vendredi 30 novembre 2018

C'est à vous.

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.

jeudi 29 novembre 2018

B.B

Mais B.B, ici, c'est un homme : Bernardo Bertolucci, mort le 26 novembre dernier. On le connaît, hélas, surtout pour son film qui a fait coulé beaucoup d'encre : Le dernier Tango à Paris (1972).

Moi, j'en préfère très nettement deux autres : celui juste avant : Le Conformiste (1970), et surtout celui juste après : Novecento (1975), avec, comme on dit, une pléiade de comédien(ne)s : Gérard Depardieu, Robert de Niro, Burt Lancaster, Donald Sutherland, Dominique Sanda, Alida Valli, Sterling Heyden, Stefania Sandrelli, Laura Betti, Romolo Valli... Excusez du peu ! Et surtout film éminemment politique !


mercredi 28 novembre 2018

Musique tout court

Pierre, il y a très longtemps, avait acheté un lecteur de CD Bang § Olufsen, la Rolls des lecteurs. Après des années de bons et loyaux services, il était tombé en panne. Réparé une première fois par un "ami", il n'avait pas tardé à refaire des siennes. Retour à l'ami dépanneur qui l'a gardé un an et demi, ne trouvant pas les pièces nécessaires ou l'ayant carrément oublié.

Premier rappel au bout d'un an. "Je m'en occupe, je m'en occupe." Attente de six mois. Nouveau coup de téléphone. "Si vous n'arrivez pas à le réparer, j'aimerais le récupérer !" J'ai bien un autre lecteur mais, question qualité d'écoute, il n'y a pas photo. Résultat : au bout de quelques jours, j'avais récupéré mon bien. L"ami" avait traficoté je ne sais quoi et m'assurait que tout fonctionnait.

Superstition de ma part ou peur de découvrir un nouveau lézard, j'ai mis presque un mois à le rebrancher. Je viens enfin de le faire. Le CD tourne bien mais aucun son ! J'avais raison : ça ne marche pas ! Sauf que je m'étais trompé de bouton !

Et là, Calyste est aux anges, à écouter du devinez quoi ? Du Bach bien sûr, les Cantates sacrées. Je revis !

Musique et cinéma



Ce film musical de Piero Vivarelli, Io bacio....tu baci (J'embrasse, tu embrasses, 1961) n'a certes pas laissé grand souvenir et je ne le connais pas. Mais la chanson d'Adriano Celentano a connu, elle, un succès mondial. Et puis, dans ce film, il y a aussi Mina (qui joue et qui chante)....

Une Journée d'automne

Un nouveau Wallace Stegner traduit en français, ça, je n'allais pas le rater. J'avais avalé gloutonnement les précédents, comme La Montagne en sucre par exemple.  Alors, tant pis : même au prix fort (c'est à dire pas au prix Emmaüs), je craque. Je le pose sur la pile, pas trop enfoui pour que je puisse le retrouver facilement et baver de concupiscence en le voyant. Comme une pâtisserie que je sais devoir manger bientôt.

Eh bien, pourquoi le cacher, j'ai été un peu déçu. Cette histoire de triangle amoureux, même si très bien écrite, m'a laissé sur ma faim : roman trop court (surtout après les récits de Stevenson) et surtout trop prévisible. Ça ne m'empêchera pas d'acheter le prochain, sans hésitation.
(Wallace Stegner, Une Journée d'automne. Ed. Gallmeister. Trad. de Françoise Torchiana.)

mardi 27 novembre 2018

Il est venu, le temps des papillotes !

(A chanter sur l'air des cathédrales !)

Depuis quelques années, les fabricants de papillotes ont remplacé les blagues plus ou moins drôles que l'on trouvait à l'intérieur par quelque chose qui se veut nettement plus intellectuel : des citations d'écrivains, de penseurs, de philosophes, de tout ce qui a dit ou écrit une phrase qui mérite d'être retenue.

