vendredi 27 juillet 2012

Rome 2012

Demain, Rome. Même petit appartement dans le Trastevere, à deux pas de Saint-Pierre. Une petite excursion prévue dans la semaine, sans doute du côté de la Toscane. Les marchés, les toits, la culture, le farniente,  et puis tout, tout le reste que j'aime tant là-bas. Je m'envie!

Le Tailleur gris et le Nez

Un xième Camilleri à mon actif: Le Tailleur gris, un roman noir indépendant de la série des Montalbano et même de tout ce que j'ai lu jusqu'à aujourd'hui de cet auteur. Moins d'humour, beaucoup moins, de la noirceur, oui, et une réflexion sur l'infidélité, la maladie et la mort. Ce monsieur a décidément beaucoup de cordes à son arc.

Et puis un petit régal très vite avalé en essayant de prendre quelques couleurs sur la plage de Miribel avant le départ pour Rome. Une nouvelle fantastique de Gogol: Le Nez. Complètement absurde et traité de façon très classique alors que le sujet ne l'est pas. Ils savaient écrire, ces russes du XIX°. Et là, ce que j'ai apprécié, pas de risque, vue la faible épaisseur du récit, de s'emmêler les neurones avec une galerie foisonnante de personnages.

Prévu dans la valise, à déguster entre deux Campari: Un Garçon parfait (non, non, ce n'est pas moi!) de Alain Claude Sulzer. Vous connaissez?

mercredi 25 juillet 2012

Curiosité

Mes vacances se passent bien. Et vous ?

mardi 24 juillet 2012

Just kids

Une belle histoire d'amour que celle de Patti Smith et de Robert Mapplethorpe, ces deux presqu'encore enfants qui vont se rencontrer par hasard à Brooklyn et s'épauler mutuellement pour réussir chacun dans leur art, elle dans la chanson, lui dans la photographie.

Je ne connaissais que bien imparfaitement Patti Smith et me suis demandé pourquoi j'avais acheté son livre. Je ne le regrette pas. Même s'il est parfois très mal écrit (ou mal traduit), même si elle fait souvent référence à des artistes que je ne connais pas tous, j'ai été très touché par sa sincérité profonde dans ce récit de ses débuts, elle la jeune fille pauvre et complexée mais un être profondément croyant et d'une force incroyable derrière son apparence fragilité.

Elle ne masque rien de ses défauts, de ses faux pas, de ses chutes et de ses rapports mouvementés avec Robert. Rien qui sente la récupération ou l'enluminure. Un livre vrai et très souvent émouvant se terminant par la mort de Robert, du sida, en 1989. Les photos d'elle par ce dernier ajoutent à l'émotion et à la vérité de cette évocation du New York des années 60/70, particulièrement celle de couverture où on les voit tous les deux à Coney Island.
(Patti Smith, Just kids. Editions Denoël.)

lundi 23 juillet 2012

Au fil des rues (5)

A l'angle du quai Général Sarrail et du cours Lafayette, cette vieille plaque de fonte miraculeusement préservée. Villeurbanne existe encore mais que peut (pouvait?) bien être cette Cité Lafayette dont il est question ici? Si quelqu'un a de plus amples informations, je suis preneur.

P.S du 24 juillet: Merci à l'anonyme qui m'a très rapidement éclairé en me renvoyant sur le site du magazine interactif villeurbannais Viva pour un article de l'historien Alain Belmont. Vous trouverez l'intégralité de cet article en tapant le lien suivant:

http://www.viva-interactif.com/cite-empereur_villeurbanne_juillet2011.news

Mars attaque !

Confluence, Lyon 2°

dimanche 22 juillet 2012

Maximes


PARESSE : HABITUDE DE SE REPOSER AVANT LA FATIGUE
  (Jules Renard)

QUI PARLE SÈME, QUI ÉCOUTE RÉCOLTE 
(Pythagore)

POINT N’EST BESOIN D’ÉLEVER LA VOIX QUAND ON A RAISON  (Proverbe chinois)

ÉCRIRE, C’EST UNE FAÇON DE PARLER  SANS ÊTRE INTERROMPU  (Jules Renard)

IL N’Y A PAS DE LANGUES MORTES,  IL N’Y A QUE DES CERVEAUX ENGOURDIS 
(Carlos Ruiz Zafòn)

samedi 21 juillet 2012

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (115)

Marianne Faithfull, Hier ou demain.

