vendredi 31 août 2012

Pour faire plaisir au Rex

Désolé pour la qualité médiocre de la photo!

Incompatibilité

Ma dentiste est extraordinaire! Rendez-vous pris en urgence pour un morceau de résine qui avait fait la malle dans un chewing-gum. J'avais eu quelques déboires avec elle au dernier rendez-vous à cause de ma carte bleue que son appareil refusait. Renseignements pris à ma banque, c'était son appareil qui ne fonctionnait pas.

Eh bien non! Aujourd'hui, elle avait mis un post-it sur mon dossier pour penser à me préciser que son appareil n'était pas en cause et qu'il devait y avoir incompatibilité entre les deux! Je crois que l'incompatibilité ne va pas tarder à se transmettre aux propriétaires respectifs!

Vous connaissez l'expression: menteur comme un arracheur de dents?

Quand vient la fin de l'été

Comme un air de rentrée depuis deux jours: pluie, températures fraîches, grisaille. Les pantalons longs et les chaussures fermées refont leur apparition. Finis les beaux mollets et les cuisses bronzées.... Encore un été qui nous salue bien bas. Au total, il fut bon pour moi.

Pas envie, mais alors pas envie de refaire le cartable! J'ai un peu remis le nez hier dans mes préparations. Puis bien vite refermé tout ça. C'est l'avantage d'avoir quelques heures de vol! Les photos prises par mes élèves en fin d'année dernière arrivent sur ma boîte mails: de quoi redonner un peu de cœur à l'ouvrage. Ils m'avaient vraiment fait plaisir ce jour-là. Comment seront ceux qui arrivent?

Ce soir, c'est retrouvailles avec les collègues-amis et lundi le grand tralala. Et vogue la galère. Quand je dis la galère, c'est plutôt le hors-bord car les premières semaines sont bien pleines et éreintantes. Nous sommes un certain nombre à avoir décidé de zapper les discours assommants du directeur général et autre aumônier et de leur préférer un dernier café en terrasse place Bellecour. Pas très sérieux? Non, mais tant pis: j'ai dépassé l'âge  de me forcer à entendre des platitudes.

Le plus difficile sera de reprendre l'habitude de me coucher un peu plus tôt. Et je n'ai pas l'impression que ce sera pour ce soir...

jeudi 30 août 2012

Drôle de dames

Maggy Duchaussoy

Jeanne Marie Le Calvé

 Marie-Pierre Casey

mercredi 29 août 2012

La porte des stars

Ça n'intéresse personne mais, depuis mon retour de Rome, la porte de mon réfrigérateur s'est enrichie d'un nouveau magnet: après Mastroianni, Cardinale et Magnani, voici Monica Vitti. Ciao, bellissima!

L'été sera chaud!

Dans la famille Toutankhamon, vous avez Patrick, à la bandelette près! Le tenancier de notre cantine favorite, à Frédéric et à moi, a trouvé drôle, la veille de ses congés, de se renverser une friteuse d'huile bouillante sur le dos, les fesses et la jambe droite. Brûlures au troisième degré. Greffe prévue demain.

Lors de mes deux visites à l'hôpital, je l'ai trouvé pourtant bien guilleret, vu son état, et plutôt enclin à plaisanter. Je lui ai apporté des "figolu": il adore ça. Sur la table de nuit, il n'y en avait pas moins de cinq paquets. Il veut tout de même préparer mon anniversaire, en novembre. Quand je dis qu'il est dynamique!

Ps: avant de trouver le bon bâtiment, j'ai largement eu le temps de m'en griller une.

Pas la peine d'en faire tout un film.

Vu à la vitrine d'un magasin qui donnait l'adresse d'une succursale:"Avenue des Frère LumièreS". Là, il y en a de trop, mais celui qui a écrit ça devait singulièrement en manquer!

mardi 28 août 2012

Un soir ordinaire

Chez moi

Les Vagues

Bon, je n'irai pas par quatre chemins: Virginia Woolf, c'est beau, c'est émouvant, c'est poétique, c'est bien écrit, c'est tout ce qu'on voudra, mais surtout, à la longue, ça finit par être chiant!
Les Vagues: c'était mon premier de cet auteur. Mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas. Une série de monologues de six amis: Bernard, Neville et Louis pour les garçons, Suzanne, Rhoda et Jinny pour les filles, retraçant toute leur vie à des moments différents entrecoupés de descriptions de la nature et de la mer à divers instants du jour. Un autre personnage au destin tragique dont on parle: Perceval qui, à la fois, les agace et les fascine.

Certaines pages, au début et à la fin surtout, m'ont enthousiasmé par le pouvoir d'évocation qu'elles avaient sur moi, mais ce pouvoir en était aussi le défaut car je n'arrivais que difficilement à me concentrer sur ce que je lisais. Et puis, à la longue, le procédé lasse et l'on en arrive à ne plus distinguer lequel des personnages nous livre ses ressentis. Heureux de l'expérience, mais heureux encore davantage d'avoir refermé ce livre. Un conseil: à lire quand on n'est pas fatigué!
(Virginia Woolf, Les Vagues. Livre de poche. Trad de Marguerite Yourcenar.)

lundi 27 août 2012

Brève de terrasse

Entendu samedi soir à la terrasse d'un bar gay de Lyon. Les quatre personnages étaient  tous également imbibés d'alcool et deux d'entre eux tenaient des propos péremptoires (les deux derniers n'étaient plus capables que d'écouter,  et encore....).
Le premier: - Tu ne savais pas que Michel-Ange était homo?
Le deuxième: - Mais non, impossible: au XVI° siècle, les homos, ça n'existait pas!
Le premier: - En tout cas, je te dis que le Jugement Dernier est peint sur la voûte de la Chapelle Sixtine.
Le deuxième: - Et moi, je te dis qu'il est peint sur le mur au-dessus de l'autel.

Un partout. La balle au centre...

