vendredi 31 juillet 2015

Optimisme


Du béton à la campagne

Le couvent de la Tourette, à Eveux, près de Lyon. J'y avais suivi un séminaire de mythologie mésopotamienne, animé par J. Bottéro. Passionnant. En revanche, cette architecture me laisse assez froid, sauf la chapelle que j'avais trouvée très belle et propice à la spiritualité.











Au bénéfice.... de l'âge.

Pierre et moi avions autrefois un ami dominicain, un intellectuel passionnant même si parfois un peu mondain. Alors que je logeais chez lui lors d'un séjour à Paris, il m'avait dit que sa mère déjeunait ce jour-là avec Marguerite Yourcenar. Devant ma mine ébaubie, il avait rajouté qu'elles étaient amies de longue date, depuis un séjour dans le sud-ouest si je me souviens bien. Mais pas moyen, bien sûr, de me faire inviter à ce repas malgré mon très grand désir de rencontrer l'auteur des Mémoires d'Hadrien.

Longtemps résidant au couvent de la Tourette, à Eveux, près de Lyon, c'est grâce à lui que je découvris ce lieu conçu par Le Corbusier. Après un bref séjour à Rome, il s'installa à Paris et, après la mort de Pierre, je le perdis de vue.

Les années passant, j'eus envie de savoir ce qu'il devenait et téléphonai à Paris. Je l'eus assez vite au bout du fil. Il ne mit pas longtemps pour me reconnaître. Mais la suite me glaça :
- Si tu me téléphones, c'est que tu as quelque chose à me demander.

Jamais je n'étais passé par lui pour obtenir quoi que ce soit et ces mots me surprirent et me peinèrent. Depuis, j'ai réfléchi à cette réponse. J'ai vieilli et je la comprends mieux. Combien, depuis, dont je n'avais plus de nouvelles, m'ont contacté justement parce qu'ils avaient un service à me demander ? Est-ce un privilège ou une malédiction de l'âge que de perdre sa naïveté et de mieux comprendre les rouages (ou les roueries) de l'esprit humain ?

Un peu acide, ce billet ? Même pas. L'essentiel est de rester lucide. Je ne l'ai jamais rappelé.

jeudi 30 juillet 2015

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (151)

Tout le monde la connait, cette musique, indissociablement liée dans nos têtes aux spectacles de cirque. Mais qui aurait été capable de donner le nom de son compositeur ? Pas moi, en tout cas.



Attention : il s'agit de Julius Ernest Wilhelm Fucik, compositeur tchèque né en 1872 et mort en 1916, et non de Julius Fucik (1903-1943), tchèque aussi mais écrivain et journaliste, torturé et tué par la Gestapo.

Puisque vous aimez...


mercredi 29 juillet 2015

Le miel et les olives

Bien sûr, tout le monde n'en mange pas tous les jours. Pourtant, ils font partie de notre patrimoine, peut-être plus mythique que culinaire. Il serait bien long d'énumérer tous les emplois qu'en ont fait les hommes depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours.

Sur le miel, en particulier, je conseille, si vous avez le temps, de consulter ce site très savant mais passionnant : http://www.la-ruche-sauvage/produits/miel.php . Juste un petit extrait, tiré de Pétrone (le Satyricon), où les deux produits apparaissent :  Sur un plateau destiné aux hors-d’œuvre était un petit âne en bronze de Corinthe, portant un bissac qui contenait d'un côté des olives blanches, de l'autre des noires. Sur le dos de l'animal étaient deux plats d'argent sur le bord desquels étaient gravés le nom de Trimalcion et le poids du métal. Des arceaux en forme de ponts soutenaient des loirs assaisonnés avec du miel et des pavots.

Lors de mon dernier séjour dans le Jura, plus un pot de miel au magasin. C'était la première fois que je voyais ça. Nous n'avons pas pu obtenir de réponse satisfaisante aux questions sur ce sujet. Pour les oliviers, voir des arbres plus que centenaires dépérir très vite en Italie du sud me pétrifie.

Et ce midi, aux infos de la télévision, un reportage (je n'ai pas retenu dans quelle région de France) sur une nouvelle maladie de la vigne, pire, aux dires du journaliste, que celle du phylloxéra. Il y a vraiment de quoi s'inquiéter.
(Et je ne parle pas des platanes !)

mardi 28 juillet 2015

Momentini

- Je viens de me faire couper les cheveux. Et quel jour est-on aujourd'hui ? Le 28 juillet. Et quelle fête célèbre-t-on le 28 juillet ? La Saint Samson ! Du coup, je me sens tout chose. Mais bon, pas de Dalila dans les parages.

