Ce soir, pas de repas (coloscopie de demain oblige). Remplacé par un produit à effet garanti mais dont le goût a, heureusement, beaucoup évolué en cinq ans. Il faut boire ce flacon, consommable cette fois-ci, et ensuite absorber trois litres d'eau dans la soirée. Même pour quelqu'un comme moi qui aime ce liquide, ça fait un peu beaucoup. Demain, dès l'aube, re-petit flacon.
J'ai donc le temps et, même si cela risque d'être en pointillés (même raison alléguée), je tiens beaucoup à faire écho au dernier billet de Fabrice (Apartés uchroniques) qui, s'appuyant sur des extraits musicaux, évoque des souvenirs de différentes années de son enfance et de son adolescence.
Et moi, me suis-je dit, que faisais-je dans ces années-là? Qu'est-ce que ces musiques m'évoquent? Bien sûr, pas la même chose qu'à lui: la différence d'âge est de quinze ans. En 1971, il a quatre ans, moi dix-neuf, et j'arrive à Lyon.
Mais commençons par le commencement. Le Bourgeois gentilhomme, Molière, Lully, le XVII° siècle. Moi aussi, j'aime beaucoup ce siècle pour la pureté de sa langue. Molière bien sûr, mais surtout Jean Racine, dont je choisirais Phèdre pour emporter avec moi sur une île déserte comme seule compagnie livresque.
Cette musique de Lully me rappelle mon lycée, un grand lycée d'Etat de Saint-Etienne, où j'ai tout appris. Il y avait au sous-sol une salle totalement insonorisée où l'on nous passait, pendant les heures de permanence, des pièces classiques ou des documentaires pédagogiques dont les commentaires étaient dits avec des voix un peu compassées, des voix à la Claude Dargey(orthographe incertaine) dans les émissions animalières de Frédéric Rossif (Ah, le générique de La Vie des Animaux, avec ces yeux de chouettes brillant dans le noir, et le tatou passant entre les pattes des marabouts!). C'était dans les années soixante.
1971: j'ai dix-neuf ans, j'arrive à Lyon, pour mes études et aussi pour fuir mon père avec qui les rapports, à cette époque, sont assez tendus. Découverte de la grande ville, de l'autonomie, de la sexualité encore plus débridée, des boîtes de nuit (oui, Fabrice, je vois de quoi tu parles!).
A part le refrain de leur chanson, les Poppys ne me disent rien du tout. Dans les soirées homos, c'est encore l'époque du slow, avec Lenormand, Polnareff, la grande Mina, chanteuse italienne que je vénère encore aujourd'hui, et l'époque aussi du rock, avec Louis Prima et son Just a Gigolo. Combien de rêves ai-je fait, blotti contre un poitrail chaud et accueillant, pendant que Mina chantait Amore mio et que nos jambes s'enlaçaient autant que nos lèvres se pressaient?
1972: Pop corn. Là oui, je me rappelle très bien ce morceau. Énorme succès. Cette année-là, j'ai rencontré Pierre, au mois d'octobre, et j'ai eu vingt ans au mois de novembre. Début d'une longue histoire.
1978: Goldorak. Rien, mais rien. Je ne crois pas avoir vu un seul épisode. Je suis enseignant depuis deux ans: mes premiers remplacements, je les ai effectués en 1976, à Oullins. Je revois encore la porte de classe qu'il m'a fallu ouvrir et franchir pour donner mon premier cour. Le coeur d'un chrétien livré aux lions ne devait pas battre plus vite. Début donc d'une autre longue histoire.
Ensuite le billet de Fabrice m'a fait un plaisir immense en proposant la musique du générique de La Séquence du Spectateur. Catherine Langeais, effectivement, que je trouvais très belle femme. Il y avait même deux émissions dans la semaine: le dimanche à midi, c'était La Séquence du Spectateur. Mais le jeudi à midi, c'était La Séquence du JEUNE Spectateur. Et si je n'avais pas toujours le droit de regarder le dimanche, il était rare que je rate celle du jeudi. Moi aussi, Fabrice, je crois bien que c'est là que j'ai découvert mon amour du cinéma.
Enfin, les années 80. Disco and co. Bien sûr. J'atteignais tant bien que mal l'âge adulte. J'adorais Les Communards, Jimmy Summerville en particulier, qui ne faisait pas mystère de son homosexualité. J'ai eu l'occasion de le voir de très près un soir, alors que je promenais mon chien Place Guichard. Il donnait un spectacle à la Bourse du Travail et, avant de monter sur scène, prenait un moment de repos à l'une des fenêtres donnant sur la rue derrière la salle. Nous nous sommes regardés un moment, il m'a souri et fait un gentil signe de la main avant de disparaître dans le bâtiment. J'étais comme une midinette qui a vu son idole, les jambes en coton. C'est la première fois que je fais cette confidence.
Voilà un petit voyage dans mes souvenirs, grâce à toi, Fabrice, et je t'en remercie. Je penserai à toi demain.
mercredi 30 juillet 2008
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3 commentaires:
Merci ;-)
Comme je l'ai déjà dit sur mon blogue, je suis un enfant de la télé, comme beaucoup de quadras... Et elle continue de m'intéresser, compagne de ma solitude, présence vivante dans le silence
Moi, je l'ai lâchée, pour cet autre écran.
Je pense à vous deux qui avez un rendez-vous médical aujourd'hui. Courage !
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