samedi 15 décembre 2007

Bach et Gould.

Les larmes aux yeux, je les ai eues aussi hier soir, toujours en repensant à Pierre.

Après avoir écrit mes deux billets quasi quotidiens, j'ai l'habitude d'aller voir un peu ailleurs ce qui se passe, c'est à dire de lire quelques blogs que j'ai sélectionnés et installés dans mes favoris.

L'un d'entre eux, le dernier de ma liste, m'intéresse particulièrement. Écrit par un homme jeune, ce blog m'attire beaucoup par son contenu et la pudeur qui s'en dégage en même qu'une grande culture et une qualité d' humanité. Vincent, c'est le prénom de cet homme, y parle de lui, de sa famille, de ses nombreux voyages, avec beaucoup de retenue, de sensibilité et même d'humour. Parfois, il agrémente ses billets d'un morceau de musique, souvent de musique classique.

J'ai donc décidé de lire son blog depuis le début, mars 2007, mais lentement, comme on savoure un bon verre.

Dans sa production de juin, je remarque un billet intitulé Variations Goldberg. Il y compare les différents enregistrements, celui de 1955 par Glenn Gould, le même ressorti récemment en re-performance, celui de 81 (que je possède), toujours par Gould et celui de Rosalyn Tureck (99), que je ne connais pas.

Et le souvenir de Pierre m'a sauté au visage avec une force inouïe.

Nous écoutions souvent Bach, nous communions profondément sur cette musique. C'est la musique qui a toujours été le ciment de notre relation, et particulièrement celle de Bach. En entendant l'Aria, que je n'ai pas écouté depuis des années, je me suis mis à pleurer comme un gamin, de grosses larmes sur les joues.

Au-delà de la musique, je revoyais les belles mains de Pierre, ces mains que j'aimais tant quand, les jours où il allait bien, il se mettait au piano et égrenait quelques morceaux qu'il choisissait ou que je lui demandais, ces mains fines qui couraient légères sur le clavier, accrochant parfois, repassant, repartant avec une telle joie, courant comme des folles entre les touches noires et blanches. A l'époque où il fumait, il gardait sa cigarette à la bouche, et, pour qu'il ne s'interrompe pas, j'approchais moi-même le cendrier de ses lèvres pour y faire tomber la cendre.

Aujourd'hui, le piano est toujours là, muet. La nièce à qui il était destiné n'est jamais venue le chercher. Il est couvert de plantes vertes. Je m'assois parfois sur son tabouret et caresse le bois, doucement. Tout ceci n'est pas triste. Simplement, cela n'est plus.

Il faut que je me remette à écouter Bach.

Aucun commentaire: