E. est allé se coucher. Je suis seul dans son bureau. J'ai tout à coup la sensation vive que quelque chose me manque.
Ce quelque chose, c'est le tic-tac de la pendule de ma cuisine, à Lyon. Lorsque j'y mange, le soir, l'immeuble, la cour sont silencieux, comme ici ce soir. Étonnant silence, au milieu de la ville, plus grand, plus entier que celui de B., dans la maison de campagne.
Et toujours, à un moment, je perçois distinctement le bruit du balancier, tout proche, à m'étonner de ne pas l'avoir entendu plus tôt. Alors il s'impose à moi, m'envahit et constitue ma seule pensée, plutôt ma seule non-pensée car je n'ai plus alors la capacité de penser, m'anéantit, me fond dans le décor, comme la neige, au soleil, s'incorpore à la terre. J'éprouve, de manière fugace, à ces moments-là, la sensation du doux oreiller de plumes ou des montres molles de Dali, de la tendre plénitude ou de l'effondrement sidéral.
Ce dont je suis sûr, c'est que la pendule ne marque pas le temps qui passe: elle l'efface.
vendredi 4 janvier 2008
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