Mais reste une question sans réponse: qui donc a inventé les homos? Et quand? (oui, bon, d'accord, ça fait deux questions!). Vous avez une idée, vous?

dimanche 26 août 2012

Chutes

Hier, c'était la journée des chutes: chute d'un livreur de pizzas (allant pourtant à faible allure) sur un passage piétons mouillé. Pas de gros bobos mais un peu sonné. Quant à la pizza.... Chute d'une grosse pouf à hauts talons qui ne savait pas que les pavés demandent un tantinet de dextérité et qu'avec ses kilos superflus, il vaut mieux porter des espadrilles. Bon fou rire moqueur (méprisant, vous croyez?) avec Frédéric. Chute d'un morceau d'une de mes dents qui, plutôt que de rester dans ma bouche, a préféré s'amalgamer à mon chewing-gum. Visite à prévoir chez un dentiste (nouveau car l'autre m'a gonflé la dernière fois). Chute de ma petite croix et de ma clé de vie égyptienne après l'ouverture inaperçue du fermoir de la chaîne que je porte autour du cou. Retrouvées ce matin dans la rue en partant au marché, la clé intacte, la croix plus mal en point après sans doute un passage sous des roues de voiture. Mais quelle chance tout de même!.

samedi 25 août 2012

Proches

Un message à la télé, à la radio, au moment des grosses chaleurs, message adressé aux vieux (depuis la dernière hécatombe, on se méfie!). On leur donne des conseils pour survivre: ne pas sortir lorsque le soleil tape trop fort, s'hydrater, boire au moins un litre et demi d'eau par jour, etc. Et puis, à la fin, le pompon: "Pensez à donner régulièrement de vos nouvelles à vos proches".

C'est donc aux vieux à préciser qu'ils sont toujours de ce monde! "Ne vous inquiétez pas, je suis encore en vie! Vous pouvez tranquillement poursuivre vos vacances, vous dorez le lard à la plage sur l'espace attribué à votre drap de bain. Ensuite, allez donc prendre une glace ou l'apéro, en pensant à tout, sauf à moi!"

"Des nouvelles à vos proches"? Proches? Vous avez dit "proches"?

vendredi 24 août 2012

Râler

C'est chaque année la même chose: je râle lorsque, pendant les vacances, les émissions de radio que j'aime et que je ne peux que rarement écouter (puisque je suis en général au travail à l'heure où elles passent) disparaissent pour faire place aux grilles d'été, et je râle lorsque, à la fin de ce même été, ces émissions temporaires cessent à leur tour pour en revenir aux traditionnelles. Ainsi, c'en est fini des petits moments à écouter Jean-Bertrand Pontalis, de ceux où Marcel Ophüls évoquait son "cinéma" et celui de son père Max, des balades dans l’œuvre et la vie de Barbara, et de tous ces mini-cailloux précieux ("pépites", comme ils disent) qui ont si agréablement parsemé les chemins de mon été.
Alors? Faut-il que j'arrête de râler?

On n'en est plus à ça près !

Parler de la toge des Grecs antiques, c'est un peu comme faire référence à leurs calendes: personne n'en a jamais vu! C'est pourtant ce qu'a fait sans sourciller hier un journaliste de France Inter lors d'une émission sur les costumes dans les films de science-fiction!
Sachez, monsieur le faux érudit, que la toge est une invention romaine, via sans doute l’Étrurie, descendant directement de l'himation grec, avec pour différence la forme de la pièce de tissu utilisée: en demi-cercle pour la toge, carrée pour l'himation.

Mais on n'en est plus à une approximation près, même sur France Inter.
(Le même a d'ailleurs évoqué, quelques minutes plus tard, les décors "génials" de tel film....)

jeudi 23 août 2012

Nurserie

Après le repas du soir. Elles attendent qu'une aide-soignante les conduise dans leur chambre, pour passer la chemise de nuit ou enfiler la couche protectrice. L'une s'est endormie, la tête au ras de son assiette, l'autre dodeline, prête à l'effondrement, une troisième s'essaie à quelques pas seule: il faut atteindre le pilier central sécurisant et le serrer longtemps avant de repartir. Celle-ci demande à l'infirmière ses deux cigarettes du soir, les plus valides sont déjà installées devant la télévision. Toujours la même chaîne (et l'après-midi, ce sont des valses de Strauss, éternellement rejouées sur le vieux mange-disques).

L'été dernier, cinq sont mortes. Les nouvelles se font petites et respectent les places ancestrales sur les canapés. La moindre erreur, le moindre manquement provoquent un drame. Elles lèvent parfois les yeux, tristes, et regardent leur avenir assis face à elles. Quelquefois l'une souris, en évoquant quelle histoire, en recréant quel visage ? Elles ne disent pas un mot. A quoi servent les mots maintenant?

Curieusement, c'est à une nurserie que je pense en les voyant, ces femmes redevenues enfants et traitées comme tel. Et le soir, lorsque je serai parti, elles seront toutes allongées dans leurs chambres, seule ou à deux, attendant le premier passage de la garde de nuit.

mercredi 22 août 2012

Coupez!

Panne de coiffeur en cette fin d'été. Mes salons attitrés étant fermés, j'ai fait le tour du quartier et découvert qu'ils n'étaient pas moins de huit dans un périmètre d'environ trois cents mètres de chez moi. Un seul ouvert tout l'été. "Coiffeur glamour" était-il précisé sur l'enseigne au-dessus de la porte. Je craignais le pire mais, ne pouvant plus supporter ma tignasse frisée avec cette chaleur, j'ai franchi le seuil.

Une patronne charmante et sympathique entourée d'une vieille dame, sa mère, et du plus jeune de ses fils. " C'est exceptionnel aujourd'hui: ma famille est là!". Exceptionnel, c'était bien le mot approprié! J'ai vite compris que je venais de faire la connaissance d'une famille juive qui, au fil de la coupe, s'est vue augmentée du père et des deux fils aînés, deux jumeaux se ressemblant trait pour trait. Quelle ambiance, quelle conversation, quels rires! J'en ai bien eu pour mes deux euros supplémentaires, et, pour une fois, on ne m'a pas cassé les oreilles avec les dernières stars du foot ou les ultimes modèles de puissantes cylindrées! Allez, je reviendrai, j'en mets ma tête à couper (enfin, ce qu'il y a dessus!).

mardi 21 août 2012

Où il est question d'écorchures

Un genou écorché (avatar du voyage dans le Jura), je suis allé à Bons. J'ai enfin eu le courage de retourner devant cette maison où, pendant trente ans, j'ai passé mes vacances, été comme hiver. Il me fallait bien cette marque de blessure enfantine pour me diriger vers un passé dont j'ai tourné la page.

