vendredi 4 janvier 2008

Tamié

Nous sommes montés cet après-midi jusqu'à ce monastère entre Annecy et Albertville, surpris par l'absence relative de neige sur le parcours.

E. avait promis à une amie d'animer un moment d'une retraite de lycéens (de seconde à terminale) sur le thème de la mort. J'avais envie de revoir Tamié, même sous ce ciel bas, les lycéens allaient me changer du monde des collégiens, et le thème lui-même m'intéressait. Je l'ai donc accompagné.


Ils étaient une vingtaine, un peu plus de filles que de garçons, apparemment pas très concernés par ce qui allait se passer. L'ambiance ressemblait plutôt à celle d'une colonie de vacances, ce qui m'a beaucoup aidé pour faire oublier ma présence indiscrète: personne n'a fait attention à moi, j'étais comme transparent.

L'animatrice a commencé par étaler sur une grande table une nappe de papier blanc où étaient pré-inscrites des questions, une dizaine environ: as-tu déjà pensé à ta propre mort? Dans quelles circonstances as-tu déjà été confronté à la mort? Qu'y a-t-il après la mort? As-tu des questions à poser aux autres sur la mort?.... Elle a laissé aux ados une demi-heure pour tourner autour de la table et rédiger leurs réponses personnelles.

J'ai sursauté immédiatement: une demi-heure, c'est beaucoup trop. Ça risque vite de dégénérer en n'importe quoi. Je suis sorti faire quelques photos. Au retour, tous étaient concentrés, penchés au-dessus de la nappe, en train d'écrire.


La mise en commun a été intéressante pour la diversité des opinions exprimées et pour la profondeur de certaines questions. Encore une fois, les filles étaient plus sages et les garçons s'agitaient sans cesse, bavardant et riant sous cape. Mais, en étant plus attentif, je me suis aperçu que les filles n'écoutaient pas pour la plupart: elles dormaient, tandis que les garçons, s'ils bavardaient, le faisaient sur le thème proposé: la mort. Même s'ils se comportaient comme de vrais potaches, en riant pour masquer leur gêne, ils semblaient plus concernés par ce qui se disait.

Quelques remarques qui m'ont frappé:
- le contraire de la mort, ce n'est pas la vie, c'est la naissance: la naissance et la mort font partie de la vie.
- un choix, un départ, ce n'est pas une mort: la mort, il n'y en a qu'une: c'est La Mort.
- pourquoi tant d'inégalité devant la souffrance avant la mort?
- corps et esprit constituent-ils deux entités distinctes?

Un garçon, en particulier, ne voulait pas d'un débat au rabais, de réponses pré-digérées et qui ne perturberaient personne. Malheureusement, il a dû comme moi rester sur sa faim. Au moment où tel ou tel commençait à se livrer vraiment, à approfondir sa réflexion, l'animatrice, croyant l'encourager, reprenait la parole pour énoncer une banalité ou terminer une phrase à sa façon: sans aucun intérêt. J'ai appris par la suite que ce garçon était le fils de l'animatrice...


Avant de redescendre, arrêt au magasin pour y acheter du fromage (je vais rentrer à Lyon avec une valise bien pleine et bien odorante). Un ouvrage sur Teilhard de Chardin me tentait, mais je me suis abstenu. J'ai suffisamment à lire. A la retraite, peut-être.

Sur le chemin du retour, à chaque virage, splendeur des sommets dans le coucher de lumières grises, phosphorescence des nuages. Souvenir de Pierre et moi sur ces routes, autrefois.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Non, rien; ce que j'en pense, je te le réserve en face-à-face, comme du temps où les gens faisaient autrement, sans clavier ni écran, cash, en se balladant sur les bords de Marne...

Je t'emmerde et te souhaite une très bonne année!

F-J.