jeudi 31 octobre 2013

Je prends le relai

Journée des cimetières, ainsi que demain. Peu de monde à Lyon mais beaucoup dans la Loire. J'ai fleuri les deux caveaux où reposent P1, P2, ma sœur et mes grand-mères et grands-pères. Puis celle de mon arrière-grand-père paternel que je n'ai jamais connu mais que mon père n'oubliait jamais pour la Toussaint. Enfin, descente au columbarium. Le nom de mon frère y a été gravé. C'est lui qui, les années précédentes, s'occupait des plantes.

Comme d'habitude, je ne ressens pas grand chose dans ces lieux-là : une sorte d'insensibilité passagère. Je n'essaie pas d'analyser, c'est comme ça. Comme d'habitude, j'ai longuement observé les monts du Pilat que le soleil illuminait par instants. J'aime ce panorama. Comme d'habitude, l'automne est splendide dans cette vallée.

mercredi 30 octobre 2013

Momentini

- Entendu à la radio une émission sur les nouveaux retraités. Il paraît qu'il faut un an pour trouver son rythme et se remettre d'aplomb. Plus que dix mois à tirer.

- Visite d'Isabelle cet après-midi. Grand plaisir qu'elle me fait là. Avons papoté d'un peu tout, du collège bien sûr. Mais je me sens si loin maintenant !

- Quelques velléités à nouveau pour les décorations d'halloween dans les magasins.  Quand cette stupidité va-t-elle cesser ? D'année en année, heureusement, la mode s’essouffle. Qu'on l'enterre et qu'on n'en parle plus ! Même pas de fleurs le lendemain.

- Mes voisins du dessous (côté cuisine) déménagent. Dommage : deux jeunes pas gracieux pour deux sous mais totalement silencieux. Toujours une petite angoisse à se demander qui va arriver. Je ne vais tout de même pas devenir un vieux acariâtre, mais j'ai horreur du bruit.

- Des automnes comme celui-ci, vous m'en remettrez souvent !

mardi 29 octobre 2013

Au musée

Mireille, une ancienne collègue d'Arts Plastiques, étant disponible, nous sommes allés ensemble au Muse d'Art religieux de Fourvière qui consacre en ce moment une exposition à un peintre assez méconnu : Georges Rouault.

Né en 1871, Rouault est un contemporain de Picasso et de Matisse  et un élève de Gustave Moreau. Surtout connu pour ses vitraux de l'église du plateau d'Assy en Haute-Savoie, il ne fut pas qu'un peintre religieux. L'exposition du Fourvière donne principalement à voir la série complète des 58 planches du Miserere et des 17 eaux-fortes du cycle de La Passion illustrant un texte d'André Suarès.

J'ai été surpris par une certaine diversité des thèmes abordés par le peintre ainsi que par la façon picturale variée d'aborder ses sujets : les thèmes purement religieux cohabitent avec ce que l'on pourrait prendre pour des caricatures à la Daumier ou à la Otto Dix, un traitement plus romantique d'un paysage voisine avec des œuvres à l'aspect profondément contemporain.

Même si je ne vibre pas intensément  en contemplant ces œuvres, je ne peux contester qu'il s'en dégage une force assez impressionnante.
   
http://fabrice.blanc.cc/ballades/notre_dame/images/rouault1.jpg

Dolce Italia

Hier soir, donc, comme prévu, j'ai baigné dans mon jus.

D'abord avec La Strada, film que je connaissais avant même de l'avoir vu tant mon père sifflotait souvent la musique de Nino Rota et nous traitait régulièrement de "grand Zampano", consonance qui avait l'air de lui plaire. A revoir ces images, quand on les connaît bien, on s'attache à des détails, comme la découverte des cure-dents par Gelsomina (cure-dents que l'on mettait autrefois systématiquement sur les tables des restaurants en Italie et qui en ont disparu sans doute sous l'influence d'une pseudo théorie de la bonne tenue à table, comme si se fourrer un doigts complet dans la bouche était plus élégant !), ou comme la façon bien italienne de se dire au revoir, en dirigeant la paume de la main vers le ciel et en repliant les doigts plusieurs fois vers l'intérieur.

Ensuite avec La Dolce Vita. Je n'en avais vu que les extraits les plus célèbres (Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi, la scène finale sur la plage, le strip-tease de Nadia Gray), en confondant l'essentiel avec un film de Fellini que je n'aime pas : Huit et demi. Bonheur de retrouver les lieux de Rome, d'essayer de deviner où certaines scènes avaient été tournées. Fantastique séquence de l'apparition de la Vierge dans une banlieue ingrate et surtout, surtout, la première scène du film : la statue du Christ transportée par un hélicoptère et survolant les ruines des aqueducs de la campagne romaine.

Le plaisir aurait été total si Arte avait passé ces deux films en VO.

lundi 28 octobre 2013

Alerte

Ce soir, sur Arte, deux chefs-d’œuvre pour le prix d'un : La Strada et La Dolce Vita. A vos cassettes !