Le village n'a pas changé, à part deux immeubles construits près de l'église, les commerces sont les mêmes, le rythme, comme toujours, quasiment helvétique (la frontière est toute proche). Montée par la route à travers les pommiers dont personne maintenant ne ramasse plus les fruits. Le vieux monsieur à la villa aux hortensias s'occupe toujours de son jardin, les haies ont poussé, les chiens aboient au passage de la voiture mais celui qui, autrefois, se jetait sur mes roues ne s'est pas montré. Au sommet, on redescend vers le hameau mais la maison n'apparaît pas encore, cachée par le vieille grange qui, elle non plus, n'a pas changé, avec sa planche manquante à l'une des ouvertures.

L'ancien verger, d'abord, envahi par les herbes, à l'abandon, le cerisier tardif toujours là mais menacé par un remblais, et le toit des anciennes toilettes masqué par le noisetier qui un jour en viendra à bout. Le cœur se serre au souvenir des jours d'été passés. Je reconnais la maison mais dans quel état! Des travaux y ont été entrepris puis abandonnés: on y a percé de nouvelles ouvertures, l'appartement est à l'étage maintenant, là où se trouvaient nos chambres, l'écurie a été transformée pour agrandir la surface habitable. Dans la cour et sur mes anciennes jardinières, des gravas, des pierres, de l'herbe. Je suis heureux de retrouver presque intacts les plantations que j'avais faites au fil des années: le lilas, sur la butte, le prunier du Japon, le forsythia, la pivoine et les rosiers. Ont disparu les iris et les belles de nuit.

Derrière, une terrasse a été ajoutée. C'était un de nos projets, à Pierre et à moi. Nous n'avons pas eu le temps de le réaliser. Les volets que j'avais eu tant de peine à repeindre sont écaillés et ne ferment plus, je n'ai qu'à peine regardé l'intérieur tant l'on m'a dit qu'il avait changé. La porte a été refaite à l'identique mais semble trop neuve. Je croyais avoir plus mal en revoyant tout ça. je me rends compte que non: la page, celle-ci aussi, est tournée. Il ne fallait plus que ce voyage pour fermer définitivement le livre.

Les voisins sont toujours là, Raymond qui semble rajeuni, Marie-Françoise qui a forci mais reste toujours aussi souriante, la vieille Madame L. qui va sur ses cent ans. Tous heureux de me revoir, six ans après ma dernière apparition, ce 1er avril 2006 où j'avais dû emporter tout ce qui avait fait ma vie et où les larmes brouillaient mes yeux lorsque la camionnette avait pris la route.  Le temps semble s'être arrêté là-bas. Ils m'ont tous fait promettre de revenir. Je sais maintenant que je le pourrais, mais à quoi bon?

( Les photos que je voulais joindre à ce texte refusent d'apparaître. Un signe ?)

dimanche 19 août 2012

Le texte et la photographie

"Si tu devais choisir entre être un grand photographe ou un grand écrivain???". Telle est la question que me pose Charlus dans un commentaire sur mon billet "Sur la Saône". Question intéressante mais à laquelle il est difficile de répondre, tant il est vrai que je ne suis ni l'un ni l'autre. Pourtant, je n'ai cessé d'y penser toute la journée car, comme on disait à une époque pas si lointaine, "elle m'interpelle quelque part."

J'ai appris à écrire, j'ai eu pour cela des maîtres vénérables à qui, encore aujourd'hui, je réserve une vénération sans bornes. Au contact des grands auteurs dont il m'ont ouvert les portes, je suis entré de plain pied dans la littérature avec une passion et une curiosité qui ne ne sont pas atténuées jusqu'à ce jour. Je leur dois sans doute les plus belles heures de ma vie, au point d'avoir voulu, en entrant dans la vie active, faire partager cette passion et ce plaisir à d'autres, plus jeunes.

Le revers de la médaille fut que je mis de longues années à me débarrasser de modèles aussi illustres qu'embarrassants. Écrire pour moi, c'était écrire, sans le vouloir, "à la manière de". Victor Hugo bien sûr et aussi Chateaubriand, et puis Flaubert ou Maupassant. Le roman me plaisait, alors que je ne mis pas longtemps pour m'apercevoir que je n'étais pas doué pour la  poésie. Mais les pages que je noircissais adolescent ne me satisfaisaient guère et ce furent alors de longues années de silence. Jusqu'au jour où je découvris l'écran, où j'ouvris ce blog qui me permit enfin d'être moi, sans références étrangères, angoissé mais heureux parce que libre.

L'amour de la photographie m'est venu plus tard. Le premier appareil digne de ce nom dont je fis l'acquisition, je le destinais dans mes rêves à des portraits en noir et blanc, que je ne fis jamais. Au passage au numérique, la passion revint en s'intensifiant. Et là, je n'avais pas eu de maîtres, pas de méthode, pas de contraintes. C'est un peu en chien fou que je me suis lancé dans cet amour, au point d'en parcourir des kilomètres dans les rues de Lyon ou d'ailleurs et d'en lasser les amis qui parfois m'accompagnaient. Sur mon site d'accueil, on peut voir aujourd'hui près de dix mille clichés. Si j'y rajoute ceux que je ne présente pas parce que trop personnels, redondants ou inintéressants à mes yeux, combien de fois ai-je appuyé sur le petit bouton déclencheur?