- Des nouvelles de mes plantes balconnières : le chèvrefeuille est très mal, et ça fait plusieurs années que ça dure. Je crois bien qu'il va mal finir ! Une plante grasse que l'on m'avait conseillé d'exposer au soleil n'a pas du tout aimé : ça fait de la place. Le bougainvillée n'a que quelques fleurs rachitiques. Mais le fleuriste m'avait dit qu'on ne pouvait les conserver longtemps en pot et ça fait dit ans que je l'ai. Alors, on ne peut pas lui en vouloir. Les belles de nuit ont fait leur réapparition dans un pot qui, normalement, ne leur était pas destiné. Seuls les géraniums se portent bien et ont largement entamé leur deuxième floraison. Et pas trace de ces larves de papillons qui m'obligent à les tailler chaque années pour éviter de les perdre. Et puis, à l'intérieur, entre autres, deux spathiphyllum : l'un à moi qui ne se décide toujours pas à fleurir, l'autre à ma voisine sicilienne, en pension donc, qui lui, fleurit. J'enrage ....

- Une publicité coca dans les rues de Lyon : zéro sucreS, zéro calorie. Même pas fichus d'être logiques d'une ligne à l'autre.

- Sinon, ma vieille voisine continue de me donner des conseils dont je n'ai que faire, son voisin du dessus continue de manier le marteau et la perceuse à longueur de journée, les magasins continuent de fermer les uns après les autres, et la télévision continue de passer les Fantomas et les Don Camillo. La vie, quoi !

lundi 27 juillet 2015

De la nostalgie, M'ssieurs-Dames (37)


Les pintades

Nous avions perdu les pintades. La nuit était tombée et elles n'étaient pas rentrées. Pour nous qui devions nous coucher de bonne heure, c'était toute une expédition que d'aller les chercher dans le noir. Peut-être n'était-il pas aussi tard mais j'étais enfant et le bois qui longeait le pré était très sombre.

Je ne me souviens que de mon père et de moi Mon frère n'apparaît pas dans mon souvenir. Quant à mes sœurs, elles étaient trop petites, et puis ce n'était pas le rôle des filles d'aller chercher des pintades.

J'avais peur mais pour rien au monde, je n'aurais voulu que mon père s'en aperçoive. Il fallut entrer dans le bois, une sorte de vallon encaissé au fond duquel coulait un ruisseau maigrelet. Le jour, nous y jouions souvent et, au fil des ans, avions construit de nombreuses cabanes sur le seul espace à peu près plat. Mais la nuit, c'était autre chose. Je ne reconnaissais rien, j'avais peur, en arrivant au bord de l'eau, de m'enfoncer dans la boue. J'avais peur, surtout, des bruits, des ombres, des troncs penchés comme des monstres menaçants. Je regrettais mon lit, et mes livres.

Mon père avait disparu dans les ténèbres. Était-ce lui que j'entendais marcher un peu plus haut, en faisant parfois craquer les brindilles sous ses pas ? J'aurais voulu l'appeler mais il aurait senti ma peur et ça, je ne le voulais pas. Ou bien était-ce des bêtes qui s'approchaient pour m'attaquer ?

Combien de temps dura la recherche ? Je ne sais pas mais l'expérience fut assez traumatisante pour que je m'en souvienne encore. Nous finîmes par les retrouver, endormies sur un tronc d'arbre plus penché que les autres. Mon père m'expliqua alors qu'il fallait les ramener au poulailler, à cause des renards. Ce qui, en y réfléchissant bien, fut sans doute loin de me rassurer.

dimanche 26 juillet 2015

Banlieue ouest

Mon album de photos "Banlieue ouest", autrement dit concernant les monts du Lyonnais, s'enrichit de jour en jour. A Lyon, cette banlieue ouest a la réputation d'être riche (et sans doute l'est-elle effectivement) alors que la banlieue est reste beaucoup plus populaire et plus pauvre en monuments intéressants.

Les coteaux du Lyonnais s'étendent en gros entre Lyon et Saint-Étienne d'une part, Lyon et le Beaujolais  d'autre part. A quelques kilomètres seulement de la ville, ils offrent un gros intérêt touristique, en particulier pour leurs églises et les vestiges de quelques châteaux, sans parler des aqueducs romains.

Ils sont donc devenus depuis quelque temps l'objectif de mes promenades "culturelles". Je découvre ainsi de petits villages dont je ne connaissais jusqu'ici que le nom, bien que vivant depuis très longtemps à Lyon. Pas de fatigue excessive et souvent de belles découvertes.