 

Dix ans après

Quelque chose écrit il y a plus de dix ans, lors de mon dernier voyage avec la chorale. Un siècle, une éternité:


La Russie, un vieux rêve d'enfant: les Karamazov, Raskolnikov, Jivago, babouchkas, troïkas et balalaïkas. Un folklore bon marché où tout se mêle sur fond d'immensité neigeuse, d'où pourtant ressortent particulièrement le film d'Eiseinstein, Alexandre Nevski, avec la fabuleuse musique de Prokofiev, et la façade verte de l'Hermitage qui annonce déjà les trésors de l'intérieur.

Et puis, la réalité: Moscou, ville étrange, ceinturée de cités bétonnées où tout semble inachevé ou en voie d'écroulement, la Place Rouge, plus petite que dans mon imagination (magie des cadrages des magazines télévisés!), la faune des mendiants, sales et avinés ( il s'agit plutôt de bière ou de vodka, mais la langue française n'a pas les adjectifs correspondants), les surveillantes du métro, véritables vestiges de l'ancien régime (j'entends celui de 17 à 89), la pauvreté partout, la méfiance et l'indifférence vis à vis des touristes étrangers. Saint-Pétersbourg, le point d'orgue du rêve: des travaux énormes sur la Perspective Nevski, pour cause de troisième centenaire en 2003, une foule étouffante, peuplée de pickpockets: il faut avoir l'oeil sur son sac à dos qui risque d'être ouvert, sur les enfants qu'on risque de perdre, sur les voitures qui passent, sur les pavés qui dépassent. De quoi tuer rapidement le romantisme! Des musées où l'entrée est cent fois plus chère si l'on n'est pas russe; devant l'Hermitage, un débarcadère agrémenté d'immenses publicités pour le thé Lipton ( jaune sur vert: effet garanti!). Vite: fermer les yeux et les oreilles, protéger sa mythologie, son vieux rêve slave qui défaille.

 Et puis, deux jeunes filles, Katia et Nathalie, nos guides à Saint-Pétersbourg, à la fois sérieuses et légères. Et je rouvre les yeux, j'écoute, je tente de déchiffrer l'alphabet cyrillique (bon, d'accord, je connais le grec, mais tout de même!), petit élève appliqué devant ces deux maîtresses bienveillantes; je découvre les Impressionnistes à l'Hermitage, le Palais et le parc de Peterhof, celui de Pavlov, proches de Saint-Pétersbourg. Et mon vieux rêve se met à reprendre vie: soirée du 14 juillet dans le Pavillon des Roses avec le Consul de France, soirées à l'orphelinat, où nos repas nous sont servis par une femme blonde, douce et triste à la fois (slave, donc?), soirée - la dernière- plus épique dans le hall d'un grand hôtel moscovite! Que dire de plus? J'avais rêvé et la réalité, comme souvent, ne correspondait pas à mon rêve. Mais peut-être était-elle plus intéressante: les Russes sont un peuple qui ne se livre pas d'emblée, leurs villes ont des beautés fulgurantes, mais il faut faire un effort pour les connaître dans leur vérité. N'est-ce pas, après tout, la bonne démarche pour se faire des amis véritables?

vendredi 20 juillet 2012

Logique ?

 Dialogue du 14 juillet:
- Vous travaillez même les jours fériés?
- Oui, les heures sont bien payées et ça me permet d'économiser pour les vacances.
- Et vous partez quand en vacances?
- Jamais.

jeudi 19 juillet 2012

Fable ?

Lorsque la libellule avait prévu de s'accoupler avec sa congénère, elle ne se doutait pas que ce serait là son dernier orgasme. A peine, au ras des eaux, avait-elle fait œuvre de chair qu'un poisson la goba. L'autre s'en fut à tire d'aile. Peut-on se servir de cette histoire pour alléguer que Dieu n'existe pas? La journée était pourtant belle.

mercredi 18 juillet 2012

Mathématique ?