Las, beaucoup d'efforts pour rien car les phrases retenues ne présentent pour la plupart aucun intérêt ! J'en suis à regretter les blagues lourdes ! Mais, par hasard, je suis tombé, l'autre jour, sur la pensée d'un  anonyme qui, enfin, a retenu mon attention parce que j'y adhère totalement :

Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité, elle, est sans remède.

Dans les mers du Sud

Il y a bien longtemps que je naviguais sur ces mers-là en compagnie de Robert Louis Stevenson. Mais ce n'est vraiment pas un livre que l'on peut avaler comme ça, tout d'une traite.

Stevenson, atteint d'un emphysème pulmonaire, ne pouvait plus résider trop longtemps en Écosse. En 1888, avec son épouse, il entreprend ce long voyage dans des îles qui, à l'époque, n'avaient rien à voir avec ce que nous en présentent aujourd'hui les dépliants touristiques. Explorant les îlots les plus reculés, il risquait même parfois de finir avec les siens au fond d'une marmite. C'est d'ailleurs dans les îles Samoa qu'il mourra en 1894, mais d'un accident vasculaire cérébral....

Reportages, récits de voyage dans les Marquises, les Gilbert et les Samoa, nos voilà partis pour plus de 500 pages, au texte tassé, avec descriptions des paysages marins et terrestres, des coutumes, des façons de se vêtir ou de se nourrir, des rites religieux ou de sorcellerie, plus de nombreuses anecdotes.

Cela est parfois très intéressant, parfois un peu moins parce que répétitif (surtout en ce qui concerne les paysages). Parfois aussi, le fil des pensées de Stevenson est difficile à suivre, peut-être parce qu'il semble ne pas beaucoup avoir corrigé ces écrits (les dernières pages sont d'ailleurs écrites en style presque télégraphique).

Mais l'auteur de L'Ile au trésor, qui avait enchanté mon enfance, et de Voyage avec un âne dans les Cévennes, découvert et aimé plus récemment, mérite bien quelques efforts.
( Robert Louis Stevenson, Dans les mers du Sud. Ed. Payot. Trad. de Théo Varlet et Isabelle Chapman.)

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (222)


lundi 26 novembre 2018

Et pourquoi pas la peinture ? (31)

Michelangelo Merisi da Caravaggio, Saint John the Baptist (Youth with a Ram) (c. 1602, WGA04111).jpg

Le jeune saint Jean-Baptiste au bélier. Caravage (1602) (Musées du Capitole, Rome).

Lorsque, l'autre jour, j'évoquais cette amie croate qui, à Perugia, m'avait dit que je ressemblais de visage à un saint Jean-Baptiste dont elle m'avait apporté la reproduction, ce n'était évidemment pas de celui-ci qu'elle parlait, plutôt de celui d'une représentation plus "académique", le saint Jean-Baptiste que l'on connaît davantage, plus âgé et d'allure famélique.

Celui-ci, vu au Capitole, m'a toujours interrogé. Je ne peux passer devant une œuvre du Caravage sans m'y arrêter longuement, en général fasciné par ce que je vois. Caravage a, il me semble me souvenir, peint sept toiles sur ce thème, dont la plupart représentant le saint jeune. Et toujours, ces peintures, loin d'évoquer la Bible et les souffrances du cousin du Christ, dégagent plutôt une sorte de lascivité et d'érotisme. Au contraire, le bélier est le plus souvent associé au stupre et à la fornication (mais Caravage aurait pu prétendre qu'il faisait là un pont entre les deux Testaments avec l'évocation du sacrifice d'Abraham)

En fait, rien ne permet de reconnaître saint Jean-Baptiste. Aucun des attributs qui, habituellement, l'accompagnent, n'est présent ici : pas de tunique en poils de chameau, pas de croix de roseau et surtout pas d'agneau symbolique. Bien sûr, il est seul, assis dans la nature, mais cette nature, avec la plante verte au premier plan, ne semble guère être désertique comme il était de coutume de la représenter. On voit bien un morceau de tunique en poils, sur lequel il est mi-assis mi-allongé, mais rien d'ascétique, plutôt un doux coussin  pour son postérieur.

