Je m'y suis réfugié hier soir. A chaque période de vacances, j'y passe quelques jours. C'est un des rares endroits, le seul sans doute, où je me sens aussi bien que chez moi.
E. n'est pas compliqué: il m'accueille mais chacun continue sa vie, à son propre rythme, et nous nous retrouvons quand nous en avons envie seulement. Ce n'est pas une attitude d'égoïstes, au contraire, je crois que c'est le début de la sagesse. Il n'y a jamais eu entre nous l'ombre d'une gêne, le plus petit risque de tiraillement ou d'agacement.
Sa grosse maison savoyarde typique, en pierres de taille et toits pentus, se niche au pied du Revard, entre Chambéry et Annecy. C'est la plus belle du village, avec sa voisine. Accrochée à la pente, elle regarde du côté du lac du Bourget mais ne le voit pas, des collines peu élevée nous en masquant la vue. Abondamment fleurie en saison, elle retrouve son aspect plus austère pendant l'hiver.
Je m'occupe régulièrement du grand jardin en façade, uniquement des haies et des fleurs, laissant la partie potagère à E. J'aime toucher la terre, sentir son odeur sur mes mains (j'ai du mal à travailler avec des gants, ce qui me vaut, au retour à l'école, de cacher mes doigts pendant quelques jours), arracher la mauvaise herbe, redresser les roses trémières, faire de petits bouquets que je mets dans la cuisine, cueillir les figues sur le figuier, tailler les hibiscus, décrocher le lierre, mon ennemi héréditaire avec le liseron,sentir sur moi, en fin de journée, la bonne odeur de sueur de quand on a bien travaillé et me tenir le dos endolori, lorsque le soleil baisse, en contemplant le travail accompli. Ou bien, pour parfaire le plaisir, enfiler mes vêtements de course et parcourir quelques kilomètres dans cette belle campagne.
L'intérieur de la maison est spacieux mais assez peu confortable, encombré d'un invraisemblable bric-à-brac ramassé par E. au cours de ses voyages et de diverses brocantes dans le pays. E. n'étant pas particulièrement à cheval sur le ménage, c'est moi qui, parfois, enlève un peu de poussière par ci, quelques traces de graisse par là, en prenant bien soin de récurer parfaitement lavabo, douche et toilette.
J'aime ma chambre, toute petite, avec une grande commode et un gros lit de bois recouvert d'une de ces couvertures piquées sous lesquelles on se glisse le soir comme si c'était chaque fois le soir de Noël, que l'on avait encore sept ans et que le soleil allait se lever sur un amoncellement de cadeaux sous le sapin.
Je suis bien ici, sans fard, sans carapace.
mercredi 2 janvier 2008
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