La prise de Makalé, de Andrea camilleri, ne fait pas partie de la série de romans policiers dont le héros est le commissaire Montalbano, pas plus que de celle des romans traditionnels sur les us et coutumes de la petite ville sicilienne de Vigata et de ses environs.
C'est un roman à part, consacré à la jeunesse d'un enfant dans l'île du Soleil sous le régime mussolinien. L'enfant, Michilino, est totalement imprégné des valeurs à la fois fascistes et catholiques réactionnaires de son milieu de vie. Enrôlé dans les "Balilla" (équivalent italien des jeunesses hitlériennes), il ne voit le monde qu'à travers le prisme de ses deux idoles: le Duce et le Christ. Peu à peu, en découvrant la sexualité ( et il a vraiment tout pour y exceller), il perçoit aussi toute l'hypocrisie que le monde adulte recouvre sous des allures respectables. Cette révélation va le perturber profondément, son idéal de pureté va s'effondrer et la perte de ses repères va le mener à la violence extrême contre lui-même et ses proches.
On ne peut pas dire que ce soit un grand roman. Le sujet pourtant s'y prêtait, mais Camilleri a son génie ailleurs. Ce qui fait l'originalité de cet auteur, et ce qui amène à éprouver un grand plaisir à le lire, c'est la légèreté dans ses intrigues, l'humour dans les situations évoquées ou dans les portraits rapidement brossés, l'ironie tendre vis à vis de cette île qu'il condamne dans certains de ses aspects mais qu'il aime, en étant un des enfants.
Ainsi le découvre-t-on dans ses autres romans. Ici, il a voulu faire oeuvre sérieuse et le sérieux ne lui va pas. Même dans la dernière scène, pourtant cauchemardesque, on ne ressent pas l'horreur de la situation. Tout au long des chapitres, le monde fasciste apparaît bien souvent comme un décor d'opérette. Les seuls passages réussis sont ceux où il décrit, avec moult détails parfois, la sexualité anormalement précoce de ce gamin. Là, on peut dire qu'il retrouve son élément, un élément qu'il maîtrise bien, comme chaque fois. Je soupçonne ce monsieur d'être fort sensuel et de ne pas s'être ennuyé souvent dans un lit sa vie durant, ce qui, bien sûr, me le rend éminemment sympathique.
Bref, un moment de lecture qui ne me marquera pas, mais qui ne détruit pas non plus l'intérêt que je porte à cet auteur.
samedi 3 mai 2008
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