Et si la pose reprend celle d'un des ignudi (nus) de Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine (groupe de la Sibylle d’Érythrée), c'est plus pour se moquer de la position improbable de l'athlète de la Sixtine que pour rendre hommage à Buonarotti. Si le personnage de Michel-Ange est hiératique, imposant et grave, celui de Caravage est gracieux et adopte une attitude beaucoup plus" naturelle".

Et que penser du sourire narquois et aguicheur du jeune homme de Caravage qui, on le pense, a eu comme modèle un adolescent de l'entourage de Caravage, Cecco, que l'on retrouve dans d'autres toiles (Bacchus, La Vocation de saint Matthieu) ? Et que dire du drap blanc froissé dans le dos du jeune homme qui rappelle bien davantage une scène d’alcôve qu'un élément de peinture sacrée ? 

Toutes ses interrogations sont bien sûr aujourd'hui sans réponse mais c'est justement un des aspects me plaît le plus chez Caravage : son ambiguïté !

Trouvaille (de principauté)

Dupond, ou Dupont si vous préférez (ils sont interchangeables), devient un peu sourd. Il doit d'ailleurs être équipé aujourd'hui de prothèses acoustiques (l'autre, c'est déjà fait).

Samedi soir, alors que nous évoquions nos visites en Catalogne, nous en vînmes à parler de la maison (du château) de Gala, madame Dali, à Pubol. Frédéric ne s'en souvenant pas (il n'était peut-être pas encore arrivé en Espagne), je lui rappelai l'énorme voiture américaine du peintre garée dans un hangar, devant une sorte de calèche). Lui, passionné de voitures, ne s'en souvenait toujours pas. En cherchant sur Internet, nous trouvâmes la photo correspondante.

Frédéric : - Tu as vu, elle est immatriculée en Andore.
Dupond : - Ah non, elle n'était pas en dehors, elle était bien en dedans !

Il était grand temps qu'il change d'oreilles !

dimanche 25 novembre 2018

Pérégrination ensoleillée (4)

Et, bien sûr, la gente di Lione !











Pérégrination ensoleillée (3)

Quelques coins de lumière.





Le temps se couvre !




Pérégrination ensoleillée (2)

En fait, l'intérieur de la cathédrale est en travaux et, comme je la connais quasiment par cœur, ce sont les bâches de plastique que j'ai photographiées  !




Sinon, première manif, quais du Rhône, contre les violences faites aux femmes.






 Seconde manif, quais de Saône, celle des gilets jaunes.





Il y aura encore des stands pour la recherche médicale contre la mucoviscidose, contre le sida, une course (je suis arrivé après) organisée par le Centre Léon Bérard pour la recherche sur le cancer. Et une course en canoés sur le Rhône.
Une chance qu'il ait fait beau !

Pérégrination ensoleillée (1)

Parti hier pour une promenade que je pensais devoir être relativement courte, j'ai passé tout l'après-midi dehors, à en avoir mal sous les pieds aujourd'hui. Mais pas de regret : aujourd'hui, le ciel a remis son couvercle de deuil. Et des photo, j'en ai pris, plutôt deux fois qu'une. Voici, par exemple, celles prises dans la Primatiale Saint-Jean-Baptiste, dans le Vieux Lyon. Attention, Karagar, tu risques d'être déçu !









Je vous écris d'Italie

Non, non, je suis bien chez moi, hélas dans le gris et le froid. Il s'agit du roman de Michel Déon que je viens de terminer. Après ces  pages grecques qui m'avaient enchanté, le voilà en Italie, plus précisément en Ombrie.

