Après l'enfermement de La Femme des sables, j'ai voulu lire quelque chose qui me ferait plaisir, quelque chose où je me sente bien. J'ai choisi Montedidio de Erri de Luca. Le sortilège habituel n'a pas tout à fait opéré. Est-ce d'être venu après ce roman japonais si oppressant? Je ne crois pas. La brièveté des chapitres m'a paru un procédé factice, cette fois-ci, et ne s'imposant pas. J'ai l'impression que De Luca a voulu écrire un roman, sans doute en grande partie autobiographique, sans donner l'impression d'en écrire un.
Et c'est cet ouvrage qui a obtenu le prix Femina étranger en 2002.
A treize ans, un jeune napolitain quitte l'école et commence à gagner sa vie. Sa famille est pauvre. Là où il travaille, il y a un vieux juif bossu qui prétend que sa bosse n'est rien d'autre que deux ailes d'ange qui, un jour, pousseront dans son dos et lui permettront de rejoindre Jérusalem. Ce jeune homme s'entraîne au lancer de "boumeran", sans jamais lâcher le morceau de bois qui vibre sous ses doigts. Sa mère va rentrer à l'hôpital, gravement malade et son père ne la quittera plus jusqu'à sa mort. Avec une voisine qui l'initie à l'amour, le garçon va faire face à ce nouvel état des choses et apprendre à résister.
Bien sûr, on sent vibrer la grande métropole de Campanie et la poésie est toujours présente au détour des pages. Bien sûr, on approche le monde ouvrier qui me tient à coeur. Pourtant, cela m'a intéressé, mais pas émerveillé comme les précédents. J'ai l'impression d'avoir déjà lu le même type d'ouvrage plusieurs fois (en particulier d'un auteur irlandais, il me semble).Il reste qu'un ouvrage de De Luca que je trouve moins bon que les autres est tout de même un ouvrage de De Luca, donc à ne pas négliger.
Là où il habite, une chambre qui était un débarras, il n'y a pas de lumière électrique. le soir, il allume une bougie. Il la pose sur une chaise, il dit qu'il faut qu'elle soit basse car la lumière veut monter. Il dit aussi que la bougie éclaire l'obscurité, elle ne la chasse pas. Au feu de la mèche, le verre de vin s'allume, l'huile brille, le pain sent le feu et se met à sentir bon. Qu'est-ce que vous mangez d'autre? lui dis-je. Un oignon, dit-il, comme il est beau près de la bougie, on a plus envie de l'embrasser que de le couper. Puis il y met de l'origan, le sel scintille quand il en fait tomber une pincée sur l'assiette devant la lumière. Pendant qu'il me parle de ces choses connues, je m'aperçois que je ne les ai pas encore vues sous une bougie. Elles semblent meilleures. Elles sont nourrissantes, elles lui suffiront pour voler jusqu'à Jérusalem. Puis il dit que la pièce devient plus grande avec une seule petite flamme, les ombres bougent sur le mur et lui tiennent compagnie et il dit que l'hiver la bougie arrive même à réchauffer.(...) Papa et maman n'aiment pas les bougies, on s'en servait pendant la guerre.
( Trad. de Danièle Valin.)
On a l'impression d'être devant une toile de Caravage.
Et puis, ceci, à méditer:
Mon garçon, celui qui parle derrière, dans le dos d'un autre, se voit répondre par le cul.
samedi 24 mai 2008
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