Replonger dans le quotidien de la majorité des gens, nous qui sommes des privilégiés et ne nous en rendons pas compte.
Ce matin, Centre des Impôts. Une vraie ruche. Plus de cent personnes avant moi, si j'en juge par les numéros qui s'affichent accompagnés de la lettre du guichet où l'on doit se rendre. Une place assise au bout de dix minutes d'attente. Bien vite, la conversation débute avec mes voisins: à droite, un algérien d'une cinquantaine d'années, souriant et courtois; à gauche, une algérienne, quadragénaire, plus hautaine mais acceptant volontiers de parler parce que visiblement bavarde.
Moi très heureux de ne pas être repéré comme prof: je me fonds dans la masse et j'aime ça. C'est la preuve que je n'ai pas trahi le monde de mes parents, pas complètement.
L'homme est sensé et intéressant, la femme réagit davantage par clichés. Je connais bien vite une partie de leur vie, leur éducation en particulier. Elle, n'a jamais fait d'études: pas pour les filles, en Algérie! Lui a arrêté les siennes à la mort de son père, à dix-huit ans: il fallait travailler et rapporter la paye à la famille.
Lui est doux, parle de ses enfants avec amour et dit qu'un être a réussi sa vie quand il a réussi leur éducation. Elle les a élevés et veut maintenant qu'on la laisse tranquille et qu'on n'essaie pas de diriger sa vie à sa place.
Les cent numéros se sont écoulés en à peine 3/4 d'heure. Ce n'est rien. Je craignais pire. Lorsque mes voisins ont été appelés, ils m'ont tous deux fait un petit signe de la main. Je ne les reverrai sans doute jamais mais j'ai aimé partager ces moments avec eux. Ils n'ont jamais deviné qu'ils s'adressaient à un prof, sinon ça les aurait bloqués.
J'ai peut-être de la chance mais chaque fois que j'ai affaire à une personne derrière un guichet (aux Impôts, à la SNCF,...), je tombe toujours sur des gens charmants et compétents. Je pense que, si on ne les agresse pas directement en arrivant, si on les considère comme des êtres humains comme les autres, si l'on accepte qu'eux aussi soient fatigués et ne sachent pas tout immédiatement, on a de grandes chances d'obtenir le renseignement escompté, avec, en prime, le sourire et la gentillesse. A moins que ce ne soit dû à mon côté charmeur que l'on me reproche parfois. Demandez plutôt à l'affreuse mégère de l'agence immobilière comment je peux être autrement!
lundi 19 mai 2008
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