Alors que répondre à Charlus? J'aime passionnément l'écriture et la photographie. Je suis plus fier, à de rares exceptions près, de mes photos que de mes textes même s'ils me demandent un temps beaucoup plus conséquent et subissent des corrections que je n'ai jamais faites sur aucun de mes clichés. Mais l'un et l'autre sont personnels, voire souvent intimes. Et d'ailleurs les deux "arts" ne procèdent-ils pas de la même matière qui est mienne: une immense curiosité pour tout ce qui vit, un amour infinie pour les êtres et les chose qui m'entourent? Peut-être ai-je, et je le dis sans m'en glorifier  parce que je n'y suis pour rien, un oeil acéré qui sait capter l'instantané lorsqu'il se présente, mais cela découle avant tout de ce qui me fait vibrer et que je viens d'expliquer dans les phrases précédentes.

Alors désolé de ne pas te répondre plus précisément, ami Charlus, mais je ne le peux pas. Il me vient à l'instant un seul mot qui pourrait définir ma démarche: celui de plaisir, dans ce domaine comme dans bien d'autres, le plaisir de saisir le moment qui passe .... et peut-être le refus, l'angoisse de le voir passer. Et merci à toi de m'avoir fait réfléchir sur ce qui, aujourd'hui, m'est aussi indispensable que mes bras et mes jambes.

Nostalgie

Quinze jours déjà que nous sommes revenus de Rome, et déjà, la nostalgie, l'envie de fouler à nouveau les pavés des rues torrides, de revoir le restaurant du dernier soir où nous avions pris, en entrée, un assortiment de roulés frits à la morue ou à la fleur de courgette, de boire du lait frais (moi, qui, d'ordinaire, n'aime pas le lait), d'entendre autour de moi cette langue qui m'enchante, de passer à l'ombre des palais où dorment les chefs-d’œuvre, d'apercevoir de loin ce que l'on visitera une autre fois, de pousser par hasard les portes d'une église inconnue, de lécher des vitrines comme celle de Birkenstock où j'ai finalement acheté une paire de claquettes d'intérieur que je ne quitte plus, d'entendre Frédéric s'étonner de ma mémoire de tous ces saints, de passer nos mains échauffées à l'eau glacée des fontaines, de s'arrêter à chaque coin de ruelle devant les vieux modèles de Fiat ou de Vespa. Fermer les yeux et entendre le chant des cigales dans les pins maritimes. Rêver...

samedi 18 août 2012

Sur la Saône

Lyon 5°

Humeur choisie ?

"J'ai l'humeur du livre que je lis" me disait une amie l'autre soir, alors que nous lapions un petit verre de limoncello glacé, au frais dans la nuit du jardin. Je connais la même porosité. En est-il de beaucoup ainsi?

Les lignes parcourues ne me font plus m'identifier à l'un quelconque des personnages, comme lorsque j'étais enfant et que je rêvais de parcourir le monde, ne le connaissant guère, à la poursuite des mêmes aventures et au désir des mêmes sentiments. J'ai ainsi parcouru les mers, gravi les montagnes les plus hautes, pleuré devant la nature en deuil, aimé les mêmes visages et fréquenté de troubles alcôves. Aujourd'hui, la distance est prise et je les regarde se débattre, ces êtres de fiction, s'aimer, se haïr avec la même indulgente tendresse que la grand-mère devant le jeu de ses petits-enfants.

Pourtant, je ne suis jamais parvenu à me débarrasser totalement de cette imprégnation de l'atmosphère des livres, un peu comme l'on ne peut effacer totalement du doigt la marque de la tache d'encre, quoique l'on tente pour la faire disparaître, et qui s'évaporera seulement au fil des jours. D'ailleurs ai-je vraiment jamais essayé de sortir de cette bulle où l'on s'enferme même une fois le livre refermé?

Ou bien serait-ce l'humeur du jour qui conduit le choix des soirées de lecture?

vendredi 17 août 2012

Fardée

Lyon avait un petit air de Rome aujourd'hui: même chaleur lourde, même vide des petites rues à l'ombre que nous avons empruntées, même torpeur des rares passants écrasés de soleil. Que je l'aime, cette ville, quand elle nous fait oublier ses froidures de décembre et se farde les joues aux couleurs de la botte.

jeudi 16 août 2012

Ex-libris

Lorsque j'ai terminé un roman, j'ai pour habitude de le marquer, sur la première page blanche, de mon ex-libris, mes simples initiales un peu travaillées, un tampon ancré que Pierre m'avait offert il y a de cela plus de trente ans. Une façon de marquer ma propriété sans doute mais surtout un rite qui me tient à cœur comme autrefois celui de découper les pages lorsque les livres se présentaient ainsi.

Rien de bien original dans ce geste, mais ce qui est plus étonnant, c'est que l'ancre de ce tampon n'a jamais séché depuis que je le possède. Même lisibilité, même précision. Je n'ai eu qu'un autre objet à m'avoir conservé cette même fidélité: une calculette dont la pile a duré plus de vingt ans.

J'ai oublié de vous dire

J'avais lu, il y a quelques années, le premier tome des Mémoires de Brialy, Le Ruisseau des singes, et puis laissé de côté le second, J'ai oublié de vous dire. Je viens de le terminer. Idéal pour un temps de vacances où l'on n'a pas trop envie de se masturber les neurones.

Cette succession d'anecdotes charmantes, parfois élégamment vachardes, à l'image de leur auteur, se lit avec plaisir, même si parfois on se lasse un peu de cette gentillesse mondaine. Mais Brialy a l'art de faire revivre les figures du cinéma, de la chanson et de la littérature qu'il croisa dans sa vie: Guitry, Jouvet, Cocteau, Dietrich, Marie Bell, Arletty, Barbara, et tant d'autres. L'art avant tout de parler des autres en s'oubliant soi-même, ce qui, aujourd'hui, semble une qualité totalement obsolète.
(Jean-Claude Brialy, J'ai oublié de vous dire. XO éditions.)

mercredi 15 août 2012

V

L’Ardèche, vous connaissez? Il y a du Vent, des Vaches et des Virages. De quoi vous lessi-V!

mardi 14 août 2012

Un Garçon parfait

C'est le livre que j'avais emporté dans ma valise à Rome. Encore une découverte due au hasard, juste parce que la quatrième de couverture m'avait attiré l’œil. Et je n'ai pas regretté mon choix. Je ne connaissais pas Alain Claude Sulzer, auteur suisse allemand de Bâle, mais je conseille vivement la lecture de ce roman qui a obtenu en France le prix Médicis étranger, je pense en 2008.

 Histoire d'amour de deux serveurs d'un palace de Giessbach, en Suisse, un amour entre deux garçons dont l'un, très réservé et stylé, se prend d'une violente passion pour un nouvel arrivant parmi le personnel, qui se servira de lui avant de l'abandonner pour un riche écrivain en villégiature dans cet hôtel. Blessure profonde infligée pendant la période troublée de l'avant deuxième guerre mondiale. Cicatrice qui ne se refermera pas lorsque l'amour sera bafoué. Mais le texte est beaucoup plus intelligent et plus subtile que ce que je peux en dire ici.

(Alain Claude Sulzer, Un Garçon parfait. Ed.Actes sud. Trad. de Johannes Honigmann.)

Le rondeau ou la berrotte

D'un autre séjour dans le Jura pour l'anniversaire d'une amie, je rapporte cette curiosité que j'ai découverte dans le petit restaurant campagnard où eurent lieu les agapes. Il s'agit d'un jeu ancien que l'on appelle le "rondeau" dans le département de l'Ain (en patois "garguillon") et, chez les jurassiens la "berrotte" (en patois la "carabatte").

Renseignements pris, ce jeu, très pratiqué dans les années 1830 à 1870 dans le Val-de-Saône, était aussi apprécié dans la Bresse et dans la région de Dijon et de Beaune. On lance une balle sur le haut du jeu et, lorsque cette balle perd de la vitesse, elle doit, après un tour de piste minimum, passer sous un des "ponts" (le plus élevé), ou au moins le heurter, avant de descendre vers le centre pour y renverser le plus grand nombre des neuf petites quilles disposées au milieu du plateau. Avant de lancer la boule, les joueurs déposaient leur mise sur le rebord de la tablette, mises qui servaient le plus souvent à régler les consommations.

Ça a l'air idiot comme ça, ça ressemble un peu au jeu de la roulette, mais on s'y laisse vite prendre, chacun, après le repas, ayant voulu testé son adresse et sa technique propre. Deux d'entre nous, dont moi, avons renversé quatre quilles, ce qui, selon le propriétaire des lieux, très fier que nous nous intéressions à son "trésor", n'est pas un si mauvais score.

vendredi 10 août 2012

La gente di Roma 2012 (7)

Le vendeur de roses

Roma 2012 (3 août)

Notre dernier jour complet dans la Ville éternelle sera également consacré à la peinture. Depuis longtemps, nous longions sur la Lungara deux palais face à face: la Villa Farnesina et le Palazzo Corsini. L'occasion se présente aujourd'hui de les visiter.

La Villa Farnesina, à ne pas confondre avec le Palais Farnese, abrite des fresques de Raphaël et de ses élèves représentant des scènes d'Amour et Psyché d'après l’Âne d'or d'Apulée (loggia) et, du même, Le Triomphe de Galathée (salle voisine). Le premier étage présente également de belles salles, en particulier celle des Perspectives, ornée de peintures représentant des paysages romains dont une vue du Trastevere. Dans une chambre à coucher, des fresques du Sodoma (Giovanni Antonio Bazzi) illustrant la vie d'Alexandre le Grand (Les Noces d'Alexandre et de Roxane).

De l'autre côté de la rue se dresse le Palazzo Corsini où mourut la reine Christine de Suède en 1689. On peut y voir également, outre une magnifique collection de bustes, des œuvres de Fra Angelico (Triptyque de l'Ascension), Murillo (Adoration des bergers), Rubens (Saint Sébastien soigné par les anges) et, encore une fois Le caravage (Saint Jean Baptiste).

L'après-midi, tour traditionnel de Rome en bus découvert avec arrêt au Pincio et à la Villa Médicis,  et ballade entre la Place du Peuple et la Place d'Espagne, via la rue del Babuino, avec, dans cette dernière, la découverte d'un très étrange musée-restaurant qui était en fait l'ancien atelier du sculpteur Canova.

Demain, départ pour Fiumicino où un taxi (conduit par un intéressant spécimen de la plastique italienne) et un avion nous transporteront de la capitale de l'Empire romain à celle, plus modeste, de nos Gaules à nous.

Je le redis, voyage passionnant et enrichissant pendant lequel nous avons éprouvé un plaisir intense que j'espère vous avoir fait partager à travers ses lignes.

La gente di Roma 2012 (6)

Le prêtre au kiosque.

Roma 2012 (2 août)

Ayant eu hier notre dose d'antiquités, c'est vers l'art pictural que nous nous tournons aujourd'hui. Mais, avant de nous rendre au Palais Barberini, nous écumons encore quelques églises au long de notre périple.

San Francesco a ripa d'abord, dans le Trastevere. Moins connue que ses deux voisines, Sainte Marie et Sainte Cécile, elle est pourtant intéressante, en particulier grâce à un marbre du Bernin. Jouxtant un ancien hôpital où Saint François d'Assise séjourna en 1229, elle abrite l'Extase de Ludovica Albertoni sculptée entre 1671 et 1675 pour le cardinal Paluzzi.

De là à Sainte Cécile, il n'y a qu'un pas que nous franchissons allégrement pour revoir cette église puis, sur la place Sonnino, San Crisogono où je comptais découvrir l'église paléochrétienne en sous-sol. Mais les lieux ont l'air désert et je n'ose m'avancer dans l'obscurité de ces noirs souterrains. Nous nous consolons en dégustant un bon Etna bianco, vin blanc bien frais, face à Santa Maria.

