Je n'ai pas écrit depuis deux jours. Le repos m'est tombé dessus. Il fait mauvais temps. Après l'orage d'il y a deux nuits, le ciel est resté gris et averses alternent avec crachins. Les températures ont chuté. La météo annonçait 9 pour Guéret aujourd'hui. Je dors beaucoup, énormément, comme je ne pensais pas pouvoir dormir à nouveau. Couché vers 22h30 (pour moi comme les poules), je ne me réveille même plus à 6h, mon heure habituelle, et j'émerge vers 10h30. Si on enlève une heure de lecture, il reste onze heures de sommeil. Du jamais vu depuis longtemps.
Nous ne bougeons pas beaucoup. Hier après-midi, nous sommes allés faire des courses avec Noëlle à Bourganeuf. J'aime ce gros bourg qui fut riche dans un passé prestigieux et dont ne subsiste de la richesse que son château-fort et ses solides maisons de pierre. La ville se vide d'année en année. Tout y est à vendre, commerces, hôtels, garages, et la communauté turque, nombreuse sur les hauteurs de la ville, semble être le seul remède à une mort annoncée.
Un fort orage de grêle est, paraît-il, tombé sur Lyon et sa région, provoquant même la mort d'un apprenti-jardinier à Décines. Orage bref mais très violent. Je pense égoïstement aux plantes de mon balcon: comment s'en sortent-elles? Mon bougainvillée surtout, qui commençait à peine à rougir? Et mes roses trémières, mon laurier?
Je dors et je lis. Aucun bruit ici, aucune lumière à l'extérieur si je me tourne la nuit vers la campagne. Cela pourrait être angoissant, c'est simplement, et heureusement, reposant. Les fortes pluies ont sans doute gonflé la rivière en contrebas, dont je ne me suis pas encore approché. J'entends bien maintenant le continu écoulement de ses eaux. A part ça et le bruit du tonnerre ou du vent qui chasse en rafales les trombes de pluie, reformant à eux deux les arabesques d'étourneaux dans le ciel de Rome, au-dessus du Pincio, rien.
Je crois que je suis heureux de trouver ce temps maussade ici. Il m'oblige au repos complet, ce que je n'aurais pas fait autrement. Même l'écriture m'a peu manqué. Un peu plus le contact avec les autres, blogs, commentaires ou mails.
Noëlle et Gérard sont deux compagnons idéals. Ni trop présents, ni trop exigeants. En ce moment lui lit; elle, elle répète ses leçons de piano. On se réserve ainsi des moments d'autonomie, indispensables à chacun des trois il me semble. Et lorsque nous nous retrouvons, la conversation reprend de plus belle: politique, histoire, chansons, jardinage.
Hier soir, Gérard m'a parlé de lui, de son enfance bien cahotique, d'une lourde maladie qui a encombré ces premières années, de la mort de son père, à Lyon, dans un accident de voiture. Je ne savais pas tout cela. Noëlle m'a confié les rapports de Christian, leur fils, avec son père et la complicité grandissante entre les deux hommes, alors que Gérard avait failli le rejeter quand il avait appris son homosexualité. Je leur ai évoqué la période difficile que je viens de traverser, mon questionnement sur la nécessité ou non d'une aide extérieure, mais aussi tous les bonheurs de cette année écoulée.
Tout est dit simplement, sans faux-semblants. Confiance et simplicité. Notre amitié se creuse (sans mauvais jeu de mots). Pourtant, nous ne nous voyons au mieux que tous les deux ans.
Il y a longtemps que je veux écrire sur Pierre, sur notre histoire. Il me semble indispensable, pour moi, de le faire et je ne m'y suis pas encore résolu. J'ai pensé, dans tout ce calme, que je venais de trouver l'endroit idéal pour mener à bien ce désir. Jamais je n'aurai autant de disponibilité et de tranquillité devant moi. De plus, Pierre a connu ces lieux, ces paysages et ces souvenirs ne sont que des souvenirs heureux.
Peut-être vais-je parvenir à écrire sur lui. Si je le fais, je m'isolerai totalement et ne reprendrai mes billets qu'une fois la tâche achevée. C'est ce que signifiera mon éventuel silence.
Midi sonne à l'église, et l'Angelus carillonne. Quelle joie d'entendre ces cloches à la volée, tout près de moi, sans le bruit des voitures ni la rumeur de la ville! "L'Ange du Seigneur dit à Marie...". Pour moi, c'est aussi l'appel du repas en commun.
dimanche 13 juillet 2008
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6 commentaires:
Comme c'est bon de lire tout ça !
Tout semble si simple. Le bonheur. Et le plaisir de vous lire, intact.
Ah l'angelus ! C'est joli quand on est vacances. Ça devient pénible à la longue quand on habite au pied de l'église à l'année.
Dans la maison de famille dans l'Aveyron, on habite derrire l'église et les heures sonnent, comme l'angelus. C'est un rythme de la vie, agréable.
Ah ! Ce billet me réjouit ! Comme si tout enfin tendait vers quelque chose, simplement. C'est bien.
Tout à fait d'accord avec Oceania. Tu as trouvé, comme à ton habitude, les mots justes. Et je suis sûr qu'il en sera de même concernant Pierre...
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