Trois inconvénients pourtant à noter : les églises sont très fréquemment fermées et donc à contempler uniquement de l'extérieur, ces villages, tout beaux qu'ils soient, sont souvent d'une grande tristesse car peu animés, surtout le dimanche et, si je ne poste pas les photos immédiatement, j'ai tendance quelquefois à les confondre.


samedi 25 juillet 2015

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

vendredi 24 juillet 2015

Et vive le progrès !

Il y avait déjà l'ouverture facile, ces contenants où l'on ne comprend rien à la démarche à suivre et que l'on met des heures à ouvrir, en renversant la moitié du contenu par terre. Maintenant, pour moi, c'est vite fait : ouverture facile ou pas, je prends les ciseaux. Pas de prise de tête et vas-y, mon kiki !

Mais les ampoules électriques. Avant, c'était simple : à visse ou à guillotine, on avait qu'à tourner et le tour était joué, en quelques secondes montre en main. Maintenant, il faut déjà retrouver les mêmes : "Ah mais, mon brave monsieur, ce modèle n'existe plus depuis dix ans !" On a tout à coup l'impression de sortir de sa caverne après une glaciation particulièrement longue.

- Bon, alors donnez-moi le modèle équivalent.
- Vous voulez à leds, halogène, à éclairage progressif (je déteste) ou .....
Conseil pris, on repart avec ses ampoules, plus petites que les précédentes mais pour des spots, c'est sûr, selon le vendeur, ça doit faire l'affaire.

Et l'on met une heure et demie pour en changer quatre dans ses toilettes : parce que l'on a les doigts trop gros pour enlever les anciennes, bien protégées dans leurs cabochons de plastique, parce qu'on a les doigts trop petits pour aller jusqu'au fond du cabochon (eh oui, elles sont plus petites), parce que, rien à faire, la partie mâle ne veut pas entrer dans la partie femelle (ça ne doit pas être les termes exacts mais je ne suis pas électricien !). Et lorsque, enfin, on y arrive, on se demande encore comment on a fait !

Ne reste plus qu'à prendre une douche, tant l'on a transpiré (il fait chaud là-haut), à se masser les muscles des bras, tétanisés d'être restés si longtemps en l'air, et à essayer de se détendre en se persuadant qu'on vit une époque formidable. Tout a failli passer par la fenêtre tout à l'heure. Mais bon, avoir la lumière dans ses toilettes, c'est tout de même bien pratique.

jeudi 23 juillet 2015

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (150)

Deux versions bien différentes des Funérailles de la reine Mary, de Purcell. Qui va grincer des dents ?

Commençons par la classique :



Maintenant, celle qu'on entend dans le film Orange mécanique, de Kubrick :


mercredi 22 juillet 2015

L'antre


C'est là que je me rends fréquemment pour flâner et éventuellement acheter des livres d'occasion : une des trois boutiques Emmaüs (sous-sol) près de chez moi. Livres en parfait état, cinquante centimes le livre de poche, deux euros les cinq. Les éditions d'origine se vendent entre 1,50 et 3 euros. A l'allure où je lis, cela fait de sérieuses économies. Reste à trouver ce qui m'intéresse.

mardi 21 juillet 2015

Sur les terrrasses de l'hôpital

Une collègue me signale ce matin un spectacle en fin d'après-midi sur les terrasses de l'hôpital Saint-Luc. Pourquoi pas, malgré la chaleur. Cela va peut-être me réconcilier avec ce lieu que je n'aime pas beaucoup.

Le groupe Tonne,basé dans la Drôme, donne AE-Les Années, d'après plusieurs romans d'Annie Ernaux et retraçant la vie d'une femme de sa naissance dans les années quarante à nos jours. Sur un mode déambulatoire (de terrasse en terrasse), plusieurs thèmes sont ainsi abordés : la découverte de la sexualité, le droit à l'avortement, les "progrès" de la technologie, l'ascension sociale et, plus généralement, l'évolution de la place des femmes dans la société contemporaine.


Mélange subtil, à partir des textes, de l'aspect intime et de l'aspect sociétal, ce spectacle ne pouvait que me plaire, d'autant que j'ai un grand faible pour cette femme écrivain. J'ai d'ailleurs eu peur au début que l'on n'en ait retenu que le côté acide mais bien vite la crudité mêlée de tendresse que je lui connais s'est imposé.

Trois femmes et un homme visiblement imprégnés de leur sujet, ça ne se refuse pas. Et j'en ai profité pour faire, avant et après le spectacle, quelques photos de Lyon sous un angle inhabituel.





lundi 20 juillet 2015

Une ardente Patience

Tout le monde ou presque se souvient du film de Michael Radford, Le Facteur, avec Philippe Noiret et Massimo Troisi. Beaucoup moins sans doute connaissent le roman dont le film est tiré : Une ardente patience, de Antonio Skarmeta, un écrivain chilien.

Et c'est bien injuste car ce petit livre (par l'épaisseur) est un pur bijou. Un petit facteur livre son courrier chaque matin au poète Pablo Nerouda. Tombé amoureux de la fille de la cabaretière, le préposé va demander à Nerouda de l'aider à tourner ses phrases pour séduire la belle. Peu à peu vont naître une amitié et une estime réciproques, qui s'achèveront avec le coup d'état militaire et la mort du poète.

C'est plein de joie, de poésie, de simplicité et d'humour. Jamais le trait n'est forcé, les événements historiques sont à peine esquissés (un peu plus à la fin) mais toujours présents en filigrane. J'ai souvent pensé, en lisant, aux films du néo réalisme italien qui font toujours mon plaisir lorsque je les revois. Inutile de dire que la traduction est à la hauteur.
( Anttonio Skarmeta, Une ardente Patience. Ed. du Seuil. Trad. de François Maspero.)

vendredi 17 juillet 2015

Fier

Voilà ce qu'il est, le Calyste, après la rencontre qu'il a faite tout à l'heure dans la rue : la mère de son élève suivi depuis deux ans en cours particuliers. Le bambin passait le brevet cette année. On m'avait promis de m'informer des résultats mais après la fête, adieu le saint.

Eh bien, notre ado a obtenu douze en français. Pas de quoi faire péter les bouchons, dans l'absolu.  Mais quand on sait son niveau d'origine ! Le garçon était incapable de faire la distinction entre nature et fonction, de différencier un nom d'avec un verbe ou un adjectif, de  conjuguer correctement même les temps les plus simples. Et je ne parle pas de l'orthographe !

Alors, douze, pour moi, et sans doute pour lui, c'est un résultat excellent et surtout inespéré. J'ose croire que j'y suis pour quelque chose et qu'il valait la peine de le malmener un peu parfois.

La Porte du fond

Grosse déception ! Christiane Rochefort a été un de mes écrivains préférés dans mon adolescence. Avec quel plaisir j'ai lu ces romans : Printemps au parking, Le Repos du guerrier, les Stances à Sophie et bien d'autres. L'un d'entre eux, conseillé par un ami plus âgé, m'a même permis de franchir le pas, de quitter ma famille et de partir poursuivre mes études à Lyon.

Je ne connaissais pas La Porte du fond, trouvé par hasard à Emmaüs et qui obtint le prix Médicis en 1988. Une femme raconte sa petite enfance profondément marquée par l'inceste que lui fit subir son père pendant de longues années. Sujet épineux qui demande du doigté pour ne pas tomber dans la caricature.

Hélas, ce roman a bien vieilli ! Surtout par son style, sans doute très moderne à l'époque mais qui ne passe que difficilement aujourd'hui, particulièrement chez moi qui prise la langue fluide et la phrase construite. Les premiers chapitres m'ont pourtant accroché : la distanciation que prenait l'écrivain face à son sujet permettait de ne pas tomber dans le pathos ou le voyeurisme. Mais la distanciation est vite devenue, à mon avis, distance, qui fait que l'on n'a pas toujours pleine conscience du drame vécu par cette fillette. L'humour, souvent présent, n'était sans doute pas le meilleur moyen pour y parvenir.

jeudi 16 juillet 2015

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

Au sous-sol

En fin d'après-midi, chez Emmaüs. Peu de monde (Lyon s'est vidé depuis quelques jours). Tour rapide au petit rayon livres du rez-de-chaussée puis descente au sous-sol, exclusivement consacré aux bouquins. Ça sent toujours un peu les pieds mais il y fait frais et il y a abondance d'ouvrages.

Rien de nouveau au rayon biographies. Je cherche en vain, et depuis longtemps, celle de Mylène Demongeot) . Après un bon moment de recherche (on finit pat oublier l'odeur), j'ai jeté mon dévolu sur Les Particules élémentaires , de Houellebecq (je vais essayé), Le Théorème du Perroquet, de Denis Guedj (de moi inconnu), Une ardente Patience, de Antonio Skarmeta (au cinéma : Le Facteur, avec Philippe Noiret et Massimo Troisi) et deux romans historiques de Roman Sardou (le fils du chanteur) : Délivrez-nous du mal et L’Éclat de Dieu. Il y a plusieurs années, j'avais lu, de lui, Pardonnez nos offenses, qui m'avait emballé.

Un quart d'heure de lumières

Le soir du 14 juillet, en rentrant du Jura, je suis allé jusqu'au Rhône voir le feu d'artifice tiré, comme d'habitude, depuis la Basilique de Fourvière. Le cours Gambetta, que je descendais, était noir de monde (piétons, voitures, vélos) et j'ai failli rebrousser chemin : le contraste était trop violent avec la solitude jurassienne.