Comment font-ils? L'un devant l'autre, toujours à quelques mètres de distance, marchant pourtant à la même vitesse, sans jamais se parler, l'homme devant, la femme derrière. Quand a-t-elle pris ce retard puisqu'ils vont d'un même pas?

lundi 16 juillet 2012

Festif, vous avez dit festif?

Festif: voilà bien un mot à la mode en ce moment! Je n'ai jamais aimé les fêtes instituées, ces instants de joie forcée et de plaisir obligatoire: repas de famille, anniversaires, mariages et autres commémorations. La dernière fois que j'ai entendu ce mot, c'était dans la bouche du patron d'un bar gay de Lyon à propos de la Gay Pride: "Le monde homosexuel est tellement festif! Nous montrons une image positive de nous-mêmes". Ah bon? Exhiber ses pectoraux et le galbe de ses fesses serait-il primordial alors que le rassemblement annuel du 1er décembre pour le sida  ne regroupe que quelques dizaines de participants? Cette apologie de la joie, de la jeunesse, de la beauté (?) m'exaspère. Quand cesserons-nous de ne vouloir être que des enfants qui se masquent des réalités plus difficiles à vivre? Quand admettrons-nous que nous sommes comme les autres, que nous vieillissons, que nous souffrons comme les autres? Je ne trouve pas de plaisir dans le masque, aussi souriant soit-il. Moment d'humeur, réaction totalement partiale, à prendre comme tels.

dimanche 15 juillet 2012

Le halo, le bateau, le vélo

Quais du Rhône, Lyon 6°

Feux d'artifice

Le 14 juillet, ses défilés, ses allocutions, ses pétards, ses bals des pompiers. Et puis le feu d'artifice, chaque année si le temps le permet. Un quart d'heure de jaillissement dans la nuit, ses "oh!", ses "ah!", ses vertes, ses rouges, ses bleues, ses jaunes, qui illuminent le site. Et les applaudissements après le bouquet final. Des milliers d'yeux fixés sur un même horizon.

Je me suis toujours demandé à quoi tenait cette fascination qu'éprouvent les gens pour ce spectacle annuel que l'on attend longtemps et qui passe si vite. Quelque chose comme, après l'obscurité, le retour du jour pour ces hommes, nos aïeux, qui ne savaient pas encore que notre univers est ainsi réglé? La surprise de ces mêmes, et pour des siècles, devant l'éruption brutale d'un volcan (les Romains n'avaient pas de mot pour le désigner, se contentant d'employer celui de montagne)? Une réminiscence ancestrale, faite de crainte et d'admiration, comme lorsqu'enfant, on assiste aux premiers tirs? Un succédané de la violence guerrière lorsque tombent les bombes sur les villes endormies?

Artifice: à la fois art et  tromperie, de l'artificiel et de l'éphémère. Est-ce cela qui en fait la beauté?

samedi 14 juillet 2012

S'en tenir à l'apparence

Pourquoi lires les livres? Ne peut-on les aimer comme ça, sans les ouvrir, les effleurer d'abord avant de les acheter parce qu'ils sont beaux, parce qu'ils sentent bon, parce que le papier en est doux, et puis les oublier peu à peu sous un voile de poussière ? Ne craint-on pas, en les lisant, d'être déçu à décrypter tous ces minuscules signes noirs qui en couvrent les pages et en distillent le sens ? Ne peut-on se lasser de la répétition, de l'affectation, du mystère trop évident ou jamais percé ? Ne peut-on se perdre dans une histoire trop compliquée pour être honnête et dont, finalement, on découvre qu'elle est bien plate ? Et même si le plaisir est intense à la découverte, combien dure ce plaisir avant qu'un autre vienne le reléguer au rayon des souvenirs que la mémoire transforme pour se l'approprier ?
Il y a dans la lecture quelque chose qui ressemble au désir. Y succomber, n'est-ce pas déjà le tuer?

vendredi 13 juillet 2012

L'arbre

J'ai mes racines à Roquebrune-Cap-Martin. C'est ainsi qu'on appelle aujourd'hui la commune où je réside, dans les Alpes-Maritimes, depuis que les hommes ont créé les divisions de la terre que l'on nomme départements. Pourquoi pas? Je suis si vieux que le nom que l'on donne aux cailloux qui me portent ne me chagrine pas. En entendant parler les gens, j'ai appris que j'étais le plus vieil arbre de France, cet état dont j'ai suivi la construction depuis le début. J'ai deux mille ans. Lorsque mes premières olives ont mûri, le premier roi de ce pays n'était pas encore né.

