vendredi 28 décembre 2007

La langue et le fromage.

Oyez, oyez ( ouïssez, ouïssez, devrais-je dire!), braves gens, une nouveauté dans la bouche des nullissimes qui nous tiennent parfois lieu de journalistes ( je ne parle pas de leurs compétences de baroudeurs, d'enquêteurs, d'intervieweurs... mais de leur incompétence grandissante à aligner correctement deux mots de français).

Un petit malin, pour parler du retour en France des condamnés de l'Arche de Zoé, a dû trouver que "transfert" était trop commun. Alors, il a cherché, il s'est souvenu qu'autrefois, sur une autre galaxie, son vieux prof de français lui recommandait toujours d'aller consulter le dictionnaire, il l'a fait et a trouvé "transfèrement".

Alléluia: il la tenait,sa façon de se singulariser à peu de frais. Et bien sûr, dans la journée, ça a fait tache d'encre, non pardon: tache d'huile. Il n'est plus question à la radio, à la télé, et ailleurs, que de "transfèrement". Ah! le beau mot. Comme il fleure bon selon eux. Comme il pue la préciosité selon moi. ( A noter, sans cuistrerie aucune, que fleurer vient du latin flatare, souffler, qui a aussi donné flatulence!)

Dans le dictionnaire, à côté de "transfèrement", il y a rare. Ce qui peut se traduire par quasiment obsolète( mot qui eut, il n'y a pas longtemps son heure de gloire avant de retomber dans l'oubli.) En plus, comme musicalité, pardonnez-moi, mais c'est à chier. Je propose, dans la même lignée, "l'inhumement" de Benazir Bhutto, le "reportement" de la libération des otages en Colombie, le "Français-je-vous-mens" de Sarkozy (quoique, là, on peut discuter).

Moi, ce qui me plaît dans la langue française, c'est son fumet terrien, ses allures campagnardes, ses deux pieds dans la glaise, solide et fière, belle mais simple, la langue de Maupassant, celle qui glisse dans la bouche comme un de nos fromages en fin de repas, celle qui sent la bonne sueur juste d'après l'effort. Ce n'est pas une grande coquette qui tient à être rare, c'est une brave fille des rues, fille d'un peuple cultivé, fille de la culture pluricentenaire de ce peuple qui parle en phrases courtes mais précises.

Alors, n'allez pas la pasteuriser elle aussi. Bruxelles ne l'a même pas demandé!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Furt a aussi relevé ce mot http://blog.furt.gayattitude.com/20071227113649/la-chaine-information/

Moi, ça me fait dire que les journaleux n'ont rien à raconter puisqu'ils rallongent les mots pour boucher les trous de leur incompétence.
(que je suis méchant, punaise !)
Bises, J.