Le Monde à l'endroit

L'Amérique profonde, ces garçons perdus, ses filles délurées, ses injustices, ses trafiquants de drogue à la petite semaine, avec, en arrière fond, d'anciennes rancunes datant de la guerre de Sécession.  Voilà les ingrédients de Le Monde à l'endroit, de Ron Rash, une histoire de rédemption qui avorte pour tous ces laissés pour compte. Un livre fort, et fort bien écrit.
(Ron Rash, Le Monde à l'endroit. Ed. du Deuil. Trad de Isabelle Reinharez.)

dimanche 27 octobre 2013

Momentini

- Un énorme orage a éclaté cette nuit sur Lyon. J'aime ce déchaînement de violence des éléments. Comme si je me sentais davantage faire partie du cosmos. Alors là, sous les draps, quel pied !

- Un vol d'étourneaux cet après-midi dans l'azur. Comme une immense écharpe ondoyant sous le vent. J'ai repensé à ces milliers d'autres, aperçus depuis le Pincio au-dessus du dôme de Saint-Pierre. Nostalgie de Rome sous un ciel d'automne. Cacophonie des arbres où ils se réunissent.

- Rêves lourds ces dernières nuits. Immédiatement oubliés, ne laissant au réveil que des pensées de plomb.

- Les chrysanthèmes de la Toussaint sont achetés. Dans quelques jours, je regretterai presque de ne plus les avoir sur mon balcon.

- Un jeune couple derrière moi à la caisse du supermarché : "Vous n'avez personne pour vous porter vos fleurs ? Je vous prête ma femme." Ce n'est pas d'elle dont j'aurais aimé un coup de main...

- Revu ce soir Le Bal des vampires, que je connais presque par cœur. Vieilli certes. Horreur du destin de Sharon Tate. Apprend en grappillant de ci de là qu'elle apparaissait aussi dans Barabbas et dans Rosemary's Baby.

- Lou Reed est mort. Sur Inter, il n'ont pas trouvé  mieux que Manoukian pour parler de lui....

samedi 26 octobre 2013

Concision

Bof ! Rien de spécial.

vendredi 25 octobre 2013

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (131)

Anne Sophie von Otter, Wagner Wesendonck Lieder


Atomes crochus

Drôle d'expression que celle-ci : "atomes crochus". Alors qu'elle désigne quelque chose de plutôt agréable, un début d'amitié ou plus si affinités, elle emploie l'adjectif "crochus" qui est tout sauf doux : on pense aux doigts de la sorcière de Hansel et Gretel, aux ronces qui effrayaient tant Cosette lorsqu'elle allait puiser son eau à la source de la forêt, aux mains d'Harpagon ou de Grandet contractées sur leur or .

Drôle aussi la façon dont ces atomes fonctionnent ou pas. Pas une affaire de physique, ni de culture, juste quelque chose d'indéfinissable qui se met en place à votre insu et qui fait qu'avec un(e) tel(le), on se sent bien tout de suite alors qu'avec tel(le) autre, la meilleure volonté du monde n'y pourra rien changer.

Je suis très sensible à la première impression que me fait quelqu'un lors d'une rencontre et je me trompe rarement dans mon jugement. Il ne m'est jamais arrivé de trouver sympathique à la longue quelqu'un qui ne m'a pas plu au premier abord. L'inverse non plus d'ailleurs.

Sauf en musique : les années passant, j'ai revu mon avis sur un certain nombre de compositeurs ou de genres musicaux. Mozart, que j'adulais autrefois, m'ennuie bien souvent maintenant. En revanche, je suis plus réceptif aujourd'hui à la musique d'un Wagner ou aux mélodies des lieder.

Quant à l'image que l'on donne de soi-même, je laisse les autres en juger. En général, l'attraction ou la répulsion sont réciproques.

mercredi 23 octobre 2013

Les champignons n'y sont pour rien

Vue l'abondante cueillette de champignons de samedi dernier, j'ai voulu en faire profiter une infirmière de ma mère avec qui je m'entends bien. Chose faite hier soir. Comme elle ne rentrait pas directement chez elle après son service, les champignons devraient attendre dans la voiture une petite paire d'heures. Mais, après tout, même si le temps est clément, il ne fait tout de même pas une température estivale. Je comptais lui demander ce soir si elle les avait appréciés. Une autre femme la remplaçait !

J'avoue avoir été inquiet un instant : et si elle s'était intoxiquée ! Je la voyais déjà verdâtre au fond de son lit ou coincée sur la cuvette des toilettes. A ma question, il fut répondu qu'elle s'était blessée, rien de grave et qu'elle serait bientôt de retour. Je préfère ça !

Le Jour des corneilles

"Un livre culte", disait la bande publicitaire qui entourait la couverture. Je n'aime pas trop les superlatifs de ce goût là qui, la plupart du temps, sont bien frelatés, mais, après la lecture de ce roman, je dois bien avouer que je n'avais jamais rien lu de tel.

Le Jour des corneilles de Jean-François Beauchemin, un auteur québécois de Drummondville (où, par hasard, j'ai atterri il y a quelques décennies) présente l'histoire de deux êtres que l'on pourrait qualifier de monstrueux : un père, fac-similé de l'ogre des contes de notre enfance, et le fils qu'il a eu et élevé après la mort en couches de sa femme. Tous deux vivent retirés des humains, dans la forêt, comme des ermites ou plutôt comme des sauvages.

Le fils raconte comment il en est arrivé à se retrouver devant le tribunal qui doit le juger, je ne vous dirais pas pourquoi, et déroule sa vie de quasi primate dans les bois. Mais ce fils a un cœur et ne désire qu'une chose : être sûr d'être aimé, certitude qu'il cherche à acquérir à n'importe quel prix.