Beaucoup de gens donc sur les berges du Rhône pour un spectacle qui dure à peine plus d'un quart d'heure et n'arrive pas à la cheville de celui auquel j'assistais il y a quelques années à Bourganeuf, dans la Creuse. Je ne sais pas pourquoi je sacrifie à la tradition chaque été ou presque : j'ai toujours trouvé ce spectacle triste.

Trouvailles (pontesques)

Quelques jours d'absence en ce pont du 14 juillet pour aller m'aérer dans le Jura. Quel bonheur, cette quasi fraîcheur du soir quand on sort du four lyonnais ! Seul inconvénient : beaucoup de mouches cette année, et surtout des guêpes, alors qu'ordinairement, elle n'apparaissent là-haut qu'au mois d'août.

Pour les occupations, toujours les mêmes : un peu de jardinage (couper les roses et les géraniums secs, tenter d'éradiquer le liseron), apéritifs, repas (dont un au restaurant du village tenu par un alsacien qui va, hélas, prendre sa retraite sans successeur et où nous avons mangé une spécialité de l'Ain : les grenouilles du pauvre, c'est-à-dire des bréchets de poulets préparés à la façon des grenouilles, avec une persillade), belotes. Un petit tour à un vide-grenier, prévu dans le séjour, a été annulé pour cause de fainéantise.

Nos deux compères les Dupont(d) étaient du voyage et n'ont pas failli à la tradition.
- Non, non, les femmes n'ont pas toutes la monopause au même âge. Arrêt sur image ?

- Il y a les aristocrates et puis les manants mais mes parents à moi n'étaient pas des gueux !
- Ah non, ils n'étaient pas dégueulasses, ils étaient même plutôt bien !

Et la plus belle :
- En anglais, requin se dit shark.
- Tiens ! Comme la Cathédrale ?

vendredi 10 juillet 2015

Les surprises de l'apéro

Cela laisserait-il quelqu'un de glace ?

jeudi 9 juillet 2015

Ouragan

Laurent Gaudé, j'ai toujours un a priori favorable depuis que je l'ai découvert en lisant, il y a longtemps, La Mort du roi Tsongor. Je ne me souviens pas avoir été déçu par aucun de ses autres romans. Ouragan ne fera pas exception à la règle.

L'auteur a pris pour thème la terrible tempête qui en 2005 ravagea la ville de La Nouvelle Orléans. Thème à risques : on frémit en pensant à la façon dont pourrait le traiter le cinéma américain, avec moult moyens spéciaux et scènes violentes. Rien de tout cela chez Gaudé. Ce sont des noirs de la ville qui parlent, avant, pendant et juste après l'ouragan : une très vieille négresse (elle revendique ce nom), image emblématique de sa race, un enfant et sa mère, un pasteur déjanté, une bande de prisonniers qui s'enfuient de leurs cellules. Chacun se cherche, ou cherche l'autre pour le sauver, pour se sauver, ou pour le supprimer.

Et c'est splendide : toujours la même force avec des mots simples, toujours le même substrat épique que j'apprécie tant chez cet auteur. Et, visiblement, un amour de l'humanité incommensurable.
( Laurent Gaudé, Ouragan. Ed. Actes Sud.)

La Dupontitude

Décidément, nos Dupont(d) ont dépassé les limites de la commune de Lyon et la Dupontitude se porte bien. Cet après-midi, profitant de la chaleur supportable, j'ai eu l'idée d'aller voir la maison du docteur Dugoujon, à Caluire, où en 1943 furent arrêtés Jean Moulin et d'autres résistants.

Ne sachant pas exactement où elle se trouvait, j'ai abordé une dame d'un âge respectable, évitant soigneusement les plus jeunes qui risquaient de ne pas connaître, et lui ai demandé de m'indiquer le chemin (j'en étais en fait à 200 mètres) :

- La maison du docteur Dugoujon ? Ah mais je ne sais pas. Il y a tellement de médecins à Caluire !

Bienvenue au club !


Je n'ai hélas pas pu la visiter (la maison, pas la dame) car les horaires d'ouverture au public sont assez restreints. Devant, sur la petite place ombragée, la statue de Jean Moulin.



Et puis, avant de redescendre su Lyon, j'ai fait un détour par le fort de Montessuy, malheureusement beaucoup moins bien entretenu que celui du Bruissin à Francheville dont j'ai déjà montré quelques images.





mercredi 8 juillet 2015

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

Momentini

- La meilleure de ma vieille voisine : "Et puis, nous ne nous gênons pas : si l'un ou l'autre a besoin de quelques chose, je vous appellerai !" Cela m'a évoqué le sketch de Guy Bedos où il explique son grand amour pour une vieille fortunée : "Quand l'un de nous deux mourra, je serai inconsolable" !

