jeudi 31 juillet 2014

Insomnie

Trois heures du matin. Je ne dors toujours pas. La soirée n'a pourtant pas été plus arrosée de d'habitude et s'est déroulée dans une atmosphère de bonne humeur. Je me suis déjà relevé pour grignoter un peu et boire un verre d'eau. Mais le sommeil ne vient pas.

Alors, je saute du lit et vais fouiller dans la bibliothèque de ma chambre : il va bien falloir que je trouve un bon livre à emporter en Italie, un choix délicat puisqu'une fois parti, je ne pourrai pas en changer.

Et je redécouvre des trésors : un essai sur François Ier et son goût de l'Italie, une biographie de Mauriac, une autre de Jaurès, une troisième d'Alexandre II, tsar de toutes les Russies, des récits de voyages en Asie, une étude sur les hommes des Croisades, et d'autres que j'ai achetés il y a longtemps avec la ferme intention de les lire à la retraite, ce que je n'ai toujours pas fait : Les Misérables de Victor Hugo, les Mémoires d'Outre-tombe de Chateaubriand, le théâtre complet de Shakespeare...

Il est quatre heures. Je ne me décide toujours pas, même après avoir parcouru quelques extraits de certains de ces ouvrages. Alors, par fainéantise,je me rabats sur un polar que m'a donné ma voisine. Et, quelques pages plus loin, je sombre.

Prince d'orchestre

Autant Le Turquetto, si je me souviens bien, m'avait séduit dès les premières pages, autant Prince d'orchestre, du même écrivain Metin Arditi, m'a déconcerté au début. Je me suis demandé plusieurs fois où l'auteur voulait en venir. Ce n'est qu'au fil des chapitres que je me suis laissé prendre par cette histoire d'un chef d'orchestre, un des plus prestigieux du monde, qui, à la suite d'une indélicatesse vis-à-vis d'un musicien, va vivre une descente aux enfers inexorable.

Pourtant, j'ai aimé ce livre parce que, malgré un sujet plus que grave, il est léger : par ses chapitres, toujours courts, par le style de l'auteur, allusif, n'en rajoutant jamais sur le pathos, par la rédemption finale pour un autre personnage.
(Metin Arditi, Prince d'orchestre, Ed. Actes Sud.)

mercredi 30 juillet 2014

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

Réponse

En réponse à la question de Nicolas :

J'ai commencé par détester écrire. Le moment de rédiger une rédaction dans les petites classes du collège était pour moi un véritable calvaire. Comment raconter mes vacances alors que je ne partais pas de la maison familiale ? Ma mère régulièrement devait mettre la main à la pâte et me souffler quelques idées que je transcrivais de la manière la plus sèche possible : je n'aimais pas m'étendre.

Ensuite la passion me prit, probablement autour de la quatrième. Je n'avais plus besoin d'aide et me débrouillais plutôt bien. Je me souviens encore de la fierté que je ressentis lorsque j'obtins la meilleure note pour un commentaire de texte où j'avais interprété les silences d'Andromaque dans la pièce de Racine.

Je me mis bientôt à écrire pour moi. D'abord quelques poèmes assez mièvres que je recopiais, lorsqu'ils me convenaient, sur un cahier, de ma plus belle écriture. Je dois encore posséder un de ces cahiers dans mes archives. Des camarades et un surveillant (qui m'avait surpris en train d'écrire pendant l'étude du soir) les avaient lus et les trouvaient "prometteurs".

Puis, sans transition, je passai au journal (après avoir lu Anne Franck) et au roman (cette fois-ci après la lecture des Souffrances du jeune Werther, de Goethe). En pleine période romantique, je croyais souffrir autant que le jeune allemand. Parallèlement, je rédigeais encore des poèmes, épiques bien sûr puisque j'étais tombé sous le charme de Victor Hugo.

Comme, avec l'adolescence, était arrivée une phase de pudeur maladive, j'écrivais sur des feuilles de papier très fines, d'abord parce que je trouvais cela du "dernier chic" et ensuite, et surtout, pour pouvoir plus facilement cacher mes écrits à mes parents et à mon frère, qui partageait la même chambre que moi et ne se gênait pas pour fouiller dans mes affaires et exercer un certain chantage en fonction de ce qu'il découvrait. Moi, entre temps, j'avais découvert mon homosexualité et me confiais abondamment dans mes écrits.

Inutile de dire que tout cela ne valait pas tripette. A l'université, je cessais totalement d'écrire. Mes soirées, depuis mon arrivée à Lyon, je les passais bien différemment.... A vingt ans, on a autre chose à faire que de rester seul. Cette abstinence (en écriture) dura longtemps : je n'avais pas perdu le goût de la lecture mais je m'étais rendu compte que, d'une part, j'étais toujours très influencé par ce que je lisais, et d'autre part, ce qui est lié, je rédigeais toujours "à la manière de". Ce n'était donc pas moi qui écrivais, qui apparaissais au fil des pages, et je n'y trouvais plus aucun équilibre. Le blocage semblait définitif.

Et puis, il y eut l'ordinateur et, après la mort de Pierre, l'ouverture de mon blog. J'étais très seul à ce moment-là et éprouvais la nécessité vitale de confier ce que je vivais, même, surtout, à des inconnus. Le blocage disparut instantanément. J'arrivais à être moi, à écrire comme je l'entendais et non pas comme on me l'avait appris, d'une manière trop scolaire, trop académique.

Depuis bientôt sept ans, je n'ai pas cessé. La "nécessité vitale" a disparu depuis longtemps; bien sûr, en tout cas sous la forme qu'elle avait à l'époque. Mais j'aime toujours mes rendez-vous du soir avec mon écran, pour écrire et pour lire les autres, dont je connais maintenant certains.

Pourquoi ce changement dans mes rapports à l'écriture ? Je crois sincèrement que l'ordinateur y est pour beaucoup : instrument moderne, il m'a libéré de cet académisme qui m'inhibait. La brièveté possible dans les billets me convient parfaitement (et là, je me retrouve comme dans mon enfance, à être plus à l'aise avec des textes courts). Le fait d'écrire presque chaque jour, me rappelle l'époque où je tenais un journal. Je crois aussi que le fait d'avoir des lecteurs (et des commentaires) m'encourage à poursuivre. Moi qui, il y a des décennies, me prenais pour un romantique, je me suis depuis longtemps aperçu que je ne suis décidément pas fait pour la solitude.

mardi 29 juillet 2014

Vacances

Le départ pour l'Italie se précise. Je viens d'imprimer tout ce que m'a envoyé Elisabetta, indications routières, photos pour se repérer, ... Nous logerons dans un gîte en Toscane, près de Lucca, la patrie de Puccini.

Au programme, Lucca bien sûr qui est une très belle ville un peu méconnue, et puis Florence, Sienne et l'abbaye, en ruines, de San Galgano où a été tournée la scène finale du film Le Repos de guerrier, Pise, Volterra, San Gimignano. En options selon le temps disponible : Perugia, Assise et Arezzo (ah! les fresques de Piero della Francesca ! ). Sur la route du retour, j'aimerais faire un petit détour par les Cinque Terre, que je ne connais pas.

Il me tarde...

lundi 28 juillet 2014

Repos

Deux jours dans le Jura, encore. J'aime cette région, j'aime la maison où nous allons, j'aime l'amie qui nous reçoit dans un décor kitch des années cinquante et soixante. Le lit est exécrable mais pour deux nuits...

Comme d'habitude, le repos tranquille, avec apéritif, repas au barbecue entre deux orages, parties de cartes, et puis on recommence : apéritif, repas, cartes...

Les ânes qui braient, les moutons qui bêlent, le voisin qui apporte des prunes de son arbre, une autre amie ses pommes de terre, une dernière ses essais de gâteaux souvent ratés mais cette fois excellents, le détour par la crémerie où l'employée est souriante et douce, le déliseronnage des hortensias, la flambée dans la cheminée et l'odeur de la maison, si particulière.

vendredi 25 juillet 2014

Un compte rond

Tiens, je viens de découvrir que le billet précédent était le 4000° de ce blog ! Ça s'arrose, non ?

L'oeuvre aux noires (8)

Lena Horne (1917-2010)


Cartes blanches (8)

Eva (1943)

jeudi 24 juillet 2014

La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert

On nous parle souvent des livres de l'été, à emporter avec soi en vacances et à lire en se faisant dorer au soleil sur la plage. La plupart du temps, en tout cas les rares fois où j'ai essayé, ce ne sont que fadaises mal ficelées et sans aucun intérêt.

Alors, moi, je vous en conseille un que j'ai dévoré (dans mon lit, jusque très tard dans la nuit) malgré ses 860 pages. Il s'agit de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, de Joël Dicker, un suisse francophone, qui a écrit là un polar digne des meilleures intrigues à l'américaine. L'histoire se passe d'ailleurs sur la côte est, dans une petite ville où vit un grand écrivain, ville sans histoire jusqu'au jour où une jeune fille de 15 ans disparaît.

