En lisant le blog de Stéphane, qui en est à ses balbutiements, j'ai repensé aux débuts du mien il y a neuf mois. Neuf mois, et de quoi ai-je accouché? J'essaie de me remettre dans la peau de moi-même à cette époque et de voir tout ce qui a changé aujourd'hui par rapport à ce blog.
D'abord, et c'est pour moi le plus important, la joie d'écrire est toujours la même, la joie et la nécessité. Jamais (peut-être un ou deux soirs sur toute cette période, pas plus) je n'ai eu à me forcer pour allumer l'écran et taper sur le clavier. Le besoin est moins viscéral, certes, mais il est plus intime. Je retrouve cet instant avec autant d'impatience que celui de la lecture, dans mon lit, en toute fin de journée.
Un ami m'avait prédit un essoufflement, m'avait prévenu que je ne pourrais jamais tenir le rythme de deux billets par soir, comme c'était le cas au début, que forcément j'en arriverais à ne plus savoir quoi dire. Or, en risquant un mauvais jeu de mots, je ne tiens pas le rythme, c'est le rythme qui me tient. Je suis bavard, encore plus par la plume que par la bouche. Il m'est sans doute arrivé de m'écouter écrire, de n'avoir rien à dire et de le dire tout de même, mais pas souvent, je crois.
Le fait d'ajouter des photos aux textes m'a aussi beaucoup fait avancer personnellement. Maintenant, dans la rue, je me dis parfois: "Tiens, avec ça en photo, je ferais un joli billet." Il reste pourtant que les deux activités ne sont pas totalement liées et que les photos du blog sont en général uniquement illustratives, alors que celles que je préfère de mes albums sont, je l'ai dit et je me répète, des recherches sur les lignes, les volumes et les surfaces urbaines.
Je n'ai plus qu'un souhait de ce côté-là: faire l'acquisition d'un appareil plus perfectionné, en ce qui concerne le zoom par exemple. Je peste souvent de ne pouvoir faire certains clichés faute d'avoir un appareil assez puissant. Même chose pour les photos de nuit: les réussir n'est toujours aisé avec l'appareil que je possède en ce moment.
Si je reviens au blog lui-même, deux ou trois choses ont bien changé. En premier lieu, sa fréquentation,en hausse constante, ce qui me fait plaisir même si ce n'est pas le but premier de mes textes. Bien sûr, il y a les visites "accidentelles" (les modes de recherches et les résultats de ces recherches sur Google à partir de mots clés me font toujours beaucoup rire). Ainsi, un pauvre bougre s'était retrouvé chez moi en tapant "chattes humides". Franchement, même si vous ne la connaissez pas, ai-je une tête à écrire sur un sujet pareil? Mais il y a aussi des lecteurs fidèles, voire assidus, et ça, ça me touche énormément parce que, outre le fait que je ne vois pas clairement ce qui les attire,ces lecteurs, des liens se nouent, peut-être temporaires, peut-être éphémères, mais pourquoi pas plus durables et constructifs?
Ce qui a aussi beaucoup changé, c'est la façon dont je vais jeter un coup d'oeil sur le traceur à la rubrique "géotraceur". La même curiosité pour les pays d'origine des internautes, pour leurs drapeaux nationaux, pour la carte du monde virtuelle où je les situe mentalement, pour les calculs que je fais afin de déterminer l'heure qu'il est dans ce pays au moment du passage sur le blog. Je n'aimais pas beaucoup la géographie à l'école, je lui préférais l'histoire, sauf quand la géographie parlait des hommes, de leurs lieux et de leurs modes de vie. J'aimais beaucoup les cartes, les noms des capitales me faisaient rêver. Peut-être est-ce là une des raisons de mon amour pour la littérature: voyager ainsi librement, là où j'ai décidé d'aller.
En revanche, j'ai souri (pas moqueur mais attendri) en relisant un billet des débuts où j'étais très fier d'avoir dans ma liste d'origine des visites déjà onze pays différents (que, pour donner plus de vérité à mes dires, je citais sans en oublier aucun). Aujourd'hui, j'en suis à plus de soixante et, même si le fait de l'écrire prouve que j'ai pris le temps de les compter (eh bien oui!), je n'en éprouve plus à proprement parler de la fierté. Disons plutôt une source légère d'amusement.
Qu'est-ce qui a changé encore? En vrac: un certains nombres d'échanges, plus approfondis, se passent maintenant par mails et j'en suis heureux. Je ne pense jamais aux réactions de ceux qui vont lire, ou en tout cas, si j'y pense, cela n'altère en rien ma liberté d'écrire. Je n'écris aucunement pour conserver ou apprivoiser un "lectorat". J'allais dire un public, mais on est tout de même pas sur scène! Même si j'essaie d'écrire une langue correcte, je me permets parfois des raccourcis ou des incongruités, parce que, à ce moment-là, cela permet de rapprocher davantage la phrase de la pensée. Pour les fautes d'orthographe, je fais ce que je peux, je suis professeur de français tout de même, même si sans doute enfant un peu dyslexique, et celles qui subsistent sont des étourderies, pas des licences volontaires. Les néologismes sont, eux, en principe, voulus.
Mais j'en vois qui commencent à bâiller, là-bas derrière leur écran. Alors stop.
Si, une dernière chose. J'essaie au maximum, par respect pour son auteur, de répondre à chaque commentaire laissé sur mon blog, parce que celui qui l'a rédigé a lu ce que j'avais écrit, parce qu'il a pris de son temps pour me l'envoyer et parce que trouver des commentaires le matin au réveil ou le soir lorsque je m'installe à mon bureau, c'est toujours une joie pour moi. Alors, surtout, n'hésitez pas. Tu entends, Alain?
mercredi 2 juillet 2008
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1 commentaire:
Le blog prend une place importante, c'est certain, dans nos vies, pour peu qu'on s'attache à cette forme d'expression. Quant à l'essoufflement, tu le connaîtras sans doute un jour, je crois que c'est même nécessaire dans la vie d'un "bloggeur" et même pour l'évolution de son antre, voire son évolution personnelle.
En ce qui me concerne, j'ai eu mon essoufflement et arrêt cet hiver, janvier - mi février, (peu de temps après avoir fait la connaissance de ton blog) alors que je tiens des journaux intimes depuis septembre 2004 avec beaucoup d'assiduité (et sans le vouloir). Tous les bloggeurs que j'ai suivi depuis mes débuts, ou presque, sont passés par là ou ont même carrément arrêtés. Alors cela viendra sans doute. Ne jamais dire fontaine :)
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