Le horsain, ça veut dire l'étranger, en patois cauchois, c'est à dire du pays de Caux. Le livre, qui appartenait à Pierre, c'est un récit de Bernard Alexandre publié en 1988 et qui traînait depuis de longues années dans ma bibliothèque. Il a fallu l'observation de ma voisine, à qui je l'ai prêté, pour le tirer de l'oubli où il était tombé. Elle ne l'a pas lu (trop lourd pour ses vieux bras), moi oui. C'est l'histoire de la vie d'un curé de campagne, l'auteur lui-même, dans l'immédiat après-guerre.
Après un début un peu lent, le charme du conteur qu'est Bernard Alexandre agit et l'on oublie le poids de cette édition d'antan. L'enfance, la mère très pieuse et qui rêve de voir son fils devenir prêtre, les années de séminaire interrompues par un séjour dans un sanatorium pour soigner une tuberculose qui fit de lui le personnage efflanqué que l'on voit sur les premières photographies, sa nomination à la paroisse de Vattetot-sous-Beaumont, en Haute-Normandie, où il restera toute sa vie le horsain, l'étranger, même si, au fil des ans, il sut percer le mutisme de ces normands accrochés à leurs traditions et les faire avancer vers un peu plus d'ouverture d'esprit, grâce en particulier à sa passion pour le cinéma et l'audiovisuel: tout est là, comme il l'a vécu et comme il a su le raconter.
Bien souvent, je me suis retrouvé dans ces pages, j'ai reconnu l'ambiance des églises de campagne d'autrefois, celle que j'ai connue dans mon enfance, les interdits et les avancées progressives, les fêtes chrétiennes que personne n'aurait osé manquer, même si la foi profonde n'était pas toujours le moteur des gestes accomplis. Un voyage dans mes premières années, au moment, juste avant, où tout allait irrémédiablement basculer. Un voyage dans un monde qui paraîtrait bien loin à ceux, jeunes, d'aujourd'hui, qui auraient la curiosité de le tenter.
( Le Horsain, Bernard Alexandre, Librairie Plon, Collection Terre Humaine.)
mardi 10 juillet 2012
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3 commentaires:
Pacte diabolique ai-je écrit la semaine dernière. Mére et fils. Là elle est trés pieuse et souhaite avoir un fils curé. C'est ce qu'il devient. Je n'ai pas lu le livre mais je ne sais pas pourquoi en ce moment je suis trés remonté contre ces méres voleuses de vies.
Je connais ce livre puisque haut-normand. Et c'est au Horla que j'ai d'abord pensé.
Didier: Son choix ravit sa mère mais ce n'est pas elle qui choisit.
Kab-Aod: On peut effectivement faire le rapprochement pour la qualité certaine de l'écriture.
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