- Enfin, un peu plus de fraîcheur aujourd'hui. J'ai bien fait de lancer mon incantation au vent hier soir !

- Je voudrais bien qu'on m'explique : les supermarchés installent tous maintenant des caisses automatiques pour faire des économies de personnel, caisses que je boycotte systématiquement.  Tout à l'heure, une seule caisse "normale" ouverte et une file d'une dizaine de clients. Mais une deuxième caissière pour vérifier que ceux qui empruntaient la caisse automatique ne se trompaient pas ! On marche carrément sur la tête ou quoi ?

- Je reçois encore des pubs téléphoniques au nom de Pierre, dix ans après sa mort. Ça a le don de m'exaspérer. Hier, j'ai envoyé balader un des "appeleurs". Il a tout de même eu la politesse de s'excuser. J'en ai presque regretté d'avoir été aussi vif.

- Quelques minutes qui valent le détour : vers 20h45, une émission intitulée "La Minute vieille", sur Arte. Des "comédiens" racontent, chacun par bribes, une histoire drôle dont la chute est effectivement toujours inattendue. Un exemple :


mardi 7 juillet 2015

De la nostalgie, M'ssieurs-Dames (36)

J'en ai parlé le 27 août 2010 dans ce blog. A l'époque, j'avais seulement donné les paroles. Sans doute ne savais-je pas comment manipuler des vidéos à cette époque. Mais aujourd'hui, ça va mieux !
(Lui a un petit air de Pierre Bachelet. Vous ne trouvez pas ?). Une des chansons préférées de mes 14 ans.
Line et Willy, Le Vent.


A la recherche de souvenirs rafraîchissants

La chaleur est toujours aussi suffocante sur Lyon. On nous annonce une baisse des températures pour demain. Attendons. Je pensais tout à l'heure que les vacances scolaires sont tombées à point nommé car les salles de classe ne sont pas climatisées, contrairement à de nombreux bureaux dans les administrations. Et que dire des malheureux qui travaillent sur les chantiers !

Moi qui autrefois n'étais pas très sensible à la grosse chaleur, je la supporte de plus en plus difficilement. Je parlais il n'y a pas longtemps de mes moments alternant calme et bougeotte. La bougeotte va devoir attendre ! Quand je pense qu'il y a quelques (nombreuses) années, je gravissais avec Pierre, en plein midi, un des sommets de Capri pour aller admirer la villa de Tibère et surtout les golfes de Naples et de Sorrente ! Je me revoie aussi, avec une bande d'amis, partir à l'assaut des Météores, en Grèce, en plein mois d'Août ! Je crois que j'en serais bien incapable aujourd'hui.

Et je revois aussi la vieille maison de Bons où, bien à l'abri de ses murs épais, je faisais chaque jour une sieste à l'ombre des volets fermés dont le motif en forme de cœur se reflétait sur le plancher et où, en somnolant, j'entendais  le bourdonnement affolé des mouches et des guêpes. Et la fraîcheur de la nuit ! Et l'eau presque glacée qui coulait du robinet de la cuisine ! Il y avait les forêts de montagne pour trouver une relative douceur. Ici, c'est macadam en fusion et réverbération des murs sur le trottoir...

lundi 6 juillet 2015

A la carte (bleue)

Dimanche, au marché, j'ai trouvé au sol une carte bleue. J'ai failli marcher dessus avant de l'apercevoir. Il y avait pourtant beaucoup de monde et personne ne l'avait vue. L'homme qui me suivait m'a proposé de la glisser dans la boîte aux lettres de la banque mentionnée. J'ai refusé en lui répondant que je pouvais aussi bien le faire moi-même, ayant une agence près de chez moi, ce qui est parfaitement exact.

Mais je ne l'ai pas fait. Rentré chez moi, j'ai pensé que la propriétaire de cette carte bleue serait sans doute ravie d'en avoir des nouvelles plus rapidement. Pages blanches donc, avec recherche sur Lyon et environs. Deux abonnés seulement à ce nom, trente sur la région Rhône-Alpes. Un premier coup de téléphone dont je n'ai pas vu tout de suite que le numéro était surtaxé, pour apprendre que ce numéro n'était plus attribué. Un deuxième dans la proche banlieue où je suis tombé sur une réunion de famille. Le patronyme correspondait parfaitement mais pas de Sylvie à cette adresse (pas plus que parmi les nombreux invités).

