédé et le premier rêve où il y avait Pierre. Mais j'ai déjà dit tout cela, je ne suis qu'un vieux radoteur. D'ailleurs, demain, je prends un an de plus.

Home

Toni Morrison est un écrivain aux qualités unanimement reconnues. C'était le premier roman que je lisais d'elle. Je m'en augurai beaucoup de plaisir. Pourtant, jamais je ne suis rentré dans le livre. Lorsque je le reprenais chaque soir, je ne savais plus ce que j'avais lu la veille, je mélangeais les personnages, je pensais à autre chose en le lisant. Résultant : il ne m'en reste rien, pas même une impression, une image. Sans doute à cause de ce fichu rhume qui m'embête depuis quelque temps.
( Toni Morrison, Home. Ed. Ch. Bourgois. Trad. de Christine Laferrière.)

mardi 5 novembre 2013

Restriction

Il y a au moins un inconvénient à tenir un blog tendance journal : ceux qui vous lisent savent tout (ou presque) de vous. Je ne parle pas de la vie intime, que j'aborde de plus en plus rarement ici, mais de la vie de tous les jours. Les autres ont des nouvelles de vous. Très bien, mais l'inverse n'est pas vrai. Nous ne savons pas ce que eux, qui n'écrivent pas, deviennent. Et c'est parfois bien frustrant. Alors faut-il se faire plus rare pour que, parfois, le téléphone sonne ?

samedi 2 novembre 2013

Point commun

Francis Jammes, Alfred Jarry, René Lévesque, Claude Levi-Strauss, Georgios Papandréou, Albert Préjean, Pierre Repp, Pierre Seghers, Christine Sèvres, William Styron, Yma Sumac, King Vidor, outre le fait d'avoir laissé un nom dans leur domaine respectif, ont tous un point commun : ils sont décédés un 1er novembre. Facile à retenir, mais embêtant pour le choix des fleurs...

Ne pas oublier.

Il y a des jours où l'on se dit que l'on est un vrai con, d'autres où l'on se trouve assez génial. Parfois les deux dans la même journée. Mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que pour les autres, c'est la même chose.

vendredi 1 novembre 2013

Nouvelles trouvailles (involontaires) de mes amis

- " Il a été piqué par un insecte et il a failli nous faire un œdème de King." Sans doute était-ce un grillon royal !

- " Ces gens-là ont fait à pied le pèlerinage de Saint-Georges de Compostelle." J'espère qu'il y ont trouvé la clé du même...

- "En sortant du restaurant, après un repas bien arrosé, il a été arrêté par les gendarmes qui lui ont fait passé l'épilotest. " Sans doute, après, n'avait-il plus un poil de sec !

A l'est

Voyage à l'est de Lyon aujourd'hui, avec les tombes familiales de Frédéric et de Jean-Claude. Est-ce une impression ou la réalité, mais j'ai cru voir plus de monde dans les cimetières que les années précédentes ? La morosité ambiante pousse-t-elle les familles à se recentrer sur elles-mêmes et à fleurir davantage leurs morts ? Peut-être certains découvriront-ils ainsi combien sont beaux ces lieux les premiers jours de novembre où tout n'est que couleurs sur le marbre.

A midi, retour dans un restaurant d'un petit village de l'Ain que nous avions déserté depuis trois ans. Les restaurateurs ont changé : ce sont maintenant deux hommes d'à peine trente ans originaires de la Loire qui y officient, dont l'un magnifiquement beau et qui n'a pas oublié d'être intelligent et cultivé. Il m'a raconté son parcours, de l'Histoire de l'Art à l'éducation spécialisée, de la fac en vue d'être enseignant d'histoire à ce petit troquet où nous avons dégusté, entre autres, de succulentes grenouilles fraîches. Pour finir, nous nous sommes découvert un ami commun, un ancien surveillant du collège, reparti dans son village d'origine, avec qui il joue souvent au foot.

A ceux qui ne connaissent pas ces régions de l'Isère et de l'Ain, je conseille, à l'occasion, de s'arrêter en passant et de visiter ces beaux villages que sont Saint-Chef, Morestel ou Crémieu. En plus, c'est un petit coin de France où l'on mange très bien.

Le Wagon

J'ai lu ce roman avec un intérêt certain mais mêlé d'une grande gêne.

Intérêt parce que, malgré quelques tics de langage, il est parfaitement écrit et décrit très bien l'affreuse souffrance des hommes enfermés dans ce wagon de l'un des derniers trains à destination de Dachau : la chaleur, la faim, la soif, la puanteur, la folie, la mort, pour certains, pendant le voyage, tout est dit sans concession ni pathos racoleur.

Mais gêne aussi justement à cause de cela. En fait, l'idée de transformer cette réalité hélas historique en thème de fiction, même si l'auteur aborde lui-même le sujet dans une "préface", m'a donné parfois l'impression d'être un "voyeur", comme si je n'avais rien à faire là, comme si mon plaisir à lire découlait en quelque sorte de la souffrance de ces êtres humains. 

Chose étrange : je n'ai jamais ressenti cette gêne en visionnant un film sur le même sujet ou sur un sujet proche. Peut-être parce qu'un écran absorbe plus l'attention qu'une page imprimée où l'esprit est toujours libre de vagabonder.
(Arnaud Rykner, Le Wagon. Ed. Actes sud.)