Tous les dimanches matins en me rendant chez ma mère pour le déjeuner, je m'arrête à l'ancien cimetière de la Guillotière où Pierre est enterré.
Pendant un an, voire davantage, j'y suis allé plus souvent, deux à trois fois par semaine. J'en avais un besoin viscéral, physique. La proximité des corps m'était indispensable, même si la pensée de ce que devenait peu à peu celui de Pierre me dégoûtait. J'ai été tenté une fois de m'étendre sur la terre comme je m'étendais le soir près de lui dans son lit avant de regagner le mien après le petit bisou du "bonne nuit".
Aujourd'hui, je n'y vais pas dans le même esprit. Le besoin n'est plus viscéral mais j'aime rester quelques instants devant sa tombe, dire un Notre Père, et m'occuper de la lavande que j'y ai plantée et qui prospère.
Or, chaque fois que j'entre dans ce cimetière, quelque soit le temps, soleil, pluie, vent, gel, un oiseau se met à chanter dans un arbre au-dessus de moi. La première fois que je l'ai entendu, je me suis arrêté au milieu de l'allée, fasciné par ce chant car j'avais l'impression qu'il n'était destiné qu'à moi. La première émotion passée, je me suis dit que, décidément, je devenais bien niais, bien sentimentalo-sirupeux.
Mais cet oiseau (le même?), je l'entends toujours, et il continue de siffler lorsque je suis devant la tombe de Pierre. Je ne suis pas idiot, je n'en tire aucune conclusion paranormale ou parapsychologique, mais il me plaît de l'entendre lancer ses trilles près de cette tombe que j'ai voulu semblable à un jardin.
Et ce matin, le chant n'était plus tout à fait le même. Je ne connais pas suffisamment les oiseaux pour identifier mon chanteur. Tout ce que je peux dire, c'est que le chant entendu aujourd'hui était un chant de printemps, un chant de la fraîcheur annonciatrice des premières pousses tendres.
Et c'est vrai que, toute la journée, j'ai cru vivre un moment de printemps.
La faute au réchauffement climatique?
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