Aujourd'hui, réveil à 10h30: incroyable. Je n'ai même pas entendu le téléphone qui, selon E., a sonné plusieurs fois dans la matinée. Enfin, je dors.
Plus tard, un paysan est venu rendre visite à E. Il s'agit du mari de cette femme dont j'avais trouvé le visage si frais lors de mon dernier séjour ici. Octogénaire sans doute, cassé en deux, sec comme un genêt mais le même visage lisse, frais, malicieux, vivant comme rarement l'on en voit en ville. Il a apporté, pour ne pas arriver les mains vides, une bouteille de vin blanc sec de sa production, un peu âpre mais frais lui aussi.
Je n'ai pu m'empêcher de le contempler à la dérobée, comme je l'ai fait avec mon compagnon de voyage italien d'avant-hier. L'un très jeune, l'autre très vieux, mais où est la différence? L'un prêt à imprimer sa vie sur son front, ses joues, la commissure de ses lèvres, l'autre en proposant la lecture à qui veut bien en prendre le temps. L'un rêvant de son avenir, son portable à la main, l'autre fier de donner à goûter du fruit acide de son travail. L'un terriblement humain, l'autre terriblement humain.
J'aime les visages, je voudrais les photographier, les caresser, les embrasser comme je le faisais de celui de ma grand-mère quand je vivais avec elle.
Autre visage cet après-midi: celui de la mère de E, chez qui il m'avait déposé pour une heure ou deux. Pendant que nous faisions une partie de Scrabble, jeu dont elle raffole, je l'ai observé aussi, en voleur d'image. Même émotion lorsqu'elle se penchait sur les lettres en bois qu'elle a maintenant du mal à différencier ou lorsqu'elle me parla de sa mère en disant "quand j'étais petite". "Petite", pas "jeune", comme parle un enfant. Le soleil, encore généreux aujourd'hui, faisait briller ses beaux cheveux blancs. Devant moi, j'avais une petite fille.
Dernier visage ce soir, apparu dans le commentaire d'un de mes billets. Visage anonyme mais tout de suite familier, comme si je le connaissais depuis toujours. Je ne mérite sans doute pas ce qu'Oceania écrit sur mes mots mais son commentaire m'a fait un plaisir immense, par ce qu'il dit et par sa façon de le dire. Je l'ai relu plusieurs fois, n'y croyant presque pas.
Je vous remercie, Madame, (C'est absurde mais je dois avouer que pas une fois depuis l'ouverture de ce blog, je n'ai pensé qu'une femme pouvait le lire!), pour l'intérêt que vous voulez bien porter à ce que j'écris, et si vous êtes la même Oceania qui signe les billets consacrés à une anthologie de textes d'auteurs qu'elle aime, je suis très honoré du temps que vous passez à lire les miens, avec ou sans lorgnon. Sachez que, comme vous, j'aime me promener dans ma chambre et qu'il me plaît assez de sacrifier à la "gracieuse mélancolie". Encore merci, Madame.
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4 commentaires:
Voleur d'image, quel beau métier!
Helmut Doisneau
Ouais, tu parles! On aurais pu aller jusqu'à Gerland sinon...
F-J.
Vous me voyez bien songeuse...
Vos propos de conclusion à mon égard me rappellent un autre blog que j'apprécie pour une certaine petite musique. Je le lis quotidiennement ainsi que le vôtre.
Analogie de petites musiques intimes, comme des mots de passe entre les adéquations respectueuses et complices d'une seule et unique personne.
Ma foi, voilà un bien gracieux puzzle !
Serais-je à ce point sensible aux vibrations des émotions non-dites ?
Au plaisir de vous lire.
Pareil!
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