mercredi 5 décembre 2007

Les plats pays

J'ai terminé hier soir le roman de Dominique Barbéris, Quelque chose à cacher (NRF Gallimard). Joie de la rapidité de lecture après le pavé d'Irving.

C'est en écoutant l'émission Le Masque et la Plume sur France Inter que j'ai découvert ce livre. Les auditeurs, par courrier, en disaient tellement de bien que j'ai couru à la Fnac et l'ai acheté, violant mon sacro-saint principe de n'acquérir que des livres en collections de poche. D'ailleurs, je l'avais déjà violé, ce principe, il n'y a pas longtemps pour un autre roman chez le même éditeur: L'Elégance du hérisson, de Muriel Barbery (livre magnifique et tellement positif!).

Quelque chose à cacher est difficile à définir: à la fois roman policier et roman d'atmosphère mais en même temps rien de tout cela: s'il y a bien un meurtre, on n'assiste pas à proprement parler à une enquête.

C'est un homme qui parle, qui est le narrateur. Il a bien connu la victime dans sa jeunesse, la fille de la plus grande propriété, de la maison bourgeoise de la petite ville des bords de Loire. Il nous livre ses observations, témoin direct et observateur des autres témoins, mais jamais extérieur à l'affaire, ami du commissaire et recueillant ses confidences sur les possibles coupables (dont il fait lui-même partie).

Il nous décrit ces bords de Loire en automne, avec le vent, la pluie, les bancs de brume sur les chrysanthèmes du cimetière, le parc à l'abandon de la maison de maître, les fougères qui y poussent, immenses, les statues qui s'y effritent, les butées qui protègent les terres des incursions capricieuses du grand fleuve et la centrale atomique, que l'on ne peut pas ne pas voir, avec son chapeau de vapeur se dissolvant difficilement dans l'atmosphère.

Ce livre est très bien écrit. J'ai apprécié la recherche dans le style, à la fois simple, limpide et rempli de poésie, particulièrement dans l'évocation de ce plat pays . Les suggestions sont légères, à peine esquissées. D'ailleurs on n'a rien à faire de connaître le coupable à la fin. L'essentiel n'est pas dans la résolution de l'énigme, mais dans l'évocation de l'ennui nostalgique de ces bords de Loire.

Et c'est là l'une des deux choses qui m'ont mis mal à l'aise à certains moments. J'ai souvent pensé à Simenon en lisant ce roman et, si la Meuse n'est pas la Loire, la façon de les évoquer n'est pas sensiblement différente. On pense à Brel aussi et à son canal qui se pend.
Je n'aime pas les pays plats et humides. Je m'y embourbe psychologiquement.

La deuxième gêne vient du fait que Dominique Barbéris, qui est une femme, fasse d'un homme le narrateur de cette histoire. Or son style est profondément féminin, d'où hiatus.

Mais peut-être suis-je trop sensible à ce que je nomme un style féminin ( et que je n'apprécie que rarement, même chez un homme) et aux brumes qui s'attardent au bord d'un fleuve étale.

Quoi qu'il en soit, un livre à lire.



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