Téléphone ensuite au service des pertes de cartes. On me conseille d'attendre demain (aujourd'hui donc) pour la déposer à l'agence voisine. Et aujourd'hui, porte close : l'agence est fermée le lundi. Alors la carte est toujours là, sur mon bureau. J'ai même failli tout à l'heure la confondre avec la mienne pour aller faire des courses. Demain, je la restitue, d'une façon ou d'une autre. Le plus bizarre dans l'histoire, c'est qu'on se sent presque coupable de détenir quelque chose qui n'est pas à soi.

dimanche 5 juillet 2015

Micro-trottoir

En rentrant du marché, ce matin, trois clochards (oui, je sais, il est maintenant politiquement plus correct de dire SDF, mais je m'en moque bien) : deux connus (le jeune et le vieux) et un nouveau, entre deux.

En voyant les glaïeuls que je rapportais, le troisième m'a adressé la parole, avec un bel accent anglais : un  "tramp" de sa Gracieuse Majesté, sans doute.
- Vous avez de beaux légumes !
- Ce sont des fleurs.
- Ils sont pour votre amoureuse ?
- Je n'ai pas d'amoureuse. Ils sont pour moi.
- Ah ! Vous êtes un solitaire ! Bravo !
J'ai bien aimé !

En finir avec Eddy Bellegueule

Je suis un peu gêné pour parler de ce premier roman d’Édouard Louis. J'avais écouté cet écrivain à la télévision et avais été fasciné par son authenticité. Dès le livre sorti en poche, je l'ai acheté et viens de le terminer.

Ce qui me gêne ? Je n'arrive pas très bien à me l'expliquer. Peut-être parce que je suis un peu trop impliqué dans certains aspects de ce qu'il évoque : enfance dans un milieu très populaire, certes moins quart-mondiste que le sien, difficulté d'accepter ce que la nature nous a fait (moi beaucoup plus par rapport à la religion qu'à la famille), changement d'univers au moment des études et impression tenace d'être un traître à son milieu d'origine. Je ne sais pas.

A lire ce roman qui n'en est pas un, je me disais qu'il exagérait, que tout ne pouvait pas être aussi violent que ce qu'il décrit. Pourtant, en y réfléchissant, je crois qu’Édouard Louis est sincère et n'a pas noirci le tableau. Peut-être ma gêne vient-elle de son évocation d'un monde que j'ai connu (en mettant tous les bémols possible à ce que j'écris) et qui me paraît aujourd'hui trop éloigné de ce que je suis (ou de ce que je veux paraître) pour m'y sentir à l'aise. Mais n'est-ce pas justement ce sentiment de gêne que l'auteur a voulu provoquer ?
(Édouard Louis. En finir avec Eddy Bellegueule. Ed. du Seuil.)

samedi 4 juillet 2015

Un petit clin d'oeil, ou un deuxième merci


Si c'était à refaire

Pas de billet hier soir pour cause de soirée prolongée fort tard. On fêtait le départ en retraite de ma "vieille" collègue (quand je dis vieille, c'est parce que je la connaîs depuis 35 ans!). J'avais envisagé de dire un petit mot, mais vu le nombre de choses qui avaient été préparées, je me suis contenté, en a parte, de lui dire merci pour toutes ces années passées ensemble et le travail effectué en commun. Nous sommes bien d'accord tous les eux pour dire que nous avons bien fait de nous rencontrer.

Apéritif, discours, évocation de souvenirs à partir de petits dessins ou photos tirés au sort dans une grande enveloppe, morceaux de musique. Le tout suivi d'un sympathique repas. Je suis vraiment heureux pour elle qu'on lui ait rendu un tel "hommage", et n'ai pu m'empêcher, à un moment donné, de verser ma petite larmichette.

Il y avait là tous nos anciens collèges, ancien directeur et ancien directeur général. Le collège des années quatre-vingts revivait hier soir. De quoi éprouver un peu de nostalgie de l'effervescence et de la gaieté de ces moments-là. Nous avons passé dans ces murs de nombreuses années sans jamais avoir l'impression de nous encroûter, de nous endormir, tant les projets fusaient.

Un petit pincement au cœur aussi de ma part car j'ai vraiment eu le sentiment de la fin d'une époque. Je ne dis pas que je ne retournerai pas au collège, mais ce ne sera plus jamais le même collège, "notre" collège. Une page est tournée, définitivement. A nous maintenant d'écrire la suite...Mais si c'était à refaire, je suis sûr que nous le referions. Allez, place aux jeunes !

jeudi 2 juillet 2015

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

Les dames de ma mère

Ma mère, toujours. Hier soir, ma sœur avait organisé les retrouvailles de toutes mes femmes, hors milieu médical, qui s'étaient occupées de ma mère les débuts d'après-midi. Elles auraient dû être six mais l'une d'entre elles, que j'aime beaucoup, avait dû arrêter malgré elle à cause d'un cancer dont elle souffre encore et n'a pas pu venir. Réservation pour sept donc, dans un restaurant de la presqu'île.

