Pourquoi ce soir précisément? Parce que j'ai eu la chance qu'il m'offre trois spectacles en un, trois bonheurs successifs ou concomitants.
A vingt heures, j'étais à l'amphithéâtre des berges du Rhône. Il faudra d'ailleurs que Lyon veille à ne pas galvauder en l'employant trop souvent ce mot d'amphithéâtre: il y avait celui des Trois Gaules, le vrai, le romain, à la Croix-Rousse; puis est apparu l'Amphithéâtre, la nouvelle salle de spectacles et de congrès à la Cité Internationale, près du parc de la Tête d'Or, et voici maintenant celui des berges du Rhône.
De quoi s'agit-il exactement? De l'aménagement, très réussi à mon goût, des anciens parkings automobiles sur les quais du fleuve en esplanades et plans d'eau ou de végétation. De cet endroit, on a un panorama magnifique sur le Rhône et l'Hôtel-Dieu de Soufflot au premier plan, et, derrière, sur la colline de Fourvière.
Je voulais assister au spectacle proposé par le Théâtre des Asphodèles, dans le cadre de Tout l'monde dehors: Arlequin navigue en Chine. Je l'ai vu mais j'ai vu aussi beaucoup d'autre choses.
D'abord, la vie de ses berges, où se côtoient en harmonie piétons, rollers, joggers et cyclistes, chacun marquant furtivement du reflet de sa silhouette les plans d'eau étale. La vie de la ville aussi, avec la scène devant mes yeux, le bruit des voitures sur l'axe nord-sud, la grande roue dont on aperçoit la cime au-dessus des toits, les clochetons de l'Hôtel-Dieu et en contre-jour, les échafaudages qui remplacent pour quelques mois la Madone de Fourvière et qui ne parviennent pas à être disgracieux. Cette ville bouge, vit, explose, est heureuse.
Et puis, la splendeur du coucher de soleil, là-haut, derrière "la colline qui prie", jouant avec la coupole de Soufflot, les quatre tours de Fourvière et inondant la ville d'une ultime rasade de lumière florentine.
Enfin, Arlequin navigue en Chine. Huit comédiens, italiens ou chinois, jouent, dansent, chantent, bondissent, grimacent, rient, fanfaronnent, roucoulent dans cette histoire mêlant très astucieusement Commedia dell'arte et opéra chinois.
Pas un temps mort, du rire sans arrêt, beauté des costumes et de la mise en scène avec pourtant des décors succincts, plaisir des langues diverses employées,en particulier l'italien, avec pour moi le privilège de l'entendre.
Et c'est en milieu de soirée que j'ai enfin compris pourquoi réellement j'étais aussi heureux ce soir. Je retrouvais l'homme que j'étais en 1981 lorsque j'assistais à Perugia, dans le théâtre de verdure, à la pièce de Goldoni, La Locandiera. Même langue, à mes yeux la plus belle, même atmosphère estivale, même splendeur de la nuit, même mélange de spectacle comique et de vie extérieure, même impression surtout de m'être enfin rejoint pour un instant. Une vibrante plénitude.
(Le spectacle Arlequin navigue en Chine se rejoue le mardi 29 juillet, place du Lac (3°arrdt,tout près de l'entrée sud du centre commercial de la Part-Dieu) de 20h à 22h. Lyonnais, ne manquez pas ça!)
dimanche 27 juillet 2008
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