L'après-midi, montée au Quirinal et visite de Sant'Andrea, dessinée par le même Bernin,  église du séminaire jésuite et voisine de San Carlino,  un des chefs-d’œuvre de Francesco Borromini, l'éternel rival du Bernin à la période baroque italienne. Place des Quatre Fontaines puis Palazzo Barberini.

Le palais  abrite la galerie nationale d'art ancien de Rome, riche de nombreux chefs-d'oeuvre parmi lesquels La Fornarina, cette femme peinte par Raphaël et dont la maison sur la Lungara, aujourd'hui occupée par un restaurant, est toute proche de notre appartement. Mais les deux tableaux qui m'ont le plus touché sont sans conteste le portrait d’Érasme par Quentin Metsys et le Narcisse du Caravage, éblouissante représentation du jeune homme se mirant dans l'eau. Ne pas oublier non plus le portrait d'Henry VIII par Holbein le Jeune.



jeudi 9 août 2012

Parenthèse

Petit intermède hier en Auvergne, aux frontières entre Haute-Loire et Cantal, une de ces parenthèses que j'aime pendant les vacances et dont une autre est encore prévue dans les jours prochains.

Du voyage, Frédéric et Jean-Claude bien sûr, mais aussi la mère de Frédéric, une femme que j'apprends peu à peu à connaître et qui m'époustoufle par sa faconde et sa culture littéraire (le voyage de retour, tard dans la nuit, fut l'occasion de se réciter de mémoire des poèmes de Hugo et des extraits de Corneille ou de Shakespeare!).

Saint-Étienne, Le Puy-en-Velais, puis descente vers le Cantal pour rejoindre un ami d'enfance de Frédéric lorsqu'il y passa quelques étés de vacances et qui maintenant est devenu un des grands restaurateurs de l'Hérault. Partis tôt, rentrés tard. Journée très agréable à écouter des souvenirs communs sur la terrasse ou dans la grande salle au pétrin. Une prière devant la tombe de ceux qui sont  morts aujourd'hui et qui reposent dans le petit cimetière communal, promenade dans les environs où les villages tomberaient entièrement en ruines si des fous de nature n'en restauraient quelques maisons, visite de la petite fabrique de fromages de chèvre, cueillette des noisettes sur l'arbre proche de la maison.

Rien d'exceptionnel donc, rien de rare, si ce n'est le plaisir éprouvé et la joie d'être ensemble. Et comme ils furent grands, si grands que j'en ai presque oublié de faire des photos!

La gente di Roma 2012 (5)

Drôle de mise en plis!

Roma 2012 (1er août)

Journée à Ostia antica, sous la chaleur et, heureusement, une légère brise marine. Beaucoup de français dans ce site très intéressant et pourtant, à mon avis, délaissé par les touristes. Pour Frédéric et Jean-Claude, c'était le premier contact avec une aussi grande étendue de ruines antiques. Un moment projeté, la visite de Pompéi avait été rejetée à cause des pointes de température. Moi, je l'avais découvert au cours d'un voyage où j'accompagnais la chorale, il y a très longtemps, et trop rapidement, comme c'était souvent le cas dans ces voyages "professionnels" où les répétitions et les concerts avalaient le plus clair de notre temps.

Que dire d'Ostie, cet ancien port de Rome, cette bouche de l'Empire par où la capitale du monde méditerranéen s'approvisionnait et qui fut plusieurs fois remanié, agrandi, protégé? Je pense que c'est un excellent préambule à un voyage des sites plus au sud, même si les vestiges en sont moins impressionnants. Mes deux compagnons ne s'y sont pas trompés, qui n'ont pas rechigné à y passer une journée complète avec une petite collation prise à la cafétéria près du charmant musée que nous visitâmes en fin d'après-midi.

L'importance de ce qui est à préserver fait que, parfois, certains lieux sont un peu abandonnés aux ronces et aux orties. Pourtant, la déambulation sur le Decumanus principal, à l'ombre des grands pins parasols garde ce charme indéfinissable que j'avais déjà pressenti à mon premier passage. Des photos donc, plus que des mots, pour faire partager mon plaisir.
 


Une boulangerie avec ses meules à grains tournées par des ânes ou des esclaves
Le sarcophage d'un riche résidant.









Une des rares mosaïques en couleur encore in situ.

 







Des fresques protégées mais inaccessibles.







Amour et Psyché (copie, l'original étant au musée)
L'une des quelques statues du musée, petit mais intelligemment mis en espace.
Entrée de l'un des nombreux entrepôts que, à cause des risques d'incendie, des vigiles surveillaient
Taberne dei pescivendoli









mardi 7 août 2012

La gente di Roma 2012 (4)

L'ubriaco (L'homme ivre)

Roma 2012 (31 juillet)


Nous sommes déjà à la moitié de notre séjour à Rome. Le rythme des visites et du farniente est pris, les repères sont retrouvés. La journée sera calme, en prévision de celle de demain. Un petit tour au marché d'abord, déserté par les romains en cette période estivale, traditionnel apéritif à Santa Maria après énième visite de l'église, puis déambulation dans les rues du centre avec la découverte d'une nouvelle église, tout près de la Fontaine de Trevi:la Basilique des Saints Apôtres, d'abord dédiée à Jacques le Mineur et Philippe puis à tous les apôtres, et datant du VI° siècle. Pendant un temps assez court, elle abrita, avant son transfert à Florence, le tombeau de Michel-Ange mais conserve encore un tombeau pontifical: celui du pape Clément XIV. La crypte abrite les reliques des deux saints et des fresques intéressantes.

En gravissant la colline du Quirinal, nous percevons au loin l'entraînant hymne italien joué "allegro" par une fanfare militaire et assistons non pas à la relève traditionnelle de la garde mais au changement complet de régiment chargée de surveiller le palais. Est-ce que cela se produit à chaque fin de mois? L'ambiance est bon enfant et le soleil tape dur sur l'esplanade.