Ne croyez pas que j'en tire vanité. Je suis là, c'est tout. Une affaire de hasard, quand j'ai vu mes compagnons dépérir peu à peu ou être massacrés par les hommes. Je suis là, c'est tout. J'ai connu des hivers, j'ai connu des étés. Ils ne se ressemblent pas tous mais tous m'ont apporté leur lot de frimas et  de cueillette, sans que jamais, je ne me lasse de ce perpétuel recommencement. Je les ai vus s'activer sous mes branches, ces bipèdes dont l'habit n'a cessé de changer au fil des siècles. Je peux vous dire qu'ils sont toujours les mêmes, malgré tout, comme mes fruits plus ou moins gros, plus ou moins juteux selon les années.

Pourtant, au fil du temps qui a passé, j'ai appris. Appris que cette race des humains que je contemple depuis si longtemps a beau changé de costumes, a beau inventer, a beau s'agiter, ce sont toujours les mêmes, avec leur grâces, avec leurs vilenies, avec leurs croyances et leurs espoirs. Et je n'attends plus rien des années qu'il me reste à ombrager la terre: je sais déjà tout.

jeudi 12 juillet 2012

Deux petits moments de grand plaisir

Les grilles d'été réservent parfois d'agréables surprises. Je ne parle pas de la énième rediffusion des "Gendarme", "Angélique" ou "Fantomas" sur l'une ou l'autre chaîne de télévision, mais de petits encarts que nous propose en ce moment France Inter à certains moments de la journée. Je ne saurais dire à quelle heure exactement car j'y suis toujours tombé dessus par hasard (il me semble que c'est peu avant dix heures), mais cette radio diffuse chaque jour de courts instants d'entretien avec Jean-Bertrand Pontalis, psychanalyste et essayiste dont les écrits non scientifiques m'enthousiasment depuis de nombreuses années, et, juste avant treize heures, dans "Un été avec Montaigne", des extraits des Essais  lus par Daniel Mesguich et commentés par Antoine Compagnon, professeur au Collège de France. Tout ça est court, certes un peu frustrant mais tellement intelligent.

Bon cinquantenaire

Rolling Stones, Carol, mais pas seulement.

mercredi 11 juillet 2012

Pages marquantes (41)

Dieu fait une grâce à ceux à qui il soustrait la vie par le menu: c'est le seul bénéfice de la vieillesse. La dernière mort en sera d'autant moins pleine et nuisible; elle ne tuera plus qu'un demi ou un quart d'homme. Voilà une dent qui me vient de choir, sans douleur, sans effort: c'était le terme naturel de sa durée. Et cette partie de mon être et plusieurs autres sont déjà mortes, d'autres sont demi-mortes, des plus actives et qui tenaient le premier rang pendant la vigueur de mon âge. C'est ainsi que je fonds et échappe à moi. Quelle bêtise sera-ce à mon entendement de sentir le saut de cette chute, déjà si avancée, comme si elle était entière? Je ne l'espère pas.

Montaigne, Essais, Livre III, chapitre 18: De l'expérience.

mardi 10 juillet 2012

Soleil vert

Jura, près de Saint-Amour

Le Horsain

Le horsain, ça veut dire l'étranger, en patois cauchois, c'est à dire du pays de Caux. Le livre, qui appartenait à Pierre, c'est un récit de Bernard Alexandre publié en 1988 et qui traînait depuis de longues années dans ma bibliothèque. Il a fallu l'observation de ma voisine, à qui je l'ai prêté, pour le tirer de l'oubli où il était tombé. Elle ne l'a pas lu (trop lourd pour ses vieux bras), moi oui. C'est l'histoire de la vie d'un curé de campagne, l'auteur lui-même, dans l'immédiat après-guerre.

