jeudi 31 juillet 2008

Se réveiller mort.

Un commentaire de Totem sur l'anesthésie et l'appréhension que, quoi qu'on dise, elle génère, m'a fait ressurgir à la mémoire cette expression que ma grand-mère employait lorsque j'étais enfant. Se réveiller mort. Cela ne veut rien dire, n'est-ce pas? Et pourtant, j'en pressens le sens.

Totem dit qu'après l'opération, le réveil est toujours bienvenu et un peu inattendu. Effectivement, si l'on n'a aucune conscience exacte du moment où l'on sombre dans le sommeil artificiel, on est, lorsqu'on se réveille, d'abord étonné puis profondément rassuré. Ce ne sera pour cette fois-ci encore. Je me demande toujours quel chemin de lumière on suit pour réintégrer la réalité. Un peu comme si une partie de nous, cerveau, viscères, que sais-je, appuyait sur l'interrupteur de nos pensées et les réactivait immédiatement. C'est cette immédiateté qui m'épate et m'enchante chaque fois.

Alors, imaginons l'inverse. Au plus profond du sommeil artificiel, une force, un aspect caché de notre être secret, qui veille, tapi en temps ordinaire et que l'anesthésie libère des barrières qui le tiennent d'habitude prisonnier, une contrée sauvage. Et cette force qui, au lieu du chemin de lumière, nous fait emprunter celui des ténèbres, jusqu'au bout, jusqu'à l'équivalent de l'éveil mais un éveil à la mort. Eveil possédant la même immédiateté et, qui sait, le même émerveillement.

Se réveiller mort, sous des allures de bon sens populaire subverti, n'était peut-être, pour ma grand-mère, qu'une manière de vivre sa foi et de la comprendre de manière plus tangible.

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