En redescendant sur la place de Venise, autre découverte (je suis pourtant passé devant des dizaines de fois): la Basilique Saint-Marc du Capitole, dédiée à l'évangéliste et église officielle des vénitiens de Rome. Comme beaucoup de monuments romains, elle est très composite: construite au IV° siècle, rebâtie au IX°, restaurée au XVII° et XVIII° dans un style baroque. La loggia qui en orne la façade est décorée de marbres provenant du Colisée et du théâtre de Marcellus, tout proches.

Après le théâtre de Marcellus, en direction du forum boarium, une nouvelle église: San Nicola in Carcere dont le chemin de croix moderne m'a particulièrement attiré l'oeil.


Et puis le Tibre, le Tibre toujours, son île Tibérine dont la légende dit qu'elle fut constituée par les réserves de blé du dernier roi étrusque, Tarquin le Superbe, réserves que les révolutionnaires romains, après avoir chassé le tyran, jetèrent dans le fleuve pour ne rien lui devoir.


Le soir, lors de la passegiata nocturne quotidienne, découverte, en levant le nez, d'une plaque commémorative indiquant l'emplacement de la maison où naquit en 1920 l'acteur italien Alberto Sordi. Demain sera consacré à l'Antiquité, avec un site que je n'ai visité qu'une fois, il y a plusieurs dizaines d'années.

La gente di Roma 2012 (3)

La peintre et sa pâleur.

lundi 6 août 2012

Roma 2012 (30 juillet)


Le lundi, après une visite, en passant, à l'église du Gesù chère à mon cœur, nous prenons le bus direction Via Nomentana, une grande artère au nord-est de Rome, il me semble. P.P le moqueur m'avait conseillé la visite de Sant'Agnese fuori le mura (hors les murs), une des plus belles églises de Rome selon lui. Le site étant fermé, nous sommes allés boire du frais dans un petit parc proche du Mausolée de Constance, sous une tonnelle dont le vieux patron, tout en nous servant, s'occupait de son petit fils. Moment de grand calme (nous étions les seuls clients) et de repos apaisant.


Une salade rapidement mangée un peu plus loin et nous voilà partis pour les Catacombes de Priscilla toutes proches. Je les ai visitées il y a une quarantaine d'années et, malgré tout, j'ai reconnu immédiatement l'antique bâtisse qui abrite les sœurs qui s'en occupent, Via Salaria. Las, après un long moment d'attente, nous apprîmes qu'elles étaient fermées jusqu'à fin août pour travaux. Une vieille religieuse débusquée dans une salle sombre me l'expliqua tout en continuant son tricot.
Pourtant, alors que nous étions prêts à partir, je vis sortir une famille d'anglais ou d'allemands accompagnée d'une sœur tout aussi âgée mais plus dynamique. Le fait de parler italien a de sérieux avantages parfois et, lorsque je lui eus dit que nous étions venus exprès et que j'avais déjà fait la visite autrefois avec une de ses collègues, elle s'écria: "Oui, Sœur Maddelena". J'appris ainsi que celle qui avait passé une bonne partie de sa vie sous terre y séjournait maintenant éternellement et qu'elle avait laissé à tous un souvenir impérissable. Comme je l'avais connue, la religieuse nous permit donc d'entrer et nous servit de guide. Une femme intelligente, cultivée et pleine d'humour et de malice.

Pendant plus d'une heure, je traduisis pour mes deux compagnons les flots de paroles qu'elle débita tout au long des couloirs souterrains dont la fraîcheur nous revigora et qui se terminèrent par une allusion que je n'ose comprendre, lorsque, braquant sa lampe sur un morceau de sarcophage incrusté dans le mur, elle me dit, avec un sourire dans les yeux: " Un des plus beaux vestiges!": le torse d'un homme antique à la virilité plus qu'évidente! Brave sœur avec qui je pus échanger des points de vue non "orthodoxes", sur le culte à Mithra par exemple et ses similitudes avec le Christianisme, sans qu'elle s'en offusquât!

 
Ensuite, retour à Sainte Agnès qui, effectivement, possède une magnifique mosaïque représentant  sur un fond d'or à la  byzantine la sainte aux côtés des papes Honorius et Symmaque. La basilique et la mosaïque datent du VII° siècle. Dans le même complexe monumental, outre des catacombes que nous ne visitâmes pas, on peut aussi voir les ruines de la Basilique de Constantin dont subsistent les murs du IV° siècle et  le mausolée de Constance, une des filles du premier empereur chrétien.

Quand nous arrivâmes, le mausolée était occupé par un mariage et nous dûmes encore patienter pour pouvoir entrer que la foule des invités jette le riz traditionnel sur les futurs époux. Construit au IV° siècle, il est de forme circulaire et se compose d'une pièce centrale entourée d'une galerie couverte séparée d'elle par un cercle de 24 colonnes. Les fresques de la voûte, également du IV° siècle et de facture encore païenne, sont splendides. Face à l'entrée se dresse une copie du sarcophage de Constantin dont l'original est aux musées du Vatican.

Je dois remercier P.P de m'avoir fait découvrir ce site, inconnu de moi jusqu'à aujourd'hui, et ne peux, si vous allez à Rome, que vous conseiller de le visiter.
P.S: pendant ce voyage, j'ai pris plus de 600 photos. Je ne peux, hélas, qu'en montrer une infime partie ici. Ceux que cela intéresse pourront voir les autres sur mon site Flickr dès que j'aurai eu le temps de le mettre à jour, ce qui risque bien de prendre une petite semaine.

La gente di Roma 2012 (2)

Che calore!

Rome 2012 (29 juillet)

Il fait gris à Lyon, aujourd'hui. Presque frais. Une façon de reprendre pied, de voir s'éloigner Rome et ses touffeurs, de regarder déjà dans le coin du cartable...Oh, seulement un petit coup d’œil discret avant de repartir là-bas!