Après un début un peu lent, le charme du conteur qu'est Bernard Alexandre agit et l'on oublie le poids de cette édition d'antan. L'enfance, la mère très pieuse et qui rêve de voir son fils devenir prêtre, les années de séminaire interrompues par un séjour dans un sanatorium pour soigner une tuberculose qui fit de lui le personnage efflanqué que l'on voit sur les premières photographies, sa nomination à la paroisse de Vattetot-sous-Beaumont, en Haute-Normandie, où il restera toute sa vie le horsain, l'étranger, même si, au fil des ans, il sut percer le mutisme de ces normands accrochés à leurs traditions et les faire avancer vers un peu plus d'ouverture d'esprit, grâce en particulier à sa passion pour le cinéma et l'audiovisuel: tout est là, comme il l'a vécu et comme il a su le raconter.

Bien souvent, je me suis retrouvé dans ces pages, j'ai reconnu l'ambiance des églises de campagne d'autrefois, celle que j'ai connue dans mon enfance, les interdits et les avancées progressives, les fêtes chrétiennes que personne n'aurait osé manquer, même si la foi profonde n'était pas toujours le moteur des gestes accomplis. Un voyage dans mes premières années, au moment, juste avant, où tout allait irrémédiablement basculer. Un voyage dans un monde qui paraîtrait bien loin à ceux, jeunes, d'aujourd'hui, qui auraient la curiosité de le tenter.
( Le Horsain, Bernard Alexandre, Librairie Plon, Collection Terre Humaine.)

lundi 9 juillet 2012

Jura encore

Jura encore et par beau temps cette fois-ci, à part une pluie violente qui a eu la bonne idée de tomber de nuit. J'aime beaucoup ce coin et cette maison qui me rappelle celle de Bons, par sa situation, par la disposition de ses pièces et par cette odeur particulière des lieux qui  restent longtemps fermés.

Le vendredi soir, apéro chez des voisines qui, à leur tout viendront dîner le lendemain. Deux vieilles dames dont l'une est dynamique à l'excès et l'autre réservée mais pleine d'humour.

Le samedi matin, visite au Gaec du coin qui élève des vaches de type bleu-blanc-belge, race charnue dont les veaux ne peuvent naître que par césarienne. Nous y achetons, entre autres, des brochettes de bœuf qui se révéleront très bonnes au barbecue. Puis départ pour le marché du gros bourg du coin. Déçus par son coté désorganisé pendant les vacances d'été. L'après-midi, ce sera grosse sieste pour tout le monde, les uns dans leur lit, les autres, Frédéric et moi, sous le gros cèdre du jardin. Jean-Claude, pendant ce temps, infatigable, nettoie les autoblocants de la terrasse.

Le dimanche, visite traditionnel à la fromagerie où j'augmente ma quantité de beurre acheté: deux plaquettes, ça file trop vite pour un bon produit comme celui-ci. Tout aussi traditionnel apéritif au bar près de l'église où nous avons nos habitudes lorsque nous séjournons dans le Jura.

L'après-midi, quatre jouent aux cartes, deux (dont moi) s'endorment peu à peu en lisant sur la terrasse. Nous ne rentrerons que tard le soir, en écoutant Callas dans la voiture.

Rien que de bien banal donc mais tout dans l'amitié et la joie et, pour moi, dans le plaisir de savourer mes premiers moments de vacances.

vendredi 6 juillet 2012

Momentini

- Vu l'infirmière de ma mère. Il est question de lui donner un médicament agissant sur la démence. Le cachet lui fera du bien. Le mot m'a fait mal.

- Réveillé ce matin avec une impression de bien-être, à m'étirer dans les draps de mon lit. Et puis, dès les premiers pas, la fatigue qui arrive, et le désarroi, comme lorsqu'on émerge d'une sieste trop longue et que l'on ne connaît plus ni le lieu, ni le jour, ni l'heure. Il faut bien trois ou quatre jours pour que l'équilibre revienne.

- L'Avare au programme, cette année, de Tout l'monde dehors. Vu il y a deux ou trois ans Les Précieuses ridicules par la même troupe, en plein air. Ils s'en étaient très bien tirés. Curieux de voir ce que ça va donner cette fois-ci. Harpagon est un personnage tragique.

- Sandrine Bonnaire l'autre jour, dans A nos Amours, de Maurice Pialat. Son premier rôle et l'évocation d'une époque que j'ai bien connue. Identique à mes souvenirs. L'avant-sida. Juste avant.


Que sont mes amis devenus...?

