Anna voulait que je brosse, comme je l'avais fait pour les filles, le portrait des adolescents mâles arpentant les couloirs de notre collège. Je vais essayer de lui en proposer un.
D'emblée, je trouve que c'est un peu plus difficile, dans la mesure où les filles mûrissent plus vite et que donc, elles se copient les unes les autres, les petites copiant les grandes, et finissent par se ressembler. Pour les garçons, il y a moins d'homogénéité. Disons que je vais parler de ceux que je côtoie en quatrième ou troisième.
Deux marques de reconnaissance essentielles: le pantalon et les chaussures. Le pantalon taille basse bien sûr. D'ailleurs peut-on encore parler de taille basse: il ne s'accroche plus à la taille mais descend largement sur le derrière, laissant apparaître au mieux un motif de caleçon, au pire les prémices de la raie des fesses. (Je dis au pire car il n'y a rien pour moi d'excitant à ce spectacle: cul trop jeune et insuffisamment bombé). Je me demande toujours comment ils font pour que ça tienne, vue leur maigreur, et j'ai bien envie, parfois, de tirer dessus pour "voir".
Second détail à peaufiner: les chaussures (tu vois, Stéphane, c'est la deuxième fois que je ne dis pas souliers!). Là, il y a deux écoles: les baskets et les gondoles. Personnellement, je préfère les baskets, plus en harmonie avec la silhouette des ados de cet âge-là. En général, rien n'est lacé. Au début, je le faisais remarquer, par crainte des chutes. J'ai vu bien vite que je passais pour un demeuré. Un lacet, ça ne s'attache pas.
Le reste de l'habillement est plus difficile à apprécier car moins stéréotypé que celui des filles. En général, T.shirt avec message anglo-saxon, jamais de chemise, parfois, rarement, un polo. Au choix du pull porté en hiver (quand ils en mettent), on pourrait reconnaître et définir le mode d'éducation appliqué par les parents.
Ce qui, en revanche, est typiquement masculin, c'est l'odeur et l'air stupide.
L'odeur varie selon que l'on pue.... ou que l'on pue. On peut sentir mauvais parce qu'on ne s'est pas lavé de trois jours (si, si, ça existe!), on peut aussi sentir mauvais parce qu'on s'est inondé de déodorant en bombe avec parfums mâles et tellement lourds que c'en est écoeurant. Quoiqu'il en soit, une grande majorité des garçons pue.
L'air stupide, c'est celui qu'ils veulent à tout prix se donner, pour ne surtout pas passer pour des "intellos", comme ils disent. Alors, on prend le regard vague et bovin (c'est une expression, car les vaches ont de très beaux yeux), on semble absorbé dans une léthargie insondable, on a 3 de tension, et lorsqu'il faut répondre, on commence par soupirer profondément, afin de montrer à tout le monde, y compris au prof, que si on ouvre la bouche, c'est vraiment parce qu'on y est obligé.
Enfin, le dernier signe particulier, celui-ci souvent partagé avec les filles, est la façon de parler. Je ne veux pas dire le vocabulaire ni la syntaxe, mais la tonalité, la "mélodie" de la phrase. Il faut que cela fasse banlieue, "racaille" comme dit l'autre (et pas moi), il y a une façon de finir ses phrases comme en les laissant en suspens qui n'a rien à voir avec l'habitude française. En général, comme si le ton ne suffisait pas, on y ajoute le geste et la mimique des doigts, o combien utilisés.
Et puis, eux aussi, ces grands cierges qui s'économisent et sont toujours au bord du néant, on arrive à les voir s'intéresser, je ne dis pas se passionner, il ne faut pas exgérer, mais s'intéresser un temps, et alors, ce temps-là, ils retrouvent leur air d'enfants rêveurs sous les boutons d'acné.
jeudi 1 mai 2008
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5 commentaires:
Génial !
Drôle, tendre, indulgent en même temps que réaliste.
Presque désabusé jusqu'au passage où l'effleurement d'un intérêt est possible, éloignant la menace d'une acmé.
J'adhère totalement à ce portrait ! Peut être seulement rajouter leurs écouteurs vissés sur leurs oreilles ou leurs casques qui n'améliorent en rien leur dégaine...
Pour "voir" quoi, finalement ? Comment ça tient, ou ces culs trops jeunes et insuffisamment bombés ?
C'est très amusant. Merci pour le plaisir de vous lire, et de rire bien sûr. Mais j'avais imaginé que le Collège où vous enseign(i)ez (style Lazariste ou Chartreux) n'autorisait pas le pantalon en accordéon sur les cuisses, les chaussures sans lacets etc ... etc ... Moi aussi, j'ai envie de tirer sur leur pantalon juste pour m'amuser un peu. Quant à leur odeur, même s'ils sont très méticuleux et bien lavés, leur déodorant sent trop fort, surtout celui de la pub ou le mec bien musclé se pommade devant une superbe nana, une marque comme XX je ne sais quoi. Et là je lui dis tous les matins : "Je plains tes professeurs. Tu ne pourrais pas t'asperger un peu moins". Faites tous de beaux rêves. Calyste, Oceania et Tef69.
Et pour Olivier : tirer sur le pantalon juste pour s'amuser, les embêter, les faire rougir ... les taquiner quoi ... et même leur dire "alors tu as mis quel caleçon aujourd'hui, celui couleur de lune ou celui couleur de soleil ??".
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