Le dimanche matin, le réfrigérateur plein et le corps reposé, nous foulons les pavés de la Lungara, croisons la Farnesina et le palais Corsini que nous visiterons plus tard, direction Saint-Pierre. La foule à l'extérieur y est moins nombreuse que l'an dernier mais la nef centrale ressemble à une galerie marchande un jour de grande affluence. Les touristes se pressent pour voir le baldaquin, pour tenter de toucher le pied de la statue du saint, tellement embrassé qu'il brille plus que les ors autour, pour photographier la Pieta malgré les inévitables reflets de sa prison de verre. Comment peut-on prier ici? Nous quittons la Basilique pour savourer une bière alla spina dans la rue où, l'an dernier, nous avons vu un prêtre si beau "qu'il fait pâlir le jour", comme le disait Jean Genet.

Après la sieste, déambulation de l'autre côté du Tibre, pour revoir les places, les églises, tout ce qui fait comprendre que l'on est vraiment à Rome: , la piazza Farnese, le Campo dei Fiori, Navona et Saint'Agnese in Agona, San Luigi dei Francesi, le Panthéon. Dans une petite église solitaire près du fleuve, San Salvatore in Onda, un prêtre nous aborde, désireux de bavarder. Il a vécu cinquante ans au Brésil, est allemand d'origine et vit là depuis bientôt dix-sept ans. L'église fut autrefois inondée par une crue du Tibre qui en souleva les dalles et l'on y découvrit une sépulture: celle de Saint Vincent Pallotti, canonisé en 1963 par le pape Jean XXIII.

 Au retour, le Ponte Cisto et les ponts avoisinants sont noirs de monde. La foule semble attendre quelque chose: c'est la procession fluviale de la Madonna del Carmine, point d'orgue de la Festa de'Noantri, fête religieuse et profane du quartier du Trastevere qui a lieu chaque année fin Juillet. A l'origine de ces festivités, une légende: un soir de tempête, en 1535, des pêcheurs auraient repêché dans les eaux tumultueuses du fleuve une statue en bois de la Vierge Marie, appelée ainsi la Madonna Fiumarola (Madone du fleuve). La statue fut recueillie par les carmélites de l'église San Crisogono puis, au XVII° siècle, la Vierge devint la protectrice du Trastevere et la statue est alors exposée à Sant'Agata. Depuis, chaque année, on lui rend hommage en la transportant en procession de la deuxième église à la première où elle reste offerte à la vénération populaire avant de rejoindre Sant'Agata. Mais la Vierge, cette année, a pris bien du retard et nous rentrons sans l'avoir vue, tant les nourritures spirituelles s'effacent parfois devant celles plus terrestres que réclame l'estomac. Frédéric et moi, nous avions réclamé à Jean-Claude un bon plat de "penne" sauce tomate. Il nous l'a fait. Ne mériterait-il pas, lui aussi, d'être canonisé?

 La nuit tombée, nous parcourons les rives inférieures du Tibre. La fête profane bat son plein, avec ses cafés, ses stands de tir ou d'objets hétéroclites, ses tables de cartomancies et tout le peuple boboïsant qui, depuis quelques années, hélas,  a envahi ce quartier autrefois populaire et méprisé.

dimanche 5 août 2012

La gente di Roma 2012 (1)

La vieille mendiante au chien.

Rome 2012 (28 juillet)

Par où commencer? Je l'ai dit: j'ai encore la tête pleine de ce voyage qui, comme d'habitude m'a paru encore trop court. C'est peu dire que je me sens chez moi à Rome, au milieu de toutes mes références culturelles et spirituelles, dans une ville que je place en tête de toutes celles que je connais pour sa beauté et l'intérêt permanent de ce qu'elle dévoile. On ne peut pas y faire un pas sans avoir envie de voir, d'écouter, de goûter, d'admirer. Une ruelle sombre où le linge étendu aux fenêtres masque une église baroque à la façade impressionnante, un palazzo décrépit édifié sur une ruine antique que le soleil couchant magnifie, des nuées de vespas se faufilant sur les "corsi", l'élégance des femmes, la beauté de certains hommes, une foule bruyante mais ouverte et, par dessus tout, cette langue que l'on dirait chantée même par le plus pauvre des habitants.
La première beauté fut pourtant française, avec la découverte "in situ" de la gare de Satolas qui jouxte l'aéroport Saint-Exupéry, sorte d'insecte de verre et d'acier, qui se dresse non loin de l'aéroport. C'est un bel hommage rendu par la ville de Lyon aux étrangers qui la découvrent pour la première fois. Le samedi fut consacré, après le vol et un repas dans un restaurant du Trastevere au ravitaillement dans un petit supermarché du quartier, sorte de labyrinthe que nous aimons pour cette excentricité. Une sieste aussi, dans l'appartement climatisé que nous louons pour la deuxième fois et que surplombent l'Ambassade d'Espagne et l'église San Pietro in Montorio où, dit-on, Saint Pierre fut crucifié la tête en bas, par humilité, et qui abrite le très gracieux Tempietto de Bramante. Un appartement tout proche de la vie trépidante des ruelles du vieux quartier du Trastevere et où, pourtant, règne un calme absolu.
Et puis, le soir, ce fut le premier Campari, à notre café habituel sur la place de Santa Maria in Trastevere, face aux mosaïques du porche et au campanile que domine une image de la Vierge. Le quartier était en fête, la fête de Noantri, "Nous autres" en romanesco, la vieille langue de Rome. Nous tombions bien. Il faisait chaud, nous étions heureux. J'étais revenu, encore une fois.

samedi 4 août 2012

Retour

Ça fait vraiment drôle de rentrer! J'ai même eu un moment de surprise en entendant les gens parler français: c'est dire si j'étais immergé dans le monde romain! Alors que, pendant une semaine, on a vécu des tas de choses sympathiques, on a fait des tas de visites (je vous raconterai bientôt), on s'est promené dans la Ville éternelle, on a bu du bon vin blanc, des Abruzzes (Pecorino)  ou de l'Etna, on a ri, on s'est couché éreintés, voilà qu'au retour, les objets sont toujours à la même place, la vie s'est écoulée cahin-caha, comme si rien ne s'était passé!
Moi, j'ai la tête encore là-bas, pleine d'images et de sons, pleine de soleil et de bruits, pleine d’œuvres d'art et de petites gens. Vous avez compris: ce fut un super voyage!