Vous raconter ce livre serait assez long et compliqué car jusqu'à la dernière page ou presque, on est baladé de fausse piste en fausse piste avec une maestria rare chez un auteur dont c'est seulement le deuxième ouvrage. Mais lorsque Bernard Pivot écrit, en quatrième de couverture : "Si vous mettez le nez dans ce gros roman, vous êtes fichu. Vous ne pourrez pas vous empêcher de courir jusqu'à la six centième page", ce ne sont pas des paroles en l'air.
( Joël Dicker, La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert. Ed. De Fallois Poche.)

mercredi 23 juillet 2014

La voix

Quand le cri devint-il voix ? Quand le son devint-il mot ? Il n'existe rien de plus beau que la voix humaine, même la musique du plus divin instrument.

Cette voix qui traduit à l'infini les émotions de celui qui parle, de la joie à la colère, de la peur à l'extase, sans même avoir besoin du sens des mots. Cette voix qui, lorsque je l'entends, prime le message transmis parce qu'elle est avant tout musique.

Cette voix qui chante et qui fait frémir, dans son fauteuil, devant la scène, où qu'on l'entende. Deux lèvres, une langue, un palais et, tout au fond, les cordes, minuscules qui vibrent pour nous faire vibrer.

mardi 22 juillet 2014

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (26)

Maurice Fanon, L’Écharpe (1964)
 

Ubu n'est pas mort

Cet après-midi, je suis allé à la banque chercher un chéquier pour ma mère dont j'ai une procuration. Cela s'est fait sans aucune difficulté mais m'a rappelé une visite précédente, pour sa carte bleue cette fois.

La personne au guichet refusait de me la confier, et cela malgré la procuration. Selon elle, cette procuration est valable pour tout sauf pour la carte bleue : la loi est, paraît-il, ainsi faite. Ainsi donc, ma mère était considérée comme handicapée pour les chéquiers, les retraits d'argent, etc, mais pas pour ça : elle devait venir la chercher elle-même, ce que, bien évidemment, elle ne peut pas faire. Et la banque n'envoyait pas la carte à domicile.

J'eus beau faire ressortir l'absurdité d'une telle situation, l'employée resta inflexible. Alors, je pris une de ces colères froides dont je peux être capable malgré un naturel plutôt calme. Je demandai à voir le responsable de l'agence, menaçant, s'il ne pouvait me recevoir, de faire procéder au transfert immédiat des avoirs de ma mère sur un autre établissement bancaire.

Malgré le pécule somme toute assez modique de ma mère, le monsieur ne fut pas long à arriver. Il me répéta la même chose que la guichetière, de manière moins catégorique cependant. Je lui réitérai mon intention de solder le compte si je n'obtenais pas satisfaction et, là, le langage changea : après tout, me dit-il, si j'avais l'intention de déposséder ma mère, je n'avais pas besoin de cette carte puisque je possédais déjà les chéquiers et pouvais le faire en toute légalité. Il demanda donc à l'employée de me délivrer la carte.

Je reste souvent perplexe devant de telles aberrations, qu'elles soient du fait de la loi ou de règlements propres à chaque entreprise ou administration. Non, non, le Père Ubu n'est pas tout à fait mort !

lundi 21 juillet 2014

Au suivant !

Karagar m'avait, il y a quelque temps, demandé quel était mon nouvel appareil photos : il s'agit d'un compact Canon SX700HS. J'ai mis longtemps à le choisir, comparant les prix, les performances, les +, les -, faisant plusieurs magasins pour avoir des avis différents.

Tous les spécialistes que j'ai vus semblaient d'accord, dans cette gamme de prix, sur celui-ci, ou sur un autre dont j'ai déjà oublié la marque. Le dernier, à qui je parlais de mon vieux Panasonic Lumix, a fini par me convaincre en me précisant que je retrouverai sur celui-ci la même image aux couleurs contrastées que sur l'ancien.

Il serait maintenant temps que je me le mette "en main", puisque je l'ai à peine essayé depuis l'achat. J'ai bien l'intention de m'en servir lors de mes vacances en Italie et le vieux me cause de plus en plus de soucis (ah ! le feu d'artifice du 14 juillet ! ) mais j'y suis très attaché et n'ai pu encore me résoudre à le laisser tomber. Je dois être un grand sentimental !

dimanche 20 juillet 2014

Miroir, vilain miroir...

Quand j'étais petit, j'aimais bien, comme tous les enfants, me regarder dans les miroirs. Je ne me souviens pas s'il y en avait un chez ma grand-mère maternelle, qui m'élevait. Mais elle ne manquait jamais, lorsqu'elle me surprenait à le faire, de me prévenir : "A force de te regarder, un jour tu vas voir apparaître le diable !"

A l'époque, j'y croyais ferme au diable, avec cornes, poils, queue fourchue et tout l'attirail. Peut-être est-ce pour cela que, peu à peu, je ne jetais à mon image qu'un bref regard en passant. Chaque fois, bien sûr, c'était moi que je voyais : le diable n'était sans doute pas assez rapide et n'apparaissait-il qu'une fois que j'avais détourné le regard.

