Dans un journal gratuit du soir distribué dans le métro vendredi dernier, et pas lu jusqu'à ce jour, je trouve aujourd'hui les résultats d'un sondage exclusif CSA/Direct soir après la conférence de presse donnée par le président de la République Française le 8 janvier dernier. Une seule question : (...) Estimez-vous que lors de cette conférence de presse, il a été...? Et suivent 11 qualificatifs appelant des réponses affirmatives, négatives ou indécises. Le plus intéressant, ce ne sont pas les résultats obtenus par super Nico, c'est plutôt le choix des adjectifs proposés au jugement de 808 personnes.
- dynamique: bien sûr, on aime qu'un chef de l'Etat fasse autre chose qu'inaugurer les chrysanthèmes. On peut se demander toutefois si le mouvement, surtout perpétuel, est une vertu.
- moderne: le grand mot est lancé. mais, au fait, que veut-il dire?
- courageux: là encore, nous aurions besoin d'un peu plus de clarté pour répondre. Le courage s'exerce dans des situations précises, face à des personnes, à des actes que l'on veut combattre: il nous faut donc savoir contre qui ou quoi Nicolas Sarkozi veut réellement se battre.
- clair: même remarque que pour le précédent.
etc, etc.
Je ne comprends pas l'intérêt de ce type de sondages, sinon d'imposer à visage couvert une dérive à mon avis déjà bien réelle dans la conception du rôle d'un politique. De l'homme au service (définition même du "ministre"), on passe à l'homme en représentation, du président au comédien, du garant au gourou. Tous les adjectifs lancés en pâture aux personnes choisies pour ce sondage sont des qualificatifs portant uniquement sur l'être et son apparence. On se croirait aux jeux du cirque, quand la foule en délire avait à condamner ou gracier un gladiateur vaincu.
Mais je m'en fous (en politique en tout cas), de l'homme et de son apparence. Je ne demande pas à un chef de l'Etat de paraître, mais de gérer. Pour l'apparence, tenez, tournons quelques pages de ce gratuit du soir et arrêtons-nous sur un autre article portant sur l'annulation de la 65° cérémonie des Golden Globes, suite à la défection de nombreux acteurs désireux de ne pas aller à l'encontre d'un mouvement de grève des scénaristes .
Juste en dessous du titre, une photo de George Clooney déclarant: "Je suis membre de six syndicats. Il est hors de question que je traverse des piquets de grève." Si vous me posez la question de savoir si je le trouve dynamique, moderne, courageux, clair...., je réponds sans hésiter oui à tout. Mais nous ne parlons plus de la même chose.
Mon principal souci, en revenant à la politique, est que cette volonté de paraître absolument n'apparaît pas que dans les questions des journalistes, mais semble largement acceptée et mise en oeuvre dans les deux camps. Alors, pour bientôt un combat à mort, façon antique, dans les Arènes de Lutèce, entre le samnite Nico et la rétiaire Ségo? Prévenez-moi, je ne veux surtout pas voir ça!
dimanche 13 janvier 2008
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