jeudi 24 janvier 2008

Préjugés.

- Tu ne lis tout de même pas du Pascal Sevran! m'a jeté hier en plein visage une de mes collègues horrifiée, comme si je commettais là le pire des sacrilèges.

Eh bien si, et même en y éprouvant souvent un grand plaisir. Je viens de terminer le tome VII de son journal, tome intitulé Le Privilège des jonquilles et couvrant la période novembre 2004/novembre 2005.
Je suis fidèle à ce journal depuis plusieurs années. Pierre n'était pas mort, mais déjà malade lorsque j'ai lu le premier tome, La Vie sans lui, écrit après le décès de son ami Stéphane.

J'avais été bouleversé à cette époque. Quelques temps plus tard, je n'aurais plus été capable de le lire. C'est un des plus beaux témoignages d'amour que je connaisse. Je savais ce qui m'attendait: le médecin généraliste, beaucoup plus honnête que le pneumologue, m'avait prévenu: deux ans maximum. Pierre a tenu deux ans et demi. Pendant ce temps, je me suis tu, je suis resté seul à savoir la vérité. Sans doute Pierre l'avait-il pressentie aussi, mais, pour nous protéger mutuellement, nous n'en avons jamais parlé.

J'étais chez moi dans ces pages d'une splendide beauté. Aujourd'hui, je lis ce journal d'une manière différente. Sevran l'écrit lui aussi différemment. La mélancolie est toujours là mais la vie a avancé. Ce que je peux dire, c'est que le Sevran des livres, journal ou romans, homme d'une grande sensibilité au style limpide et clair, n'a, à mes yeux, rien à voir avec ce personnage exaspérant que le voit (voyait?) à la télévision dans une émission consacrée à la chanson française.

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