Le sujet n'est déjà pas banal mais le plus intéressant, c'est le style de l'auteur qui donne la parole à son personnage. J'ai tout de suite pensé à du Rabelais, de l'ancien français où l'on perçoit la langue actuelle, qui déroute un peu au début et à laquelle on s'habitue vite, au point même d'y trouver un plaisir immense.
(Le Jour des corneilles, Jean-François Beauchemin. Ed. Libretto.)

mardi 22 octobre 2013

Qu'est-ce que c'est ?




Si je vous pose la question, c'est que je me la pose à moi aussi. J'ai bien une petite idée mais je voudrais confirmation.

lundi 21 octobre 2013

Les Années douces

Un drôle de livre que celui-ci : Les Années douces de Kawakami Hiromi ! Un livre fait de riens, comme souvent chez les auteurs japonais (et c'est une des raisons pour lesquelles je les aime) mais de riens qui s'articulent pour nous mener exactement où ils veulent nous emmener.

Une jeune adulte rencontre un jour dans un café son ancien professeur de japonais. Ils se voient, se revoient, se parlant peu, assis côte à côte au comptoir du bar, ou partis au marché, à la cueillette des champignons, à la fête des fleurs. Bien sûr, peu à peu, ils s'éprendront l'un de l'autre. Rien que de très banal dans ce sujet. Mais la façon de l'aborder est, elle, totalement nouvelle. Et je peux dire, sans exagérer,  que j'ai rarement lu une aussi belle histoire d'amour.
( Kawakami Hiromi, Les années douces. Ed. Picquier. Trad. de Elisabeth Suetsugu.)

Sport cérébral : solutions

1- no men's land : Lesbos
2- vedettes du port : déesses
3- aurait pu se faire sonner les cloches plus souvent : Esmeralda
4- est responsable de ses actes : notaire
5- somme supplémentaire : sieste

Merci à ceux qui ont participé. Vous en avez trouvé trois sur cinq et, pour les deux restant, certains d'entre vous n'étaient pas loin de la solution. Comme je vois que ça vous a plu, j'en reproposerai sans doute un de ces jours.

dimanche 20 octobre 2013

D'un mort à l'autre

Georges Descrières, l'élégant Arsène Lupin, est mort hier. Je n'ai jamais été très sensible à son physique un peu trop "bellâtre" pour moi. En revanche, l'annonce de sa mort m'a rappelé celle d'un autre acteur, il y a une dizaine de jours, un de ceux qui m'ont fait fantasmer lorsque j'étais adolescent : Pierre Massimi.

Je me souviens très bien du plaisir que j'avais à le voir apparaître sur l'écran lorsqu'il jouait, à partir de 1968, dans Les Secrets de la Mer Rouge, série qui relatait les aventures de Henry de Monfreid. Je suis sûr que, plus que ces péripéties exotiques, c'était bien davantage le physique méditerranéen de Massimi qui m'émoustillait. Ce qu'on peut être midinette quand on est jeune.

Sport cérébral : indices

Seulement deux bonnes réponses ont été trouvées : les mots n°4 et 5. C'est bien le notaire qui est responsable de ses actes et le (et non la) somme supplémentaire est une sieste.

Voici quelques pistes pour ce qui reste à découvrir :

1. le mot a un rapport avec l'Antiquité.
2. ne pas oublier que le mot "port" est polysémique.
3. il faut chercher du côté de ce que propose Cornus.

Demain soir, je donne les solutions.

vendredi 18 octobre 2013

Sport cérébral

Il m'arrive assez souvent de m'adonner à une occupation saine et émoustillante : les mots croisés. Voici donc quelques définitions trouvées ça et là et que j'ai appréciées. Saurez-vous trouver les mots qu'elles suggèrent ? J'indique pour chacune le nombre de lettres du mot à découvrir.

1- no men's land (6)
2- vedettes du port (7)
3- aurait pu se faire sonner les cloches plus souvent (9)
4- est responsable de ses actes (7)
5- somme supplémentaire (6).

La dernière, Cornus devrait facilement trouver...

jeudi 17 octobre 2013

Aimer la langue

Il fallait du toupet à François Busnel pour inviter sur le plateau de La Grande Librairie Jean D'Ormesson et Hubert Reeves, eux et eux seuls. Hubert Reeves avec sa tête de Saint Pierre vieillissant et son accent d'ailleurs, et D'Ormesson impeccablement mis et au langage toujours aussi châtié.

Et ça fonctionne, même si D'Ormesson a parfois une tendance marquée à s'imposer dans la parole. Parce que ce sont deux hommes passionnés, deux êtres intelligents qui ont des choses à dire. J'ai ce soir pensé à un autre duo vu il y a déjà quelques années à une autre émission littéraire, Bibliothèque Médicis : Christiane Desroches-Noblecour et Jacqueline de Romilly. On peut ne pas partager tous les avis exposés, on peut parfois être agacé par telle ou telle formule. Il y a du bonheur à écouter de tels personnages.

Et puis, ce soir, les deux ouvrages présentés : Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit (D'Ormesson) et Là où croît le péril... croît aussi ce qui sauve (Reeves) ne sont-ils pas de parfaits alexandrins ? Ce que je l'aime, cette langue !

