En rédigeant le billet précédent, j'écoutais un CD que Gilles m'a prêté le jour où, en courant, nous avons parlé musique. Nous sommes tous deux beaucoup attirés par la musique minimaliste, répétitive, que, pour ma part, je qualifie de mystique.
Certains morceaux d'Arvo Pärt, et surtout Gorecki (Symphony of Sorrowful Songs, n°3) peuvent donner une idée de ce que je veux dire.
Beaucoup de mes amis trouvent cette musique triste. Moi, je la trouve jubilatoire, parce qu'apaisée, parvenue à une sorte d'ataraxie, se suffisant à elle-même, sans clins d'oeil à d'autres oeuvres, d'autres styles ni d'autres mesures. Lorsque je veux me détendre, je la mets sur le lecteur et elle me calme.
Le CD de Gilles a été enregistré tout près de Lyon, à Sathonay. C'est suite à un concert à Oulan-Bator que l'Ensemble Médiéval Xeremia (ensemble dont fait partie un des amis de Gilles) a voulu importer en France cette expérience mêlant la musique médiévale française et la musique mongole traditionnelle. Et ça fonctionne: les deux musiques , comme le dit la pochette, "se côtoient et se croisent". Expérience réussie, comme l'était celle mêlant musique irlandaise et baroque à laquelle j'ai assisté il y a quelque temps.
La nouveauté ici, pour moi, c'est la musique mongole. Moyen-Age, Irlande, baroque, j'ai de quoi me repérer. Mais la Mongolie, c'est loin. A part le souvenir d'une émission sur France-Inter il y a très longtemps, un après-midi où tranquillement je descendais depuis Lyon la N86 pour rejoindre Uzès et mon ami Paul, une émission présentée,il me semble, par Gérard Klein, sur la Mongolie et qui m'avait passionnée, à part cette émission et le cliché traînant partout des courses à cheval dans les steppes, des yacks poilus et des yourtes ventrues, je ne connais rien de ce pays.
Musique répétitive, c'est vraie, mais plus rythmée que ce à quoi je m'attendais, voix et instruments acides, grinçants, qui irritent un peu le tympan au début, et puis auxquels on s'habitue parce qu'on n'écoute pas cette musique comme on en écouterait d'autres. Ce ne sont pas les oreilles qui l'entendent (Non, non, je vais bien, je vous assure!). Je veux dire que ces musiques sont comme des mantras inlassablement répétés (je ne sais pas, je n'ai pas cette expérience) qui n'ont pas d'intérêt pour leur contenu en lui-même mais pour l'effet qu'ils produisent, de détachement et d'ataraxie, je me répète.
Je suis en train d'en réécouter quelques morceaux. Je suis surpris par la voix, cette fois-ci, une voix non travaillée, naturelle, instrument elle même à part entière, qui fait vibrer dans les graves toute la tuyauterie humaine interne. Est-ce encore une voix où le bruit du vent dans les conduits des grandes cités?
Oui, vraiment, j'aime. J'allais oublier de dire qu'il s'agit de l'ensemble Les Voix de la Steppe, Bayarbaatar Davaasuren.
vendredi 23 mai 2008
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