mercredi 21 mai 2008

Dans la Grande Prairie.

Un autre livre pour la jeunesse que je considère comme un véritable roman: La Rencontre, de Allan W. Eckert (Livre de Poche Jeunesse), publié en 1971 et paru en France seulement en 2001.

En préambule, une note de l'éditeur précise que l'histoire est la version à peine romancée d'un événement réel ayant eu lieu à cet endroit et à cette époque: 1870, La Prairie nord-américaine.

Un enfant assez sauvage et que certains considèrent comme un peu simple se perd un jour d'orage dans l'immensité des hautes herbes. La tempête soufflant, il trouve refuge dans le terrier d'un blaireau, d'une mère blaireau plus exactement, dont tous les petits sont morts. Le roman raconte comment ces deux "êtres" solitaires se rencontrent, s'apprivoisent et vivent un petit bout de vie côte à côte.

J'ai lu ce livre il y a déjà bien une dizaine d'années et je m'en souviens parfaitement. Ce qui me reste surtout, c'est bien sûr l'évocation de ces grands espaces, ceux qu'a déjà chanté Fenimore Cooper et qui m'ont inspiré Potomac, et la poésie merveilleuse qui se dégage de la plupart de ces pages. L'histoire de ces deux solitudes qui s'accordent, en dépit de tout, est bouleversante. J'ai conscience que j'emploie ici des mots dont certains sont aujourd'hui galvaudés, mais ce sont ces mots qui conviennent pour La Rencontre.

Fort peu d'élèves, hélas, goûtent ce genre de romans, parce que trop poétiques, trop lents, manquant d'aventures et de rebondissements. J'ai renoncé à le faire lire systématiquement, je me contente de le conseiller, même aux adultes qui ne craignent pas de se commettre dans la (bonne) littérature enfantine.

(Pour la littérature de jeunesse, les extraits proposés se situent toujours en début d'ouvrages.)

Benjamin MacDonald suivait une souris.
Il n'y avait là rien d'extraordinaire: Ben suivait souvent des souris. A vrai dire, il suivait aussi les oiseaux, lorsque ceux-ci se promenaient sur le sol, bien sûr, et les écureuils rayés qui creusent des terriers, et les lièvres bruns qui sont blancs en hiver, et tous les autres animaux qui voulaient bien le laisser faire. Parfois, il suivait même des insectes. Le plus étonnant n'était pas tant qu'il soit en train de suivre cette souris, mais plutôt que, de toute évidence, elle se laissait suivre sans s'affoler ni s'enfuir.
Le petit rongeur suivait son bonhomme de chemin, s'arrêtant de-ci, de-là, pour renifler le sol de la grange ou un grain de blé à grignoter, se dressant de temps en temps sur ses pattes postérieures pour inspecter les alentours tandis que son nez et ses oreilles, à l'affût, frémissaient délicatement. Et le petit garçon -cela paraissait incroyable- faisait exactement la même chose, imitant chacun des mouvements de la souris.
(Trad. de Henri Theureau.)
(J'ai retrouvé entre les pages de ce livre une petite feuille séchée d'érable du Japon. Elle vient sans doute de mon arbre préféré de la Tête d'Or.)

2 commentaires:

Tef69 a dit…

Il ne te reste plus qu'à parler maintenant de Titus Flaminius !

Calyste a dit…

J'en ai bien l'intention!