Rituel

Je n'aime pas me coucher, je l'ai déjà dit. Comprenons-nous bien : ce n'est pas d'être couché qui me déplaît, au contraire, c'est le fait de faire les gestes pour rejoindre mon lit : cesser toute activité, considérer que la journée est finie, me dévêtir et enfiler maillot et caleçon qui me servent de pyjama, déposer les lunettes sur la commode et ouvrir les draps pour m'y glisser. J'ai toujours la sensation que la veille pourrait se poursuivre, que je pourrais m'adonner à telle activité ou telle autre plus intéressante que le néant du sommeil.

Pourtant après, j'aime ce que je ressens : le corps qui se détend, la recherche de la fraîcheur ou de la tiédeur des draps selon la saison, le soupir de plaisir d'être parvenu à m'allonger, la douce lueur de la lampe de chevet qui n'éclairera que le livre que je vais prendre pour l'ouvrir à la page laissée la veille, le geste de la tête pour bien se caler sur les deux oreillers, et puis la fuite ailleurs, dans la fiction.

Mais l'instant que je préfère, c'est celui où mes yeux commencent à ne plus voir les lignes, où je lutte encore un peu pour reprendre la phrase interrompue, et où, dans un dernier sursaut de conscience, je sais que je sombre dans le sommeil. Alors le livre est refermé sur le marque-page, reposé près de moi sur la table de nuit et la lumière éteinte. Je sais le plaisir que je vais avoir, juste après, dans le noir : dédoubler les oreillers, en garder un pour ma tête et faire glisser l'autre à côté, à la place vide, en les arrangeant bien tous deux, puis glisser les mains sous le second, plus frais que le premier, et partir jusqu'au lendemain.

mercredi 16 octobre 2013

Qu'il est doux de ne rien faire...

Voilà bien une surprise (j'allais écrire un choc, mais il ne faut tout de même pas exagérer !) : les vacances de la Toussaint commencent à la fin de la semaine pour la zone de Lyon. Déjà ! Mais ils ne fichent donc rien, ces enseignants ! Plus sérieusement, j'en ai été tout ébaubi, comme on disait autrefois. Je n'ai pas vu le temps passer. J'ai même l'impression qu'il file plus vite en ne faisant rien qu'en travaillant. Mais "qu'il est doux de ne rien faire quand tout s'agite autour de vous", comme, jadis, disait aussi José Artur. Tiens, en parlant de José Artur, juste pour le plaisir ( et pour les Parisiennes) :

mardi 15 octobre 2013

Les bois

En entrant dans les bois, je ressens toujours les deux mêmes impressions, à l'opposé l'une de l'autre.

Une fois la voiture garée, les bottes de caoutchouc enfilées, la fermeture du vêtement remontée, le sac à la main, j'ai hâte de franchir le petit fossé herbu et de gravir la pente qui clôture la forêt. J'ai déjà les yeux au sol : les plus beaux bolets, ne les ai-je pas trouvés en bordure de chemin ? La récolte sera-t-elle bonne ce matin ?  Une sorte de frénésie me prend, comme aux prémices d'un désir amoureux. Quelques pas et les premiers chapeaux pointent, parfois à peine discernables au milieu des feuilles.

En même temps que ce contact sensuel, j'en connais un autre, plus sombre, plus inquiétant. On est toujours un peu enfant lorsque l'on pénètre dans les bois, et les contes n'ont pas manqué pour les rendre mystérieux. Lorsque le chemin a disparu, que les compagnons se sont éloignés, effacés bien vite dans l'épaisseur des branchages, au point que l'on n'entend plus leur marche écraser les brindilles, on se retrouve seul, comme si la forêt s'était refermée sur vous. Les bruits deviennent plus perceptibles, de furtifs mouvements vous font sursauter alors que vous êtes accroupi, la main tendue pour cueillir quelques pieds. Parfois, des voix se font entendre au loin. Mais sont-elles plus rassurantes que ces frémissements inconnus ? Vous pensez à la nuit, à la vie, sans vous, quand  ses solitudes frémiront de leurs secrets où vous n'avez pas part.

Et puis le bois vous possède. Les arbres craquent et chantent sous le vent dans leurs cimes. En levant les yeux, vous apercevez le ciel, un bout de nuée qu'ils semblent vouloir effacer de leurs faîtes ou vers lequel ils s'élancent dans une frénésie de lumière. La mousse, gorgée de rosée, amortit vos pas qui l'écrase et se redresse après votre passage, effaçant toute trace de vie autre que végétale. Les ronciers dégoulinent des dernières ondées. Une feuille se détache et vient tomber près de vous, s'accrochant comme une boucle d'oreille à l'herbe haute qu'elle pare un instant. Et vous respirez l'odeur, cette odeur d'automne, de décomposition, de terre humide et de quelque chose d'indéfinissable, entre aigreur et douceur extrême.

