Le Tétramorphe.

Hier, c'était l'Epiphanie. Je voulais écrire un billet sur ce thème, mais, ayant lu celui de Lorgnon Mélancolique datant, je crois, de janvier dernier, je me suis incliné: tout y est dit, et tellement mieux que je ne pourrais jamais le faire.

Cela m'a pourtant remis en mémoire, sans qu'il existe réellement de lien, un article de la revue chrétienne locale à laquelle E. collabore, article qui, à la Toussaint, m'avait beaucoup intéressé et portait sur les quatre évangélistes: Matthieu, Marc, Luc et Jean. Le titre en était: le Tétramorphe. J'en reprends ici les grandes lignes.

Tétramorphe signifie, en grec, "quatre apparences" et désigne les symboles des évangélistes, souvent présents dans les églises. Il faut sans doute rappeler que Matthieu apparaît sous la forme d'un homme (et non pas d'un ange, comme il est dit parfois, les quatre étant souvent représentés avec des ailes), Marc d'un lion, Luc d'un taureau et Jean d'un aigle.

Pourquoi ces symboles et de quand date leur attribution aux disciples du Christ?

L'article propose diverses interprétations:

- La première fait mention de St Irénée (Lyon, II°s.): l'évêque de la Capitale des Gaules considère que les Évangiles sont le sommet de la révélation de Dieu et compare pour la première fois les Evangélistes aux quatre porteurs du trône de Dieu décrits dans le livre d'Ezéchiel (1, 4-26): "Ils avaient chacun quatre faces...une face d'homme, une face de lion à droite, une face de taureau à gauche et une face d'aigle."

- La deuxième est donnée par St Jérôme (IV° s.): le symbole aurait été attribué à chacun selon la première page de son Évangile. Ainsi la généalogie de Jésus explique l'homme pour Matthieu, la prédiction de Jean Baptiste au désert impose le lion pour Marc, à Luc échoit le taureau, animal du sacrifice, car son Évangile débute par l'apparition de Gabriel à Zacharie dans le Temple. Quant à Jean, il ouvre le sien par un prologue renvoyant le lecteur "au commencement" et se voit attribuer l'aigle, l'animal à la vue perçante.

- Personnellement, je préfère la troisième interprétation, également due à St Jérôme et plus simple: les symboles représentent les quatre moments essentiels de la vie de Jésus:
- le Verbe de Dieu se fait chair: l'homme
- il est tenté au désert: le lion
- il est sacrifié: le taureau
- il monte au ciel: l'aigle.

A cette introduction seront bientôt ajoutés quatre autres articles, chacun portant sur l'un des Evangélistes. Il reste, bien sûr, que "tétramorphe" n'est pas facile à placer au détour d'une conversation anodine!