D'abord dire qu'aux joies d'hier s'ajoutait bien sûr celle de la libération des deux otages en Colombie. Mais pour qui ne serait-ce pas une joie?
Ce matin, au réveil, j'ai entendu la voix d'une de ces femmes qui s'adressait, depuis l'hélicoptère qui l'éloignait de son calvaire, au président vénézuélien pour le remercier de son rôle dans cette libération. J'ai pensé que cette voix revenue de l'ombre et écoutée par des milliers d'auditeurs n'avait plus résonné pendant cinq ans que pour quelques personnes au milieu de la jungle. Et la figure de Lazare, immédiatement, m'est apparu, au sortir du tombeau.
Comment ces êtres vont-ils reprendre pied dans leur vie d'avant? Est-ce encore possible? Les leurs , bien que sans doute fous de joie de leur libération, ont aussi changé. La re-con-naissance ne sera sans doute pas aisée. Surtout pour elles, à mon avis. La vie qu'elles ont connue ces cinq ou six longues dernières années ne peut s'effacer d'un coup de rotor d'hélicoptère. Il leur en restera longtemps, toujours des souvenirs, des blessures, des regrets certains jours peut-être.
Je pense aussi à l'enfant né en captivité d'une mère otage et d'un père guérillero, élevé par une famille d'accueil. Comment pourra-t-il construire son moi véritable sur un sable aussi mouvant, reconnaître dans les traits de cette femme le visage de sa mère, celui à qui il a offert le premier sourire de sa toute nouvelle vie. Et son père, le reverra-t-il jamais?
Les projecteurs de l'actualité vont sans doute très bientôt se porter sur d'autres sujets plus brûlants. On va, sans même y penser, oublier peu à peu ces femmes, et c'est bien ainsi. Mais parfois, au détour d'une songerie solitaire, d'un échange entre amis, d'un bilan de fin d'année, il serait peut-être bon d'avoir encore une pensée pour elles, qui n'ont pas fini de souffrir.
vendredi 11 janvier 2008
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