Alors la volonté de conquête s'efface. C'est la nature qui vous a pris et tout à coup, vous vous arrêtez, droit au milieu des pins, infiniment présent à la vie du monde, et vous vous sentez petit, tout petit, mais heureux et vivant.

lundi 14 octobre 2013

Les Naufragés de l'autocar

L'autre jour, en traînant dans une librairie, je n'ai rien trouvé de bien attrayant à me mettre sous la dent, ou sous l’œil. Et puis, j'ai repensé à Steinbeck, un des mes auteurs américains "classiques" préférés : je n'en avais pas lu depuis longtemps et, avec lui, j'étais pratiquement sûr de ne pas regretter mon achat. Aussitôt dit, aussi fait. Mon choix s'est porté sur Les Naufragés de l'autocar, pas un des plus connus mais un dont j'ignorais l'existence. Et, effectivement, je n'ai pas été déçu.

En Californie, des passagers d'un autobus restent coincés une nuit dans une auberge, tenue par le conducteur et sa femme, suite à une panne de la machine . Le lendemain matin, le moteur réparé, ils ne feront que quelques kilomètres avant de s'embourber sur une route secondaire rendue impraticable par des pluies diluviennes.

Parmi eux, le conducteur mexicain, un couple aisé et leur fille, un adolescent boutonneux plein de désirs et de pulsions, un vieil acariâtre, une jeune serveuse qui se croit laide, un commercial et une belle pin-up que les yeux de tous ces hommes dévorent.

Une sorte de huis-clos donc et qui fonctionne parfaitement, faisant peu à peu ressortir la personnalité profonde de chacun des "naufragés" et montant en intensité dramatique. Ce que j'aime chez Steinbeck, c'est l'art qu'il a d'adoucir la dureté de sa dent par l'amour qu'il porte à ses personnages, de petites gens toujours. Et puis, en toile de fond, il y a le paysage de la Californie, aride et dramatique lui aussi, comme il l'était déjà dans un de mes romans de prédilection, tous auteurs confondus : Des Souris et des hommes.

dimanche 13 octobre 2013

Où s'en vont mourir les rêves ?

Après une soirée télé devant La Belle et la bête de Cocteau et un documentaire sur le couple qu'il forma avec Jean Marais pendant de longues années, j'ai tout à coup pensé qu'il était très beau et en même temps dérisoire de vouloir résumer une vie en une petite heure d'images d'archives. Le plus intéressant, c'est de voir ce que sont devenus, à la fin de sa vie, les rêves qu'a fait chacun de nous quand il était enfant.

Les miens ont varié, pourtant je m'y retrouve. Je me souviens de quelques-uns, qui, d'une certaine façon se sont avérés. Longtemps, je voulus être missionnaire, après avoir lu Les Clés du Royaume de Cronin. Il fallut la découverte de mon homosexualité et surtout la mort de ma petite sœur pour que j'abandonne ce projet et rejette ma foi, avant de me la reconstruire plus personnelle par la suite.

J'ai rêvé aussi de diriger un orphelinat. La maison qu'habitaient mes parents à la campagne me paraissait assez grande pour l'abriter et, avec un ami du primaire, nous passions des heures entières, assis dans un champ, à en élaborer les plans. Nous voulions aussi, tous les deux, faire le tour d'Italie en vélo et l'atlas que l'on me fit acheter en sixième, et que je garde toujours dans ma bibliothèque, nous faisait rêver à ce pays dont je trouvais déjà la carte si belle.

Jardinier aussi me plaisait. J'ai déjà dit la passion de ma mère pour les fleurs. Elle n'est pas pour rien dans ce rêve d'enfant de même que furent importants pour moi, dans mon désir de devenir menuisier les jouets en bois que me fabriqua un amant de ma grand-mère et la présence toute proche dans le village d'un artisan qui acceptait que je le regarde travailler et me laissait parfois manier son rabot.

Plus tard, je voulus être enseignant. C'est finalement ce que je fis, même si je rêvais plutôt d'être instituteur. Le plus étonnant fut le désir de devenir danseur, de ceux qui se produisent derrière une vedette de la chanson ou dans les émissions de variétés. Lorsque j'en parle avec des amis, personne ne comprend ce désir. Mais est-ce que je le comprends moi-même ?

Aujourd'hui que mes années d'activité sont derrière moi, je me rends compte qu'il y a une certaine logique dans tout cela. Influence de la famille, de mon entourage et surtout volonté constante de m'oublier et de me mettre au service des autres, d'assumer ce rôle de chien de troupeau que l'on m'a appris à être.

Un an d'oublis

Je me rends compte que je n'ai pas mis à jour ma liste de lectures "récentes" ( colonne de droite) depuis presque un an. Je le ferai sans doute d'ici peu mais cela sert-il à quelque chose, à quelqu'un si ce n'est à moi (et encore : j'y découvre des titres que j'ai quasiment complètement oubliés !) ? Et puis, avec mes comptes rendus réguliers, ceux que ça intéresse peuvent se faire une idée. Bientôt celui sur le roman de Steinbeck. Tiens, j'ai l'impression d'être à la télé en train d'annoncer mes programmes...

Promenons-nous dans les bois pendant que la pluie n'y est pas.

Pas dormi beaucoup cette nuit : fermé les yeux  vers deux heures, lever à 6h30. Les étudiants habituels de l'immeuble à côté faisaient la java. Je ne veux pas jouer les vieux grincheux mais ils commencent tout de même à me les gonfler dur.

Du soleil en bas de la vallée puis une brume épaisse puis ciel gris. Des champs givrés déjà. Quatre degrés, puis deux, puis un. J'ai failli renoncer tant j'avais froid dans le bois et puis le premier bolet, les premières chanterelles, plus grosses que la semaine dernière. On se réchauffe, sauf les mains. Beaucoup d'humidité et des abois de chiens au loin, pour la chasse.