Un autre de mes grands plaisirs était, lorsque je me trouvais devant une glace, de m'y faire les pires grimaces que je pouvais imaginer. Comme j'avais la peau du visage assez souple, cela donnait des résultats assez surprenants qui me faisaient beaucoup rire. Mais, de cela non plus, il ne fallait pas, selon aïeule, prendre l'habitude. Elle avait, pour l'occasion, une autre phrase toute prête, à peine différente de la précédente : " Si tu continues à faire des grimaces, un jour, tu vas rester bloqué !"

Ce dernier avertissement m'inquiétait bien davantage que le précédent : et si c'était vrai, si je devenais très laid, si mes yeux restaient révulsés, si ma bouche demeurait tordue, si mes oreilles ne se redressaient pas (là, je n'ai eu aucun souci par la suite !), si tout le monde se moquait de moi ou s'enfuyait, terrorisé, en me voyant arriver ?

Tout cela est bien loin aujourd'hui, pourtant il m'en reste quelque chose : je ne peux pas m'asseoir à une table et manger face à mon reflet. Je demande toujours, si c'est possible, de tourner le dos au miroir, à la  fenêtre ou à la vitrine. Et, chose surprenante, ma sœur, qui n'a pourtant pas été élevée par la grand-mère maternelle, se comporte exactement de la même façon ! Ma mère, sans doute, avait dû prendre le relais...

(Inutile de dire que je comprends bien ces peuples qui refusent d'être photographiés de peur qu'on leur vole leur âme.)

( J'aime toujours faire des grimaces !)

vendredi 18 juillet 2014

Trouvailles

Vous vous rappelé nos deux Dupont(d) ? Les ayant moins vus ces temps derniers, je n'ai pu collecter leurs perles inoubliables. Pourtant, Frédéric m'en a rappelé une, lâchée lors de notre dernier séjour dans le Jura et qui vaut son pesant d'or ! Dupont (ou Dupond, comme il vous plaira) a pris son air le plus inspiré pour nous dire, alors que nous étions à table :

- Attendez ! Il faut que j'essaie de faire le vide dans ma tête !

Nous n'avons pas eu à attendre très longtemps !

Une vieille connaissance

Ma chère Évelyne,

voilà que, maintenant, tu as l'adresse de ce blog. Tu me dis, qu'en le lisant, tu as l'impression de regarder par le trou de la serrure. A quoi bon, puisque je t'en ai ouvert la porte ?

Au fil des billets, depuis 2007, tu verras sans doute que j'ai plusieurs fois parlé de toi, directement ou de manière plus allusive. Nous avons, en effet, tant de souvenirs en commun dont, certains, oubliés de moi, que tu viens de me rappeler, comme Spinoza ou le voyage à Valence.

Ah ! les voyages ! En Italie, où je t'ai fait entrer dans les églises après notre expérience inoubliable à Vercelli ;  en Grèce, la première fois que, du bus, j'ai vu le Parthénon sur l'Acropole et où j'ai failli embrasser la terre que je rêvais depuis si longtemps de fouler (sans parler des "lipides") ; les voyages suivants avec tous les élèves dont nous devions vérifier les poches pour qu'ils n'emportent pas quelques pierres (tu te souviens de celui qui, à l'aune de son propre corps d'enfant, mesurait les colonnes abattues du temple de Zeus à Olympie ?) ;  les réunions de travail que nous ayons été d'accord ou pas ; les semaines européennes en Alsace, ponctuées chaque fois de ce que nos collègues appelaient nos "scènes de ménage" ; les gîtes en Ardèche ( la "douche" au wc, la pipistrelle, les jeux du soir...) ; la tournée en Allemagne (carte à Mireille, à la frontière), Tchécoslovaquie (ta couette du matin), et Hongrie (le dresseur de chevaux et sa lambada).

Je pourrais en rajouter tant d'autres...Nous avons passé plus de trois décennies côte à côte, et ce n'est pas rien. Tu as été une des dernières à qui j'ai ouvert les portes de ce blog. Par pudeur, à cause justement de tout ce qui précède et qui constitue une bonne part de notre vie, à l'un comme à l'autre. Alors, aujourd'hui, je veux dépasser cette pudeur et te dire merci du fond du cœur. Merci pour ce que tu es, pour tes qualités comme pour tes défauts, merci pour tout ce que tu m'as apporté et qui, je l'espère ne s'arrêtera pas là.