Cinq ans après la fin de la guerre, un soldat français revient à Varela pour tacher de s'informer davantage sur l'histoire de la ville fortifiée et de son condottiere. Sous l'apparence morte et presque hostile de la cité, il en découvre peu à peu le véritable visage, principalement autour de deux femmes, d'une enfant, d'un peintre et d'un poète mélancolique.

J'ai déjà dit l'effet que me fit une nuit la lecture d'un passage de ce roman, dont j'ai toujours placé consciemment l'histoire à Volterra. C'est un livre étrange de par sa volonté affichée de l'obscur, alors que les pages grecques sont lumineuses et souvent flamboyantes. Pourquoi ? Est-ce ainsi que l'auteur voyait l'Ombrie, cette région qui, pour moi, est l'âme de l'Italie ? Cela m'a souvent gêné car je ne parvenais pas à entrer dans son jeu, à m'identifier à quelque personnage que ce soit. Mais, malgré cette réserve, c'est un livre passionnant et foisonnant au niveau des études psychologiques.
(Michel Déon, Je vous écris d'Italie. Ed. Folio Gallimard.)

samedi 24 novembre 2018

Momentini

- Soleil, soleil, aujourd'hui. Occasion de balade dans Lyon automnale, là où ses couleurs italiennes sont les plus belles. J'espère prendre quelques photos.

- Un cercueil portant le nom de Montaigne vient d'être découvert dans le sous-sol du musée d'Aquitaine, à Bordeaux. C'est bête, mais moi, ça m'intéresse bien davantage que les rapports entre Philae et la comète Tchouri.

- Je viens de suivre sur Arte une mini série oscillant entre science-fiction et enquête policière : Ad Vitam. Ou bien le réalisateur a volontairement compliqué les choses et n'a pas apporté toutes les réponses souhaitées, en vue d'une suite, ou bien mes neurones ont pris du mou dans leurs connexions, car j'avoue ne pas avoir compris grand chose.

- Revu hier soir un ami allemand, Félix, 78 ans. Je trouve qu'il a pris un sacré coup de vieux. Il n'a pas arrêté de parler tout seul. Une question  sans réponse : était-ce en allemand ou en français ?

vendredi 23 novembre 2018

C'est à vous.

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.

Il n'y a pas que les italiennes qui chantent et dansent.



Mélina Mercouri, Les Enfants du Pirée (Τα παιδιά του Πειραιά) (1960). Chanson composée pour le film de Jules Dassin, Jamais le dimanche.

C'est une des premières chansons dont je me souvienne enfant, avec Le Loup, la biche et le chevalier, de Henri Salvador (1950)

jeudi 22 novembre 2018

Quand l'Histoire bafouille.

Aujourd'hui est un anniversaire important pour Lyon, en tout cas pour moi : celui de la révolte des canuts, le 22 novembre 1831. A peine plus d'un an après son accession au pouvoir, Louis-Philippe est confronté à sa première révolte sociale, celle des artisans de la Croix-Rousse qui tissent la soie chez eux, sur leurs propres métiers à bras, pour le compte des soyeux, des négociants qui leur fournissent la matière première et récupèrent le produit fini.

Très vite, la révolte gagne tous les quartiers populaires de la ville, avec pour emblème un drapeau noir et pour devise : " Vivre en travaillant ou mourir en combattant". En effet, ces canuts, dont le nom vient de la canette ou bobine, au  nombre d'environ 6000 (plus 30000 compagnons), ne peuvent vivre que misérablement avec le salaire de misère qui leur est octroyé : 18 sous pour 15 heures de travail, soit deux fois moins que sous le premier Empire. Pour ne pas les augmenter, certains soyeux invoquent des métiers à tisser beaucoup plus productifs (comme le métier Jacquard), ou la concurrence internationale, ou les contraintes du marché, ritournelle bien connue.