Encore une bonne cueillette, dont ma vieille voisine profitera demain. Repas à la même auberge mais le samedi, ils ne proposent pas leurs formules. Au total, prix doublé mais que c'est bon, entre autres leur foie gras maison truffé d'abricot confit !

Encore oublié de faire des photos. J'en regrette une en particulier : une énorme amanite tue-mouche, magnifique, insolente au sommet de sa souche d'arbre recouverte de mousse. On aurait dit un drapeau fiché au sommet du Mont Blanc.

Retour sous la pluie. Où est le soleil d'automne ?

vendredi 11 octobre 2013

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (130)

Pour le plaisir, parce que j'aime.

Et aussi pour faire un test : un de mes amis me dit que chaque fois que je poste un enregistrement de youtube, il a systématiquement, quand il se connecte à mon blog, un autre morceau à écouter que celui annoncé. Est-ce que cela est déjà arrivé à l'un d'entre vous ? Ici, j'ai posté : "I fall in love too easely", de Chet Baker.
Merci de me répondre.


jeudi 10 octobre 2013

Rencontre littéraire

Toujours le même malaise à rentrer dans le collège. A la porterie, une nouvelle employée : il faut que j'épelle mon nom et ça m'agace, après 33 ans passés sur place. La salle des profs est déserte : tant mieux. Dans la pièce à côté, Isabelle, penchée, seule, sur son travail. Nous descendons fumer une cigarette, sous la pluie.

Devant le CDI, des élèves s'assemblent : des sixièmes qui viennent rencontrer un ÉCRIVAIN ! Pas intimidés mais curieux tout de même. Une fois de plus, je suis frappé par leur petite taille, en début d'année. Dans le couloir, d'anciens élèves me saluent, avec le sourire. Des collègues aussi, ceux à qui j'aime parfois faire la bise. Le monsieur est là : une petite cinquantaine, mince, d'une élégance décontractée. La conversation commence, les questions fusent, la plupart intéressantes. J'aime la façon de parler de Mourlevat, simple mais pas bêtifiante : il s'adresse aux élèves comme il s'adresserait à des adultes, ce que j'ai toujours fait.

A la fin de la séance, j'apprends qu'il vit tout près de Saint-Étienne et qu'il s'est même marié à la mairie du village où j'ai passé mon enfance. Ce qui me frappe chez lui, c'est qu'il ne ressemble pas à ses livres. Pourtant si, parfois la nostalgie affleure. Je lui demande si le plaisir d'écrire est le même lorsqu'on sait que, presqu'à coup sûr, on va être publié, si l'on sent encore la même liberté. La question semble un instant l'embarrasser. Mais il me répond franchement : le poids est plus lourd à porter, il sait qu'il va être lu par des gens qui l'aiment et ne peut les décevoir.

A la sonnerie, les élèves s'agitent. Ils ont consommé. Un ou deux resteront encore un peu pour échanger quelques mots. Demain, la plupart d'entre eux n'auront-ils pas déjà oublié ?

mercredi 9 octobre 2013

La Rivière à l'envers

Demain, je retourne au collège. Oui, deux fois en un mois pour quelqu'un qui veut s'en éloigner, c'est beaucoup. Mais mes collègues ont invité un auteur pour la jeunesse que j'apprécie particulièrement : Jean-Claude Mourlevat. La Rivière à l'envers est un roman que j'ai adoré, ce qui n'est pas toujours le cas pour ce genre de livres destinés à des lecteurs à partir de 11 ans.

Je le lisais dans la chambre d'hôpital de Pierre alors qu'il n'était plus qu'un légume et que toute communication avec lui était presque rompue. Pour qu'il m'ait marqué dans ces conditions, il faut que ce soit un livre fort. Alors, je vais voir quelle tête a celui qui l'a écrit, même si cela me coûte de remonter une fois de plus sur la colline. J'ai l'impression de faire comme les saumons : remonter la rivière.

mardi 8 octobre 2013

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (6)



Là, j'étais vraiment tout petit, petit. Année de naissance de ma petite soeur, année de mort de ma grand-mère maternelle, année de ma réintégration dans la famille. J'adorais ça, à l'époque. A noter que l'Eurovision a bien changé depuis. Vous me direz, moi aussi....

Faire ou ne pas faire.

Peu à peu, je sors de mes "grandes vacances". Le temps moins agréable m'y pousse et aussi le besoin qui commence à pointer d'organiser un peu mon temps. Il ne sera jamais question, bien sûr, de m'établir un emploi du temps strict, à respecter journellement. Pendant toutes mes années de travail, j'ai toujours trouvé totalement anormal de devoir se lever, déjeuner et partir en voiture alors que le soleil n'était pas encore là. Je n'ai pas changé d'avis : la nuit, c'est le soir que je l'aime, pas le matin.

J'ai eu aujourd'hui des nouvelles de la mère d'élève qui me proposait quelque chose : ce ne sera pas, apparemment, pour tout de suite, faute de budget pour cela. Mais le contact est rétabli. J'ai cru comprendre que l'une de ses idées plus immédiates serait de créer un blog pour son entreprise. Rendez-vous sera pris dans quelques jours.

