mardi 29 mars 2016

La joie

Depuis quelque temps, j'ai l'impression que ce mot disparaît du vocabulaire courant. Peut-être en est-il de même du sentiment qu'il exprime.

On parle beaucoup de bonheur, de plaisir, de bien-être, de joie très peu. On dit : "je suis content". Celui qui dirait : "je suis joyeux" passerait immédiatement soit pour un naïf irrécupérable, soit pour un léger déficient mental. Chez les sept nains, Joyeux se confondrait aujourd'hui avec Simplet !

Déjà, dans l'Antiquité, les philosophes  s'en méfiaient comme inquiétante, trop paroxystique, symptôme, pour Platon par exemple, de perte de contrôle de soi.  Le stoïciens la jugeaient trop bruyante, trop liée au physique. Les épicuriens lui préféraient la recherche du bonheur, c'est à dire l'absence de souffrance. Seul Leucippe en parle positivement en tant que jubilation esthétisante face aux spectacles des belles choses.

Certains philosophes modernes la jugent essentielle, en particulier Spinoza, Nietzsche et Bergson qui y situait l'élan créateur. Pour Alexandre Jollien, pourtant atteint d'une maladie grave, l'homme ne peut
pleinement se réaliser que dans la joie.

Aujourd'hui, il me semble que ce terme est surtout liée, dans l'esprit des gens à des émotions spirituelles. Peut-être à cause de Bernanos, écrivain catholique, qui, dans son roman La Joie, développe son univers de chute et de rédemption.

Pour moi, le bonheur évoque un état plus permanent, plus durable en tout cas. La joie est fulgurance, aussi bien païenne que spirituelle, moment fugace de plénitude provoquée par la lecture, la musique, la nature, ..., ou, parfois, le plaisir charnel.

10 commentaires:

plumequivole a dit…

As-tu remarqué qu'on l'utilise très souvent dans une expression négative "C'est pas la joie" ?

Calyste a dit…

Plume : oui, ou bien Dupont(ou Ducon) la joie, ce qui n'est pas très laudatif.

Cornus a dit…

Pas faux tout ça. A ce propos, tu me fais me souvenir qu'une fois que ma mère écrivait des carte de vœux pour la nouvelle année, en blaguant, je n'arrêtais pas de dire "Joyeuses Pâques" et elle avait fini par l'écrire sur une carte, sans le vouloir bien sûr. Ce fut joyeux.

Jérôme (moins anonyme) a dit…

Si le bonheur est plutôt individuel, voire éventuellement égoïste, la joie serait contagieuse voire collective...

Georges a dit…

Au sujet de la joie, j'ai entendu hier un podcast lumineux sur France culture. je te le conseille et le conseille à tous : http://www.franceculture.fr/emissions/sur-les-docks/des-tenebres-la-joie
Des bises !

Jean-Pierre a dit…

J'aime bien le mot "jubilation" que j'emploie pour décrire les plaisirs intenses que me procurent une musique, un film, un livre, un discours.. mais ça fait peut-être un peu vieux français..?

Calyste a dit…

Cornus : j'ai bien dit "bon week-end" à mes collègues un lundi soir ! Je devais vraiment avoir envie de travailler ce jour-là !

Jérôme : pas pour moi, elle est toute intérieure et personnelle. Les autres seraient fort surpris de ce qui parfois me met en joie.

Georges : j'y cours dès que j'ai un moment(rare en temps de retraite !). Plein de bises aussi, en t'espérant.... joyeuse !

Jean-Pierre : la joie que j'évoque est très proche de ta jubilation qui, par ailleurs, est un mot que j'aime beaucoup, vieux ou pas !

CHROUM-BADABAN a dit…

Y a d'la joie bonjour bonjour les hirondelles
Y a d'la joie dans le ciel par dessus le toit
Y a d'la joie et du soleil dans les ruelles
Y a d'la joie partout y a d'la joie
Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle
C'est l'amour qui vient avec je ne sais quoi
C'est l'amour bonjour, bonjour les demoiselles
Y a d'la joie partout y a d'la joie

Le gris boulanger bat la pâte à pleins bras
Il fait du bon pain du pain si fin que j'ai faim
On voit le facteur qui s'envole là-bas
Comme un ange bleu portant ses lettres au Bon Dieu
Miracle sans nom à la station Javel
On voit le métro qui sort de son tunnel
Grisé de ciel bleu de chansons et de fleurs
Il court vers le bois, il court à toute vapeur

{2e Refrain:}
Y a d'la joie la tour Eiffel part en balade
Comme une folle elle saute la Seine à pieds joints
Puis elle dit:
" Tant pis pour moi si j'suis malade
J'm'ennuyais tout' seule dans mon coin"
Y a d'la joie le percepteur met sa jaquette
Plie boutique et dit d'un air très doux, très doux
" Bien l'bonjour, pour aujourd'hui finie la quête
Gardez tout
Messieurs gardez tout"

Mais soudain voilà je m'éveille dans mon lit
Donc j'avais rêvé, oui, car le ciel est gris
Il faut se lever, se laver, se vêtir
Et ne plus chanter si l'on n'a plus rien à dir'
Mais je crois pourtant que ce rêve a du bon
Car il m'a permis de faire une chanson
Chanson de printemps, chansonnette d'amour
Chanson de vingt ans chanson de toujours.

{au 1er Refrain}

CHROUM-BADABAN a dit…

Et les mecs, vous z'êtes z'en retard d'un siècle, on ne dit plus jubilation, on dit jubilatoire, mot que j'exècre à l'instar de masturbatoire !

Calyste a dit…

Chroum : longtemps que je n'ai pas écouté Trénet. Je vais m'y remettre.
Chroum (2) : ou suppositoire