Nous avons fait de nombreux voyages ensemble, avec la chorale dans les années artisanes et glorieuses, celles où le commercial n'avait pas pris le pas sur l'esprit. Nous nous occupions des enfants fatigués, nous soignions les petits bobos, nous vendions les disques à la fin des concerts. Le "petit personnel", comme nous appelait le chef de chœur, à l'époque où son humour n'était pas encore méprisant. Angleterre, Écosse, Allemagne, Italie, Russie, régions de France nous avaient vus côte à côte dans le car où je m'endormais souvent contre son épaule. J'aimais le confort de son corps enveloppé qui me calait. Il nous arrivait parfois de dormir dans la même chambre. Elle ronflait beaucoup mais ne voulait pas l'admettre: pour elle, simplement, elle respirait fort. Nous nous entendions bien et je l'aimais.

La maladie de Pierre mit fin à ces voyages. A sa mort, elle était en Belgique, en tournée. Je l'ai fait prévenir par la secrétaire parce qu'elle le connaissait bien aussi. et qu'elle l'appréciait. Un mot gentil du chef de chœur, rien de son coté. J'avais été blessé mais après tout, je pouvais comprendre que la mort fasse peur.

L'année suivante, je la croisais au repas de fin d'année où, bien que retraitée, elle était venue. Ses  mots de consolation furent: "Maintenant que tu es seul, tu devrais vendre l'appartement: il est beaucoup trop grand pour toi!". J'avais été blessé, profondément. La cicatrice ne s'est jamais refermée.

Des années de silence. Elle avait vendu son appartement de Lyon pour ne plus vivre que près de Nantua dans la villa héritée de sa mère institutrice. Hier, j'ai appris qu'elle avait subi une opération de la vessie, il y a deux ans, avec pose d'une poche artificielle. Quelques temps de rémission puis la généralisation du cancer. Elle est maintenant dans un petit hôpital de l'Ain, en phase probablement terminale, sous morphine, méconnaissable. Je ne peux pas lui pardonner mais je la plains.

jeudi 5 juillet 2012

Bouquet, buffet, fumet

Depuis la fin de l'après-midi, je suis vraiment en vacances, les vraies, les grandes. Journée marathon afin de préparer au maximum l'organisation de l'an prochain qui, si j'ai bien compté, risque d'être chargée pour moi en heures de cours. Bouquet final?

Départ de certains collègues, accueil des nouveaux auxquels il faudra s'habituer. Pas évident d'emblée pour certains, plus particulièrement certaine (au singulier). Pris ensuite par ma mère, je ne suis pas resté au buffet qui devait clôturer la journée. Je suis parti alors que tout le monde s'apprêtait à festoyer. Et c'est très bien comme ça: je n'aime pas les au revoir qui s'éternisent.

Demain départ pour le Jura jusqu'à dimanche soir. Je vais reconstituer mes provisions de fromages et de beurre. Ah! ce beurre, jaune profond! Je ne vous dis que ça!

Les catiminis (suite)

En écrivant mon billet "Les catiminis", je pensais à deux choses:

 - l'une était un souvenir cuisant d'enfance: ma première éjaculation. Je pense que la surprise et la peur que j'ai ressenties à ce moment-là ont été probablement aussi perturbantes que pour une fille ses premières règles. Et curieusement, P.P le moqueur au eu la même pensée dans son commentaire. Personne ne m'avait informé de ce qui m'arriverait et voir couler de ma verge ce liquide que je connaissais pas n'a pas été pour moi, comme sans doute pour tous les garçons dans mon cas, un vrai plaisir. Que l'on se rassure, ça a bien changé depuis.

 - la deuxième était la presque certitude que j'aurais quasi exclusivement des commentaires masculins sur ce texte. Prémonition avérée puisqu'aucun membre de la gente féminine n'est venu commenter ce billet. Pudeur? Agacement que ce soit un homme qui parle de cette réalité typiquement féminine? J'aimerais bien le savoir, Mesdames.

mercredi 4 juillet 2012

Déjà !

