Lorsque quelqu'un dort, près de moi dans un lit (ce qui est rarissime), dans un fauteuil à la sieste, comme ma mère dimanche, ou sur un siège de train, à un moment ou à un autre me vient toujours la même pensée: et s'il était mort? S'il avait oublié de respirer?
Je sais, c'est idiot, mais je ne peux m'empêcher d'avoir chaque fois cette réaction. Lorsque j'étais enfant, j'ai joué avec cette idée de la mort, m'amusant à effrayer ma grand-mère en arrêtant de respirer. Inutile de dire qu'elle n'avait pas apprécié et que cela a marché une fois, son épouvante, mais pas deux. A une de mes amies qui venait d'avoir une petite fille, toutes les dix minutes je recommandais, alors que le bébé dormait dans la pièce voisine, d'aller voir si tout se passait bien, si elle ne s'étouffait pas. Comme si la mort ne pouvait arriver que si l'on n'y fait pas attention! Peut-être ai-je été profondément marqué par les circonstances de celle de ma soeur, accidentelle, à un moment où je n'étais pas là, avec elle, moi l'aîné censé la protéger.
Alors, je fixe désespérément la personne, sans cligner des paupières, à m'en faire mal aux yeux, pour tenter d'apercevoir le mouvement de la respiration qui soulève le thorax ou fait légèrement frémir la lèvre, la narine ou la mèche de cheveux rebelle qui, dans le sommeil, s'est échappée du bandeau, et tant que je ne l'ai pas vu, je ne peux détacher mon regard de l'autre. Quand, enfin, le mouvement se produit, je retourne à mon livre ou à mes rêves, rassuré et me traitant d'imbécile, avant de recommencer la fois suivante.
mercredi 30 juillet 2008
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