( J'ai vu ton commentaire sur les Lettres à Pierre. Merci. Je l'ai découvert parce que je savais que tu voulais les lire. Mais, sur les anciens billets, je n'ai plus la possibilité de les découvrir en "temps réel" : le service qui me les annonçait au moment où ils paraissaient  a été supprimé. Alors, s'il te plaît, lorsque tu en mets un, avertis-moi par mail et dis-moi où il se trouve.)

Bon été à toi.

mercredi 16 juillet 2014

Les Pissenlits

Un inédit en français de Kawabata, ça ne se refuse pas. Les Pissenlits, roman inachevé, a été publié au Japon en 1972 et seulement 40 ans plus tard en France. Je ne pouvais pas ne pas l'acheter puisque c'est cet auteur qui m'a fait découvrir et aimer la littérature nipponne.

L'intrigue en est mince : une mère conduit à l'hôpital psychiatrique sa fille atteinte d'une maladie mentale. Le fiancé de cette dernière l'accompagne. Tous deux passeront la nuit dans une pauvre auberge de la petite ville inconnue.

En fait, il s'agit davantage d'un exercice littéraire auquel s'est adonné le vieux maître : faire parler ces deux personnages toute la nuit, au gré des associations d'idées, mêlant souvenirs intimes et confidences. Beaucoup de dialogues donc, qui, comme dans la vie courante, reviennent sur eux-mêmes, se complètent, s'approfondissent.

Ce n'est pas l'ouvrage de Kawabata que j'ai préféré (je repense encore avec émotion à la lecture de La Danseuse d'Izu ou des Belles Endormies!) mais j'y ai retrouvé avec plaisir le style précis et limpide de l'écrivain, et le fait qu'il soit inachevé me plaît : libre à nous d'en supposer la suite (ce qui me paraît assez difficile) ou de ne pas la supposer.
(Yasunari Kawabata, Les Pissenlits. Ed. Albin Michel. Trad. de Hélène Morita.)

mardi 15 juillet 2014

Déjà le 14 juillet !

 

Hier, fête nationale. Levé trop tard pour regarder le défilé. D'ailleurs ça m'intéresse très, très moyennement. A midi j'enfourche un vélo de la ville pour rejoindre Frédéric, sa mère et Jean-Claude au restaurant dans la presqu'île. Passerelle du Collège fermée pour travaux, tout l'été, je crois. Obligé de monter au pont suivant pour traverser le Rhône. Très bon carré d'agneau en arrivant, avec un rosé du Vaucluse tout ce qu'il y a de plus agréable.

L'après-midi, nous sortons la reine-mère. Montée à Fourvière où elle n'a pas mis les pieds depuis longtemps. Là encore, barrières : une partie du site inaccessible pour cause d'installation du feu d'artifice du soir. En bas, la nouvelle tour grimpe, grimpe... Ce sera bientôt la plus haute de Lyon. Puis Confluence avec la nouvelle passerelle et terrasse près de chez moi, pour boire un verre. Ensuite, je les quitte pour m'occuper de ma mère.

Le soir, seul Jean-Claude a l'intention d'aller voir les festivités. Il me rejoint chez moi. Nous les regarderons depuis le Rhône, plus éloigné mais plus calme. Mais décision cornélienne à prendre : sur Arte, on donne Le Grand Embouteillage de Comencini, filme que j'aime beaucoup et que je voulais revoir. Il a fallu que ça passe le même soir.

Mais Jean-Claude est là, alors allons-y. Place rêvée pour voir les feux tirés depuis Fourvière, et sans trop de foule compacte, ce que je n'aime pas. Vingt bien belles minutes, pour ceux qui apprécient, et j'en suis. Retour par de petites rues tant Gambetta est encombré. Et ça pète encore dans tous les coins, ce que j'apprécie moins depuis que j'ai failli, en Allemagne, pour le nouvel an, recevoir une de ces fusées sur le visage.

lundi 14 juillet 2014

Cartes blanches (7)

Norah Jones (1979)

L'oeuvre aux noires (7)

Sarah Vaughan (1924-1990)


L'été, ça se vide !

Décidément, j'ai l'impression, en ouvrant mon ordinateur, de me retrouver devant une vaste étendue sablonneuse absolument déserte ! Bien sûr, chaque fois, avec l'arrivée des vacances, le rythme de parution des billets des blogs que je suis se ralentit, mais cette année, c'est le pompon !

Certains n'écrivent pas, ou peu, ou plus du tout. Certains sont partis se faire bronzer (où ?). Enfin, les seuls encore productifs ne sont plus atteignables : chez  Nicolas, je tombe sur "autorisation refusée", alors que c'est un des plus vieux blogs que je lis et que je suis bien persuadé qu'il n'a pas décidé, du jour au lendemain, de m'en interdire l'accès. Chez Plume et Karagar, c'est aussi la machine qui dysfonctionne : tantôt leurs derniers billets disparaissent, tantôt ce sont les commentaires qui ne veulent pas s'ouvrir.

