Étrange impression que celle que j'ai ressentie ce matin. Exceptionnellement, je n'ai travaillé que de 8 à 9h, et encore plus exceptionnellement, j'étais de retour dans mon quartier à 9h30.
Ayant décidé de faire des courses alimentaires, le réfrigérateur me paraissant dangereusement désertique, je suis donc allé au supermarché, puis chez le boulanger et le petit épicier du coin.
Rien que de très banal.
Pourtant j'éprouvais une sensation inhabituelle: cela ne ressemblait pas aux autres jours. Je me suis souvenu de mon enfance, quand il m'arrivait, rarement, d'être malade et de manquer l'école. Ma mère me gardait à la maison, et je voyais ainsi tout ce qui m'était inconnu, toute la vie qui s'écoulait dans la maison pendant mon absence: la remise en état des lits, le ménage, les préparatifs du déjeuner, les propos rapides échangés avec une voisine passant sur la route. Tous ces bruits entendus de ma chambre, m'arrivant au travers du voile du sommeil ou de la fièvre et que j'avais du mal à déchiffrer.
J'ai donc très vite compris que cela venait du fait que jamais, d'habitude, je ne fais mes courses à cette heure-là, sauf parfois le samedi, mais le samedi n'est pas un jour comme les autres. D'ordinaire, en semaine, je suis au travail.
Ce matin, j'ai côtoyé la fameuse ménagère de moins de cinquante ans, de plus aussi d'ailleurs, les vieilles dames et les vieux messieurs, les chômeurs, les mères au foyer. Tout ce petit monde n'était pas pressé. Deux grand-mères s'arrêtent dans la rue pour bavarder quelques instants. Une cliente prend le temps à la caisse de l'épicerie pour discuter avec le gérant de son prochain départ pour une autre succursale. Un homme, sans doute nouvellement retraité, explique, à la boulangerie, que chaque jour il essaie un nouveau type de pain et que le "Vivarais" lui plaît particulièrement (c'est celui que j'achète aussi).
Et personne ne s'énerve d'attendre un peu plus: au contraire, on écoute, on sourit, on donne parfois son avis avec l'air de s'excuser de rentrer dans la conversation. Je me suis senti bête au milieu de tout ça, quelqu'un de pas fini, de rustre, de sauvage. Mais que j'ai aimé assister à toutes ces petites scènes anodines du quotidien, fraîches et tonifiantes.
En sortant du dernier commerce, j'ai remarqué qu'il faisait beau et, comme dimanche, j'ai "senti" le printemps.
mercredi 5 décembre 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire