(Cet après-midi)
Je viens de quitter Noëlle sur le quai de la gare. Le wagon est rempli d'enfants revenant d'un camp ou d'un voyage. L'accompagnateur semble trop vieux pour goûter aux joies de la vie sous tente. Quelqu'un a un parfum que je n'aime pas, heureusement pas assez fort pour m'écoeurer totalement. Il me rappelle celui synthétique de la bombe que nous utilisions dans les toilettes quand mon père était malade: senteur agrumes. Depuis je ne peux plus le respirer sans que naisse la nausée.
En face de moi, une vieille dame, modèle enveloppée, cheveux tirant sur le violet, essaie par tous les moyens d'entrer en conversation avec moi ou l'un quelconque de ses voisins. J'ai hissé sa valise jusqu'au porte-bagages. Elle vient de me demander si j'étais creusois. Je fais tout pour éviter l'avalanche de paroles qui menace de m'engloutir. Devant mon relatif mutisme, elle sort , heureusement, un livre de son sac. Les enfants jouent à se raconter des énigmes. Une fille, un peu plus formée physiquement, essaie son pouvoir de séduction sur moi. Outre l'âge qui demande à mûrir, il faudrait, pour avoir la moindre chance, qu'elle arrête de ruminer son chewing-gum la bouche ouverte.
Hier soir, apéritif prolongé chez Francis et Dominique, comme autrefois. Nous avons ri, beaucoup parlé, littérature, politique, religion, infos locales. Dominique a ressorti une feuille de papier un peu jaunie, pliée en quatre, où Pierre, en Juillet 97, lui avait recopié les paroles de la "buona polenta" que nous chantions systématiquement à tue-tête à chacune de nos agapes. Il avait dû écrire cela en fin de soirée, après moult ti'punchs car il a dédicacé cette page aux "creuseoits". Cette double faute d'orthographe m'a ému plus que tout le reste.
Ce matin, personne au presbytère. J'ai laissé un mot sur la table, pour les remercier. Ils ont maintenant l'adresse de mon blog. Dominique y est venu faire un tour hier après-midi. Pourquoi pas? Maintenant, que des gens que je connais lisent ce que j'écris ne me gêne plus. Elle m'a dit qu'elle y reviendrait.
Tout au fond du wagon, un homme jeune, brun, légèrement frisé, semble dormir derrière ses lunettes de soleil. Je n'aperçois que le haut de son visage au-dessus des appuie-tête, mais le reste m'est révélé par le reflet dans la vitre extérieure. Il est beau. Pourquoi ces verres trop sombres qui empêchent de voir les yeux? Un homme sans regard.
( à suivre.)
jeudi 17 juillet 2008
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2 commentaires:
Te voilà de retour :)
C'est peut-être idiot, mais je te sens le mot plus léger. Avec le profit de ce temps de repos et partagé avec ceux que tu aimes et qui semblent te le rendre.
Je le crois aussi. Merci, Olivier. Dans quelques minutes, je serai en visite chez toi.
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