Suite au refus d'augmenter les salaires, une grève s'ensuit. Les ouvriers se trouvent face à la garde nationale, à la Croix-Rousse d'abord, puis dans le centre de la ville. Des coups de feu sont tirés et l'on compte une centaine de morts. Devenus cependant maître de la ville, les canuts, à qui s'est finalement ralliée la garde nationale, s'abstiennent de tout pillage et constituent un comité insurrectionnel. Le Président du Conseil, Casimir Périer, envoie aux portes de la ville 20000 soldats sous les ordres du maréchal Soult, avec mission d'attendre le pourrissement de la révolte, ou plutôt la lassitude des révoltés. Le 5 décembre 1831, les troupes entre dans la ville sans effusion de sang. La garde nationale est dissoute, le tarif minimum abrogé et le préfet, considéré comme trop conciliant avec les émeutiers, révoqué. Seule une dizaine de canuts seront traduits en justice et finalement acquittés.

Une deuxième révolte verra le jour en 1834, et, cette fois-ci, elle sera matée dans le sang, particulièrement dans le quartier de la Guillotière, près de chez moi. Certains insurgés seront condamnés à la déportation. Deux autres insurrections auront lieu en 1848 et 1849, celles-ci pour proclamer et défendre la deuxième république (en 1848, Louis-Philippe avait abdiqué).

Si ces révoltes ont été un échec quant aux revendications des ouvriers, en revanche elles ont influencé les grands mouvements de pensée sociale, comme les saint-simoniens, Marx, Fourier, Prudhon ou certains acteurs du catholicisme social comme Frédéric Ozanam ou Antoine Chevrier. Espérons qu'il sorte d'aussi belles choses des révoltes actuelles.

mercredi 21 novembre 2018

Dégât des eaux (suite, et bientôt fin ?)

Je vous passe les détails de tous les coups de fil que j'ai passés soit à mon assurance soit à ma régie d'immeubles. Disons que ça a largement dépassé les limites de ma patience.

Aujourd'hui donc, j'ai pris les grands moyens pour faire avancer le schmilblick. Comment ? En menaçant d'en référer directement au directeur de ma régie et en menaçant de ne plus payer mes charges tant que le problème ne serait pas résolu.

Et miracle ! Une heure plus tard, j'avais un téléphone du responsable du dossier côté régie qui m'a donné :
- le nom du propriétaire de l'appartement d'où vient la fuite.
- le nom de l'entreprise qui a été mandatée pour effectuer les travaux nécessaires pour stopper la fuite, travaux qui devraient être effectués rapidement.

Étonnant comme le ton a changé tout à coup. "Mais bien sûr, cher Monsieur, nous comprenons votre impatience. Mais bien sûr, cher Monsieur, nous vous tiendrons au courant de l'évolution des choses.  Tout ce que vous avez fait est parfait (sauf que ce n'était pas à moi de le faire). Etc, etc.

Pourquoi faut-il toujours montrer sérieusement les crocs pour être entendu ?

Musique et cinéma



Requiem (1965) de György Ligeti (1923-2006) dans 2001, Odyssée de l'espace (1968) de Stanley Kubrick.

Je crois qu'il faut être dans l'ambiance du film pour apprécier cette musique. Personnellement, je n'écouterais pas ça tous les jours. En revanche, j'aimerais bien revoir le film, au risque d'être déçu...

mardi 20 novembre 2018

lundi 19 novembre 2018

Et pourquoi pas la peinture ? (30)

https://www.naples-campanie.com/wp-content/uploads/2013/05/paestum-tombe-du-plongeur.jpg 
La tombe "du plongeur", Paestum. Italie (Campanie).

Paestum, colonie romaine, s'appelait d'abord Poseidonia et était une colonie grecque datant de 600 avant J-C. Cette partie de la Campanie s'appelle d'ailleurs la Grande Grèce. C'est sans doute un des plus beaux sites antiques que je connaisse avec ceux de Sicile.

