J'ai bien fait de profiter de la journée d'hier pour arpenter Miribel et Lyon. Aujourd'hui, pluie, pluie et pluie.
Depuis chez mon frère, où nous avons déjeuné, je voyais, en face, les collines de la Croix-Rousse et de Fourvière apparaître puis disparaître tour à tour dans les ondées et la brume. Novembre en mai. De beaux coins de ciel, parfois, aux amas de nuages impressionnants.
Un hélicoptère a survolé la ville pendant plusieurs heures. Sans doute en lien avec la victoire de Lyon au football et la réception des joueurs aujourd'hui à l'Hôtel de Ville. Comme disent déjà les panneaux électroniques de la ville: le doublé du siècle. Heureusement que le ridicule ne tue pas!
Journée calme, en compagnie aussi des beaux-parents de mon frère. Bon repas, comme d'habitude. Et tout le monde était en forme: pas de tension, pas d'énervement. Reste que je ne me sens toujours pas intégré vraiment à ce genre d'évènement. Surtout pour une fête comme la fête des mères, créée par Pétain pour redorer le blason de la femme au foyer. Il est étonnant d'ailleurs qu'aucune des féministes exacerbées des années quatre-vingts, qu'aucune de nos chiennes de garde actuelles n'ait jamais dit un mot sur cette manifestation évidente du "machisme" fondamentale. Après tout, un cadeau n'est-il pas toujours bon à prendre?
Pas de cadeau pour ma mère cette année. Je crois que c'est la première fois. mais que lui offrir à quatre-vingt quatre ans? Un bon repas, des fleurs et une journée détendue. C'est déjà bien.
Ce soir, je suis de retour plus tôt. J'aime me retrouver chez moi. J. m'a téléphoné ce matin, alors que je partais chez mon frère. Nous mangerons ensemble mardi à midi. Je souhaite le voir plus dynamique, plus en forme que la dernière fois.
En rentrant, je me suis mis à ce billet. Comme d'habitude, je ne sais pas, ou presque jamais, de quoi je vais parler, et puis les mots viennent, les riens comme le reste, et je ne trie pas, je laisse aller, parce que j'aime taper sur ce clavier. parce que je ne me pose plus de questions inutiles. J'ai envie, alors je le fais. Cela a l'air simple, dit comme ça, mais pour moi, c'est assez nouveau comme attitude.
Résultat: mes billets s'allongent, s'allongent et ne présentent parfois qu'un intérêt bien limité pour autrui. Ce n'est pas très grave. Un billet n'est pas une lettre que l'on reçoit et que l'on est obligé de lire attentivement pour y répondre: on peut parcourir en diagonale, ne lire que quelques passages, quelques phrases prises au hasard, arrêter la lecture, fuir ailleurs, en laissant si peu de trace de sa venue. Et puis, je ne veux pas jouer un personnage que je ne suis pas, et ma vie est aussi faite de tous ces petits non-événements. Comme la vie de beaucoup de gens, je suppose.
Lorsque j'étais jeune et que je me rendais en fin de semaine en boîte de nuit homo (oui, ça existait déjà!), je cachais systématiquement mes lunettes dans ma poche avant d'entrer. Un homo, à l'époque (et je doute que cela ait beaucoup changé) ne devait pas porter de lunettes pour espérer plaire. Résultat: dans la semi-obscurité et les nuages de fumée de cigarettes, je ne voyais absolument rien, ni qui me regardait, ni qui je regardais. J'ai ainsi laissé s'envoler des tas d'occasion de finir la soirée dans l'étreinte langoureuse de bras tendres et attentionnés ( là, normalement, les violons apparaissent pour une douce mélodie pleine de romantisme sucré). Sans doute aussi, ai-je évité bien des complications et de désagréables situations! Et quand l'occasion se concrétisait, je finissais bien entendu par remettre ces lunettes sur mon nez à un moment ou à un autre. Aujourd'hui, je crois qu'il faudrait me les arracher du visage. D'ailleurs, il y a belle lurette que je ne fréquente plus les boîtes de nuit.
Parti de la fête des mères, j'en arrive aux boîtes homo. Bavard, oui! Le seul lien qui puisse expliquer ce glissement, c'est la volonté de n'être plus que moi. Et ce n'est pas toujours facile. Comme pour la plupart des gens, je suppose.
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