Heureusement me restent une ou deux adresses, ouvertes et productives, qui me permettent de ne pas me sentir totalement orphelin.

dimanche 13 juillet 2014

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

Momentini

- Bon, les soirées jeux, c'est fait. J'en ai déjà parlé, inutile d'y revenir.

- Il pleut, il mouille. C'est la fête à la grenouille. Ras le bol de ce temps pourri qui a duré toute la semaine. L'été, apparemment, ce sera mardi et mercredi.

- Ce matin, des avions militaires dans le ciel de Lyon. J'apprends ce soir, par la radio, que le défilé du 14 juillet a été avancé au 13, pour ne pas faire doublon avec les Champs Élysées. Où va se nicher la gloriole !

- Le point sur mes projets : 1°) mon livre : point zéro ! L'ancienne mère d'élève, pourtant ravie de ce que j'avais déjà écrit,  ne me donne plus signe de vie. Elle devait me fixer un rendez-vous pour la semaine suivante, ..... il y a deux mois environ. 2°) Mon atelier écriture dans le magasin d'une autre ex-mère d'élève : "Excellente idée, j'en parle à mes clientes et je vous tiens au courant". Entendu au téléphone il y a trois mois. Depuis, plus rien, jusqu'à dimanche dernier où une amie commune m'a dit : "Tu sais, Sophie ne t'oublie pas : elle te rappellera en septembre". A-t-elle perdu mon téléphone personnel ? J'en ai marre de ces gens dont les idées n'ont aucune suite.

- Côté fleurs, mon bougainvillée ne se décide pas à fleurir cette année. Manque de soleil ou bien, comme chaque fois, suis-je trop impatient ?

samedi 12 juillet 2014

Soirées jeux

J'ai toujours beaucoup aimé jouer à des jeux de société : jeux de cartes, scrabble ou autres. Pierre, lui, avait horreur de ça, et j'en ai donc été privé pendant de longues années. Par chance, Frédéric et Jean-Claude adorent, eux.

Alors, cette semaine, deux soirées à des jeux consacrées. Mercredi, belote chez Maryvonne où je me fais parfois encore enguirlander pour des erreurs commises (c'est d'ailleurs comme ça que mon père m'en avait dégoûté lorsque j'étais enfant), et hier soir, chez Annick qui est bénévole dans une ludothèque, différents jeux qu'elle y avait empruntés. Deux d'entre eux ont  eu notre faveur : un jeu de cartes appelé Wizard et un de mots appelé Tic-Tac-Boum.

Nous connaissions le premier ( relativement proche de la belote, mais plus diversifié) pour y avoir déjà joué chez elle mais pas le second. Vous en dire les règles serait un peu long et fastidieux, bien qu'elles soient très simples. Il s'agit en fait de trouver, à tour de rôle, un maximum de mots commençant ou finissant par tel ou tel son,ou comportant ce son au milieu, avant que la minuterie aléatoire ne s'arrête. Nous avons ri comme des gosses, particulièrement en voyant la tête de Jean-Claude lorsqu'il avait la "bombe" (minuterie) dans la main !

Le moment de la retraite serait-il une replongée dans l'enfance ?

vendredi 11 juillet 2014

L'étrange Croisade de l'empereur Frédéric II

Dans la série fond de bibliothèque, ce livre prêté à Pierre par un ami et jamais rendu. L'auteur, Pierre Boulle, est davantage connu pour ses romans, comme Le Pont de la rivière Kwaï ou La Planète des singes, tous deux portés à l'écran.

Comme il m'arrive parfois de ressentir une overdose de romans, j'ai cherché l'autre soir un autre type d'ouvrage et suis tombé sur celui-ci dont le récit, historique, m'a tenté. Et j'ai bien fait de le choisir : outre le fait d'être fort bien écrit et fort bien documenté, il m'a fait découvrir une période de l'histoire que je connais très mal : les croisades et en particulier la sixième menée par le petit-fils du grand Frédéric Barberousse pour délivrer les lieux saints, Jérusalem principalement, de l'occupation musulmane.

Le livre se compose de deux parties : la première nous présente le personnage, lettré, mathématicien, philosophe, annonçant par sa curiosité intellectuelle la Renaissance dès le XIII° siècle. La seconde concerne directement les événements au Moyen-Orient. Frédéric II avait beaucoup d'estime pour le monde arabe, détenteur à cette époque d'une civilisation florissante, héritière des civilisation latine et grecque bien avant que le monde occidental ne s'y intéresse à nouveau. Et c'est sans coup férir qu'il obtint du sultan Muhammad al-Kamil  dont il s'était fait un ami la rétrocession de Jérusalem en contrepartie de la liberté pour les musulmans d'honorer leur culte dans leurs propres lieux saints de cette ville.