Quand on arrive dans ce bout du monde, on est immédiatement fasciné par les trois temples (Héra, Poséidon, Athena) alignés dans des pâtures où somnolent des bufflonnes dont le lait servira à la fabrication de l'authentique mozzarelle.  Peu d'aménagements modernes, peu de touristes le jour où j'y suis allé avec mes élèves. J'aurais entendu le son de la lyre, je n'en aurais pas davantage été surpris.
L'immense musée consacré aux découvertes faites sur le site depuis le XVIII° siècle regorge d'objets funéraires, de fresques grecques et de fresques lucaniennes (420-350 av. J-C). La tombe dite "du plongeur" a été découverte seulement en 1968 dans une petite nécropole proche de Paestum. Elle daterait de 480-470 av. J-C.

Les quatre côtés de la tombe (la seule peinte de cette époque à nous être parvenue dans son intégralité) représentent des scènes de banquets, de libation et de cortège. Mais, pour moi, le choc vint de la fresque du couvercle, celle qui donna son nom à la tombe. Elle met en scène un jeune homme nu plongeant dans des flots à la surface convexe. Tout est beau dans cette peinture : le trait simple, l'ocre des teintes, le décor réduit à l'essentiel.

Beaucoup d'interprétations en ont été données. On s'accorde généralement à dire que cette fresque située face au visage du mort symboliserait le passage du monde des vivants au monde des morts (et peut-être, en plus, la valeur athlétique du défunt). Les deux mondes sont séparés par les trois colonnes de droite. Chacune d'elles comportent sept tambours, comme les deux arbres comptent sept branches. Sept, symbole de la régénération. L'arbre de droite a une de ses branches cassée, du côté de l'au-delà. L'homme fait le grand saut dans l'inconnu. Cette représentation d'un plongeur est assez rare, contrairement aux scènes de banquets. On la retrouve dans une tombe de la nécropole de Monterozzi, en Étrurie (Toscane). Ce serait donc une peinture grecque inspirée de l'art étrusque.

Mais, au delà de tous ces symboles, que l'on peut oublier, ce qui est sublime, c'est la façon dont l'artiste grec a traité son sujet.

dimanche 18 novembre 2018

Malinconia



Accord parfait avec mon billet précédent.

Avalanche

Étrange sensation la nuit dernière. Quelque chose que je n'avais jamais connu, en tout cas pas avec cette intensité ni ce paradoxe.

Je suis en train de lire Je vous écris d'Italie, de Michel Déon, un roman dont le cadre est une bourgade fortifiée imaginaire d'Ombrie : Varela. Depuis le début de ma lecture, j'ai inconsciemment associé cette ville avec Volterra, qui, elle, se trouve en Toscane, mais dans la partie "sauvage" de la Toscane, et que j'ai visitée pour la première fois lors de mes études à Peruggia (Pérouse).

Je venais de finir une page où le narrateur précise qu'il a 29 ans quand je me suis aperçu qu'il était grand temps d'éteindre pour dormir. Mais impossible de trouver le sommeil. Ces 29 ans m'ont rappelé les miens, justement l'année de Perugia. Et ma machine à pensées s'est emballée . Des flots de souvenirs me sont revenus :

