mercredi 9 janvier 2008

Viatique

J'ai récupéré chez E. un exemplaire de l'Evangile selon Saint Matthieu sous la forme d'un petit fascicule publié par Bayard (Prions en Église) et offert par les trois diocèses de Savoie. Je l'ai sans presque y penser fourré dans la poche de mon manteau et, depuis la rentrée, le lis dans le métro en me rendant à mon travail (ma voiture m'a lâchement abandonné) .

La première fois que je l'ai sorti de ma poche, je n'étais pas à l'aise. C'était pour moi comme une provocation. Bien sûr, ce qui me gênait en fait, c'était le regard des autres et l'opinion qu'ils allaient avoir de moi. Un homme qui, dans une rame bondée, lit l'Evangile, ça ne doit pas être bien courant.

J'ai résisté à ce malaise: j'aurais trouvé lâche d'y céder. Pourquoi pourrait-on lire des romans à l'eau de rose, des magazines sportifs ou des journaux gratuits dans le métro et pas St Matthieu? Je suis têtu, et je voulais le lire, alors je le lis. Le premier jour, simplement, j'ai mis le pouce sur le titre, écrit en rouge au sommet de la page.

Le lendemain, j'ai eu honte de mon geste et n'ai plus rien caché. Il faut bien dire, d'ailleurs, que tout le monde se moque éperdument de ce que fait, dit, lit, écoute ou mange le voisin de siège, dans les rames à 7h30 du matin. A peine si l'on vous remarque, vous, sans parler de vos gestes.

Cela me permet d'apprécier d'autant plus la beauté de cet écrit. Ce matin, j'ai lu les Béatitudes. Je ne sais pas ce que cela m'apporte, je ne sais pas si cela m'apporte quelque chose, j'aurais parfois des questions à poser. Ce que je sais, c'est que c'est devenu comme un rendez-vous familier de chaque matin.

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