J'y ai fait la connaissance de la seule que je ne connaissais pas car elle devait toujours quitter ma mère avant que je ne prenne le relais : Joséphine, une napolitaine assez réservée avec qui je suis tout de même parvenu en cours de soirée à établir la communication. Parler italien facilite bien les choses.

Toutes différentes, ces femmes :  l'orgueilleuse, la bavarde, la timide, la un peu niaise, et puis, de loin la plus jeune, la gentille Juliette, souriante, attentionnée, que nous nous sommes promis, ma sœur et moi, de ne pas perdre de vue.

Soirée peu agréable, à mon goût à cause de la chaleur dans la salle, malgré la présence de la climatisation, et de la froideur du service. Je ne retournerai pas dans ce restaurant que j'ai connu en d'autres temps autrement plus accueillant. Ma sœur, en sortant, faisait le même constat.

Étrangement, ma mère fut pratiquement totalement absente de la soirée. Dans ma tête en tout cas. Et tant mieux. Je suis rentré à pied. Vers onze heures, la chaleur était encore oppressante.

mercredi 1 juillet 2015

Calyste et les ferrailleurs

Réveil matinal aujourd'hui. Jean-Claude et moi avions du pain sur la planche, quelque chose qui attendait depuis trois bonnes années et que nous avons choisi finalement de faire aujourd'hui, à la "fraîche"...!

J'avais dans ma cave, outre de vieilles reliques qui ont fini à la déchetterie et que je ne regretterai sans doute pas (mais qu'il m'a été difficile de me défaire des beaux bois de lit que m'avait donné ma vieille voisine à mon ancien appartement !), j'avais donc (voilà que je me mets à écrire des phrases à la Proust, pas pour le style, pour la longueur) quelques kilos de métaux récupérés lors de travaux dans mon appartement ou dans mon immeuble et qui encombraient singulièrement ma cave.

Nous avions déjà rendu visite à un ferrailleur il y a quatre ans. Ma première rencontre avec ces gens-là et leur univers. J'avais, à l'époque, été estomaqué par l'atmosphère de ces lieux, bien loin de mon univers, et par les mines patibulaires des gens que j'y avais vus. Ce matin, nous avons trouvé portes closes : le ferrailleur a disparu.

Après recherche, au milieu du port Édouard Herriot, à naviguer au milieu des camions impressionnants et de la poussière qu'ils soulevaient, nous en avons trouvé un autre, beaucoup plus civilisé. Mais, encore une fois, quel univers : des montagnes de métaux, triés par catégorie, des navettes de camions ici aussi, des pelleteuses à mâchoires énormes qui broyaient tout cela. Ma voiture, au milieu de tout cela, comme elle était minuscule ! Et la poussière, toujours la poussière, et le bruit, et la chaleur !

En quittant cet enfer, j'ai été soulagé de retrouver la ville comme je la connais. J'ai même confié à Jean-Claude que j'étais au moins sûr de ne pas m’être trompé de métier... Et pour les quelques sous que nous avons retirés de cette vente, ils seront réinvestis rapidement dans un petit restaurant !

Stefan Zweig

Un pavé que cette biographie de Stefan Zweig par Donald Prater ! J'ai eu un peu de mal à y pénétrer à cause du nombre important de citations qu'elle contient, extraits de lettres de l'auteur à ses amis à travers l'Europe. Mais, peu à peu, le charme a opéré, malgré la manie de la traductrice d'employer le "il" à tort et à travers, sans que l'on sache immédiatement à qui renvoie ce pronom sujet.

Comment imaginais-je Zweig ? Je ne sais pas trop mais pas tout à fait comme le biographe le présente et comme il était sans aucun doute : un être timide et réservé, cachant sa faiblesse derrière une extrême courtoisie et une politesse extrême, un être égoïste et personnel, enviant, sans le pratiquer de facto, l'engagement politique, antifasciste par exemple, de ses amis comme Romain Rolland ou bien d'autres, un être en fuite perpétuelle qui laissa à ses deux épouse successives la peine de gérer le quotidien, un être que, je crois, je n'aurais finalement pas aimé fréquenter.

Pourtant, son œuvre est là, splendide, universelle, et, pour m'en faire une autre idée et approfondir ma connaissance de l'Europe de l'entre-deux guerres, je viens d'acheter son "autobiographie" : Le Monde d'hier, rédigée au Brésil en 1941, à la toute fin de sa vie.
(Donald Prater, Stefan Zweig. Ed. La Table ronde. Trad. de Pascale de Mezamat.)