Intéressant aussi de voir quelles étaient les relations des seigneurs chrétiens de ces régions avec les émirs locaux, pas toujours hostiles, loin s'en faut, ou entre eux, bien souvent conflictuelles, ce que je savais déjà par le livre d'Amin Maalouf, tout aussi passionnant, Les Croisades vues par les arabes. Inénarrable aussi la bêtise sanguinaire et le caractère totalement obtus des papes de cette époque qui allèrent jusqu'à excommunier Frédéric II, vainqueur à Jérusalem, alors qu'eux et leurs partisans n'étaient jamais parvenus à obtenir le même résultat.
( Pierre Boulle, L'étrange Croisade de l'empereur Frédéric II. Ed. Flammarion.)

jeudi 10 juillet 2014

Heu-reuse !

La Part-Dieu, un des temples de la consommation à Lyon qui en voit fleurir bon nombre ces dernières années. Le plus ancien, le plus grand, le plus proche de chez moi. Sur trois étages, des boutiques, de vêtements, de sport, des parfumeries, des bars, de l'électro-ménager et tout ce qu'il faut à l'homme moderne pour sentir qu'il est vivant. Une foule dense pour les soldes d'été ou pour être là, à passer l'après-midi dans le bruit.

Et, en sortant, devant la bibliothèque, une petite souris qui trottine, en se foutant pas mal des regards obliques des passants qui passent.  Un rat de bibliothèque ?

mercredi 9 juillet 2014

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (25)

Françoise Hardy, La Maison où j'ai grandi.


mardi 8 juillet 2014

Enfer

Parfois, les maisons me font peur, surtout dans les petites villes, ou alors les immeubles des grandes cités. Toutes ces façades, souvent semblables, derrière lesquelles vivent des milliers de gens, obéissant à un ordre du jour immuable : métro, boulot, dodo, parfois amour pour les uns, lecture (ou télévision), courses et sieste pour les autres. Heures fixes des repas, informations, couchers des enfants, que sais-je...

Pour moi, l'enfer, c'est ça. Les Antiques, dans leurs lieux réservés aux châtiments éternels n'ont pas inventé celui-ci, réglé au métronome et d'une tristesse absolue. Nous pourrions leur donner des leçons.

L'enfer, ce n'est pas seulement les autres, c'est soi-même quand on ressemble trop aux autres, quand on est interchangeable. Même rituel du haut en bas, Les lampes qui s'éteignent, la lumière bleuté de l'écran de télévision, la chasse d'eau avant le silence nocturne. Un jour, l'un d'entre eux disparait, un autre le remplace.Je frémis. Nous ne sommes rien dans cet univers aseptisé.

Ces façades, elles me fascinent, comme la mort. J'essaie de n'en voir que les lignes géométriques dans l'objectif de mon appareil parce que la géométrie est minéralité, abstraction de toute vie ou plutôt de tout semblant de vie. Ou alors, parfois, j'observe dans le noir la fenêtre d'en face et les êtres qui s'agitent, tentant d'y déceler ce qui fait leur identité. Mais l'espèce humaine est foncièrement dépressive.

lundi 7 juillet 2014

Marilyn dernières séances

Il y a quelques années, j'avais acheté deux livres de poche, l'un de Pontalis, l'autre de De Luca, puis pris un velo'v pour poursuivre mes courses. Arrivé à la station, j'ai oublié les deux bouquins dans le porte-bagages. Le lendemain, toujours à une station velo'v, j'ai trouvé celui-ci, que je viens seulement de lire.

Livre touffu, parfois indigeste, racontant les dernières années de Marilyn Monroe et ses séances de psychanalyse avec son médecin, le docteur Greenson, dans le microcosme hollywoodien du début des années soixante. Ce qui rend ce livre difficile à lire parfois, c'est le découpage de l'auteur, non chronologique, un peu comme un film dont la monteuse aurait inversé des images. Parti pris volontaire mais qui, à mon goût, n'apporte pas grand chose.

Reste derrière tout cela la figure mythique de l'actrice dont on ne peut dire encore aujourd'hui si elle s'est suicidé ou si on l'a assassinée.

dimanche 6 juillet 2014

Bête à pain

Le pain étant un élément essentiel de l'alimentation auquel, durant des siècles, on a accordé un grand respect, il est inévitable qu'il ait donné naissance à de nombreuses expressions françaises (avoir mangé son pain blanc, long comme un jour sans pain ...).

