samedi 19 juillet 2008

Momentini.

Hier, en rentrant du lac, j'ai cueilli dans les friches avoisinantes un bouquet de fleurs champêtres. Je dirais du lilas sauvage s'il s'était agi d'un arbuste. Non, ce sont de grandes plantes à hampes très élancées et très peu résistantes qui produisent ces fleurs mauves apparentées, par leur forme et leur couleur, aux fleurs de lilas. L'odeur, elle, diffère. Aujourd'hui, mon appartement sent le miel et le pain d'épices.

Hier soir, longue conversation téléphonique avec Michel, l'ancien ami d'Amédé, qui vit maintenant depuis six ans à Paris. Au chômage depuis déjà longtemps, il a réussi un concours pour accéder à une formation poussée et sérieuse. Je suis surpris et heureux de sa fidélité. C'est toujours lui qui appelle, pourtant j'ai beaucoup de plaisir à ne pas le perdre de "vue". Parfois, je néglige certains de mes amis.

Sur le trottoir, tout à l'heure, deux femmes bavardent. Je les aperçois de loin. Devant elles, il y en a une troisième, dans un fauteuil roulant. L'une des valides appuie ses deux mains sur les épaules de l'infirme, sans doute pour la faire patienter. C'est le seul lien qui semble encore les relier. Sinon, l'infirme est solitaire, oubliée. Lorsque je m'approche, cette femme assise me paraît ressembler à ma mère: la même vieillesse, la même fragilité de corps, le même tassement contre le dossier, la même légère impudeur dans la robe un peu trop haut troussée. Les appuie-pieds relevés, elle a les deux pieds posés au sol, prête, dirait-on, à se lever. Les deux autres ne font pas attention à moi. Elle, elle me fixe et, au moment où je vais passer, me sourit d'un sourire édenté et me tend les bras, comme pour me dire: "Emmène-moi!". Je lui ai rendu comme j'ai pu son sourire mais de l'eau m'empêchait maintenant de la voir.

J'ai enfin rangé les chemises d'hiver dans des caisses en plastique et sorti les chemisettes d'été. J'en retrouve certaines, de Pierre, dans lesquelles je rentre maintenant. J'ai enlevé d'un cintre et plié la veste d'intérieur que Pierre a porté pendant toute sa maladie et dont je ne peux me défaire. Avant de la ranger, je l'ai essayée, bêtement, pour quoi faire? Je ne peux encore impunément m'égarer dans mes placards.

Toujours en rangeant ce placard, j'ai retrouvé un pantalon de ville dont les ourlets ont été marqués aux épingles de sûreté par Kikou et attendent encore d'être cousus. Je n'ai aucun souvenir de cet achat. Combien de choses mets-je ainsi entre parenthèses?

Je n'aime pas la mélancolie que je traîne depuis mon réveil et que la course autour du lac de Miribel n'a pas réussi à effacer ce matin.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je vois (mais sans plaisir), qu'il n'y a pas que moi qui soit parfois mélancolique... Il faut se dire que les bons moments de la vie apparaitront alors plus plaisants...