En entendant, peut-être vais-je me mettre à m'occuper de tout ce qui attend depuis longtemps dans l'appartement : rangements des placards, tri des choses inutiles (il y en a encore !), nettoyage d'automne, le tout sans stress, sans minutage à respecter.

Quoiqu'il en soit, ce dont je suis certain, c'est que mon ancien métier ne me manque pas une seconde et qu'avoir du temps à soi, ça n'a pas de prix, même en le laissant filer.

lundi 7 octobre 2013

Merci, Alfred

Voilà à quoi j'ai passé ma soirée. Il y a pire. Merci, Daphné. Merci, Alfred.


Le Sillage de l'oubli

Bien sûr, la quatrième de couverture n'y va pas avec le dos de la cuillère, en n'hésitant pas, après un résumé assez ridicule et qui ne rend pas vraiment compte de l'ensemble du livre, à comparer Bruce Machart à William Faulkner. Pourtant, c'est vrai, il y a quelque chose de fort dans ce premier roman :  des personnages hors du commun, dont le père des quatre garçons dont on suit la destinée, et le dernier de ses fils, Karel, qui, seul, restera dans son sillage; des paysages décrits d'une façon à vous couper le souffle; de la grandeur qui sent la terre; un style qui n'hésite pas parfois à côtoyer la poésie.
Je voudrais bien savoir qui choisit les romans que publie l'éditeur Gallmeister : je lui dirais merci. Il ne faudra pas s'étonner si celui-ci devient rapidement un film.
( Bruce Machart, Le Sillage de l'oubli. Ed. Gallmeister. Trad. de Marc Amfreville.)

Des choses simples

C'est aussi simple que cela. On signe quelques papiers, on emporte l'urne avec soi (il y avait si longtemps que je n'avais pas serré mon frère dans mes bras), on la cale à l'arrière de la voiture pour qu'elle ne se renverse pas. En arrivant au cimetière, on constate encore que lorsqu'il fait froid, il y fait plus froid qu'ailleurs. Dans l'urne, on récupère quelques cendres qui iront à la campagne, il le voulait. L'un et l'autre, nous tenons à les effleurer, sans nous l'être dit, sans l'avoir prémédité. Avant que l'employé de la mairie n'arrive, Sylvie est transie. Elle est remontée dans la voiture. La place au columbarium est déjà ouverte. Pas de numéro, pas de nom pour l'instant, rien. L'employé est un brave homme qui ne prend pas la tête de circonstance. Je voudrais l'en remercier mais je lui parle des gens du village. Il me dit son travail, sans plainte, sans passion non plus. Devant nous, il referme le réceptacle et nous remontons la forte pente en direction du parking. Il faut encore aller commander l'inscription. Au retour, Sylvie me parle, beaucoup, comme elle ne m'avait jamais parlé. Dehors, le ciel est gris.

dimanche 6 octobre 2013

Momentini

- J'ai réessayé de téléphoner à la mère d'élève qui m'avait proposé un travail de correction de manuscrits. Toujours le répondeur avec une voix d'homme. Le collège m'a donné le nouveau numéro de portable de la dame, à qui j'ai laissé un message vocal. Pas de nouvelles depuis. Est-elle en ce moment dans son lointain Brésil d'origine ? A-t-elle changé d'avis ? Dans ce cas, la politesse voudrait qu'elle me le fasse savoir. Je ne comprends pas.

- La mairie du village où nous avons passé notre enfance a enfin accepté d'octroyer une place au columbarium pour déposer les cendres de mon frère, et ce bien que plus un membre de la famille ne réside sur le territoire de cette commune. Ce sera fait demain matin, en compagnie de ma belle-sœur. Leur acceptation a été un grand bonheur pour elle puisque c'était les dernières volontés de mon frère de reposer là-bas.

- On me demande fréquemment si j'ai bien pris le rythme de ma retraite. Je n'ai aucun rythme en ce moment. Peut-être est-ce justement cela, le rythme de la retraite ? Mais moi, je sais que ça ne saurait me satisfaire longtemps.

- Un ami vient de me téléphoner de l'aéroport de Satolas (Saint-Exupéry aujourd'hui) : il partait pour la Belgique où il espère trouver un emploi à Bruxelles. Si ça marche, belle occasion de visiter ce pays que je ne connais pas et d'en profiter pour m'arrêter chez quelques amis au passage (suivez mon regard !).

- Je me rends compte que, depuis assez longtemps, je n'écoute plus de musique chez moi. En revanche, je dévore les livres. Il faudra revoir ça.

- Un mal fou, l'autre jour, à trouver dans une librairie un livre qui puisse m'intéresser. Introspections sentimentales, 11 septembre, recherche du père, guerre de ci ou de là : j'en suis lassé. Alors, j'en suis revenu aux classiques, un Steinbeck que je ne connais pas: Les Naufragés de l'autocar, et puis un japonais bien sûr.

samedi 5 octobre 2013

De l'inutile et du désagréable

Tiens, un truc qui m'énerve ! (Comme je n'ai plus ma directrice pour ça, il faut bien que je trouve autre chose !). Pour moi, un livre, c'est un objet de valeur, pas sacré mais presque, auquel je tiens même si c'est une édition bon marché (encore que je me demande si ça existe encore !). J'ai par exemple horreur, si je le prête, qu'on me le rende sali ou écorné. Heureusement, ceux qui ont droit au prêt sont aussi attentifs que moi à ne pas abîmer.

