jeudi 17 juillet 2008

Guéret-Lyon (2).

Gare de Lavaufranche. Le train ne s'arrête pas, ne fait même pas mine de freiner. J'ai à peine le temps de lire le nom sur la plaque. La maison la plus proche des voies est abandonnée, son toit effondré. Seules restent intacts les murs, les beaux murs de pierres égales.

Depuis la gare de Commentry, c'est le jeu des chaises musicales. Le groupe d'enfants n'a visiblement pas retenu ses places et les nouveaux voyageurs trouvent leur siège occupé. D'où déplacements, cris, rires. C'est la deuxième valise que je soulève. Décidément, les mamies ont confiance en mes petits bras musclés. Je préfère ça à l'aller, où l'on m'avait proposé le même service.

Est-ce que nous ressemblions à ces accompagnateurs, Evelyne et moi, quand nous organisions nos voyages? En fait, nous ne prenions pas le train, nous avions un bus à nous pour partir en Italie. Mais lorsque nous prenions l'avion pour Athènes? Il me semble que nous étions plus sévères. L'organisateur âgé a de plus en plus de mal à court-circuiter l'agitation, l'excitation d'un groupe de quatre.

A côté, la mamie bavarde a trouvé à qui parler. Les "deux valises" ont sympathisé rapidement. Elles parlent à tour de rôle. Sage précaution, il me semble. Le train secoue davantage qu'à l'aller, rendant mon écriture plus illisible encore. L'homme brun aux lunettes noires s'est réveillé mais je ne le vois pas mieux, au contraire. Malgré le ciel très nuageux, il garde ses lunettes.

Il y a bien un semblant de ville autour de Gannat. Je viens de me souvenir qu'un couple de mes amis y a vécu quelques années avant de prendre la direction du midi. Il me tarde d'être ce soir. Boulimie de l'ordinateur, dans mon bureau cette fois-ci. Et puis mon nouvel emploi du temps doit être arrivé. Tous ces repas à midi avec J. cette année! Je sais bien que cela n'est pas reproductible. Cette simple idée me donne chaud au visage. Des angoisses non encore expulsées. Cette nuit, je me suis réveillé à quatre heures. Je savais que je devais rentrer.

Noëlle doit être chez elle depuis longtemps maintenant, après ses courses. Dans la voiture, elle m'a dit que j'avais changé, pas seulement physiquement. Plus tranquille, plus serein qu'il y a deux ans. Et, en même temps, je lui donne l'impression de vivre une deuxième adolescence. J'ai donc l'air si gamin dans mes enthousiasmes et mes moments de flottement? Elle m'a dit cela en réponse à la question que je lui avais posée. Elle m'a posé la même et je lui ai répondu.

Roanne. Je retrouve un univers plus familier. Le film se déroule à l'envers: l'église rouge, la Loire, la station-essence abandonnée. J'ai le sensation d'entrer dans de vieux vêtements, à la fois coutumiers et formés au corps, et trop souvent portés, indécents d'habitudes et de compromis.

Gestes délicats de la toute jeune fille qui est ma voisine immédiate depuis Montluçon ou Commentry, je ne me souviens pas. Elle croque un biscuit en veillant à ne pas en répandre les miettes. Au moment où je regarde ses doigts si fins, elle surprend mon regard et me propose de partager son goûter. Non, pas de goûter. J'essaie, pour refuser, de mettre autant de délicatesse dans ma voix qu'elle en montre dans ses gestes.

Nous entrons dans la zone des collines rapprochées. De l'autre côté, c'est la Saône puis Lyon. Je m'arrête d'écrire.

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