Trois petits romans de Yôko Ogawa, une femme écrivain japonaise dont, décidément, j'apprécie de plus en plus les écrits: La Piscine, les Abeilles et la Grossesse.
Dans le premier, une jeune fille assiste en secret aux entraînements au plongeon d'un de ses camarades d'orphelinat. Dans le second, une jeune femme, seule depuis que son mari est momentanément parti en Suède pour un travail, retrouve son cousin et l'aide à s'installer dans une résidence universitaire. Dans le dernier, une autre femme commente la grossesse et les nausées de sa soeur enceinte. (Traduction de Rose-Marie Makino-Fayolle.)
Quand on a dit cela, on n'a rien dit du tout. Du banal, du quotidien ... et pourtant cette banalité est très vite transcendée par l'art d'Ogawa. Son style très simple, ses phrases courtes instaurent rapidement la perversité et l'érotisme dont cette écrivain est coutumière. On ne sait pas quand on sort du rassurant, on glisse progressivement, sans s'en rendre compte, vers un univers où, tout à coup, on n'a plus ses marques.
Les deux premiers "romans" sont construits comme des nouvelles, avec chute finale, très belle et surprenante pour Les Abeilles . Dans le troisième, c'est une lente descente aux Enfers à laquelle on assiste.
Trois petites bijoux, auxquels on peut ajouter d'autres titres du même auteur:
Le Musée du silence, L'Annulaire, La petite Pièce hexagonale ou Parfum de glace.
Un extrait de La Piscine:
Je préférais les plongeons carpés aux vrilles ou aux groupés. Cette position où le corps était plié en deux à partir du bassin et où les jambes étaient droites jusqu'au bout des orteils était superbe, car tous ses muscles étaient tendus à l'extrême. Son front effleurait légèrement ses tibias, ses mains étaient posées sur l'arrière de ses genoux, et j'aimais l'élégance qui en résultait. Quand les jambes de Jun tombaient en dessinant un cercle parfait comme celui d'un compas, je pouvais sentir son corps à l'intérieur du mien. Il glissait en une longue caresse intérieure. C'était beaucoup plus intime, chaud et rassurant qu'une étreinte. Je le savais, et pourtant, il ne m'avait jamais prise dans ses bras.
Et cette phrase, au début des Abeilles:
(...) le bruit de la nuit qui s'écoule à l'intérieur de la paume de la main qui a tenu le récepteur, après le coup de téléphone de l'amant...
lundi 28 janvier 2008
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