L'autre soir, voulant me moquer gentiment de Jean-Claude, je l'ai traité de "bête à pain". Ni lui ni Frédéric ne connaissaient cette expression, que je n'avais d'ailleurs pas employée depuis très longtemps. En cherchant sur internet, je ne l'ai trouvé nulle part. Il doit s'agir d'une gentille moquerie typiquement stéphanoise.

Elle a le sens de niais, un peu bêta, bête à manger du pain alors que l'on pourrait se régaler avec d'autres aliments plus alléchants. Mais elle inclut aussi une pincée de tendresse à l'égard de celui à qui l'on s'adresse ainsi. Quelqu'un parmi vous la connaît-il ?

samedi 5 juillet 2014

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)


vendredi 4 juillet 2014

C'est les vacances, pour eux aussi.

Hier soir, c'était au tour de trois autres collègues de prendre leur retraite, tous trois plus âgés que moi. L'un a retardé son départ pour finir de payer sa villa, la deuxième pour payer les études de ses filles. Quant à la troisième, je n'en sais rien : j'ai toujours évité au maximum de fréquenter cette fainéante et sirupeusement hypocrite.

L'an prochain, ce sera le tour d'une autre de mes collègues avec qui j'ai beaucoup travaillé et voyagé en Grèce et en Italie. Ensuite, il y aura un trou de quelques années et ceux qui, autrefois, étaient les plus jeunes se retrouveront en queue de peloton.

Soirée sympathique donc, au collège, qui s'est terminée en comité restreint chez une autre collègue, à boire du limoncello glacé en parlant de Rome, photos et plans à l'appui. On m'a d'ailleurs proposé d'y accompagner l'an prochain un  groupe d'élèves latinistes et hellénistes puisque je parle l'italien. Ma seule condition est de ne pas passer une nuit en car : ce n'est plus de mon âge.

Mais je suis heureux de voir une jeune collègue reprendre cette coutume que nous avions abandonnée, Évelyne et moi, pour cause de trop grande fatigue.

mercredi 2 juillet 2014

Des fleurs (19) : l'orchidée



Testicule : drôle de nom pour une fleur ! C'est pourtant l'étymologie grecque, via le latin, de l'orchidée. Très à la mode depuis quelques années, ce n'est pourtant pas ma plante préférée. D'ailleurs, je ne suis jamais parvenu à en garder vraiment une.

Quelqu'un en avait offert un spécimen à Pierre lorsqu'il se reposait en maison de convalescence. J'avais réussi à la sauver mais elle avait mis trois ans à refleurir, quelques mois seulement.

Une fois les fleurs fanées, ses longues tiges ne sont pas très esthétiques. J'ai beau les baigner, les mettre à un endroit de l'appartement où la lumière est censée leur convenir, elles finissent toutes de la même façon : une à une, les feuilles jaunissent, sèchent et tombent. Combien de temps durera celle que l'on m'a apportée la semaine dernière ?

Pourtant, j'ai été ébloui l'autre jour, lors d'un reportage à la télévision, par la beauté des orchidées sauvages, protégées naturellement, qui poussent dans la forêt de Boscodon, près d'Embrun, dans les Hautes-Alpes : les sabots de Vénus. Rien à voir avec ce que l'on trouve maintenant au rayon fleurs de n'importe quelle grande surface !

Il paraît qu'il en existe également une autre variété à l'état sauvage au parc de la Feyssine, à Lyon, mais je ne suis pas assez pro pour les reconnaître.

mardi 1 juillet 2014

Le château de mon père



C'est là que mon père travaillait ou qu'il se réfugiait pour être tranquille lorsque ma mère devenait trop pénible. Il y cultivait les fleurs qu'il plantait ensuite dans tous les massifs du parc. Il aimait ça, être seul, tranquille et s'occuper de la terre. J'ai beaucoup hérité de lui sur ces points.

A sa mort, les jardiniers suivants ont longtemps laissé à l'abandon cette belle serre à l'ancienne. Contrairement à mon père, ils ne se levaient pas à 4 heures du matin pour travailler à la fraîche et oubliaient régulièrement d'arroser les plants qui dépérissaient très vite. Un vrai massacre.

Je suis retourné dans le parc cette semaine et y ai croisé un autre jardinier que je ne connaissais pas. Quelqu'un d'un certain âge qui doit arrondir sa retraite ? Il travaillait à la rocaille, derrière la serre, qui, elle aussi, menaçait ruine.

J'ai été heureux de voir enfin quelqu'un qui prenait son travail à cœur et semblait aimer les fleurs. Nous avons bavardé un petit moment, jusqu'à ce que ma mère s'énerve. Il m'a, lui aussi, parlé de mon père, qu'il n'a pourtant pas connu mais dont, apparemment, il a entendu le plus grand bien.