Etrange jeu que ce jeu auquel nos yeux parfois se mettent à jouer: je te vois, tu me vois, nous ne nous voyons pas.
Hier matin, à la boulangerie. Je suis dans la file d'attente, derrière un homme jeune, grand et mince, habillé en ouvrier, du bâtiment sans doute. Fasciné par sa nuque bien dégagée par une coupe rase, je retiens une envie irrépressible de mordiller son oreille de fennec, si droite, si fine, si effilée. Étant derrière lui, j'agis en toute impunité, on ne peut me voir.
C'est alors que je remarque le miroir, et dans ce miroir les beaux yeux verts du garçon qui me fixent. Surpris, je n'ai pas le temps de me détourner et nous restons ainsi quelques secondes (deux? trois?) à nous dévisager. Son regard est doux et tendre, pas du tout agressif ni méprisant. Puis nous baissons les yeux au même instant, pour revenir, aimantés, à cette contemplation par miroir interposé.
Mais même la file d'attente la plus longue finit par se résorber. Il demande une baguette, paie et sort. Lorsqu'à mon tour je me retrouve sur le trottoir, il n'est plus là, et c'est très bien ainsi. Juste un jeu de miroir. J'aime ces moments intenses parce qu'éphémères.
mercredi 23 janvier 2008
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1 commentaire:
Vous décrivez si bien...
Très belle histoire fugitive et intense.
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