On pourrait attendre, pour le moins, la même chose des libraires. A moins que ce ne soit que de vulgaires marchands de livres, comme j'en connais. Eh bien cette profession n'hésite pas à coller sur la quatrième de couverture une petite étiquette avec le prix et/ou le code barre. Ce qui a le double désavantage de vous empêcher de lire l'ensemble du texte de présentation et de vous faire perdre du temps à vouloir enlever proprement cet autocollant (oui, je n'aime pas le laisser à me rappeler sans cesse combien j'ai dépensé). D'autant plus que le prix indiqué très souvent directement sur la couverture est le même que celui de l'étiquette, qui, parfois, laisse des traces quasiment indélébiles.
Mais bon, je vous l'accorde, il y a pire dans la vie.

vendredi 4 octobre 2013

Encore là

Jeudi 4 octobre 2007, je me lançais, ne sachant trop où j'allais mais avec l'envie, le besoin féroce, vital, d'écrire. Aujourd'hui, après 3649 billets, j'ai toujours cette même envie, ce même besoin, même si l'un et l'autre sont un peu apaisés par les années passées. Certains sont venus là quelque temps, d'autres y sont restés jusqu'à ce jour, depuis le début. Et cette fidélité me touche car je ne la comprends pas totalement. A travers vos commentaires, j'ai vu se dessiner des silhouettes que j'ai appris à aimer et qui font aujourd'hui partie de ma vie au même titre que mes amis bien en chair et en os. Certains soirs, l'envie n'était pas là et puis, très vite, elle revenait, parfois pour un rien, un instant de vie qui échappait ainsi à mon oubli.
Six ans, bientôt l'âge de raison... Merci à tous.

jeudi 3 octobre 2013

Retour au col des Echarmeaux

Se lever tôt. Partir et, à la sortie de Lyon, entrer dans une brume épaisse. "Nous n'en n'aurons pas là-haut." dis-je à un Jean-Claude trop pessimiste. Et, là-haut, il n'y en avait pas. J'aime cette vallée de l'Azergues, peut-être parce que je ne la vois qu'en automne, ces châteaux, ses forêts, ses quelques églises romanes qui annoncent déjà les autres, de l'autre côté du col, dans le Brionnais. Les volets du vieil Hôtel des Nations, que j'ai toujours vus fermés, sont ouverts aujourd'hui. La bâtisse, vrai décor de film fantastique, reprend-elle vie ?

L'odeur d'humus des sous-bois, encore quelques fleurs sylvestres dont je ne connais pas les noms, la pourriture des arbres abattus, les fougères immenses, les gros rochers moussus, les oiseaux jacasseurs : j'ai tout retrouvé ce matin. Et des champignons, beaux, élégants, humbles ou prétentieux, si beaux que j'ai oublié de les photographier. Nous avons principalement cueilli des chanterelles grises et des bolets, une bonne vingtaine, de belles dimensions.

Repas dans notre auberge habituelle, où l'on nous reconnaît bien que nous n'y venions qu'à cette époque de l'année. Nouvelle cueillette l'après-midi, où je suis tombé sur trois insectes agressifs (guêpes ?), dont l'un m'a piqué à l'intérieur de la narine droite.  Mais la douleur très vive, que je ressens encore un peu ce soir, n'a pas réussi à gâcher la fête que représente pour moi cette sortie rituelle pas plus que le goût divin de l'omelette aux cèpes de ce soir.  Bientôt, nous y retournerons.

mercredi 2 octobre 2013

Momentini

- " Si vous saviez !", c'est ce qu'a répondu une de mes amies au serveur d'un restaurant qui lui demandait ce qui lui ferait plaisir.

- Enfin des nouvelles de mes dossiers retraite complémentaire : on les a bien reçus et on les étudie. Il serait temps : l'un a été envoyé fin février. Mais de versements sur mon compte, pas l'ombre d'un soupçon !

- Demain, c'est champignons !

-  Je viens d'apprendre à la radio que le mot "barricades" venait de "barriques", ces dernières étant autrefois remplies de terre pour bloquer les rues.

- A l'instant, je rajoute un nouveau libellé à ma liste : "retraite". Gageons qu'il va bien vite remplacer "école".

mardi 1 octobre 2013

Amour maternel

Une charmante jeune fille traverse la chaussée, poussant devant elle ce que l'on appelait autrefois un landau ( mais comment cela s'appelle-t-il aujourd'hui ?). J'arrête ma voiture suffisamment loin d'elle pour qu'elle n'ait aucune crainte. Elle sourit, d'un sourire radieux, splendide. Comme elle semble heureuse d'être mère, comme il lui plaît de contempler son bébé ! J'en suis touché, vraiment.

Mais que regarde-t-elle au juste ? Alors qu'elle s'approche, je me rends compte que ses yeux portent plus haut, dans le vide, dirait-on. Et je remarque alors les fils qui lui pendent des deux oreilles et le petit micro attaché au bout.

Sait-elle seulement où elle est ? Elle ne m'a même pas vu. Elle a oublié la poussette et le bébé, la rue, les voitures. Elle sourit à son téléphone.