Cours Gambetta, Lyon 3°

Les catiminis

A midi sur France Inter, une émission sur les règles des femmes. Sans doute pas le meilleur moment pour la diffuser mais au moins, j'ai eu le temps de l'écouter. Non, ça ne m'a pas coupé l'appétit! Je connaissais un certain nombre de synonymes, pudiques, narquois ou scientifiques, que l'on emploie dans le langage courant pour cacher une réalité bien naturelle pourtant: menstrues, ragnagnas, anglais... J'en ai appris un autre, qui viendrait du grec: les catiminis. Jamais entendu mais bien joli tout de même.

Lorsque j'étais enfant, personne, bien sûr, dans la famille, ne m'avait expliqué que les femmes, à intervalles plus ou moins réguliers, y étaient soumises, pas plus d'ailleurs que l'on ne m'avait prévenu sur l'évolution de mon corps de garçon. Ces choses-là restaient bien cachées par les adultes et c'est peu à peu, au détour de mots prononcés à voix basse mais entendus tout de même, que j'ai appris comment allait la vie.

Mais la première fois que j'ai été confronté à celles de ma mère, je ne savais rien encore. Il était interdit de pénétrer dans la chambre de mes parents en leur absence et cette interdiction m'avait toujours intrigué. Aussi, un jour, le démon (ou la curiosité) me poussant, j'ai transgressé l'interdit et suis entré dans le Saint des Saints. Ouvrir les tiroirs des armoires, fouiller les papiers en prenant bien garde de ne pas les déclasser ne me prit que quelques instants et ne m'apprit pas grand chose. Je me tournai alors vers la corbeille de linge sale (pourquoi? Je n'en sais rien) et découvris un morceau de tissu totalement imbibé de sang. Ma frayeur fut telle que je quittai rapidement la chambre. Ma mère s'était-elle blessée? Mon père était-il violent? Questions auxquelles je n'eus de réponses que bien plus tard. La bonne santé de ma mère les jours suivants, alors que je l'observais inquiet, me rassura et je finis par oublier.

J'eus une autre fois affaire à ce qui, pour moi, reste encore aujourd'hui, bien étranger. Nous devions partir avec des élèves de cinquième pour une semaine de classe verte. Dans le lot, des filles, bien sûr, et j'avais demandé à mes collègues féminines de bien vouloir demander aux parents, lors de la réunion préparatoire, de prévenir leurs enfants de ce qui risquait de leur arriver lors de ce voyage. Aucune n'osa en parler et ce fut à moi de m'y coller. Ce qui finit par vaincre ma pudeur, c'est l'idée de la terreur qu'aurait pu susciter chez une élève non prévenue l'apparition de ce sang entre ses jambes.

Enfin, à la suite d'une séance d'éducation sexuelle organisée par des experts au collège, mais dont les élèves tenaient à débattre ensuite avec moi, leur professeur principal, la conversation finit par arriver sur le sujet. et une petite fille qui venait d'apprendre l'existence des règles chez les femmes s'écria naïvement devant moi: "Ah! je comprends maintenant pourquoi ma tante a maigri!"

Mais je vous parle là d'un temps que les moins de vingt ans...

mardi 3 juillet 2012

Ennuyant et ennuyeux

Fatigué d'entendre les élèves l'employer à tout bout de champ à la place d'"ennuyeux", je suis allé aujourd'hui vérifier ce que voulait dire exactement l'adjectif "ennuyant". Quasiment la même chose. Simplement, ce qui est ennuyant provoque un ennui passager, ce qui est ennuyeux nous ennuie plus longtemps.
J'ai appris aussi que "ennuyant" est couramment employé dans les Antilles, en Belgique et au Québec alors qu'ailleurs, on le considère comme vieilli et qu'on lui préfère "ennuyeux".

Voilà que mes élèves emploient une langue plus ancienne que la mienne! Du coup, je me sens tout rajeuni!


Promenade

Ils marchaient tous les deux, dans la chaleur, à petits pas le long du mur torride. Il était tôt dans l'après-midi d'été, à une heure où les vieux ne sortent pas. J'avais fait un détour pour les doubler par la chaussée et puis je me suis mis à les suivre, comme s'ils avaient besoin de mon aide pour avancer encore. Elle se tenait bien droite dans sa robe à grosses fleurs dont ses formes ne remplissaient plus la coupe. Lui penchait la tête de l'autre côté, semblant vouloir s'éloigner d'elle. Mais leurs mains étaient liées, deux ceps tordus par les douleurs et usés par la tendresse. Ils ne parlaient pas, ils progressaient doucement . Leurs corps secs étaient exempts de sueur. Ils avaient oublié le monde autour, le soleil aussi et la chaleur et le bruit.
Lequel partirait le premier, lequel laisserait l'autre un jour, parce qu'il faut bien partir?