- l'inscription à l'université du palais Galinga, la connaissance de mes logeurs, les Luciani, et de la chambre que j'allais occuper, d'abord avec un étudiant allemand puis seul.
- l'amphithéâtre où se dispensaient certains cours d'histoire de l'art et où une jeune croate (qui devint une amie) me dit que je ressemblais au saint Jean Baptiste d'une peinture d'un primitif italien dont elle m'apporta une reproduction le lendemain.
- le ciné-club où nous allions ensemble, elle et moi, et où nous vîmes, entre autres, Au-delà du bien et du mal de Liliana Cavani, avec Dominique Sanda (en italien bien sûr).
- le Corso Vannucci , lieu de la passeggiata vespérale, au bout duquel j'achetais une glace à la banane avant d'aller contempler sur le belvédère les lumières d'Assise brillant dans le lointain.
-  la Botte, ce restaurant en sous-sol Via Volte della Pace qui proposait un si bon vin blanc très frais et qui existe encore.
-  la rencontre de mes deux amants de ce séjour, l'un serveur à Città di Castello, l'autre enseignant et ancien mannequin, le parc ténébreux près de la gare où je les avais rencontrés, l'angoisse qui m'avait saisi quand le mannequin, qui s'était épris de moi, m'avait emmené en voiture loin du centre en refusant de me dire où nous allions et me fit découvrir le lac Trasimène au bord duquel nous avions bu un verre, l'amour que nous avions fait sur la route du retour (alors qu'avec le serveur, la première fois, c'était dans une oliveraie), la dernière fois où nous nous sommes vus avant mon départ et où il m'offrit le disque de cet été : Malinconia, chantée par Riccardo Fogli, que j'ai toujours.
- l'air de violoncelle qui sortait une nuit du rempart.
- ma mère qui appelait parfois, toute heureuse d'avoir appris à dire pronto au téléphone, et qui, un jour, m'annonça  la naissance de mon neveu.
- le plafond couvert de fresques du palais qui avait été reconverti en restaurant (à Volterra) et que je n'ai pas réussi à retrouver durant un autre voyage.
- Le journal qu'un homme lisait à une terrasse de café et dont j'essayais de deviner la langue avant de me rendre compte que c'était en français.
- la pièce de Goldoni, la Locanderia,  que j'avais vue dans le théâtre de verdure près de l'église Saint-Pierre.
- l'australienne, maîtresse d'un ami lyonnais,  qui prononçait l'italien d'une manière hilarante, qui m'avait surnommé l'Unico, et qui avait pris de moi, à Todi, trois photos en noir et blanc, seules photos où je supporte de me voir.
- tout, jusqu'au moindre détail, comme la magnifique mante religieuse se chauffant au soleil sur un muret et les pâtisseries, des "bombe", si je me souviens bien, (sorte de beignets fourrés à la confiture) que j'avalais chaque matin en allant en cours dans un café, en buvant un espresso bien serré.

Avalanche de souvenirs qui m'engloutit, tous souvenirs heureux, délicieux, datant de 1981. Et pourtant, je me surpris, à un moment, à avoir la mâchoire serrée à m'en faire mal aux dents comme si je ressassais des malheurs. Je ne comprenais pas pourquoi et puis, soudain, je compris : je venais pour la première fois d'avoir viscéralement la conscience d'avoir vieilli. J'avais 29 ans, j'en ai 66. Mes souvenirs n'ont pas vieilli, j'en ressens les effets comme si je venais de les vivre, mais quel âge ont aujourd'hui mes anciens amants ? que sont devenus les Luciani s'ils sont encore vivants ? La croate, Dubravka, a-t-elle péri dans la guerre en Yougoslavie ? L'ami lyonnais, lui,  est mort. Malinconia est passée de mode.
Et le vin blanc est-il toujours aussi bon et frais à la Botte ?

samedi 17 novembre 2018

Un photographe des extrêmes

La première fois que j'ai entendu parler de Robert Mapplethorpe, c'était dans le récit de Patti Smith, Just Kids (2010), Patti Smith sa compagne à New York. L'homme, photographe, m'avait intrigué. Hier soir, Arte lui a consacré un documentaire assez long et fouillé, où j'ai pu découvrir un plus vaste éventail de ses œuvres et approcher plus intimement de l'artiste.

Si l'homme m'irrite un peu parfois, en particulier pour sa volonté inflexible de réussir à n'importe quel prix (et il y est parvenu), en revanche le photographe me fascine par son éclectisme : il a aussi bien photographié des célébrités que des fleurs et est en particulier connu pour ses photos de nus masculins, dont on lui a parfois reproché la pornographie. Pourtant, ces photos ne sont pas que cela : ce sont aussi des œuvres d'art d'une grande beauté. A vous de vous faire une opinion (j'ai sélectionné les moins provocatrices, mais vous pouvez facilement en trouver d'autres, plus explicites).

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Andy Warhol
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Patti Smith
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