Chanson d'antan (3)

Bourvil, Le petit bal perdu.


lundi 2 juillet 2012

Humeur

La Californie a été, en 2011,  le cinquième état américain à interdire le port d'armes à feu en public, ce qu'on ne saurait blâmer. Mais quand la côte ouest s'en prend à notre bon vieux foie gras national, alors là, je dis non!

Le cinéma de ma jeunesse

Bon, bien sûr, ce n'est pas du grand cinéma (mais qu'est-ce, au juste, que le grand cinéma?), ça a un peu vieilli, c'est très manichéen, c'est bourré de scènes attendues, mais c'est du cinéma de ma jeunesse, du cinéma où les seconds rôles étaient tout aussi connus que les vedettes, du délassement qui ne prenait pas la tête, et c'est déjà pas mal.

Dernier Domicile connu, de José Giovanni (1970), c'est la gueule de tendresse fatiguée de Lino Ventura, les tics exaspérants de Marlène Jobert (plutôt bien dans ce film), les oreilles de Michel Constantin, la sécheresse d'Alain Mottet, les yeux de chien battu de Paul Crauchet, la fragilité digne de Germaine Delbat et la perversité de Dominique Zardi.

Alors, moi, ça me suffit pour passer un bon moment devant la télévision.

C'est fait!

Je rentre des corrections du brevet. Prévues sur deux jours, faites en un. Il faut dire qu'ils ne nous ont pas assommés cette année: 28 copies et un seul prof convoqué absent. Six heures et demie de travail, soit un peu moins d'un quart d'heure par copie.

Ils s'en sont plutôt bien tirés, les petits. Quoique, pour rater ça, il faut être bien godiche maintenant! La dictée était extraite de Zola et le texte pour les questions et la rédaction de Michel Tournier: une histoire de calife qui, à la mort de son cuisinier, décide d'en embaucher un  autre et de confronter deux candidats qui lui présentent....les mêmes plats.

Quelques perles par ci par là pour agrémenter la journée( "les yeux démesurément ouverts" devenu "les yeux démesurément tout verts", le calife transformé en "canif", ...) et puis d'heureuses trouvailles: "les étagères étaient encombrées de lampes à génie, mais qui semblaient vides" ou cet élève qui, pour respecter l'exotisme du texte d'origine, fait venir un des cuisiniers du village de Toulaba!

Mais il faudra expliquer à beaucoup que la cour n'est pas seulement un endroit où passer les récréations mais aussi l'entourage d'un souverain!

Donc, si je compte bien, deux jours de repos avant le galop final de jeudi!

dimanche 1 juillet 2012

Un après-midi pluvieux

Juillet a débuté sous un déluge à Lyon. La pluie, qui a commencé à tomber dans la nuit, n'a pas cessé jusqu'à ce soir. Le repas prévu chez moi s'est finalement déroulé chez ma mère, avec transport des plats sur place.

Belle occasion que ce temps pour assister à la télévision à la dernière demi-journée des championnats d'Europe d'athlétisme à Helsinki. Parce que j'ai sans doute oublié de vous dire, je suis un inconditionnel de l'athlétisme, et cela avant même de m'être moi-même mis à courir.

Ce que j'aime dans ces disciplines sportives? La qualité des athlètes en compétition, leur beauté aussi, bien sûr, mâles principalement, mais aussi leur fair play et la bonne humeur qui y règne la plupart du temps. Pour moi, ce sont de vrais sportifs, qui respectent les règles et la philosophie du sport. Il serait grand temps que ces messieurs du football qui, parce qu'ils gagnent beaucoup d'argent, se prennent pour des stars et se comportent comme des enfants gâtés et mal élevés, prennent modèle sur eux.

Un grand moment, en particulier, que l'épreuve de saut à la perche où un allemand et un français se sont affrontés avec le sourire jusqu'à échouer tous deux à 6m02. Chapeau bas messieurs! De quoi ensoleiller un après-midi pluvieux.